“Festival du Regard“ 6ème édition
Intime & Autofictions
Ă Cergy-Pontoise
du 1er octobre au 21 novembre 2021
Festival du Regard
Archive – Festival du regard – 5ème Ă©dition
(FranceFineArt.com est partenaire média de la 5e édition du Festival du Regard)

PODCAST – Interview de Sylvie Hugues et de Mathilde Terraube, directrices artistiques du Festival du Regard,
par Anne-Frédérique Fer, à Cergy-Pontoise, le 23 septembre 2021, durée 26’12.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :



Direction artistique : Sylvie Hugues et Mathilde Terraube
Édito – Intime & Autofictions
L’approche autobiographique a toujours existĂ© dans la photographie, mais elle est longtemps restĂ©e Ă l’arrière-plan… Si on peut considĂ©rer que la première photo de l’intime est, en 1840, l’incroyable autoportrait d’Hippolyte Bayard en noyĂ© (protestant ainsi contre l’oubli par l’Etat de sa propre invention de la photographie), pendant longtemps la mission du photographe Ă©tait de montrer le monde extĂ©rieur, d’être un tĂ©moin, un observateur, un reporter. Bien sĂ»r on peut retrouver des traces d’intimitĂ© chez Edward Weston, dès 1935, quand il rĂ©alise des nus de Charis Wilson qui deviendra sa compagne. Mais celui qui va dĂ©finitivement ancrer l’intime dans une photographie de tĂ©moignage, c’est Robert Frank dans « Les AmĂ©ricains », qui se clĂ´t par une photo prise au petit matin sur une route oĂą l’on devine sa famille endormie dans un vĂ©hicule mal garĂ© le long de la route. Quelques figures titulaires ont dĂ©finitivement fait basculer la photographie dans l’autobiographie et l’intime. On peut citer Nan Goldin et sa « ballade de la dĂ©pendance sexuelle » (1986), toute l’école japonaise issue de Nobuyoshi Araki et de Daido Moriyama, ainsi que la filiation nordique qui s’ouvre avec Christer Strömholm, s’épanouit avec Anders Petersen et se multiplie au XXIème siècle avec JH Engstrom, Jacob Aue Sobol et beaucoup d’autres… En France, l’arrivĂ©e quasi simultanĂ©e dans le sillage de Christian Caujolle de l’agence Vu d’Antoine d’Agata et de Michael Ackerman, Ă la fin des annĂ©es 1990, ancrent dĂ©finitivement le corps du photographe comme Ă©tant un Ă©lĂ©ment constitutif du travail artistique. DĂ©sormais, le photographe est autant derrière l’appareil que devant, dans une sorte de dĂ©doublement de personnalitĂ©. En accueillant dans cette Ă©dition quelques photographies emblĂ©matiques de Michael Ackerman et un film sur Antoine d’Agata, nous mettons justement en valeur ce basculement oĂą l’intimitĂ© du photographe dialogue en prise directe avec le monde extĂ©rieur. Cette façon d’affirmer le « je » (que l’on pourrait prendre pour une forme d’égotisme quand il est mal gĂ©rĂ©) va aussi permettre de renouveler et de revivifier la photographie crĂ©ative. En se rapprochant d’une forme de narration, les « mises en scènes » de l’intime vont devenir le pendant photographique de ce que l’on nomme en littĂ©rature « l’autofiction ». Ce genre mal dĂ©fini nous a paru intĂ©ressant Ă mettre en parallèle avec la notion de l’intime photographique. Comment se dĂ©voiler sans aller trop loin ? Comment faire de sa propre personne un personnage « extĂ©rieur » ? Comment Ă©viter le piège de l’autocongratulation ou de l’autoflagellation ? Comment trouver la bonne distance quand on est Ă la fois l’auteur et l’acteur, le sujet et l’objet ? Mais surtout comment mĂŞler fiction et rĂ©alitĂ© dans ce qui est Ă la fois une crĂ©ation artistique et un tĂ©moignage documentaire ?
Sylvie Hugues et Mathilde Terraube, Directrices artistiques du Festival du Regard





