🔊 “Jean Gaumy et la mer” au Musée national de la Marine, du 14 mai au 17 août 2025
“Jean Gaumy et la mer”
au Musée national de la Marine, Paris
du 14 mai au 17 août 2025

PODCAST – Entretien avec Marion Veyssière, directrice adjointe du musĂ©e national de la Marine, et commissaire gĂ©nĂ©rale de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 mai 2025, durée 22’53,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Carlo Naya (1816-1882). Bragozzo à Venise, deuxième moitié du 19e siècle, © Musée national de la Marine/C. Semenoff-Tian-Chansky. Inv. 2006.5.20.

Jean Gaumy, Le remorqueur l’Abeille Flandre tente de remorquer le pĂ©trolier l’Erika en perdition, 1999. © Jean Gaumy / Magnum Photos.

Jean Gaumy, Pêcheur de bar rayé sur la plage, Long Island, États-Unis, 1983. © Jean Gaumy / Magnum Photos.

Jean Gaumy, Les thons sont capturĂ©s Ă l’aide de cannes Ă pĂŞche en fibre ou en bambou de plus de 5 Ă 6 mètres de long et rapidement dĂ©crochĂ©s par un assistant. L’eau pulvĂ©risĂ©e Ă la surface de la mer imite le mouvement des petits poissons que les thons capturent en surface. Des appâts sont jetĂ©s dans l’eau pour attirer les thons, Espagne, 1996 . © Jean Gaumy / Magnum Photos.

Jean Gaumy, Usine de harengs fumĂ©s. Atelier de conditionnement. Avant d’ĂŞtre expĂ©diĂ©s, les harengs fumĂ©s entiers sont emballĂ©s dans des caisses en bois, FĂ©camp, Seine-Maritime, 1977. © Jean Gaumy / Magnum Photos.

