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🔊 “Picasso l’étranger” au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte dorée, Paris, du 4 novembre 2021 au 13 février 2022

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“Picasso l’étranger“

au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte dorée, Paris

du 4 novembre 2021 au 13 février 2022

Musée de l’histoire de l’immigration



Interview de Annie Cohen-Solal, historienne et commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 novembre 2021, durée 9’36. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Annie Cohen-Solal, historienne et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 novembre 2021, durée 9’36.
© FranceFineArt.

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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 3 novembre 2021.

Pablo Picasso et Marie Cuttoli, Le Minotaure (tapisserie), 1935. Musée Picasso, Antibes. © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso et Marie Cuttoli, Le Minotaure (tapisserie), 1935. Musée Picasso, Antibes. © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Chat saisissant un oiseau, 22 avril 1939. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau. © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Chat saisissant un oiseau, 22 avril 1939. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau. © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Coq tricolore à la croix de Lorraine, 1945. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / image RMN-GP © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Coq tricolore à la croix de Lorraine, 1945. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / image RMN-GP © Succession Picasso 2021.

Extrait du communiqué de presse :



Georges de Zayas (1898-1967) (attribué à), Portrait de Picasso dans l'atelier de la rue Schoelcher. Paris, vers 1915-1916. Photographie, épreuve gélation-argentique. Paris, Musée national Picasso – Paris. Don succession Picasso, 1992, archives personnelles de Pablo Picasso. © Georges de Zayas. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean. © Succession Picasso 2021.
Georges de Zayas (1898-1967) (attribué à), Portrait de Picasso dans l’atelier de la rue Schoelcher. Paris, vers 1915-1916. Photographie, épreuve gélation-argentique. Paris, Musée national Picasso – Paris. Don succession Picasso, 1992, archives personnelles de Pablo Picasso. © Georges de Zayas. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Adrien Didierjean. © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, La Lecture de la Lettre, 1921. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, La Lecture de la Lettre, 1921. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Empreinte (au sucre) de la main de Picasso. Début juin 1936. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)/ Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2021.
Pablo Picasso, Empreinte (au sucre) de la main de Picasso. Début juin 1936. Paris, musée national Picasso – Paris. Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)/ Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2021.
Récépissé de demande de carte d’identité datant de 1935. © Archives de la Préfecture de Police de Paris. © Succession Picasso 2021.
Récépissé de demande de carte d’identité datant de 1935. © Archives de la Préfecture de Police de Paris. © Succession Picasso 2021.
Lettre envoyée au Garde des sceaux pour une demande de naturalisation, comprenant la signature de 1940. © Archives de la Préfecture de Police de Paris. © Succession Picasso 2021.
Lettre envoyée au Garde des sceaux pour une demande de naturalisation, comprenant la signature de 1940. © Archives de la Préfecture de Police de Paris. © Succession Picasso 2021.

Commissariat général :

Annie Cohen-Solal, historienne, assistée d’Elsa Rigaux
En collaboration avec le Musée national Picasso-Paris





Prenant appui sur une enquête stupéfiante menée par l’historienne Annie Cohen-Solal, cette exposition porte un regard radicalement nouveau sur Picasso, l’un des plus grands artistes de notre temps.

On a l’impression que tout a été dit sur Picasso, l’artiste mythique du XXe siècle. Aucune œuvre n’a provoqué autant de passions, de débats, de polémiques que la sienne. Mais qui a conscience aujourd’hui des obstacles qui pavèrent la route du jeune artiste, convaincu de son génie, qui débarque à Paris en 1900 sans parler un mot de français ? Comment Picasso se repère-t-il dans cette métropole moderne, encore secouée par les séquelles de l’Affaire Dreyfus ? Comment organise-t-il ses premières amitiés, ses premiers succès ? Pourquoi, en 1940, alors qu’il est célébré dans le monde entier, sa demande de naturalisation française est-elle refusée? Pourquoi son oeuvre reste-t-elle invisible dans les musées de son pays d’accueil jusqu’en 1947 ?