Présentation du Festival
Pour sa sixième édition, le Festival du Regard vous propose une plongée au coeur de l’intime et de l’autofiction. Après avoir exploré la période transitoire de l’adolescence (en 2018), les différentes façons d’« habiter » le monde (en 2019) ou de le parcourir avec curiosité (Voyages extra-ordinaires, 2020), nous vous emmenons aujourd’hui dans l’intimité de photographes-auteurs qui ont pris leur propre vie pour fil conducteur de leur travail.
Parmi eux, une grande figure de la photographie, l’espagnol Alberto GarcĂa-Alix dont nous prĂ©sentons les images emblĂ©matiques devenues cultes reprĂ©sentant un monde alternatif, marquĂ© par la mort et la poĂ©sie, l’amour et le dĂ©sespoir. Parce que dans son oeuvre, la vie et la photographie son intimement liĂ©es dans un ballet somptueux, inquiĂ©tant et d’une rare force visuelle. L’exposition s’ouvre avec son cĂ©lèbre autoportrait intitulĂ© « mon cotĂ© fĂ©minin ».
L’autoportrait, Jen Davis en a fait le coeur de son travail. Souffrant d’obésité depuis son plus jeune âge, elle s’est photographiée pendant onze ans pour mieux accepter son corps. Dans ses photographies à la beauté troublante, elle semble lancer un défi au regard du spectateur. C’est également avec l’autoportrait que la Canadienne Kourtney Roy enregistre la trace de sa présence dans le monde, dans l’intervalle d’une illusion. Telle une héroïne du grand écran, elle fait corps avec le décor. Les lieux, les espaces, sont pour elle source d’inspiration tout comme pour l’Américaine Eva Rubinstein. Mais à la différence de la jeune artiste flamboyante, la photographe de 88 ans préfère le silence du noir et blanc et la pénombre des intérieurs où déambulent avec grâce les acteurs anonymes de sa vie intime.
Dans le domaine de l’autofiction, nous nous devions de montrer le travail de Sylvia Ney, rendant hommage à Gustave Flaubert que certains considèrent comme le « père » de ce genre littéraire et dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. D’écriture il sera aussi question avec le couple Catherine et Marc Riboud.
C’est en écrivant que Catherine a surmonté l’épreuve de mettre au monde une enfant trisomique, Clémence. Les textes d’amour et de rejet associés aux images tendres de Marc Riboud sont l’objet d’une exposition montrée pour la première fois…
Autre famille, autre façon de narrer l’intime, en prélevant des instants fugaces de bonheur, en carré et en couleur, comme le fait avec délicatesse le photographe Patrick Taberna en véritable chroniqueur du temps qui passe. Quant à Marilia Destot, elle nous livre un journal intime en documentant la vie à deux, puis à trois, avec l’arrivée de l’enfant qui explose les habitudes dans un accrochage en constellation spécialement conçu pour le festival. Accrochage singulier également proposé par la jeune Lolita Bourdet, partie en quête de ses origines au Canada, et qui mêle habilement documents, albums de famille et images actuelles « fictionnalisant » la saga de ses ancêtres. S’il y en a un qui manie l’autofiction à merveille c’est bien Patrick Cockpit avec son road trip loufoque à la recherche des ossements de Franco sous forme d’un journal de bord caustique et railleur. Un peu d’humour, beaucoup de légèreté et surtout une grande liberté, voilà le style de Franck Landron qui photographie comme il respire depuis l’âge de 13 ans tout ce qui l’entoure : l’internat de Pontoise, les copains, les filles, les vacances… tel un Lartigue contemporain.
De l’humour Robert Doisneau n’en manquait pas… Ingrédient indispensable au sel de la vie, il le saupoudrait aussi et c’est moins connu, dans les cartes de vœux qu’il réalisait chaque année, mettant en scène ses filles, puis ses petits-enfants. Nous en dévoilons les coulisses…
Enfin, pour conclure, l’Américaine Deanna Dikeman nous livre un témoignage émouvant en photographiant ses parents au moment du départ. Un rituel tout simple qui a duré 27 ans… 90 photographies d’au revoir seront proposées aux visiteurs en fin de parcours, comme pour les saluer et leur dire à bientôt…
Le Festival du Regard n’oublie pas les pionniers (Hippolyte Bayard et son autoportrait en noyé) et ceux qui ont marqué l’histoire de la photographie de l’intime avec des séries ou des images inoubliables rassemblées dans la section « Les Classiques ». Parmi eux, citons « Le voyage sentimental » du photographe japonais Araki, les images floues et tremblantes de femmes fantasmées du tchèque Miroslav Tichý, les étonnants clichés de Lucienne Bloch d’une Frida Kahlo joyeuse et amoureuse, les stupéfiants portraits masqués de sa famille par Ralph Eugene Meatyard et les photographies hantées, où chair et ombre ne font qu’un, de Michael Ackerman.
Pour notre quatrième année à Cergy, nous sommes heureux d’annoncer une nouvelle collaboration avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy qui s’est concrétisée par un appel à projet lancé au printemps 2021 permettant à trois étudiants d’exposer pour la première fois.
Autre nouveautĂ©, le lancement du Projet Erigere – Festival du Regard consistant en des ateliers photographiques menĂ©s avec les rĂ©sidents du quartier de Marcouville Ă Pontoise tout au long de l’annĂ©e, qui aboutira Ă une exposition lors de notre Ă©dition de 2022.
Durant les week-ends des rencontres avec les photographes, des visites commentées et des lectures de portfolios gratuites par des professionnels, seront organisées. Des projections- débats se tiendront également à la Maison des Arts.
Toutes les expositions sont gratuites, un catalogue édité par Filigranes est offert aux visiteurs sur simple demande.
Les lieux et les expositions
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-> Ă€ l’ancienne poste
• Alberto Garcia Alix : De donde no se vuelve
• Jen Davis : Eleven Years, et sa suite Stephen and I
• Marc Riboud et Catherine Chaine : Clémence
• Patrick Taberna : Autres journées
• Eva Rubinstein : Elégies
• Lolita Bourdet : Plamondon
• Marilia Destot : La Promesse
• Sylvia Ney : De l’autre côté de l’eau
• Patrick Cockpit : Franco et moi
• Franck Landron : Ex Time
• Kourtney Roy : Enter as Fiction
• Robert Doisneau : Meilleurs voeux
• Deanna Dikeman : Leaving and waving
• L’intime et l’autofiction vus par : Hippolyte Bayard, Araki, Lucienne Bloch, Miroslav Tichý, Ralph Eugene Meatyard, Michael Ackerman et une sélection de tirages du XIXème.
• Projections des court-métrages de Kourtney Roy et des films documentaires de Franck Landron (Limite(s) d’Antoine d’Agata et Un flirt photographique sur l’oeuvre de Claude Nori)
-> Sur la place des arts
• Exposition Bambino (le Festival du Regard à destination du jeune public)
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