🔊 “Au fil de l’or” L’art de se vêtir de l’orient au soleil-levant, au musée du quai Branly – Jacques Chirac, du 11 février au 6 juillet 2025
“Au fil de l’or” L’art de se vêtir de l’orient au soleil-levant
au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris
du 11 février au 6 juillet 2025

PODCAST – Entretien avec Magali An Berthon, professeure assistante en Fashion Studies, American University of Paris et membre associĂ©e, Centre for Textile Research, UniversitĂ© de Copenhague (Danemark), et co-commissaires de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 février 2025, durée 17’54,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Costume de mariage. N° inventaire 71.1989.25.140.1. Date de l’Ĺ“uvre, 1880. Usage de l’objet, ÉlĂ©ment du costume fĂ©minin. Dans ce costume de mariage la mode europĂ©enne se mĂŞle intimement aux modes orientales : la forme est occidentale, la broderie orientale. D’après l’indication fournie par le cordon de taille, ce costume daterait de 1880 et aurait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© par Mme E. CĂ©cile, le Caire. Etant donnĂ©es les dimensions de la robe et du corsage, et malgrĂ© leur poids considĂ©rable, il semble que ce vĂŞtement a du ĂŞtre fait pour une toute petite jeune femme. MatĂ©riaux et techniques, Satin blanc, Soie, fils d’or, cannetilles, Armure satin, broderie, application. Dimensions, 214 x 140 x 3 cm, 2642 g. Continent, Afrique. Pays, Egypte. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon.

Veste de femme. N° inventaire 71.1989.24.43. Date de l’Ĺ“uvre, 19ème siècle. Usage de l’objet, Habillement. Acquis Ă JĂ©rusalem. MatĂ©riaux et techniques, Coton, fils d’or, Brocart. Dimensions, 56 x 186 x 2 cm, 460 g. Continent, Asie. Pays, Iran. Informations gĂ©ographiques complĂ©mentaires, Iran. Population, Persan. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

Robe de mariĂ©e. N° inventaire 71.1969.127.10. Robe de velours brodĂ© « aux milles branches » ; La robre porte des broderies de motifs floraux rĂ©alisĂ©s en fils d’or. « Bindalli, littĂ©ralement « mille branches », est le nom donnĂ© aux robes de cour de velours brodĂ©es d’or et d’argent que les dames ottomanes nobles, portaient dans les sĂ©rails ou les yahlis de Stamboul, ou dans les grandes villes de l’empire ottoman occidental. Les broderies de fils d’or ou d’argent de ces magnifiques robes de velours pourpre, andrinople ou aubergine, s’inspiraient de la conception traditionnelle des jardins ottomans tels qu’ils apparaissent sur les miniatures turques. Date de l’Ĺ“uvre, 19e siècle. Usage de l’objet, Robe de cĂ©ramonie. Ce velours Ă©tait fabriquĂ© dans les ateliers royaux turcs Ă l’Ă©poque de la grandeur du sultanat. Plus la robe Ă©tait brodĂ©e, plus on fĂ©licitait la mariĂ©e de son art (elle brodait elle-mĂŞme sa robe de cĂ©rĂ©monie). Cette robe se portait entre Istanbul et Ankara. MatĂ©riaux et techniques, Velours, fils d’or, Broderie. Dimensions, 144 x 149 x 3,5 cm, 2230 g. Continent, Asie. Pays, Turquie. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

Robe. N° inventaire 71.1961.74.45. Date de l’Ĺ“uvre, DĂ©but ou milieu du 19ème siècle. Usage de l’objet, Tenue de mariage et des fĂŞtes. Les caftans algĂ©riens ont la particularitĂ© d’ĂŞtre munis de manches courtes, ce qui les distinguent de ceux de TĂ©touan. MatĂ©riaux et techniques, Velours, fils d’or. Broderie, passementerie. Dimensions, 120,5 x 74,5 x 4,5 cm, 865 g. Continent, Afrique. Pays, AlgĂ©rie. Informations gĂ©ographiques complĂ©mentaires, Tlemcen (ville). © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

Costume de fĂŞte. N° inventaire 70.2015.61.2. Date de l’Ĺ“uvre, Fin du 19e siècle. Usage de l’objet, Ces costumes, qui se rapprochent par leur coupe de la mode occidentale, Ă©taient confectionnĂ©s par des couturières chrĂ©tiennes et juives mais parfois aussi par des religieuses. Ils Ă©taient portĂ©s dans les grandes villes irakiennes comme Bagdad, Mossoul et Basra par les femmes des classes aisĂ©es. MatĂ©riaux et techniques, Soie, fils d’or, coton. Dimensions, veste : 45 X 150 cm (manches dĂ©ployĂ©es). jupe : 93 X 92 cm. Continent, Asie. Pays, Iraq. Informations gĂ©ographiques complĂ©mentaires. Baghdad, Population. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Claude Germain.

