Agenda CulturelIncontournables 2Podcasts

🔊 “La Chine des Tang” au Musée national des arts asiatiques – Guimet, du 20 novembre 2024 au 3 mars 2025

Partage


“La Chine des Tang”
Une dynastie cosmopolite (7e-10e siècle)

au Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris

du 20 novembre 2024 au 3 mars 2025

Musée Guimet


Entretien avec Arnaud Bertrand, conservateur des collections Chine et Corée - musée Guimet, et co-commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 novembre 2024, durée 29’33, © FranceFineArt.

PODCAST –  Entretien avec Arnaud Bertrand, conservateur des collections Chine et CorĂ©e – musĂ©e Guimet, et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 25 novembre 2024, durée 29’33,
© FranceFineArt.


previous arrow
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
12-DSC_7451
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
next arrow
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
12-DSC_7451
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
La Chine des Tang
previous arrow
next arrow
©Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer,visite de l’exposition avec Arnaud Bertrand, le 25 novembre 2024.

Extrait du communiqué de presse :

Plaque d’ornement à motif de lion. Époque Tang, période Tubo (7e -9e siècle) Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai © musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai.

Plaque d’ornement à motif de lion. Époque Tang, période Tubo (7e -9e siècle) Argent doré. Xining, musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai © musée de la culture médicinale tibétaine du Qinghai.

Personnage en prosternation. Dynastie Tang (618-907), 9e siècle, terre cuite peinte. Découvert en 2002, Ziwei Garden City, Xi’an (Shaanxi). Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi. © Institut d’archéologie de la province du Shaanxi (musée d’archéologie du Shaanxi).

Personnage en prosternation. Dynastie Tang (618-907), 9e siècle, terre cuite peinte. Découvert en 2002, Ziwei Garden City, Xi’an (Shaanxi). Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi. © Institut d’archéologie de la province du Shaanxi (musée d’archéologie du Shaanxi).

Dragon. Dynastie Tang (618-907), 8e siècle. Or H. 2,1 cm, l. 4,1 cm. Découvert en 1970, cache du village de Hejia, banlieue sud de Xi’an (Shaanxi) Xi’an, musée d’histoire du Shaanxi.

Dragon. Dynastie Tang (618-907), 8e siècle. Or H. 2,1 cm, l. 4,1 cm. Découvert en 1970, cache du village de Hejia, banlieue sud de Xi’an (Shaanxi) Xi’an, musée d’histoire du Shaanxi.

Statuettes funéraires des douze animaux du zodiaque. Découvertes en 2002, tombe Tang, université de technologie de Xi’an (province du Shaanxi). Dynastie Tang (618-907), 8e siècle. Terre cuite. Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi © Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi.

Statuettes funéraires des douze animaux du zodiaque. Découvertes en 2002, tombe Tang, université de technologie de Xi’an (province du Shaanxi). Dynastie Tang (618-907), 8e siècle. Terre cuite. Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi © Xi’an, institut d’archéologie du Shaanxi.

Ornement de tête à motif de phénix avec incrustation de turquoise, or et turquoise, Période tibétaine Tubo (7e-11e siècle après J.-C.), H.12.5 x L.8,5 cm, Musée de la Médecine et de la culture tibétaine du Qinghai, Province du Qinghai.

Ornement de tête à motif de phénix avec incrustation de turquoise, or et turquoise, Période tibétaine Tubo (7e-11e siècle après J.-C.), H.12.5 x L.8,5 cm, Musée de la Médecine et de la culture tibétaine du Qinghai, Province du Qinghai.

Commissariat :

Arnaud Bertrand, conservateur des collections Chine et Corée, musée Guimet

Huei-Chung Tsao, chargée de collections Chine, musée Guimet

Luo Lijun, chef du service des Expositions, Art Exhibitions China

Du Zeyu, responsable de projets, Art Exhibitions China

Xu Yunyan, chargée de projets, Art Exhibitions China



Point d’orgue de l’année Guimet x Chine 2024 et entièrement consacrée à l’une des plus brillantes dynasties chinoises, l’exposition La Chine des Tang (618-907) constitue un événement exceptionnel tant par son envergure que par les oeuvres qu’elle présente.

