đ âLâOr des Mingâ au MusĂ©e Guimet, du 18 septembre 2024 au 13 janvier 2025
âLâOr des Mingâ
Fastes et beautĂ©s de la Chine impĂ©riale (14e â 17e siĂšcle)
au MusĂ©e national des arts asiatiques â Guimet, Paris
du 18 septembre 2024 au 13 janvier 2025
PODCAST – Entretien avec HĂ©lĂšne Gascuel, conservatrice des collections mobilier chinois et textiles – musĂ©e Guimet, et co-commissaire de lâexposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 21 octobre 2024, durĂ©e 20â33,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Ăpingles Ă cheveux Ă dĂ©cor de crabe, Dynastie Ming (1368-1644). Filigrane dâor serti de perles et rubis. L. 13,7-14,2 cm ; poids 19,3-20,5 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0097/1-2. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Vases hexagonaux garnis de fleurs et de hallebardes, Dynastie Ming (1368-1644). Filigrane dâor – H. 21,2-21,7 cm, D. 4,6-4,7 cm ; poids 175,1-188 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0115/1-4. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Ăpingles Ă cheveux Ă dĂ©cor de lanterne, Dynastie Ming (1368-1644). Filigrane dâor – L. 17,6-18,6 cm ; poids 23,8-25,2 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0105/1-2. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection. (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Commissariat :
Arnaud Bertrand, conservateur des collections Chine et Corée, musée Guimet
HélÚne Gascuel, conservatrice des collections mobilier chinois et textiles, musée Guimet
Cette exposition est organisĂ©e par le musĂ©e Guimet et le musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang (Xiâan, Shaanxi, Chine) dans le cadre de lâannĂ©e franco-chinoise du tourisme culturel et de la cĂ©lĂ©bration du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Les oeuvres prĂ©sentĂ©es dans lâexposition appartiennent Ă la collection exceptionnelle de M. Kwok.
Cet automne, le musĂ©e Guimet vous invite dans le faste de la cour impĂ©riale des Ming (1368-1644), Ă la dĂ©couverte de lâart, aussi codifiĂ© que raffinĂ©, de la parure fĂ©minine. Une exposition inĂ©dite qui rĂ©vĂšle le luxe et la dĂ©licatesse de certaines des plus belles crĂ©ations de lâorfĂšvrerie dâor chinoise. Son esthĂ©tique foisonnante, Ă la fois singuliĂšre et baroque, se retrouvait Ă la CitĂ© Interdite aussi bien que dans les plus riches palais des Ă©lites fortunĂ©es. GrĂące aux prĂȘts du musĂ©e des Beaux-arts de Qujiang (Xiâan, Chine) et Ă son exceptionnelle collection de parures et de vases, le musĂ©e Guimet offre un Ă©blouissant tĂ©moignage de la splendeur de lâorfĂšvrerie traditionnelle et de lâart du bijou, durant une pĂ©riode aujourdâhui considĂ©rĂ©e comme lâun des Ăąges dâor de la civilisation chinoise.
Ăpingle Ă cheveux Ă dĂ©cor de fleurs et de papillon, Dynastie Ming (1368-1644). Or serti de rubis et de saphirs – H. 16 cm, l. 5,5 cm ; poids 18,9 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0070 et XYB0073. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Ăpingles Ă cheveux Ă dĂ©cor de dragon,Dynastie Ming (1368-1644). Filigrane dâor serti de rubis. L. 17,2-17,6 cm, l. 7-7,1 cm ; poids 54,6-55 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0085/1-2. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Pendant dâĂ©charpe Ă dĂ©cor ajourĂ© de dragons ailĂ©s, Dynastie Ming (1368-1644). Or serti de rubis – H. 18,2 cm, L. 7 cm, l. 3,8 cm ; poids 92,2 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0045. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
Vase dâapplique, Dynastie Ming (1368-1644). Filigrane dâor serti de jade, de rubis et de saphirs. H. 17 cm, l. 5,3 cm ; poids 88,2-93,6 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0103/1-2. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
AiguiĂšre Ă dĂ©cor de dragon et de lion jouant avec une balle, Dynastie Ming (1368-1644), rĂšgne de Wanli (1573-1620), datĂ© 1601 – Or – H. 27,4 cm, L. 21,4 cm, l. 7,7 cm ; poids 869,8 g. Xiâan, musĂ©e des Beaux-Arts de Qujiang, XYB0086/1-2. © Peter Viem Kwokâs Dong Bo Zhai Collection (Collected in Xiâan Qujiang Museum of Fine Arts).
