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🔊 “Jean Gaumy” D’aprĂšs Nature, Ă  la galerie Sit Down, du 2 fĂ©vrier au 13 avril 2024

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“Jean Gaumy” D’aprùs Nature

Ă  la galerie Sit Down, Paris

du 2 février au 13 avril 2024

galerie Sit Down


Interview de Jean Gaumy, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 19 fĂ©vrier 2024, durĂ©e 28’19, © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Jean Gaumy


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 19 fĂ©vrier 2024, durĂ©e 28’20,
© FranceFineArt.


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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite de l’exposition avec Jean Gaumy, le 19 fĂ©vrier 2024.

Extrait du communiqué de presse :

Pour l’ouverture de la saison 2024, la galerie Sit Down est heureuse de prĂ©senter la sĂ©rie D’aprĂšs Nature du photographe Jean Gaumy. Ce projet photographique rĂ©alisĂ© lors de voyages en solitaire dans les montagnes du PiĂ©mont est largement imprĂ©gnĂ© de l’esthĂ©tique unique de son auteur. Par son regard intimiste, Jean Gaumy capture la beautĂ© brute et la complexitĂ© de la nature et nous y rĂ©vĂšle l’invisible prĂ©sence de l’homme tout en nous invitant Ă  s’immerger dans la beautĂ© sauvage et mystique de ces territoires inhospitaliers.






La Tentation du Paysage – par Jean Gaumy

Cette sĂ©rie photographique est le fruit de plusieurs sĂ©jours dans les montagnes et vallĂ©es “occitanes“ du PiĂ©mont. J’y’ai fait des rencontres marquantes et nouĂ© quelques amitiĂ©s. Je n’ai pas voulu faire de ces rencontres la prioritĂ© de mon approche photographique comme je l’avais envisagĂ©.

Insensiblement le projet initial se transformait. Je prenais le parti d’ĂȘtre pleinement contemplatif. Pour seuls outils : le cadre du viseur, l’écoute, l’observation, quelques notes dans un carnet. Souvent la solitude devant le vide. Le silence. Le temps m’a permis de faire le point sur les limites de la photographie, les miennes propres. Il a fallu me dĂ©faire de quelques acquis. Je me heurtais aux difficultĂ©s du genre.

Lors de cette pĂ©riode, l’actualitĂ© mondiale aidant, je sentais bien, comme tant d’autres, l’irrĂ©sistible accĂ©lĂ©ration de la rupture qui s’opĂ©rait entre l’espĂšce humaine et son environnement originel ; entre civilisation et nature.

D’instinct j’ai voulu voir, comme je l’avais dĂ©jĂ  fait en mer, ce qui pourrait bien me faire signe dans ces montagnes ; voir quelle reprĂ©sentation culturelle m’irriguait depuis l’enfance dĂšs lors qu’il s’agit de nature, d’origines. Qu’est-ce que j’en ramĂšnerai aussi qui ne soit pas convenu, qui ne soit pas des “clichĂ©s“.

J’ai cernĂ© un peu mieux ma part de fantasme, ma part de luciditĂ©. Imaginaire et rĂ©alitĂ©.

Ces photographies ont depuis donnĂ© naissance au livre “D’aprĂšs Nature“. Elles sont le dĂ©but du long essai que je poursuis : “Nature sous influence“.

Avec cette sĂ©rie, il s’agit ici, a contrepied, de la reprĂ©sentation trĂšs subjective d’une “Nature sans influence“.



Jean Gaumy

 

Jean Gaumy, Vers le col de la Cavale, via Val Stura, 2006, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Vers le col de la Cavale, via Val Stura, 2006, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Val de Susa vers le Mont Ceni. Vue a partir du val Cenischia, 2009, PiĂ©mont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Val de Susa vers le Mont Ceni. Vue a partir du val Cenischia, 2009, PiĂ©mont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Autour du col de Tende, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Autour du col de Tende, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Autour du Val de Oncino via le val PÎ, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Autour du Val de Oncino via le val PÎ, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Col de Tende, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Col de Tende, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Vers le col d’Esischie via le Val Marmora, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

Jean Gaumy, Vers le col d’Esischie via le Val Marmora, 2008, Piémont. © Jean Gaumy / Magnum Photos courtesy galerie Sit Down.

