đ âRococo & coâ De Nicolas Pineau Ă Cindy Sherman, au MAD, musĂ©e des Arts DĂ©coratifs, du 12 mars au 18 mai 2025
âRococo & coâ
De Nicolas Pineau Ă Cindy Sherman
au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris
du 12 mars au 18 mai 2025

PODCAST – Entretien avec François Gilles, doctorant et sculpteur, et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 11 mars 2025, durĂ©e 26â32,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Nicolas Pineau, Couronnement dâun montant. Vers 1728-1754. Graphite, sanguine et lavis de sanguine sur papier vergĂ© © Les Arts DĂ©coratifs.

Jules Cron, Manufacture Jules Desfossé, Papier peint à motif répétitif, 1859. Papier, fond vert brossé à la main et velouté. © Les Arts Décoratifs / Christophe DelliÚre.

Cindy Sherman, SoupiÚre Madame de Pompadour, 1990. Porcelaine, photographie sérigraphiée et décor de poissons peints à la main sur fond vert. © Les Arts Décoratifs / Christophe DelliÚre.

Nicolas Pineau, Impériale de lit avec trophée Vers 1740-1750. Sanguine et lavis de sanguine sur papier vergé. © Les Arts Décoratifs.
Commissaires :
BĂ©nĂ©dicte Gady, directrice des musĂ©es par intĂ©rim â conservatrice en chef du patrimoine en charge des collections de Dessins, Papiers peints et Photographies au musĂ©e des Arts dĂ©coratifs
Turner Edwards, doctorant
François Gilles, doctorant et sculpteur
Le musĂ©e des Arts dĂ©coratifs propose, du 12 mars au 18 mai 2025, une exposition inĂ©dite consacrĂ©e au style rococo. « Rococo & co. De Nicolas Pineau Ă Cindy Sherman » explore les Ă©volutions de ce style, de son Ă©mergence au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle jusquâĂ ses rĂ©surgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par lâArt nouveau et lâart psychĂ©dĂ©lique. PrĂšs de 200 dessins, mobilier, boiseries, objets dâart, luminaires, cĂ©ramiques, et piĂšces de mode dialoguent dans un jeu de courbes et de contre courbes. Nicolas Pineau et Juste AurĂšle Meissonnier cĂŽtoient Louis Majorelle, Jean RoyĂšre, Alessandro Mendini, Mathieu Lehanneur, mais aussi les crĂ©ateurs de mode Tan Giudicelli et Vivienne Westwood, et lâartiste Cindy Sherman. Le commissariat est assurĂ© par BĂ©nĂ©dicte Gady, directrice des musĂ©es par intĂ©rim, Turner Edwards, doctorant, et François Gilles, doctorant et sculpteur.
Cette exposition cĂ©lĂšbre la restauration dâun fonds unique au monde de prĂšs de 500 dessins issus de lâatelier du sculpteur Nicolas Pineau (1684-1754), lâun des plus importants propagateurs du style rocaille, que lâEurope adopte sous le nom de rococo. Adepte dâune asymĂ©trie mesurĂ©e et dâun subtil jeu de pleins et de vides, Nicolas Pineau sâillustre dans des domaines variĂ©s : boiserie, sculptures ornementales, architecture, estampe, mobilier ou orfĂšvrerie. La prĂ©sentation de cette figure majeure du rococo se prolonge dans un atelier qui plonge le visiteur au coeur de la fabrique dâune boiserie rocaille. AsymĂ©tries, sinuositĂ©s, rĂȘves de Chine et imaginaires animaliers illustrent les infinies variations du style rococo. Enfin, du XIXe au XXIe siĂšcle, cette esthĂ©tique trouve de nombreux Ă©chos, du nĂ©o-style aux dĂ©tournements les plus inattendus et ludiques.
Figure du rococo. Nicolas Pineau, entre Paris et Saint-Pétersbourg