PrĂ©sentation de l’exposition
Introduction
MĂ©tal inoxydable couleur du soleil, lâor est considĂ©rĂ© dĂšs la haute antiquitĂ© en Chine comme un symbole de richesse et de statut social, aux cĂŽtĂ©s du bronze, du jade et de la soie. Son approvisionnement repose sur les mines dâor exploitĂ©es dans le Sud-Ouest du pays dĂšs lâĂ©poque mĂ©diĂ©vale. Ă certaines pĂ©riodes, le minerai dâor est Ă©galement importĂ©. Contrairement Ă lâargent, qui devient sous les Ming la principale valeur monĂ©taire, lâor nâest alors utilisĂ© que pour la confection ou lâornement dâobjets de luxe : vaisselle dâapparat et bijoux.
Puissance politique dâethnie Han, contemporaine de la Renaissance italienne, la dynastie des Ming (dont le nom signifie « brillant, Ă©clatant ») renverse le pouvoir mongol des Yuan, restaurant les traditions chinoises et le confucianisme. Elle est aujourdâhui cĂ©lĂšbre pour ses monuments (en particulier la CitĂ© Interdite et la Grande muraille) et ses productions artistiques, au premier rang desquels la porcelaine (les cĂ©lĂšbres « bleu et blanc »), le mobilier en bois naturel, ou encore la peinture Ă lâencre et la littĂ©rature.
Le rĂšgne des empereurs Ming est Ă©galement marquĂ© par les explorations maritimes. Entre 1405 et 1433, la flotte de lâamiral Zheng He entreprend six voyages officiels pour le compte de lâempereur, traversant lâAsie du Sud-Est et contournant la pĂ©ninsule indienne pour atteindre la cĂŽte orientale de lâAfrique. Les monumentales jonques chinoises dominent alors la navigation en haute mer. Elles rapportent de contrĂ©es lointaines toutes sortes de richesses : or, argent, Ă©pices, pierres prĂ©cieuses, animaux exotiquesâŠ
Le 16e siĂšcle marque un virage dĂ©cisif : Ă la recherche de nouvelles voies commerciales pour atteindre lâExtrĂȘme-Orient, les navigateurs europĂ©ens (Vasco de Gama en 1498, Christophe Colomb entre 1492 et 1504, Fernand de Magellan entre 1519 et 1522), ouvrent des routes maritimes qui relient lâEurope Ă lâAsie et aux AmĂ©riques. Dans ce commerce devenu mondial, la Chine des Ming prend alors part Ă dâintenses Ă©changes : autrefois empire purement agraire, elle devient un pays mercantile. Les villes du Sud sâenrichissent, entrainant lâessor dâune classe nouvelle composĂ©e de marchands fortunĂ©s. Le dĂ©sir de confort matĂ©riel touche progressivement toutes les couches de la sociĂ©tĂ©. Dans ce contexte dâessor urbain, les produits de luxe tels que les soieries façonnĂ©es ou brodĂ©es, lâorfĂšvrerie dâor et les bijoux, deviennent des signes de statut social et de richesse particuliĂšrement convoitĂ©s. Ils ne sont plus lâapanage de la seule aristocratie. Ainsi nait une vĂ©ritable « Ă©conomie du luxe ».
Lâune des premiĂšres mesures prises par les empereurs Ming lors de leur accession au pouvoir consiste Ă restaurer les coutumes et vĂȘtements des dynasties Tang (618-907) et Song (960-1279), considĂ©rĂ©es comme les parangons de la tradition chinoise. Cette dĂ©cision reflĂšte la prĂ©occupation des nouveaux dirigeants dâinstaurer un vĂȘtement appropriĂ©, conçu comme un contrepied de celui des Mongols. Tout comme les vĂȘtements eux-mĂȘmes, les parures et les bijoux dâor, de jade ou dâargent font office dâindicateur de rang et de statut social. Elles font Ă ce titre lâobjet dâune rĂ©glementation dĂ©taillĂ©e qui entend dĂ©finir ce quâil est convenable de porter, en fonction de la position occupĂ©e par chacun au sein de la hiĂ©rarchie.
