🔊 “Les vies qu’on mène” Photographier la France, à la Cité internationale des arts, Paris, du 1er mars au 19 mai 2022
“Les vies qu’on mène“ Photographier la France
à la Cité internationale des arts, Paris
du 1er mars au 19 mai 2022
Cité internationale des arts
Forum vie mobile
Tendance floue
PODCAST – Interview de Sylvie Landriève, co-directrice du Forum Vies Mobiles,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 février 2022, durée 17’15.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat & direction artistique :
Sylvie Landriève Co-directrice du Forum Vies Mobiles
Agathe Lefoulon Cheffe de projets au Forum Vies Mobiles
Pascal Aimar et Gilles Coulon Photographes et membres de Tendance Floue
Une exposition du Forum Vies Mobiles, avec les seize photographes du collectif Tendance Floue et leur invité de Magnum Photos .
La crise sanitaire que nous traversons depuis près de 2 ans a bouleversé au premier chef nos manières de nous déplacer (fréquences de nos trajets, moyens de locomotion utilisés, territoires parcourus) et la façon de les appréhender (découverte de nouveaux rythmes, fuite de la promiscuité, etc.). Cela nous a fait prendre pleinement conscience de la place centrale que les déplacements occupent dans nos vies, qu’elles qu’en soient les raisons (emploi, santé, vie sociale, etc.), dans nos territoires et nos économies. Auparavant, une autre crise de la mobilité, nationale celle-là, le mouvement des Gilets Jaunes, avait démarré avec la contestation de la politique de prix des carburants : trop élevé pour les voitures, trop bas pour l’avion.
Notre mobilité se trouve ainsi au coeur des dernières crises contemporaines : sociales, économiques mais aussi environnementales. Pour autant, elle impacte très diversement les Français, suivant leur métier, leur cadre de vie, leur âge, leur réseau social,… bien loin des dichotomies trop simples (centre/périphérie, riches/modestes, hommes/femmes, moyens de locomotion individuels/collectifs…) habituellement mobilisées.
Dans ce contexte, le Forum Vies Mobiles, think tank sur la mobilité du futur, a lancé une mission photographique nationale (inspirée par la mission de la DATAR de 1984 sur le paysage) destinée à documenter cette diversité insoupçonnée des modes de vie des Français au regard de leurs déplacements. Il l’a confiée à seize photographes du collectif Tendance Floue et un photographe de l’agence Magnum Photos qui ont parcouru les quatre coins du territoire français et posé leurs regards singuliers (étonnés, empathiques, distants…) sur le quotidien de ses habitants, en mobilisant aussi bien la photographie noir et blanc que couleur, le numérique que l’argentique pour aboutir à une grande variété de formats : grand format, vidéo, mosaïques, archives, … Selon son parcours, son projet photographique, son inclination personnelle, chaque photographe a fait le choix de ramener de son voyage en France la trace d’un mode de vie particulier pour contribuer au portrait global des modes de vie nationaux contemporains. Si leur investigation a été nourrie du discours du Forum Vies Mobiles sur la mobilité, fruit d’une dizaine d’années de recherches sur le sujet en sciences humaines et sociales (géographie, sociologie, économie, etc.), chacun a eu carte blanche pour s’en saisir selon ses propres sensibilités, intérêts, méthodes.
L’exposition Les vies qu’on mène présente plus de 400 photographies qui offrent une incursion sensible dans le quotidien des jeunes, des familles et des vieux habitants de notre pays, des pauvres, des citadins, des personnes isolées, des riches et des ruraux, été comme hiver, de jour et de nuit, avant et pendant la crise sanitaire. Les photographies présentées proposent au visiteur une immersion dans des modes de vie extrêmement variés tout en lui donnant l’occasion d’une réflexion sur son propre quotidien. Autant de questions de rythme, de pugnacité, de maîtrise, de plaisir, d’abandon, de conquête, de compositions quotidiennes.
L’actualité du printemps 2020 est venue percuter et nourrir la pertinence de ce projet de mission photographique, imaginé entre mouvement des Gilets Jaunes et propagation de la pandémie actuelle, prouvant, s’il en était besoin, la réalité sociale de la mobilité dans la vie des Français.
Avec ce projet, tant artistique que politique, le Forum Vies Mobiles nous rappelle, à l’aube des Présidentielles, à quel point la mobilité demeure un enjeu de société qui ne saurait être abordé de manière simpliste ou uniforme. Il témoigne de la nécessité qu’il y a à concevoir des politiques publiques qui prennent en compte la diversité des modes de vie pour éviter qu’elles ne soient inefficaces voire inacceptables pour leurs répercussions sur le travail, la consommation, le temps libre. En sensibilisant l’opinion publique et les décideurs à ce sujet crucial, le Forum Vies Mobiles espère ainsi oeuvrer à une transition vers des mobilités plus désirées et plus durables.