Organisée en partenariat avec Art Exhibitions China, l’exposition accueille 207 ensembles d’oeuvres provenant de plus d’une trentaine d’institutions muséales chinoises. Elle raconte 300 ans de rayonnement des arts et des lettres, l’épanouissement d’une population cosmopolite et l’essor d’une administration centralisée.

Parmi les pièces maitresses, présentées pour la première fois au public français, figurent les trois plus importants trésors d’orfèvrerie Tang, de remarquables peintures murales, des oeuvres issues de découvertes archéologiques récentes ou encore de rares rouleaux de peintures et de calligraphies.

Bien que souvent représentée dans les productions de la culture populaire actuelle –comme dans les séries télévisées ou encore les roman des aventures du Juge Ti de Robert van Gulik adaptés au cinéma– la période des Tang reste relativement mal connue du public occidental. L’exposition La Chine des Tang au musée Guimet brosse un panorama large et dynamique de cette période qui a marqué de son empreinte les fondements culturels et administratifs de la Chine contemporaine.


Les Tang, une dynastie fondatrice

Nous sommes un siècle et demi avant le sacre de Charlemagne (800) lorsque, succédant à la dynastie Sui (581-618) parvenue à unifier la Chine après près de quatre cents ans de divisions, les premiers souverains Tang installent la paix intérieure, réorganisent l’État et contribuent à faire de leur vaste territoire une terre de prospérité économique et culturelle qui marquera les fondements culturels et administratifs de la Chine pendant plus de mille ans. Alors que la production agricole et artisanale s’y développe, sur le plan des arts, la peinture, la sculpture, la musique et la danse n’auront jamais été aussi florissants. La poésie, la littérature et la calligraphie Tang inspireront même parmi les plus belles créations littéraires des périodes ultérieures. Multiculturelle et ouverte sur le monde, la période Tang a vu l’essor d’une vie matérielle raffinée.


Une immersion dans la capitale des Tang

Une scénographie innovante invite le public à une déambulation dans Chang’an (« Longue paix »), capitale aux mille et une merveilles. D’une surface intérieure de presque 87km2 avec plus d’un million d’habitants, elle est alors la ville la plus densément peuplée du monde, devant Bagdad et Byzance. À son apogée, le Palais dépassera de plus 3,5 fois la taille de la Cité interdite de Pékin et 3 fois celle de Versailles. Son maillage urbain et son architecture religieuse comme palatiale influenceront les grandes capitales des Silla en Corée et des Heian au Japon.

Carrefour incontournable des Routes de la soie, cité cosmopolite qui inspirera peintres, calligraphes, poètes et artisans, Chang’an est le symbole de ce moment faste de la civilisation chinoise. L’exposition met l’accent sur les pratiques du quotidien de toutes les classes sociales.


Bienvenue dans la Chine des Tang

Dans leur déambulation à travers les rues de la capitale, les visiteurs découvrent le fonctionnement de la dynastie, son cosmopolitisme et son ouverture au monde. Les oeuvres rassemblées évoquent tour à tour la culture du thé et de l’alcool, les fastes des banquets, la mode féminine et les divertissements. Elles permettent aussi d’aborder les thèmes du commerce, de l’artisanat et des spiritualités et courants de pensée – confucianisme, taoïsme, bouddhisme – qui structurent le fonctionnement de l’Etat. Les trois trésors découverts sur les sites de Hejiacun, Famensi et Dingmaoqiao, réunis pour la première fois en France, reflètent la splendeur de l’artisanat Tang qui se caractérise par des inspirations venant des contrées les plus lointaines et un haut niveau de raffinement.