Naturellement, ces prescriptions ne sont pas uniformĂ©ment respectĂ©es et les infractions sont nombreuses. Au tournant du 15e et plus encore au 16e siĂšcle (pĂ©riode Ă laquelle la plupart des piĂšces de lâexposition sont attribuĂ©es), la production dâobjets et de parures en or se dĂ©veloppe largement. Certaines des plus belles piĂšces sont dorĂ©navant rehaussĂ©es de pierres prĂ©cieuses : rubis, saphirs, ou tout autre matĂ©riau rare, tels que le jade, les perles et les plumes de martin-pĂȘcheur. La diffusion de ces parures, gage de richesse et de rĂ©ussite sociale, connaĂźt alors un dĂ©veloppement sans prĂ©cĂ©dent. Dans un contexte de prospĂ©ritĂ© Ă©conomique et dâaffaiblissement du pouvoir impĂ©rial, les Ă©lites fortunĂ©es nâont de cesse dâimiter les modes et pratiques de la Cour, et font venir dans leur demeure des orfĂšvres travaillant sur commande.
Les parures dâor sont en outre considĂ©rĂ©es comme Ă mĂȘme de rĂ©vĂ©ler lâĂ©clat dâun visage fĂ©minin, dont la blancheur est de longue date louĂ©e par les poĂštes. IndĂ©pendamment de leur fonction ostentatoire, elles font ainsi partie de la livrĂ©e des femmes de lâaristocratie et sont Ă©troitement associĂ©es Ă lâidĂ©al de beautĂ© fĂ©minine.
Le choix des motifs a lui aussi une importance dĂ©cisive. Outre leur rĂŽle dâinsigne, ils vĂ©hiculent souvent un message censĂ© porter chance (richesse, bonheur, santĂ© et longĂ©vitĂ©) Ă celle qui les revĂȘt. Les fleurs et oiseaux sont traditionnellement associĂ©s aux saisons et porteurs dâune signification de bon augure. Les objets dâor remontant Ă lâĂ©poque Ming sont aujourdâhui trĂšs rares. Compte tenu de la valeur du mĂ©tal prĂ©cieux dont ils sont faits, nombre dâentre eux ont par la suite Ă©tĂ© fondus pour permettre la fabrication de nouvelles piĂšces au goĂ»t du jour. Ainsi seuls de trĂšs rares objets sont parvenus jusquâĂ nous, comme en tĂ©moignent les piĂšces de lâexposition, toutes issues de lâexceptionnelle collection du musĂ©e des Beaux-arts de Qujiang.
Ă travers une scĂ©nographie soignĂ©e qui rĂ©vĂšle le luxe et la dĂ©licatesse de chacun des objets prĂ©sentĂ©s, lâexposition invite le visiteur Ă admirer le faste des Ă©lites de lâĂ©poque Ming. Au-delĂ du simple plaisir de la contemplation esthĂ©tique, de riches contenus pĂ©dagogiques et numĂ©riques permettent de comprendre le rĂŽle de lâor sous les Ming et son importance capitale dans la parure des femmes de lâĂ©lite. Les principales techniques mises en oeuvre dans la fabrication des objets en or (fonte, martelage, repoussĂ©, ciselure, sertissage, filigrane et granulation) sont prĂ©sentĂ©es et expliquĂ©es grĂące Ă des contenus multimĂ©dia inĂ©dits dĂ©veloppĂ©s avec lâappui de LâĂcole des Arts Joailliers. La question des usages est abordĂ©e Ă travers la reproduction de peintures cĂ©lĂšbres qui permettent au visiteur dâobserver la façon dont les bijoux Ă©taient portĂ©s. La signification des motifs, porteurs dâune symbolique Ă la fois officielle et de bon augure est elle aussi explicitĂ©e dans le dĂ©tail Ă travers un parcours destinĂ© au jeune public (8-12 ans). Lâexposition permet ainsi au visiteur dâacquĂ©rir les codes de lecture et dâentrer dans lâintimitĂ© des palais, des jardins et des demeures privĂ©es de lâaristocratie chinoise, en ces temps de bouleversements Ă©conomiques annonciateurs de lâĂ©mergence de la Chine moderne.