Les photographes :
Flore-Aël Surun / Patrick Tourneboeuf / Alain Willaume & Claude Willaume / Grégoire Eloy / Mat Jacob / Caty Jan / Yohanne Lamoulère / Philippe Lopparelli / Bertrand Meunier / Meyer / Pascal Aimar / Thierry Ardouin / Denis Bourges / Gilles Coulon / Olivier Culmann / Ljubiša Danilović / Jérôme Sessini (Magnum Photos)
Édito par Sylvie Landriève, Christophe Gay et Agathe Lefoulon
Le Forum Vies Mobiles fête ses 10 années de recherches sur la mobilité. Avec un réseau de plus d’une centaine de chercheurs en sciences humaines et sociales du monde entier et le concours régulier d’artistes (écrivains, vidéastes, photographes surtout), il est convaincu qu’elle détermine de plus en plus fortement notre quotidien et la façon dont on aime, on peut, on veut organiser notre vie.
Les crises de mobilité se succèdent (Turquie, Chili, Kazakhstan cet hiver, …) et bousculent la vie quotidienne contemporaine, de plus en plus dépendante de mobilité rapide et fluide. Début 2019, nous avons produit notre précédente exposition Mobile/Immobile aux Archives Nationales au beau milieu du mouvement des Gilets jaunes qui venait d’exploser en réaction aux entraves faites aux déplacements en voiture (augmentation des taxes, réduction des vitesses, …), cela après des décennies de politiques invitant à se déplacer, toujours plus et toujours plus rapidement. C’est au sortir, espérons le, d’une crise sanitaire mondiale qui a limité drastiquement nos déplacements et contribué à changer notre façon de voir la mobilité, que nous lançons notre nouvelle exposition Les Vies qu’on mène.
Dans ce contexte, s’il devient clair que la place prise par la mobilité au quotidien n’est pas à démontrer, la diversité des arrangements bricolés par les gens, qu’ils soient familiaux et amicaux, professionnels ou territoriaux auxquels elle donne lieu reste, elle, relativement mal appréhendée. C’est pourtant cette connaissance fine qui conditionne le succès des politiques de transformation écologique à l’horizon, en évitant autant que faire se peut de nouvelles crises de mobilité. C’est l’objet même de la mission photographique d’ampleur nationale confiée par le Forum au collectif Tendance Floue, restituée pour la première fois à la Cité internationale des arts à Paris.
Chaque photographe a eu « carte blanche » pour montrer à sa façon (intimiste ou à distance, format grand angle ou resserré, en séries ou monographique, noir et blanc ou couleur), en fonction du récit de vie choisi comme du format préféré, un mode de vie particulier. Pour l’approcher, le comprendre, le saisir, autant de méthodes que de photographes et de modes de vie, de rythmes de vie, de cadres de vie contemporains. Certains ont choisi de s’immerger longuement, de s’imprégner du sujet, de recherches et de lectures, d’autres de travailler de façon plus instantanée. Tous en ont discuté presque chaque semaine avec le collectif et le Forum sur toute la durée de ce projet au long cours de près de deux ans. Ce format de création collective, qui fait la spécificité de Tendance Floue, nous permet de proposer aujourd’hui un projet singulier de documentation de la mobilité des habitants de notre pays.
Sans prétendre à l’exhaustivité, la mise en commun de ces approches photographiques documentaires et esthétiques singulières permet d’incarner un portrait national de la mobilité dans les modes de vie contemporains tout en nuances, que gomment parfois les moyennes statistiques.
Avec ce projet, artistique, scientifique mais aussi politique, le Forum Vies Mobiles souhaite contribuer à mettre la question de la mobilité sur les territoires à l’agenda des Présidentielles. Voir et comprendre la diversité des Vies qu’on mène, autant que nous sommes et au cours de notre vie, c’est la clé de réussite des politiques écologiques à venir. En tendant ce miroir pour sensibiliser l’opinion publique et les décideurs à ce sujet crucial, pourtant bien connu du sens commun, le Forum Vies Mobiles espère ouvrir des voies vers des politiques plus compréhensives.
Parcours de l’exposition
1. S’adapter et se ré-inventer par les photographes Gilles Coulon, Grégoire Eloy, Bertrand Meunier et avec la participation de Jérôme Sessini de Magnum Photos
2. Un nouveau départ par les photographes Ljubiša Danilović, Philippe Lopparelli, Meyer et Flore-Aël Surun
3. Prendre soin par Denis Bourges, Olivier Culmann, Ljubiša Danilović, Grégoire Eloy, Caty Jan et Patrick Tourneboeuf
4. Suivre sa passion par Pascal Aimar, Thierry Ardouin, Mat Jacob, Yohanne Lamoulère et Alain et Claude Willaume
Un ouvrage publié en mars 2022 par les éditions du Bec en l’air accompagne l’exposition. Le texte, création originale de Nicolas Mathieu (prix Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux, Actes Sud), permet de continuer l’exploration de nos modes de vie en faisant dialoguer photographie et littérature. www.becair.com