Dâabord connu pour son Ćuvre gravĂ©e, Nicolas Pineau est appelĂ© en 1716 en Russie, oĂč il devient premier sculpteur puis premier architecte de Pierre le Grand. Pour le tsar, il dessine de nombreux projets de dĂ©cors, jardins, monuments et Ă©difices, participant activement aux grands chantiers qui transforment Saint PĂ©tersbourg en capitale dâun nouvel empire et Peterhof en une nouvelle Versailles. De retour Ă Paris en 1728, Pineau souhaite poursuivre sa carriĂšre dâarchitecte, mais câest en tant que sculpteur quâil excelle et se distingue auprĂšs de ses contemporains. Il travaille principalement pour la noblesse parisienne et pour Louis XV, tout en continuant Ă envoyer ses modĂšles en Allemagne et en Russie, et en maintenant une activitĂ© Ă©ditoriale. Essentiellement constituĂ©e de sculptures de façades et de boiseries, son oeuvre est en grande partie dĂ©truite avec lâavĂšnement du nĂ©o-classicisme. Toutefois, des vestiges subsistent encore aujourdâhui dans les rues du vieux Paris, tĂ©moignant de lâĂ©lĂ©gance de son art.
Fabrique du dĂ©cor. Dans lâatelier dâun sculpteur de boiseries
Les dessins prĂ©sentĂ©s dans lâexposition sont issus du fonds dâatelier de Nicolas Pineau, qui a Ă©tĂ© conservĂ© dans sa descendance jusquâĂ la fin du XIXe siĂšcle. Une importante partie de ce fonds a alors Ă©tĂ© achetĂ©e par lâUnion centrale des Arts dĂ©coratifs (ancĂȘtre du musĂ©e des Arts dĂ©coratifs). Dâune trĂšs grande variĂ©tĂ© typologique, ces dessins offrent un point de vue exceptionnel sur les modes de conception et de rĂ©alisation du dĂ©cor sous lâAncien RĂ©gime. Leur confrontation avec les oeuvres de Nicolas Pineau donne Ă voir la complexitĂ© des procĂ©dĂ©s mĂȘmes de la crĂ©ation. Une salle de lâexposition est consacrĂ©e Ă ces pratiques dâatelier. Le sculpteur François Gilles restitue les Ă©tapes de rĂ©alisation dâune boiserie dâaprĂšs un modĂšle de Nicolas Pineau, en donnant Ă voir trois phases de ce travail de sculpture. VidĂ©os et outils explicitent les moyens techniques mis en Ćuvre au XVIIIe siĂšcle.
Formes du rococo
AsymĂ©trie, sinuositĂ©s, infinies variations, rĂȘves de Chine, imaginaires animaliers : Nicolas Pineau, comme ses contemporains et ses suiveurs, compose un art plein de fantaisie, de surprise, de profusion, qui puise son inspiration dans la nature comme dans lâarchitecture classique tout en les transfigurant. Si Pineau dĂ©veloppe un vocabulaire formel singulier, la rĂ©volution de ce goĂ»t de la courbe, de lâexcĂšs, de lâhybridation, du caprice selon certains, se rĂ©pand dans tous les arts et dans toute lâEurope.
Ăchos du rococo
Le rococo a marquĂ© un tournant dans lâhistoire des arts dĂ©coratifs dont les Ă©chos se font encore entendre. La perception contrastĂ©e de ce style, entre passion et rejet, amĂšne Ă explorer lâhistoricisme du XIXe siĂšcle, les sources de lâArt nouveau et celles de la post modernitĂ©. Les formes du rococo se cachent, se dĂ©clinent, sâhybrident, et se rĂ©inventent toujours. Cette libertĂ© des formes, leur inventivitĂ© apparaissent comme un dĂ©fi au goĂ»t et Ă la logique. La ligne fouettĂ©e dâun Majorelle rĂ©sonne avec les courbes asymĂ©triques des crĂ©ations de Mathieu Lehanneur ou de Pierre Renart. Vivienne Westwood, comme Cindy Sherman, se jouent de la prĂ©ciositĂ© rococo, Ă lâinstar de Tan Giudicelli qui orne une robe Ă la façon dâune commode rocaille. Chez RoyĂšre, la nature reprend ses droits : le dĂ©corateur transforme en lianes des luminaires. La confrontation dâobjets nĂ©o ou post-rococo avec lâĆuvre de lâun cette esthĂ©tique, Nicolas Pineau, pose la question de la permanence et du succĂšs dâun « goĂ»t », qui ne semble pas devoir sâĂ©puiser.
#Expo_Rococo – Publication
Une importante monographie consacrée à Nicolas Pineau est publiée parallÚlement à cette exposition. Elle est coéditée par le musée des Arts décoratifs et les éditions Le Passage.

Nicolas Pineau, Angle de cadre sculpté avec une hure de sanglier Vers 1745. Pierre noire, sanguine et lavis de sanguine sur deux feuilles de papier vergé raboutées. © Les Arts Décoratifs.

Firme Jennens & Bettridge (Birmingham), Fauteuil, Vers 1850-1865. Bois peint et doré. © Les Arts Décoratifs / Christophe DelliÚre.