Ce parcours invite enfin à découvrir l’extraordinaire développement de ces voies d’échanges matériels et spirituels que sont les Routes de la soie, qui atteignent un

âge d’or sans précédent au cours de la dynastie Tang. Sur les vastes étendues du désert de Gobi, des caravanes de chameaux de Bactriane chargés de marchandises transportent, depuis la Chine, thé, soieries, laques et porcelaines et rapportent d’Orient et d’Asie centrale animaux, plantes, parfums et encens, bijoux et orfèvrerie.

L’ultime section conduit le public à sortir des rues de la capitale pour emprunter la voie des mers dont l’essor débute au milieu du 8e siècle. Ces nouvelles routes permettent le transport d’une plus grande quantité de céramiques chinoises qui atteindront le golfe persique, et même la côte Est de l’Afrique.

Roi-Gardien céleste. Découvert en 1965, Yejiabao, district de Qin’an (province du Gansu). Dynastie Tang (618-907) Terre cuite peinte à glaçure trois couleurs (sancai).

Roi-Gardien céleste. Découvert en 1965, Yejiabao, district de Qin’an (province du Gansu). Dynastie Tang (618-907) Terre cuite peinte à glaçure trois couleurs (sancai).

Acteur de burlesque. Découvert en 2001, tombe de Mu Tai (mort en 729), Zhongshanliang, district de Qingcheng (province du Gansu). Dynastie Tang (618-907), 730 Terre cuite peinte. Qingcheng, musée du district de Qingcheng © musée du district de Qingcheng.

Acteur de burlesque. Découvert en 2001, tombe de Mu Tai (mort en 729), Zhongshanliang, district de Qingcheng (province du Gansu). Dynastie Tang (618-907), 730 Terre cuite peinte. Qingcheng, musée du district de Qingcheng © musée du district de Qingcheng.

Peinture murale de la partie supérieure de l'image en ruine de Vishvamitra, Argile, Dynastie Tang (618-907). © Musée de la Région de Khotan, Province du Xinjiang.

Peinture murale de la partie supĂ©rieure de l’image en ruine de Vishvamitra, Argile, Dynastie Tang (618-907). © MusĂ©e de la RĂ©gion de Khotan, Province du Xinjiang.


Parcours de l’exposition

I. Bienvenue dans la Chine des Tang

Un recensement rĂ©alisĂ© Ă  l’apogĂ©e des Tang a permis d’estimer la population de l’empire Ă  plus de 50 millions de personnes sur un territoire allant de la mer de Chine orientale Ă  l’Asie centrale, du dĂ©sert de Gobi au nord, au-delĂ  des montagnes Nanling dans le sud. En 754, l’empire compte 1859 villes, 321 prĂ©fectures et 1538 districts. Suivant l’hĂ©ritage des Sui, le pouvoir est installĂ© dans la capitale oĂą la bureaucratie s’organise en chancelleries et ministères. L’élaboration des codes Tang perfectionne le fonctionnement de l’État. Un système d’examen impĂ©rial est adoptĂ© pour sĂ©lectionner les talents du gouvernement puis les affecter Ă  diffĂ©rentes rĂ©gions afin de renforcer la stabilitĂ© du pouvoir central. L’administration mise en place par les Tang sĂ©curise l’ouverture des rĂ©seaux d’échanges dits des « routes de la soie ». La dynastie Ă©tablit des liens commerciaux et culturels tout le long de ces routes multi-ethniques.