Sarong. N° inventaire, 70.2009.6.3. Date de l’Ĺ“uvre, circa 1880. Sarong fabriquĂ© dans les ateliers de Lasem. Ces ateliers Ă©taient dirigĂ©s par les Chinois et destinĂ©s et Ă l’exportation vers Sumatra. Ce type de batik Ă©tait, entre autres occasions importantes, portĂ© lors des mariages des Peranakan (chinois-javanais) de haut rang. MatĂ©riaux et techniques, Coton importĂ©, batik dessinĂ© Ă la main. Application de feuilles d’or sur une partie du textile (prada). Teinture naturelles, indigo, rouge mengkudu. Dimensions, 258 x 109 cm. Continent, Asie. Pays, IndonĂ©sie. Informations gĂ©ographiques complĂ©mentaires, Java (Ă®le). Population, Javanais. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado.
Commissariat :
Hana Al Banna – Chidiac, ancienne responsable de l’unité patrimoniale Afrique du Nord et Proche-Orient, musée du quai Branly – Jacques Chirac (Paris)
Magali An Berthon, professeure assistante en Fashion Studies, American University of Paris et membre associée, Centre for Textile Research, Université de Copenhague (Danemark)
L’exposition est organisée par le musée du quai Branly – Jacques Chirac avec la précieuse collaboration de la créatrice de mode chinoise Guo Pei.
Du Maghreb au Japon, en passant par les pays du Moyen-Orient, l’Inde et la Chine, l’exposition retrace l’histoire millénaire de l’or dans les arts textiles. Une histoire fascinante où se marient création artistique, savoir-faire traditionnels et inventions techniques. Dès le cinquième millénaire avant notre ère, l’or agrémente les premières étoffes de luxe dédiées aux hommes de pouvoir. Au cours des siècles suivants, des tisserands et artisans chevronnés – romains, byzantins, chinois, perses puis musulmans – déploient les techniques les plus ingénieuses pour réaliser de véritables tissus d’art où les fibres de soie ou de lin s’entrelacent aux lames et filés d’or. Des premiers ornements cousus sur les vêtements des défunts aux robes flamboyantes de la créatrice de mode chinoise Guo Pei, des caftans brochés d’or du Maghreb et d’Orient et des soieries des mondes indien et indonésien aux kimonos scintillants de l’ère Edo, l’exposition propose une traversée au fil de l’or en deux sections historiques et techniques et cinq sections correspondant à cinq grandes aires géographiques et culturelles.
Costumes de lumière des pays du soleil couchant
Les costumes présentés dans cette première section géographique – manteau (caftan), tunique, pantalon, gilet – témoignent du métissage culturel qui marque les pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie). Le goût du faste caractérise très tôt cette région. Au 10e siècle, la ville de Mahdia, en Tunisie, est réputée pour ses étoffes tissées d’or et de soie. Deux siècles plus tard, sous la dynastie des Almohades, des soieries brochées d’or sont réalisées dans les ateliers de Marrakech, au Maroc mais aussi à Malaga et à Alméria en Andalousie. Après la chute de Grenade en 1492, les pays d’Afrique du Nord accueillent de nombreux exilés andalous, juifs et musulmans, qui apportent de nouvelles modes vestimentaires mais aussi de nouvelles techniques de tissage et de broderie aux fils d’or. À partir du 16e siècle, l’expansion de l’Empire ottoman marque les costumes citadins de cette région qui s’inspirent de modèles venus de Turquie.
Costumes d’apparat dans les pays d’Orient
La seconde section est consacrée à une vaste région comprenant l’Égypte, le Liban, la Turquie, l’Iraq, le Yémen et l’Iran. Dès l’expansion musulmane au 7e siècle en Asie et en Afrique, le goût du luxe et des riches vêtements se répand dans le nouvel empire. Sous la dynastie des Abbassides de Bagdad (750-1258) tout comme celles des Fatimides (969 et 1171) et des Mamelouks d’Égypte (1250-1517), les ateliers de tissage produisent de fines étoffes ornées d’or dont certaines sont destinées à la confection des vêtements des femmes des hautes classes. Ces tissus de luxe occupent une place éminente dans la Turquie ottomane mais aussi dans l’Iran safavide (1501 à 1736) et qajar (1786 à 1925) comme en témoignent de nombreux voyageurs occidentaux comme Jean Thévenot ou Jean Chardin.