La vaisselle dâor
Les reprĂ©sentants de lâaristocratie utilisent une vaisselle dâapparat en or et en argent faite de plats, dâassiettes, de coupes, de verseuses et de bassins, parfois complĂ©tĂ©s par des baguettes et des cuillĂšres. DestinĂ©e aux libations, ainsi quâĂ la prĂ©sentation et Ă la consommation de mets dĂ©licats et dâalcool, celle-ci est employĂ©e Ă lâoccasion de banquets au cours desquels les hĂŽtes font Ă©talage de leur richesse et du prestige attachĂ© Ă leur statut. En principe rĂ©servĂ©s Ă lâusage de lâempereur et de ses proches parents, ces objets au luxe parfois ostentatoire se rĂ©pandent au sein des Ă©lites fortunĂ©es. La nĂ©cessaire rĂ©itĂ©ration des lois destinĂ©es Ă en restreindre lâusage prouve que celles-ci ne sont pas uniformĂ©ment respectĂ©es. Bien que la grande majoritĂ© de ces objets ait aujourdâhui disparu, certains sont parvenus jusquâĂ nous. Ils portent parfois la marque du « Bureau de lâorfĂšvrerie » (Yinzuoju) des ateliers impĂ©riaux, qui indique leur annĂ©e de crĂ©ation et leur teneur en mĂ©tal prĂ©cieux. Parmi les plus belles piĂšces, certaines offrent un dĂ©cor baroque de dragons ou de fleurs, en dentelle de mĂ©tal prĂ©cieux, qui tĂ©moigne de la virtuositĂ© des artisans dans lâart du filigrane et de la granulation.
Les parures dâor : iconographie et usage
On assiste sous les Ming Ă un dĂ©veloppement, sans prĂ©cĂ©dent dans lâhistoire chinoise, de la fabrication et de la diffusion des parures en or. Ăpingles ou ornements de coiffure, boucles dâoreille, plaques et passants de ceinture, pendants dâĂ©charpe, bagues et bracelets en or, en argent ou en jade (parfois rehaussĂ©s de pierre prĂ©cieuses) font partie des parures qui constituent autant de complĂ©ments essentiels au vĂȘtement des Ă©lites. Au-delĂ de leur fonction pratique (consistant Ă retenir les cheveux ou les pans dâun vĂȘtement), ils indiquent le statut et le rang de celui ou celle qui les porte. Une rĂ©glementation entend ainsi restreindre lâusage des matĂ©riaux prĂ©cieux, tout en garantissant lâexclusivitĂ© de certains motifs (qui ont valeur dâinsigne) aux membres de la famille impĂ©riale et aux plus hauts reprĂ©sentants de lâadministration.
Les gemmes
Certains des plus beaux bijoux en or sont rehaussĂ©s de pierres prĂ©cieuses sĂ©lectionnĂ©es pour leur raretĂ©, leur couleur et leur texture. Sous les Ming, le rubis (ou le spinelle) est lâune des plus rĂ©pandues et des plus apprĂ©ciĂ©es. Il est souvent combinĂ© Ă des saphirs (bleus, jaunes ou verts), Ă du jade blanc ou vert pĂąle, ainsi quâĂ des perles dâeau douce. Les piĂšces les plus luxueuses privilĂ©gient gĂ©nĂ©ralement la combinaison de pierres de cinq couleurs â en rĂ©fĂ©rence Ă la thĂ©orie des « cinq agents » ou « cinq Ă©lĂ©ments » : le bois (bleu-vert), le feu (rouge), la terre (jaune), le mĂ©tal (blanc) et lâeau (noir).
Les motifs animaliers
Lâusage de certains motifs, tels que le dragon, le faisan ou le phĂ©nix, sont en principe rĂ©servĂ© Ă lâempereur et Ă ses plus proches parents. Dâautres, Ă lâinstar des fleurs et des oiseaux, sont associĂ©s aux saisons et porteurs dâun message de bon augure. La concision phonique de la langue chinoise fait quâelle se prĂȘte facilement Ă des jeux de mots qui reposent sur des homophonies. Ces derniĂšres donnent lieu Ă des associations dâidĂ©es connues de tous. La chauve-souris est ainsi synonyme du bonheur, le crabe de lâharmonie, et le papillon de la longĂ©vitĂ©.
Les motifs végétaux
Les plantes constituent un rĂ©pertoire inĂ©puisable de motifs. Les fleurs, naturellement associĂ©es aux saisons, font allusion Ă certaines qualitĂ©s ou vertus prĂŽnĂ©es par la pensĂ©e confucĂ©enne. Le prunus, dont les fleurs sont les premiĂšres Ă Ă©clore dĂšs la fin de lâhiver, Ă©voquent la rĂ©silience. La pivoine, dont la floraison intervient au printemps, est synonyme de richesse et de rĂ©ussite. Le lotus, fleur aquatique de lâĂ©tĂ© associĂ©e au bouddhisme Ă©voque la puretĂ©, tandis que le chrysanthĂšme dont les fleurs sâĂ©panouissent Ă lâautomne est considĂ©rĂ© comme un symbole dâendurance.