II. Chang’an : la plus grande ville du monde

Sous la dynastie Tang, Chang’an (actuelle ville de Xi’an) est la plus grande ville du monde. D’une surface intĂ©rieure de presque 87km2 avec plus d’un million d’habitants, elle est alors la ville la plus densĂ©ment peuplĂ©e, devant Bagdad et Byzance. Ă€ son apogĂ©e, le Palais dĂ©passera de plus 3,5 fois la taille de la CitĂ© interdite de PĂ©kin et 3 fois celle de Versailles. StratĂ©giquement situĂ©e au confluent de deux systèmes de transport – les routes impĂ©riales et les canaux – la capitale prĂ©sente un plan rĂ©gulier Ă  symĂ©trie axiale, composĂ© de 110 quartiers rectangulaires clos sĂ©parĂ©s par de larges avenues – onze rues principales longitudinales et quatorze rues principales latitudinales. Son plan a Ă©tĂ© conçu pour administrer une population diverse et exercera une influence profonde sur l’urbanisme des pays voisins. La citĂ© du palais puis le palais Daming, rĂ©sidences des empereurs, et la citĂ© impĂ©riale, oĂą se situent les bureaux du gouvernement, se trouvent au nord de la ville qu’elles surplombent. La population vit dans la ville extĂ©rieure. Les fonctionnaires de haut rang ont le privilège d’habiter près de l’avenue centrale axĂ©e nord-sud (« Grande rue du phĂ©nix rouge »). Deux marchĂ©s – de l’Est et de l’Ouest – chacun d’environ un kilomètre carrĂ©, alimentent une population cosmopolite et contribuent Ă  la prospĂ©ritĂ© de la capitale et du pays. La Petite et la Grande Pagode de l’Oie sauvage sont les deux bâtiments de l’époque encore visibles de nos jours, tĂ©moignages d’une architecture florissante. SituĂ©e plus Ă  l’est, la ville de Luoyang est la seconde capitale de l’empire. Elle accueillera notamment le règne de l’impĂ©ratrice Wu Zetian (690-705).

III. Vivre heureux Ă  Chang’an

Le dĂ©veloppement Ă©conomique et social de l’époque Tang, couplĂ© Ă  un commerce international florissant, contribue Ă  la nouvelle prospĂ©ritĂ© matĂ©rielle de Chang’an. Les populations et les marchandises circulent, se croisent et se rassemblent, ce qui engendre une Ă©volution des modes de vie et des coutumes. Le marchĂ© de l’Ouest, plaque du commerce international, est le poumon Ă©conomique de la ville. Il est spĂ©cialisĂ© dans les produits exotiques (Ă©pices, pharmacopĂ©e et pierres semi-prĂ©cieuses) tandis que le marchĂ© de l’Est, cĹ“ur artisanal, propose des produits locaux tels que le sel, le thĂ©, la soie. Les restaurants, les tavernes d’alcool ou maisons de thĂ© font partie du paysage urbain. Dans la sphère privĂ©e, on rivalise d’ingĂ©niositĂ© pour recevoir les invitĂ©s dans des maisons souvent agrĂ©mentĂ©es de jardins privĂ©s, oĂą l’on peut profiter de banquets animĂ©s par des chants, des danses et de la musique. L’ouverture et la fermeture des portes de la ville, des rues, et des quartiers tout comme les temps de fonctionnement des marchĂ©s, sont règlementĂ©s par un couvre-feu signalĂ© par des tambours installĂ©s le long de chacune des grandes artères.

La mode féminine

Les objets funéraires ainsi que les peintures murales retrouvés dans les tombes, offrent un riche panorama de la mode vestimentaire féminine de l’époque Tang. La tenue des femmes de la cour est composée d’une chemise accompagnée d’une longue jupe plissée nouée sous les aisselles, sur lesquelles est portée une veste à manches courtes ou un châle. Le canon esthétique changera dans le temps, fines au début de la dynastie, les représentations de femmes montrent plus de rondeurs à partir du 8e siècle. Le maquillage, tout comme la coiffure, sont extrêmement codifiés et variés. On dénombre plus de 140 styles de coiffure différents pour les femmes de l’époque Tang. Parmi celles-ci, une très appréciée consiste à attacher les cheveux comme « un édifice élaboré au-dessus du front ». Ces « montages » sont maintenus à l’aide d’ornements de tête extravagants (peignes, épingles à cheveux).

