🔊 “Peindre hors du monde, Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing” Collection Chih Lo Lou, au musée Cernuschi, Paris, du 5 novembre 2021 au 6 mars 2022
“Peindre hors du monde,
Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing“
Collection Chih Lo Lou
au musée Cernuschi, Paris
du 5 novembre 2021 au 6 mars 2022
PODCAST – Interview de Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 novembre 2021, durée 17’08.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
commissaires :
Eric Lefebvre, directeur du musée Cernuschi
Maria Mok, directrice du musée d’art de Hong Kong
Mael Bellec, conservateur en chef au musée Cernuschi
Yuen-kit Szeto, conservateur en chef au musée d’art de Hong Kong
Hing-sun Tang, conservateur au musée d’art de Hong Kong
conseiller scientifique :
Cédric Laurent, professeur à l’Université Rennes 2
Cette exposition est organisée conjointement par le musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris et le musée d’art de Hong Kong.
L’exposition Peindre hors du monde présente du 5 novembre 2021 au 6 mars 2022 un ensemble de plus de cent chefs-d’œuvre de la peinture chinoise ancienne. Ces peintures et calligraphies exceptionnelles, exposées en Europe pour la première fois, sont nées du pinceau des plus grands maîtres des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912). Avant d’être offertes au musée d’art de Hong Kong en 2018, ces oeuvres ont été patiemment rassemblées par le collectionneur Ho Iu-kwong (1907-2006) qui, selon la tradition chinoise, leur a donné le nom de Chih Lo Lou, « le pavillon de la félicité parfaite ».
Trois siècles de peinture chinoise
Les oeuvres de cette exposition ont été créées à un moment clé de l’histoire de la Chine, entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle, une période marquée par une profonde rupture historique qui se traduit par une alternance dynastique. Au cours de ces trois siècles faits de grandeurs et de misères, les aspirations millénaires des sages et des poètes à se retirer du monde pour vivre parmi les forêts et les montagnes prennent un sens nouveau sous le pinceau des peintres.
Jardins, paysages et quête de sagesse
Le genre du paysage exerce un rôle majeur dans l’histoire de la peinture chinoise depuis la dynastie des Song (960-1279). Sous les Ming, paysages et jardins sont investis de nombreuses significations, reflets des pratiques collectives, mais aussi des aspirations les plus personnelles. Ainsi, les jardins du Sud de la Chine évoqués par les célèbres peintres de la dynastie Ming, comme Shen Zhou (1427-1509) ou Wen Zhengming (1470-1559), présentent l’image poétique d’un idéal partagé par de nombreux lettrés de leur temps. Au sein d’une vie principalement dédiée aux devoirs de leurs charges administratives, certains entrevoient dans ces coins de nature, des lieux où la quête de sagesse devient possible grâce à l’étude et la méditation. D’autres décrivent, sous la forme de vastes paysages qui se déploient sur de longs rouleaux, les étapes de voyages accomplis en rêve.
La montagne, refuge et source d’inspiration
Pour ces lettrés, l’effondrement de la dynastie Ming et la conquête de l’empire par les Mandchous sont des événements profondément traumatisants. La prise de Pékin en 1644 et la fondation d’une nouvelle dynastie sont suivies de quarante ans de résistance armée. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui refusent de servir la nouvelle dynastie Qing et s’isolent dans les montagnes. Renonçant à la carrière de fonctionnaire et masquant leur identité, certains deviennent moines. Ce sera le destin des peintres Shitao (1642-1707) et Badashanren (1626-1705), membres de la famille impériale déchue, qui, en revêtant l’habit monastique, ont fait des temples leur refuge et de la montagne leur source d’inspiration.
La collection Chih Lo Lou au musée d’art de Hong Kong
Le musée d’art de Hong Kong conserve un peu plus de 7000 calligraphies et peintures chinoises. Parmi les plus précieuses d’entre elles, figurent les oeuvres de la collection Chih Lo Lou, données par le défunt Ho Iu-kwong, collectionneur et philanthrope. La collection, initiée dans les années 1950, a permis de préserver un patrimoine qui semblait alors promis à la dispersion. Quelques décennies plus tard, ces oeuvres ont rejoint les collections publiques du musée d’art de Hong Kong, où elles ont été présentées à l’occasion de sa réouverture après rénovation, en 2019. À la manière des anciens lettrés chinois, Ho Iu-kwong a donné un surnom littéraire à sa collection puisque Chih Lo Lou désigne « le pavillon de la félicité parfaite ». Ce nom évoque à la fois la félicité inséparable de la contemplation des chefs-d’oeuvre, mais aussi celle qui naît de l’accomplissement d’une action généreuse.