Telles sont quelques-unes des questions soulevées par l’exposition Picasso l’étranger. Tel est l’angle inédit adopté par sa commissaire, l’historienne Annie Cohen-Solal. La situation existentielle de Picasso étranger en France, insiste-t-elle, a conditionné sa démarche de création artistique. Six années de recherches dans des fonds d’archives inexploités ont permis de dévoiler les anomalies, les décalages, les scandales même parfois qui attendaient Picasso dans un pays aux institutions obsolètes, secoué par des vagues de xénophobie jusqu’en 1945. C’est dès juin 1901, au moment de sa première exposition à la galerie Vollard, que la police constitue un dossier contre lui, le décrivant comme anarchiste. Pendant quarante ans, dans les administrations françaises, Picasso sera perçu comme un intrus, un étranger, un homme d’extrême gauche, un artiste d’avant-garde – autant de stigmates dont il ne parla jamais à personne, mais qui marquèrent indéniablement son quotidien.

De fait, au-delà de sa production artistique considérable, Picasso va aussi révéler des talents politiques hors pair, devenant un puissant vecteur de modernisation de la France. En 1955, en artiste global et étranger illustre, il s’installe pour toujours dans le Midi, choisissant le Sud contre le Nord, les artisans contre les beaux-arts, la région contre la capitale. Aujourd’hui, son expérience d’exclusion ne rejoint-elle pas l’expérience de tous ceux qui se sont heurtés au rejet de l’autre ? L’habileté de ses réactions ne constitue-t-elle pas un modèle à contempler et même à suivre ?

À travers les prêts exceptionnels du Musée national Picasso-Paris, du Musée Picasso de Barcelone et du Musée Picasso d’Antibes ainsi que d’autres institutions comme le Centre Pompidou-MNAM, MAMVP, la collection Masurel-LaM tout comme des musées étrangers et des collections privées, Picasso l’étranger établit un nouveau lien entre archives (documents, photographies, films) et oeuvres de l’artiste.

L’exposition est accompagnée d’un catalogue, réunissant un panel inédit de 23 écrivains et intellectuels de toutes disciplines et de tous pays qui se penchent à leur tour sur la question de l’étranger et de l’autre. Picasso l’étranger fait suite au livre d’Annie Cohen-Solal : Un Étranger nommé Picasso (Fayard, avril 2021) qui nous fait partager les étapes de son enquête.




Le paradoxe Picasso

Par Annie Cohen-Solal, commissaire de l’exposition

Face à un artiste devenu icône, face à une oeuvre hors-norme qui contribue à nourrir ouvrages, expositions et catalogues de manière exponentielle, le statut de Picasso étranger en France (aujourd’hui dévoilé dans cette exposition) resta longtemps un angle mort pour les chercheurs, les critiques et les commissaires. Pourtant, malgré les difficultés, les humiliations, les rejets ou les échecs divers auxquels Picasso dut faire face à son arrivée, dans une France xénophobe à peine sortie de l’affaire Dreyfus, l’artiste alla de l’avant, construisant son oeuvre avec obstination sans jamais mentionner à personne la situation pénible qui était la sienne. De plus, dès l’automne 1944, lorsqu’il devint un personnage mythique, son aura prit alors une forme si écrasante qu’elle contribua à effacer toutes les années qui avaient précédé.