Le monde du spectacle

Les divertissements sont très présents à Chang’an, en particulier la musique, la danse et les acrobaties. La danse « à manches longues » connaît son apogée à cette époque. L’ouverture de la dynastie Tang conduit à une fusion de diverses pratiques culturelles qui s’illustre dans la musique : les représentations de musiciens et musiciennes jouant de la flûte, de l’orgue à bouche, de la cithare ou encore de la flûte de Pan et du tambour pigu (instruments d’origine étrangère) témoignent du métissage de la musique de cette époque. Les échanges avec les territoires de l’Ouest permettent l’arrivée d’interprètes étrangers. Ils pratiquent la danse dite du « tourbillon sogdien », ou encore jouent du luth pipa ou de la harpe.

IV. À la croisée des pensées

Trois grands courants de pensĂ©e structurent le bon fonctionnement de l’État Tang et de sa population : le confucianisme, matrice de la politique du « bon gouvernement », le taoĂŻsme, soutenu par la famille impĂ©riale, et le bouddhisme, qui s’est affirmĂ© pendant cette pĂ©riode comme une vĂ©ritable foi chinoise. Chang’an compte quelque 130 institutions religieuses, en majoritĂ© des temples et monastères bouddhistes et taoĂŻstes, mais aussi des lieux de culte des religions Ă©trangères venues d’Asie centrale Ă  partir du 4e siècle (zoroastrisme, manichĂ©isme, nestorianisme). Ils sont concentrĂ©s, en particulier, près du marchĂ© de l’Ouest oĂą habitent la majoritĂ© des Ă©trangers. Cette pĂ©riode reflète une ouverture vis-Ă -vis des diffĂ©rentes conceptions du monde auxquelles adhère la population. Ces courants de pensĂ©e jouissaient d’influences rĂ©ciproques qui ont façonnĂ© la sociĂ©tĂ© Tang. La Chine des Tang jouera un rĂ´le essentiel dans le dĂ©veloppement du bouddhisme dans le royaume Silla (CorĂ©e) et au Japon grâce Ă  l’intensitĂ© des Ă©changes qui avaient cours dans le monde monastique et aux grands travaux de traduction des textes sacrĂ©s (les sutras).

Le bouddhisme

Religion d’origine indienne introduite en Chine aux environs de notre ère, le bouddhisme est pleinement établi dans la société Tang. Il se sinise au point d’y développer de nouvelles traditions intellectuelles. Chang’an compte de nombreux monastères bouddhiques. C’est là que le moine Xuanzang (vers 602-664), au retour de son pèlerinage en Inde, préside à la traduction de 74 textes canoniques du sanskrit vers le chinois. Il instaure ainsi une nouvelle ère de grands travaux de traductions. Il laisse derrière lui des mémoires sur les pays d’Occident compilés par son disciple, témoignage précieux pour l’étude de l’histoire des échanges entre la Chine et l’Ouest. Le bouddhisme se déploie sur tout le territoire. Hors de Chang’an, les grands centres religieux comme Longmen ou Dunhuang deviennent des lieux de pèlerinage.

Le taoïsme et les pensées taoïstes

Religion autochtone basée sur l’enseignement de Laozi, le taoïsme a bénéficié sous les Tang d’un soutien particulier. Les empereurs vénèrent le fondateur de l’école philosophique taoïste comme étant un de leurs ancêtres et élèvent le taoïsme au rang de religion d’État. Ce soutien impérial atteint son apogée sous Xuanzong (r. 712-756), qui fera édifier des temples taoïstes à Chang’an. En encourageant l’enseignement du taoïsme – qui fait son entrée dans les examens impériaux – l’empereur permet la propagation de la doctrine. Les pensées taoïstes ont une influence sur de nombreux aspects de la société Tang et en particulier sur le développement de la médecine de l’époque. Sun Simiao, célèbre médecin et pharmacologue y contribuera grandement.

