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🔊 “Paysages mouvants” Festival des nouvelles images #2, au Jeu de Paume, du 7 février au 23 mars 2025

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“Paysages mouvants” Festival des nouvelles images #2

au Jeu de Paume, Paris

du 7 février au 23 mars 2025

Jeu de Paume


Entretien avec Jeanne Mercier, critique, co-fondatrice de Afrique In Visu, et commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 février 2025, durée 21’23, © FranceFineArt.

PODCAST –  Entretien avec Jeanne Mercier, critique, co-fondatrice de Afrique In Visu, et commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 février 2025, durée 21’23,
© FranceFineArt.


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Paysages mouvants
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©Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition en cours d’accrochage (non photographiable), le 4 fĂ©vrier 2025.

Extrait du communiqué de presse :

Commissaire d’exposition : Jeanne Mercier

Directrice artistique : Loo Hui Phang

Scénographie : Atelier 1-1

Graphisme : Studio PLastac






Après « Fata Morgana » en 2022, le Jeu de Paume dévoile la deuxième édition de son festival dédié aux métamorphoses de l’image contemporaine, mêlant une exposition, des performances, des projections, des soirées, des ateliers avec les artistes et un livre.

« Paysages mouvants », présenté du 7 février au 23 mars 2025, est pensé comme un récit collectif qui déroule une histoire des représentations des environnements naturels et des imaginaires qui les convoquent.

La commissaire, Jeanne Mercier a invitĂ© la scĂ©nariste Loo Hui Phang Ă  collaborer sous la forme d’une voix qui, Ă  travers une narration, parcourt les oeuvres de 15 artistes de la scène artistique actuelle, pour la plupart inĂ©dites car spĂ©cialement produites pour cet Ă©vĂ©nement. Chaque projet se saisit des espaces naturels aux prises avec des stĂ©rĂ©otypes – la jungle, l’oasis, le ciel, le dĂ©sert, la forĂŞt… – pour en proposer un nouvel imaginaire.

Le festival, qui dévoile pas à pas une histoire sensorielle et intime de notre rapport au monde, se veut également un espace de réflexion sur les enjeux contemporains, les oeuvres entrant en résonance avec les questions environnementales mais aussi d’identité ou de flux migratoires. Conçue comme une expérience immersive et interactive, cette nouvelle édition du festival offre au public une fresque artistique où les mondes de la photographie, de la littérature et des sciences se rencontrent et se transforment : le paysage devient alors un territoire vivant et en perpétuel mouvement.

Une réflexion sur le monde : l’environnement menacé

Les oeuvres du festival abordent, tout au long du parcours, des thĂ©matiques phares parmi lesquelles les changements climatiques, invitant Ă  repenser la responsabilitĂ© de l’être humain envers son environnement, qu’il soit polaire, insulaire ou forestier. Julian Charrière ouvre ce festival avec Towards No Earthly Pole – Conway (2019), offrant une plongĂ©e dans l’Arctique et l’Antarctique, rĂ©gions caractĂ©ristiques des effets du rĂ©chauffement climatique. TirĂ©es de son film co-rĂ©alisĂ© avec la philosophe Dehlia Hannah, An Invitation to Disappear, les images et oeuvres liĂ©es au film, comme la lampe de lave ou le bois carbonisĂ©, explorent les liens entre la nature et la crĂ©ation artistique, en hommage au 200e anniversaire de l’éruption meurtrière du Tambora en IndonĂ©sie. Sur une autre Ă®le en pĂ©ril, Richard Pak explore le destin tragique de Nauru, dĂ©vastĂ©e par l’exploitation du phosphate. Dans son installation photographique, il capture la beautĂ© perdue des paysages en ruines et les altère chimiquement, leur donnant ainsi une dimension mythologique, tel un oracle moderne. Andrea Olga Mantovani propose avec Racines, (2020 Ă  2025 – oeuvre spĂ©cialement produite pour le festival) un voyage introspectif dans le massif des Carpates en Ukraine. Ă€ travers ce lieu mystĂ©rieux, l’artiste interroge notre relation aux forĂŞts primaires et relie passĂ© familial, mĂ©moire collective et enjeux gĂ©opolitiques actuels.