Tel est donc bien ce « paradoxe Picasso » qui entoure le nom de l’artiste mythique, dont beaucoup ignorent pourtant qu’il vécut, pendant quarante-cinq ans, de nombreux déboires avec les institutions françaises ou même encore qu’il fut traité par la police, pendant ses premiers temps à Paris, comme un « Fiché S » d’aujourd’hui. En scrutant la période qui précéda l’avènement de l’artiste en gloire, nous n’avons cherché ni à attaquer, ni à dénigrer, ni à noircir la situation. Nous avons analysé chacune des traces repérées dans les archives pour dévoiler, dans toute leur vérité, les moments initiaux d’un jeune artiste à la recherche d’un monde ouvert où ancrer sa carrière. Face à un pays très centralisé, aux institutions parfois obsolètes et travaillé par ses propres tensions, Picasso sut trouver d’admirables stratégies de contournement et faire preuve d’une intelligence politique hors-pair – inventant des solutions inédites dans les interstices du social pour retourner à son avantage chacun des stigmates qui lui furent accolés : étranger, anarchiste, artiste d’avant-garde. Dès 1955, il s’installa dans le Sud auprès des artisans, devenant un formidable vecteur de modernisation du pays.

Parcours de l’exposition


Picasso est un mythe national en France. Depuis l’ouverture du Musée Picasso au coeur de Paris (1985), son oeuvre a été pleinement intégrée à notre patrimoine. Pourtant il n’en pas toujours été ainsi. Peu de gens savent qu’il n’est jamais devenu français : le 3 avril 1940, il déposa une demande de naturalisation qui lui fut refusée et qu’il ne renouvela jamais. Dès 1901, par erreur, Picasso avait été fiché par la police comme « anarchiste surveillé ». Pendant quarante ans, il fut considéré avec suspicion comme étranger, homme de gauche, artiste d’avant-garde. Jusqu’en 1949, son oeuvre, pourtant célébrée dans le monde occidental, ne comprenait que deux tableaux dans les collections françaises. Mais son sens politique lui permit de naviguer avec aplomb dans un pays aux institutions obsolètes, il s’installa pour toujours dans le Midi, choisissant le Sud contre le Nord, les artisans contre les beaux-arts, la région contre la capitale. En artiste global et étranger illustre, il devint un puissant vecteur de modernisation du pays. Picasso a donc toute sa place au Musée national de l’histoire de l’immigration. Mais la découverte de sa précarité cachée et des obstacles de son parcours ne nous renvoie-t-elle pas, en miroir, une image dérangeante de notre pays et de nous-mêmes ? Car cette exposition se veut aussi une radioscopie de la France, avec les rêves qu’elle inspire, les revers qu’elle inflige, les démons qui la travaillent.




I. « ANARCHISTE SURVEILLÉ » DANS LE LABYRINTHE PARISIEN (1900-1906)

Picasso, jeune peintre espagnol, débarque à Paris pour l’Exposition universelle de 1900, dans laquelle l’une de ses oeuvres est présentée. Comme le révèlent ses vues des villes de Malaga, La Corogne, Madrid et Barcelone où il vécut, il est riche de multiples cultures espagnoles : andalouse, galicienne, castillane, catalane. Pourtant, Paris se présente à lui comme un labyrinthe opaque dont il ne connaît ni la langue ni les codes. À force de persévérance, à l’issue de quatre voyages successifs en quatre ans, épaulé par des artistes catalans, il retrouve la métropole qui le fascine. Il y construit peu à peu un réseau d’amis, aussi marginaux que lui. Les oeuvres de cette époque représentent des aveugles désorientés, femmes isolées et abattues, buveuses d’absinthe égarées, prostituées au bonnet, suivis par une cohorte de gens du voyage élégants, féeriques, acrobatiques et roses.