Le confucianisme

Depuis la dynastie des Han occidentaux (2e siècle av. J.-C.), la pensée confucéenne est érigée en modèle pour la gouvernance de la Chine. Ainsi, l’empereur Taizong (r. 626-649) s’affirmait déterminé à « gouverner le pays par la littérature » – à savoir les classiques – afin d’éduquer la population, de rendre la société Tang vertueuse, et d’exercer une gouvernance morale. L’étude des classiques confucéens était obligatoire pour tous ceux qui passaient les examens impériaux, de sorte que les classes bureaucratiques et intellectuelles partageaient une philosophie commune.

V. Le monde des lettrés

La formation de la classe lettrĂ©s est Ă©troitement liĂ©e au système des examens impĂ©riaux, dont la rĂ©ussite dĂ©pend de la bonne connaissance des classiques. La rĂ©daction de poèmes est l’activitĂ© la plus populaire des lettrĂ©s. C’est ainsi que la pĂ©riode Tang voit l’apogĂ©e de la poĂ©sie chinoise : près de 50 000 poèmes Ă©crits par plus de 2 000 poètes de l’époque nous sont parvenus. Les poèmes de Li Bai (702-762) et de Du Fu (712-770) reprĂ©sentent l’apogĂ©e de la poĂ©sie Tang. Les arts du pinceau, calligraphie et peinture, connaissent Ă©galement un grand essor. Les progrès en matière de profondeur, de technique, de style, de complexitĂ© et de sophistication qui les caractĂ©risent exerceront ensuite une influence durable. Wang Wei (701-761), en tant qu’adepte du bouddhisme chan et de la philosophie taoĂŻste, poète, musicien et peintre est l’une des figures les plus cĂ©lèbres de cette Ă©poque. Il sera considĂ©rĂ© comme l’idĂ©al de la fusion entre peinture et poĂ©sie, incarnant le lettrĂ© Tang par excellence.

VI. La beauté dans la perfection

Grande métropole de son temps, Chang’an voit affluer quantité d’objets précieux attestant de l’épanouissement sans précédent des échanges culturels de l’époque. La ville devient le creuset où arrivent, par le biais de tributs, matériaux exotiques rares et objets de luxe. Cela permet aux artisans, ainsi qu’aux ateliers impériaux, d’atteindre un haut niveau de perfection et de raffinement, dont la famille impériale a pleinement bénéficié. En témoignent trois « trésors » découverts sur les sites de Hejiacun, Famensi et Dingmaoqiao, pour la première fois réunis en France. La splendeur de l’artisanat Tang se caractérise par des inspirations venant des contrées les plus lointaines, grâce aux échanges artistiques et techniques.

Un luxe de matières

Autour du marché de l’Ouest, Chang’an abrite un ensemble de boutiques spécialisées dans la vente de matières précieuses. On y trouve du verre en provenance du monde byzantin ou sassanide, de l’ivoire d’Asie du Sud, des métaux (or, argent) et des pierres précieuses ou semi-précieuses (agate, cristal de roche). Ces ressources rares et exotiques circulent dans les classes supérieures, la ceinture à plaques de jade présentée ici en témoigne. L’arrivée du bleu lapis-lazuli provenant d’Afghanistan transforme la peinture de paysage destinée à la cour, comme l’illustrent les « montagnes et eaux » en bleu-vert du général et peintre Li Sixun (651-718).

Les compétitions sportives et de chasse

Sous la dynastie Tang, des chasses sont souvent organisées, à des fins de divertissement mais aussi d’entraînement physique. Les mêmes objectifs prévalent à la pratique du jeu de polo, originaire de Perse, populaire dans tout le pays où la pratique de l’équitation est éminemment valorisée. L’abondance de reproductions (peintures murales et figurines de terre cuite) de cavaliers et cavalières illustre l’importance de ces pratiques dans les classes supérieures de la société Tang.