Pierre Potentier (1900-1968) – RenĂ©e Hamon (1897-1943) – Droits rĂ©servĂ©s. Un coup de harpon, © MusĂ©e national de la Marine/C. Semenoff-Tian-Chansky. Ico 14672/3.
Marion Veyssière, directrice adjointe du musée national de la Marine
Commissariat scientifique de l’exposition Jean Gaumy et la mer
Marion Veyssière et Matthieu Rivallin, chef du département de la photographie de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie
Commissariat scientifique de l’exposition La pêche au-delà du cliché, inédits de la collection
Marine Désormeau, chargée de collections du musée national de la Marine
Le musée national de la Marine à Paris propose une immersion fascinante dans l’univers de la photographie maritime de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours.
L’exposition Jean Gaumy et la mer célèbre une figure majeure de la photographie contemporaine, membre de l’agence Magnum Photos, de l’Académie des beaux-arts et peintre officiel de la Marine. Première grande exposition dédiée aux photographies maritimes de Jean Gaumy, elle réunit près de 150 tirages issus des collections de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP).
L’exposition La pêche au-delà du cliché, inédits de la collection révèle la manière dont la mer et les communautés de pêcheurs ont été perçues par les photographes du milieu du XIXe siècle au début du XXIe siècle, à travers près de 130 pièces issues de la collection du musée, dont certaines sont présentées au public pour la première fois.
En faisant dialoguer deux collections photographiques aux univers complémentaires, cette double exposition porte un regard captivant sur la vie quotidienne des gens de mer du XIXe siècle à nos jours.
L’exposition Jean Gaumy et la mer, réalisée en partenariat avec la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP) où est aujourd’hui conservé ce fonds exceptionnel, met en lumière le travail d’une figure majeure de la photographie contemporaine. Membre de l’agence Magnum Photos, de l’Académie des beaux-arts et peintre officiel de la Marine, Jean Gaumy est un amoureux de la mer et de ses rivages, qu’il n’a de cesse de sillonner depuis le début de sa carrière dans les années 1970. Le parcours dévoile comment le photographe saisit, avec une intensité rare, des thématiques maritimes aussi diverses que la pêche, la pleine mer, le traumatisme des marées noires, le huis clos des sous-marins ou encore l’exploration des pôles. De la Normandie au Groenland, en passant par l’Andalousie, Long Island ou la Gironde, du reportage documentaire à une poésie plus contemplative, le « style Gaumy » se dévoile aux yeux du public à travers des photographies emblématiques mais aussi d’autres plus confidentielles, dont certaines sont présentées au public pour la première fois.
Imaginée comme une promenade dans la riche collection de photographies du musée national de la Marine, l’exposition La pêche au-delà du cliché, inédits de la collection documente, à travers près de 130 pièces, la manière dont la mer et les communautés de pêcheurs ont été perçues du milieu du XIXe jusqu’aux dernières années du xxe siècle. Elle s’appuie sur les travaux de photographes dont la production est relativement bien connue, comme Anita Conti, Lucien Chauffard, Emmanuel Ortiz ou Serge Lucas, et aspire à mettre aussi en lumière la production de photographes plus confidentiels, parfois anonymes, dont les travaux ont été moins diffusés.
La pluralité des supports exposés — tirages, albums, brochures imprimées, diapositives et négatifs — souligne la polyphonie des regards posés sur ce métier exigeant et invite les visiteurs à identifier ce qui caractérise la photographie de pêche. Le choix des sujets, l’évolution des techniques ainsi que le positionnement des photographes par rapport à leur sujet sont ainsi évoqués, à travers l’ambition qu’ils ont pu avoir de constituer un inventaire visuel de la pêche, de questionner les enjeux de la photographie de pêche en contexte colonial, mais aussi d’alimenter l’imaginaire collectif lié à l’ensemble de ces pratiques.
L’exposition Jean Gaumy et la mer
Les photographies de Jean Gaumy jouent sur plusieurs registres. Le plus évident est celui de la photographie documentaire. Jean Gaumy fait ses débuts à l’agence Viva, où la figure de Claude Raimond-Dityvon (1937-2008) le marque. Puis, sur invitation de Raymond Depardon, il entre à l’agence Gamma en 1973, avant de rejoindre l’agence Magnum Photos en 1977. Le rythme imposé par l’actualité brûlante correspond peu au photographe, davantage sensible aux huis clos humains, qu’il photographie lors d’enquêtes au long cours. Il s’intéresse ainsi tour à tour à l’hôpital (1975-1976), à la prison (1976-1979) puis à l’Iran des années 1980. C’est dans la même démarche qu’il photographie les communautés de pêcheurs aux quatre coins de la planète.
Jean Gaumy n’est ni un illustrateur, ni un ethnologue. Ses images immergent celui ou celle qui les regarde dans la vie de communautés dont les membres sont liés le temps d’un embarquement, d’une expédition ou d’une plongée. Quand Jean Gaumy photographie, filme, prend des notes ou interroge, ses images témoignent d’un monde où des hommes et des femmes se confrontent aux forces de la nature. En reportage, le photographe croise souvent des personnes qui ont des choses à dire et qui ont envie de parler. Pour pouvoir intégrer leur témoignage aux images, le cinéma documentaire se fait peu à peu une place dans sa pratique.
Cette approche se double, ces dernières années, d’une vision photographique plus contemplative, où il capture aussi des paysages naturels comme les falaises de Normandie, les mers de l’Arctique et les terres d’Ellesmere. Ces photographies témoignent de « l’irrésistible accélération de la rupture qui s’opérait entre l’espèce humaine et son environnement originel ; entre civilisation et nature ».
L’ensemble des photographies exposées sont conservées à la Médiathèque du patrimoine et de la photographie (MPP).
Premières histoires de mer et de rivages
En 1972, Jean Gaumy vit à Rouen. Adepte de la pêche en mer dans son Sud-Ouest natal, il se rend à Fécamp pour embarquer sur le chalutier Wagram. Au gré de ses reportages ou de ses vacances familiales, il ne cesse de photographier les rivages ainsi que les communautés qui y vivent et travaillent de la mer. Qu’il s’intéresse aux almadrabas andalouses, aux pêcheurs de bars rayés de la côte est américaine ou aux filetières de Fécamp, il documente une atmosphère, des gestes et des techniques traditionnels. Au début des années 1980, parce que son ciré est toujours à portée de main et que ses appareils sont prêts, c’est vers lui que l’on se tourne. Dans chacune des histoires que le photographe a initiées ou que son agence lui a confiées, il est surtout question d’interactions, de relations humaines. Jean Gaumy ne surplombe pas son sujet. Son point de vue est à hauteur d’homme. Il aime saisir le monde de près, au contact des gens, mais avec la pudeur et une forme de retrait propre à la solitude de l’artiste. Jean Gaumy est aussi un auteur qui s’obstine à photographier la mer depuis la mer, plongé dans les éléments, balloté comme tous les marins malgré un mal de mer qui ne le quitte jamais et le met souvent à plat. Cependant il s’accroche toujours, et toujours, il repart.
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À voir également l’exposition La pêche au-delà du cliché, inédits de la collection
Cette exposition révèle la manière dont la mer et les communautés de pêcheurs ont été perçues par les photographes du milieu du XIXe siècle au début du XXIe siècle, à travers près de 130 pièces issues de la collection du musée et présentées au public pour la première fois. Ouvrant le parcours de la double exposition, elle donne ainsi des clés de compréhension sur le travail de Jean Gaumy, qui porte à son tour son regard sur plusieurs des photographies exposées dans cette première partie.
La pêche est peu présente dans les collections du musée national de la Marine. Elle constitue néanmoins une part importante de ses fonds photographiques, rassemblés au gré de la politique d’acquisition de l’institution ou issus des collaborations engagées avec certains photographes. Le panorama qu’ils dressent de la pratique de la pêche ne cherche pas à être homogène mais dessine les contours de ce qui pourrait caractériser la photographie de pêche.
La démocratisation de la pratique de la photographie à la fin du xixe siècle et la grande diffusion des images jouent un rôle déterminant dans la constitution de l’imaginaire collectif. Dans le domaine de la pêche, l’iconographie et les récits ont longtemps mis en avant la dureté du métier et l’importance de la communauté des marins pêcheurs. Le recul historique et les différents niveaux de lecture possibles d’une même photographie incitent aujourd’hui à se questionner sur le rôle des photographes, et sur les choix qu’ils ont faits pour mettre en lumière les gestes, objets ou situations représentatifs de la pêche.
Cette exposition souligne la diversité des regards portés sur ce métier exigeant. Elle présente les réalisations de photographes dont la production, bien identifiée, a pu connaître une certaine renommée tels que François Kollar, Anita Conti, Lucien Chauffard ou Serge Lucas, ainsi que d’autres dont les travaux ont été moins diffusés. Elle couvre plus d’un siècle de photographie, de la fin du xixe aux premières années du xxie siècle.
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