 



II. À LA TÊTE DE L’AVANT GARDE ! (1906-1914)

Picasso continue de construire son réseau, notamment avec un cercle d’expatriés : les Américains Leo et Gertrude Stein dès 1905, puis les Allemands Wilhelm Uhde et Daniel-Henry Kahnweiler. À partir de sa petite galerie de la rue Vignon, Kahnweiler trouve un public pour le cubisme dans les monarchies de l’Est européen. Artistes, critiques et collectionneurs étrangers s’y pressent, tout comme ils affluent dans l’atelier de Picasso pour tenter de comprendre cette nouvelle peinture qui remet en question la figuration traditionnelle. En décembre 1912, pourtant, à l’Assemblée nationale, certains députés attaquent les « ordures » cubistes. Le critique Louis Vauxcelles déplore, quant à lui, qu’« il y ait un peu trop d’Allemands et d’Espagnols dans l’affaire fauve et cubiste […] et que le marchand Kahnweiler ne soit pas précisément compatriote du père Tanguy […]. La question n’est pas de savoir quelle langue parlent les cubistes, mais s’ils ont trouvé un filon. Hélas, j’en doute ».




III. UN ARTISTE DANS TOUS SES ÉTATS (1917-1939)

Comment comprendre les changements esthétiques de Picasso pendant l’entre-deux-guerres ? Il apparaît déconcertant, pluriel, insaisissable, multiple, contradictoire. Son oeuvre est-elle néo-cubiste, classique, surréaliste, ou bien figurative et politique ? Sa précarité d’étranger, dans une période marquée par des vagues xénophobes, le contraint à trouver un nouveau cercle de relations, après avoir perdu amis, marchands et collectionneurs dans les désastres de la Première Guerre mondiale. Auprès des Ballets russes, de l’aristocratie française, de la nouvelle génération surréaliste, de l’Espagne républicaine, il parvient à construire de nouveaux réseaux, en opérant des décentrements stratégiques, ou en se rapprochant de nouveaux pôles qui le célèbrent (comme le MoMA de New-York, dirigé par Alfred H. Barr Jr.). Nouveaux territoires, nouvelles alliances qui sous-tendent alors le foisonnement de l’oeuvre picassienne.




IV. « LA FRANCE AUX FRANÇAIS ! » (1939-1945)

Pendant la drôle de guerre, du 2 septembre 1939 au 24 août 1940, accompagné de Sabartés, son secrétaire, Picasso se replie à Royan. « Monsieur, je vous serais obligé de bien vouloir passer à mon cabinet dès que possible », lui enjoint le commissaire de police local par une lettre du 7 septembre 1939. Ce coup de semonce qui lui est adressé, comme à tous les étrangers, achève de le convaincre du danger imminent : il est étroitement surveillé et ne peut se déplacer sans un sauf-conduit pour chacun de ses voyages. Car, désormais, Guernica, l’oeuvre qui a fait sa gloire outre-Atlantique et qui circule dans les musées des États-Unis et d’Europe depuis 1937, va le mettre en danger. Entre Royan et Paris, il tente de travailler, malgré la gravité des menaces qui s’accumulent sur sa personne comme républicain espagnol, étranger dans un pays bientôt occupé par les nazis, artiste dégénéré selon les termes de l’exposition de Munich en 1937. C’est dans ce climat de tensions que Picasso dépose, le 3 avril 1940, une demande de naturalisation française.




V. SUR LA VAGUE DES TRENTE GLORIEUSES (1944-1973)

Au sortir de la guerre, Picasso construit son mythe. En 1948, à la suite d’un généreux don de 1947 de dix tableaux aux collections publiques françaises, le préfet de police de Paris lui accorde le statut de « résident privilégié », renouvelable tous les 10 ans. Un à un, les musées français commencent à le célébrer : musée des Beaux-Arts de Lyon (1954), musée des Arts Décoratifs de Paris (1955), Grand Palais, Petit Palais et Bibliothèque nationale de France, qui organisent conjointement un somptueux « Hommage à Picasso » (1966). En 1955, Picasso s’installe pour toujours dans le Midi. Successivement à Antibes, Golfe-Juan, Cannes, Vauvenargues, Mougins, dans un pays alors excessivement centralisé, Picasso décide une fois de plus d’aller à contre-courant, choisissant le Sud contre le Nord, la région contre la capitale, les artisans contre l’Académie des beaux-arts.