Mémoire et migration : des récits de territoires

D’autres oeuvres du festival retracent les mĂ©moires migratoires et culturelles. Prune Phi poursuit ce travail mĂ©moriel dans son installation .cĂłm (2025, oeuvre spĂ©cialement produite pour le festival), qui explore l’histoire de sa famille vietnamienne et la politique migratoire coloniale qui a soutenu le dĂ©veloppement de la culture intensive du riz en Camargue. L’oeuvre, une installation qui Ă©voque un paysage de rizière, annonce le dĂ©but d’une fiction qui se joue au pied des plants de riz. Path to the Stars (2022), de MĂłnica de Miranda, rassemble des biographies complexes qui se chevauchent et interagissent : le passĂ© et les combattants de la libertĂ© anticoloniaux en Afrique centrale, l’incertitude du prĂ©sent et le dĂ©sir d’appartenance, la projection vers l’avenir et le dĂ©sir de symbiose avec l’environnement. Dans sa vidĂ©o, une femme observe attentivement la nature qui l’entoure, mĂ©taphore d’un espace fĂ©minin qui traverse plusieurs temps et espaces. Mathieu Pernot s’intĂ©resse en particulier Ă  la circulation des savoirs dans L’Atlas en mouvement (2022), une oeuvre rĂ©alisĂ©e en collaboration avec des rĂ©fugiĂ©s. MĂ©langeant astronomie, botanique et cartographie, ce projet collectif retrace les chemins de l’exil et les savoirs partagĂ©s de l’humanitĂ©. Enfin, l’installation d’Edgar Cleijne et Ellen Gallagher rappelle le paradis perdu dans une forĂŞt submergĂ©e dans laquelle les ĂŞtres humains parviennent Ă  la conclusion brutale : celle de ne pas avoir d’autre choix que de vivre sĂ©parĂ©ment des animaux.

Mathieu Pernot, L’atlas en mouvement. Planches de botanique de végétaux du bassin méditerranéen légendées en arabe, 2018. Marwan Cheikh Albassatneh. © Mathieu Pernot. © Adagp, 2025.

Mathieu Pernot, L’atlas en mouvement. Planches de botanique de végétaux du bassin méditerranéen légendées en arabe, 2018. Marwan Cheikh Albassatneh. © Mathieu Pernot. © Adagp, 2025.

Julien Lombardi, Planeta, 2025. Installation : photographies et sculpture (détail). © Julien Lombardi.

Julien Lombardi, Planeta, 2025. Installation : photographies et sculpture (détail). © Julien Lombardi.

Yo-Yo Gonthier, Les nuées de sables, Sahara du projet « Le Nuage qui parlait » 2011 à nos jours, Triptyque. Tirage photographique. © Yo-Yo Gonthier. © Adagp, 2025.

Yo-Yo Gonthier, Les nuées de sables, Sahara du projet « Le Nuage qui parlait » 2011 à nos jours, Triptyque. Tirage photographique. © Yo-Yo Gonthier. © Adagp, 2025.

Richard Pak, Soleil vert, 2023 de la série L’île naufragée. Tirage photographique. © Richard Pak.

Richard Pak, Soleil vert, 2023 de la série L’île naufragée. Tirage photographique. © Richard Pak.

Mónica de Miranda, Path to the Stars, 2022. Installation vidéo (HD color and sound 34'41), lumière, lettres métalliques (extrait). © Mónica de Miranda.

MĂłnica de Miranda, Path to the Stars, 2022. Installation vidĂ©o (HD color and sound 34’41), lumière, lettres mĂ©talliques (extrait). © MĂłnica de Miranda.

Andrea Olga Mantovani, Cicatrice de la série Racines,2023. Tirage photographique. © Andrea Olga Mantovani.

Andrea Olga Mantovani, Cicatrice de la série Racines,2023. Tirage photographique. © Andrea Olga Mantovani.

Léonard Pongo, Tales From The Sources, 2025. Installation : oeuvres textiles et vidéos (extrait). © Léonard Pongo.

Léonard Pongo, Tales From The Sources, 2025. Installation : oeuvres textiles et vidéos (extrait). © Léonard Pongo.

Julian Charrière, An Invitation to Disappear – Sorong. Tirage photographique, 2018. © Julian Charrière. © Adagp, 2025.

Julian Charrière, An Invitation to Disappear – Sorong. Tirage photographique, 2018. © Julian Charrière. © Adagp, 2025.

Mythologies contemporaines : réinventer les imaginaires du monde moderne

Toujours au fil du récit, les artistes explorent les mythes et les récits imaginaires qui façonnent notre rapport aux paysages et aux cultures. En s’inspirant des traditions congolaises et des cultures kasaïennes, Tales From The Sources (2025, oeuvre spécialement produite pour le festival), de Léonard Pongo, présente le paysage comme un personnage doté d’une volonté et d’un pouvoir propres. Superposition d’images, de couches, de calques et de projections recréent un paysage complexe et vibrant; l’oeuvre est telle un livre ouvert racontant une histoire de l’humanité et de la planète, dont le centre se situe au Congo. Avec The Scylla/Charybdis Temporal Rift Paradox (2025, oeuvre spécialement produite pour le festival), Mounir Ayache puise ses références dans la mythologie grecque, la série animée Ulysse 31 et la figure de Léon l’Africain, explorateur et diplomate nord-africain du XVIe  siècle. Projetée au XXVIe siècle, cette oeuvre s’inspire des versions arabes du mythe de Charybde et Scylla, personnifiées par deux figures féminines symbolisant deux pôles politiques. Yo-Yo Gonthier propose avec Le nuage qui parlait (2011 à nos jours – oeuvre spécialement produite pour le festival) qui réunit sculpture, dessin, vidéo et photographie – une oeuvre librement inspirée par l’exploration, la conquête, les découvertes, le voyage physique et fantasmé. Née d’une histoire et d’une expérience commune, elle porte l’engagement collectif des personnes qui l’ont construite, et son envol à différents endroits du monde est une action et un symbole : celui de l’émancipation. Eliza Levy, avec Les Hospitaliers (2025, oeuvre spécialement produite pour le festival), poursuit l’exploration de nos expériences de perceptions des mondes. Elle propose un paysage que l’on habite : un espace-conte multisensoriel pour faire ressurgir de nos mémoires les mondes enfouis. Aventure merveilleuse qui suspend le temps, l’installation est à la fois la continuité et le prélude d’un film et d’une création théâtrale.