Robes chamarrées de la presqu’île arabe
Cette troisième section est dédiée à une région qui s’étend du coeur de l’Arabie Saoudite aux Émirats de la côte orientale de la péninsule Arabique (Bahreïn, Koweït, Qatar). Elle présente une riche sélection de robes de fêtes et de mariages qui trahissent une influence indienne. Taillées dans des tulles, des damas ou des mousselines de soie aux superbes broderies dorées, ces robes partagent les mêmes caractéristiques : coupe large et presque carrée, panneaux latéraux s’ouvrant pour former de vastes manches qui viennent couvrir la tête en un double drapé. Ces robes lumineuses constituent aujourd’hui la tenue féminine d’apparat par excellence des femmes de cette vaste zone. On les retrouve sous différents noms selon les pays : thob al-hashimi, thob al-nashal, thob al-mufarakh ou encore thob al-mukhattam.
Drapés d’or dans les mondes indiens et du sud-est asiatique
Cette section met l’accent sur l’art du drapé caractéristique des sociétés d’Asie du sud et du sud-est. Lors de mariages fastueux, les femmes indiennes font le choix de l’or et se parent des plus somptueux saris brochés de filés métalliques dorés. En Malaisie et à Sumatra en Indonésie, les songket, longs rectangles de soie tramés d’or, sont des atours de choix pour les cérémonies traditionnelles. Ils sont portés en sarong autour de la taille, en étole asymétrique ou en coiffe savamment nouée sur la tête. Enfin au Cambodge et au Laos, l’or habille principalement les membres de la cour royale ainsi que les artistes de danse et de théâtre de cour dont les costumes scintillants brodés et tissés de filés d’or évoquent les divinités du panthéon bouddhiste et hindouiste.
Costumes d’or et de soie en Asie orientale
La dernière section voyage en Chine et au Japon pour y explorer l’histoire séculaire de cet alliage d’exception entre or et textile. En Chine, les toutes premières soieries rehaussées d’or datent des dynasties Han et Jin (entre 206 av. J.-C. et 420 apr. J.C.). Des fragments ornés de feuille d’or de cette période sont retrouvés dans le Xinjiang. C’est sous les Tang (618-907) et surtout sous les dynasties Liao (907-1125) et Jin (1151-1234) que se diffusent les soieries complexes tissées d’or (zhijinjin). La broderie au fil d’or se développe dans les ateliers impériaux dès la dynastie Tang et prospère jusqu’au 19e siècle. Un spectaculaire ensemble de kimonos et de ceintures obi complète l’accrochage. À l’origine simple habit de tous les jours, le kimono devient un vêtement d’apparat d’une sophistication extrême dès l’ère Muromachi (1336 – 1573). Dès la première moitié de l’ère Edo (1603-1867), les kimonos sont couverts de riches broderies dorées et de motifs réalisés à la feuille d’or. Ce chapitre offre aussi l’occasion d’évoquer l’histoire de Nishijin, quartier de tisseurs de Kyôto réputé pour ses étoffes ennoblies de filés métalliques dorés et argentés.
Le parcours de l’exposition est ponctué de « bulles » thématiques qui entraînent les visiteurs à la découverte de trois matériaux qui ont la couleur de l’or mais qui n’en sont pas : la soie marine (ou byssus de la Pinna nobilis), la soie des néphiles dorées de Madagascar et la soie dorée du Cambodge. L’exposition se termine par un focus sur l’or dans la broderie française et plus particulièrement sur la Maison Lesage, qui participe depuis 100 ans aux plus belles créations de la haute couture.
Guo Pei, créatrice de mode chinoise
Cette exposition inédite est conçue en étroite collaboration avec Guo Pei dont 5 pièces inédites et 9 costumes existants jalonnent l’exposition tout en dialoguant avec les oeuvres textiles présentées et en les sublimant.