VII. Les Tang sur la route de la soie

Les routes de la soie sont un rĂ©seau de voies commerciales terrestres qui traversaient le continent eurasiatique. L’extraordinaire dĂ©veloppement de ces voies d’échanges matĂ©riels et spirituels marque un âge d’or sans prĂ©cĂ©dent au cours de la dynastie Tang. Sur les vastes Ă©tendues du dĂ©sert de Gobi, des caravanes de chameaux de Bactriane chargĂ©s de marchandises transportent depuis la Chine soieries, laques, porcelaines et thĂ© et ramènent d’Orient et d’Asie centrale animaux, plantes, parfums et encens, bijoux et orfèvrerie. Outre les produits de base, les techniques chinoises de fabrication du papier, d’alchimie, de mĂ©decine, de sĂ©riciculture et de tissage de la soie ont Ă©galement Ă©tĂ© introduites dans le monde arabe par le biais de ces routes et se sont ensuite rĂ©pandues dans l’ensemble de la rĂ©gion. MĂ©tropole internationale, Chang’an bĂ©nĂ©ficie pleinement de ces Ă©changes, attirant de nombreux Ă©trangers venus de très loin pour nouer des amitiĂ©s nouvelles, dĂ©velopper des missions diplomatiques, effectuer les transactions commerciales, Ă©changer des connaissances, et mĂŞme diffuser de nouvelles voies spirituelles. Certains parviennent mĂŞme Ă  obtenir des postes administratifs et militaires importants tant Ă  la capitale qu’aux frontières.

VIII. Par-delĂ  Chang’an : naviguer vers le monde

Relai des routes terrestres, la route maritime de commerce prend son essor Ă  partir du milieu du 8e siècle et les Ă©changes commerciaux et culturels entre la Chine et l’Ouest entrent dans une nouvelle ère. Ces nouvelles routes permettent le transport d’une plus grande quantitĂ© de cĂ©ramiques. De nouveaux produits Ă©mergent en nombre et variĂ©tĂ©. Les cĂ©ramiques exportĂ©es proviennent de tout le territoire, des fours de Changsha et de Gongyi (dont des bleu et blanc), de Xin et de Ding (grès porcelaineux blanc) et de Yue (cĂ©ladons) mais aussi du Fujian et du Guangdong. Le rĂ©seau routier et le Grand Canal permettent l’acheminement de ces productions vers la mer. Yangzhou devient un des ports les plus importants – des marchands arabes et perses y rĂ©sident – et des cargaisons partent Ă  destination de toute l’Asie et, passant par l’ocĂ©an Indien, parviennent jusqu’au golfe persique et la cĂ´te est de l’Afrique. Les dĂ©couvertes dans des Ă©paves Asie du Sud-Est de cĂ©ramiques semblables Ă  celles retrouvĂ©es Ă  Yangzhou attestent de la prospĂ©ritĂ© de ce commerce maritime. L’essor des routes maritimes amplifie significativement les Ă©changes techniques. En tĂ©moignent la reprise en cĂ©ramique par les Tang des formes de vaisselle mĂ©talliques provenant d’Asie centrale ou du Moyen-Orient ou l’exportation jusqu’à l’Égypte de la technique des trois couleurs (sancai) des cĂ©ramistes chinois.

Conclusion

La dynastie Tang – qui a régné 300 ans – a marqué de son empreinte les fondements culturels et administratifs de la Chine pendant plus de mille ans. Le code pénal Tang par exemple, demeurera la base des textes juridiques chinois sous toutes les dynasties qui suivront. Elle est ce temps de développement de la production agricole et artisanale. Sur le plan des arts, la peinture, la sculpture, la musique et la danse n’auront jamais été aussi florissantes. La poésie, la littérature et la calligraphie Tang inspireront même parmi les plus belles créations littéraires des périodes ultérieures. Multiculturelle et ouverte sur le monde, la période Tang a connu l’essor d’une vie matérielle raffinée. En tant que centre politique, économique et culturel du pays, Chang’an, et en particulier son plan, servira de modèle pour la formation des capitales des Silla (Corée) et des Heian (Japon). La capitale Tang rayonnait alors sur toute l’Asie de l’Est. La dynastie Tang résonne toujours aujourd’hui avec une grande vitalité et cette période est universellement saluée comme l’un des sommets de la civilisation chinoise.