Vestiges de l’Éden : de la conquête spatiale aux forêts tropicales

Le thème du paradis traverse également ce parcours. Julien Lombardi transpose l’Éden dans l’espace à travers Planeta (2025, oeuvre spécialement produite pour le festival), qui, à partir des traces de l’expansion de la conquête spatiale dans le désert de Sonora (Amérique du Nord), jonchés de débris technologiques, tisse un dialogue entre ciel et terre, sciences et imagination. Thomas Struth et Laila Hida poursuivent quant à eux cette exploration et questionnent notre fascination pour les espaces exotiques. Thomas Struth interroge la représentation du paradis et capture la beauté des forêts tropicales et des jungles dans le monde entier. Il en dévoile une image monumentale, Paradise 24, Sao Francisco Xavier, Brazil, 2001, invitant le public à pénétrer dans l’image. Laila Hida retrace quant à elle, avec Le voyage du Phoenix (2025, oeuvre spécialement produite pour le festival), l’exploitation financière d’une part et d’autre part, l’implantation du palmier marocain sur la Riviera française puis en Californie, interrogeant les notions d’exotisme et de loisir depuis l’Orientalisme du XIXe siècle à nos jours.

Une expérience multisensorielle, collective et interactive

Le festival se déploie dans tous les espaces du Jeu de Paume, multipliant les supports et les formats pour offrir une immersion totale grâce à la voix de la scénariste qui guide les visiteurs. Outre les projections des oeuvres de certains artistes qui transforment les salles en des espaces de méditation visuelle et sonore, l’événement propose une riche programmation de performances, concerts, projections, conférences, ateliers, souvent en dialogue direct avec les artistes. Parmi les temps forts : les performances inédites de Mounir Ayache, Laurie Bellanca, Clara Hédouin, Jeanne Alechinsky et Violaine Lochu, mais aussi une soirée exceptionnelle avec le collectif Disko Zakvas Kolektiv du Fotofestiwal invité par le Jeu de Paume pour célébrer le week-end d’ouverture à travers un DJ set et un mapping. Tout au long du festival, l’expérience se poursuit durant trois week-ends avec la performance olfactive de Julie C. Fortier, l’expérience culinaire signée Prune Phi et Céline Pham, les rencontres avec Eliza Levy et Philippe Descola et des performances de Nicolas Moulin et de Vincent Moon. Des événments animés par Yo-Yo Gonthier, Wilfried N’Sondé et le duo Raffard-Roussel enrichissent ce voyage sensoriel et interactif au coeur de l’art contemporain et interrogent encore davantage nos représentations des paysages.

Un livre pour prolonger l’expérience

La publication du festival rassemble les contributions d’auteurs et autrices littĂ©raires invitĂ©s Ă  produire un rĂ©cit autour des reprĂ©sentations des paysages. Ainsi les textes de la publication sont-ils des fictions allant du conte Ă  l’aventure jeunesse. – Édition : Jeu de Paume –

Pensée comme un récit collectif et pluridisciplinaire, la deuxième édition du festival du Jeu de Paume intitulée « Paysages mouvants » convoque de nouveaux imaginaires liés aux espaces naturels, les confrontant aux archétypes – la jungle, l’oasis, le ciel, le désert, la forêt – et aux symboles intemporels que des siècles de représentation ont contribué à ancrer dans l’inconscient collectif. Le catalogue publié à cette occasion se compose de deux livres assemblés sous une même couverture. Le premier réunit les contributions d’écrivain·e·s invité·e·s à imaginer un récit inspiré par un paysage, allant d’une traversée dans un monde de sensations à une plongée originelle dans le bassin du Congo, et poursuivant le voyage sur une embarcation en Patagonie, invitant à l’aventure au pied d’un glacier, suivant, enfin, les chemins de l’exil et du retour aux sources. Le second livre peut s’ouvrir en vis-à-vis du cahier des textes : il contient un portfolio des oeuvres exposées, accompagnées de leurs notices respectives. Le lecteur·rice peut ainsi faire défiler simultanément les pages des deux livres, et provoquer des rencontres aléatoires entre le recueil littéraire et les oeuvres présentées.

Écrivain·es : Textes de fiction : Bérengère Cournut, Loo Hui Phang,Wilfried N’Sondé, Xavier-Laurent Petit/ Commentaires d’oeuvres : Camille Azaïs, Marie Cantos, Teresa Castro, Olivia Marsaud, Clare Mary