Les motifs de bon augure
La grande majoritĂ© des motifs reprĂ©sentĂ©s sur les bijoux sont porteurs dâune signification de bon augure. Câest le cas en particulier du sceptre ruyi, dont le nom signifie « selon vos dĂ©sirs ». Son extrĂ©mitĂ© dessine une volute trilobĂ©e, dont la forme est inspirĂ©e du Ganoderme luisant : un champignon auquel la pharmacopĂ©e chinoise prĂȘte des vertus fortifiantes, qui sont associĂ©es, selon les pratiques taoĂŻstes de lâAntiquitĂ©, Ă la quĂȘte dâune vie longue et en bonne santĂ©. Le caractĂšre « longĂ©vitĂ© » ćŁœ (shou) constitue lui aussi un motif particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© que lâon rencontre sur de nombreux bijoux.
Les motifs religieux
Certains thĂšmes sont empruntĂ©s Ă lâiconographie religieuse. Les figures de divinitĂ©s bouddhiques constituent ainsi un ornement particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© pour lâĂ©pingle de coiffure centrale (tiaoxin) que les femmes de lâaristocratie portent au-dessus du front, sur le devant de leur couvre-chignon. Les thĂšmes taoĂŻstes, Ă lâinstar des Huit Immortels et de leurs attributs (tels que la calebasse, Ă©vocatrice dâabondance et dâune descendance prospĂšre, ou le panier de fleurs associĂ© Ă la fĂ©conditĂ©) comptent Ă©galement parmi les motifs favoris des parures fĂ©minines.
Parures de tĂȘte
En vertu du prĂ©cepte confucĂ©en de piĂ©tĂ© filiale, les femmes mariĂ©es (de mĂȘme que les hommes adultes) ont interdiction de se couper les cheveux. Ceux-ci doivent ĂȘtre relevĂ©s et portĂ©s en chignon. La coiffure des femmes de lâĂ©lite est agrĂ©mentĂ©e de peignes et dâĂ©pingles de diverses formes, dont le nombre et les motifs dĂ©notent le rang de la porteuse. Ceux-ci sont arrangĂ©s dans une composition symĂ©trique, de sorte quâĂ lâexception de lâornement central placĂ© au-dessus du front, les Ă©pingles de coiffure vont toujours par paires.
Boucles dâoreilles
Les boucles dâoreilles comptent parmi les parures fĂ©minines les plus rĂ©pandues. On distingue trois modĂšles, tous destinĂ©s aux oreilles percĂ©es. Les boutons dâoreilles prĂ©sentent un petit ornement placĂ© devant le lobe, avec une Ă©paisse tige en « S » Ă lâarriĂšre qui fait office de contrepoids. Les anneaux, qui peuvent aussi ĂȘtre rehaussĂ©s dâun petit ornement positionnĂ© sur le devant du lobe, sont parfois ornĂ©s dâun pendant ou dâun simple motif ciselĂ©. Les pendants dâoreille sont pourvus dâun ornement plus imposant, suspendu sous le lobe grĂące Ă une tige en « S » qui sâappuie derriĂšre lâoreille sur lâos mastoĂŻde ou dans le cou.
Pendant dâĂ©charpe
Le peizhui est le pendant fixĂ© au bas de lâĂ©charpe officielle (xiapei) qui est portĂ©e par les femmes de lâaristocratie et les Ă©pouses de fonctionnaire. Fait dâorfĂšvrerie ou de jade, il prend la forme dâune goutte (ou dâune pĂȘche) et forme un boĂźtier aux parois ajourĂ©es qui fait office de boĂźte Ă senteurs. Son motif est, comme celui de lâĂ©charpe elle-mĂȘme, dictĂ© par le rang de celle qui le porte.
Bagues et bracelets
Les bracelets sont considĂ©rĂ©s comme des accessoires dâusage exclusivement fĂ©minin et sont systĂ©matiquement portĂ©s par paires. Il sâagit le plus souvent dâanneaux rigides ou « joncs », dont les plus beaux exemplaires sont exĂ©cutĂ©s en or ou en jade. Les bagues sont faites dâun anneau de mĂ©tal sâĂ©largissant sur lâextĂ©rieur du doigt pour former un cartouche qui peut ĂȘtre rectangulaire, dit « en forme dâĂ©trier », ou bien festonnĂ©. Celui-ci peut prĂ©senter un dĂ©cor ciselĂ©, gravĂ© ou matĂ©.