D’aprĂšs Nature – par Jonas CuĂ©nin

Jean Gaumy est un “vrai timide“, mais pour rĂ©aliser une photographie il doit souvent s’approcher Ă  trois mĂštres ou moins“. Une variante du prĂ©cepte de Robert Capa – “Si votre photo n’est pas assez bonne, c’est que vous n’Ă©tiez pas assez prĂšs“ – qui a de quoi faire sourire. Elle a pourtant façonnĂ© son style. Et cette façon de voir notre monde, dans l’intimitĂ© des hommes, Ă  travers des scĂšnes prises sur le vif, dans des compositions complexes, est devenue une sorte de seconde nature. Jean Gaumy parle d’une traque des concomitances. “C’est le chien qui arrive Ă  gauche, les deux types qui vont se serrer la main, la vieille dame qui arrive au fond, et une voiture qui va passer
“.

Cette fois-ci, pour D’aprĂšs Nature (projet dĂ©butĂ© en 2003), le photographe s’est tournĂ© vers des paysages en montagne oĂč, Ă  premiĂšre vue, rien ne se passe. Comme pour brouiller les pistes. Lui, a bien suivi celles qui mĂšnent aux sommets du massif des Alpes. “Quatre ou cinq vallĂ©es parallĂšles qui vont de l’est Ă  l’ouest, qui montent jusqu’à 2000m, et ne sont pas beaucoup frĂ©quentĂ©es.“ En marchant durant des jours entiers, passant d’un refuge Ă  l’autre, descendant parfois au village pour retrouver quelques copains, Jean Gaumy a rĂ©alisĂ© des images qui rĂ©vĂšlent dans la nature, des formes, des lignes, des silhouettes
 Au moyen format.“Pour avoir un rythme plus lent. Ce sont des journĂ©es oĂč tout Ă  coup, les choses s’imposent, se donnent Ă  vous. Vous les “reconnaissez”.“

Dans ces photographies noir et blanc, Ă  la fois extrĂȘmement graphiques, parfois Ă  la limite de l’abstraction, mais aussi intimes, on distingue souvent ce que l’on veut. C’est aussi le pouvoir de cette photographie, faire appel Ă  l’imagination du spectateur, le forcer Ă  regarder plus attentivement, quand notre monde nous pousse davantage Ă  seulement apercevoir. On apprĂ©ciera dans ces images l’histoire personnelle du photographe, sa culture, son passĂ©, et les liens humains qu’il a crĂ©Ă©s.

Car pour lui, ces images sont tout d’abord le fruit d’une imprĂ©gnation, tout un mĂ©lange hĂ©tĂ©roclite d’élĂ©ments qui lui font “signe“. Jean Gaumy connaĂźt bien la montagne, la petite soeur des Alpes surtout, au sud-ouest du pays. “Mon enfance, c’Ă©tait dans les PyrĂ©nĂ©es. Ma famille habitait Ă  Toulouse. Nous Ă©tions trĂšs souvent en AriĂšge, le pays de mes arriĂšre-grands-parents.“ Tout ça, tout ce qui fait la beautĂ© de ces images, ressemble Ă  un dĂ©jĂ  vu qu’il n’aurait pas pu photographier avant. Jusqu’à ce projet, et ce livre, publiĂ© en 2010 chez Xavier Barral. “Ce sont toutes les images qui me reviennent d’avant. Mais pas seulement. Ce sont aussi des rĂ©fĂ©rences inconscientes qui surgissent – la peinture par exemple
 Certains tableaux de Andrew Wyeth, “Down Hill” ou “Winter Monhegan”, dĂ©couverts quelques annĂ©es auparavant grĂące Ă  Michelle, mon Ă©pouse. Ceux de la Renaissance, avec ces intĂ©rieurs oĂč se trouvent tout au fond des fenĂȘtres, des portes, des ouvertures qui donnent sur de minuscules paysages. Ce sont d’ailleurs eux qui m’intĂ©ressent le plus souvent. A Pollock, lĂ  je pense aux entrelacs d’arbres et de branches. Le cinĂ©ma (noir et blanc naturellement !): Carl Dreyer, Arne Sucksdorff, AndreĂŻ Tarkovski. La littĂ©rature aussi : Jean Giono, Julien Gracq, Charles-Ferdinand Ramuz
“.

Jean Gaumy parle de “mĂ©moire dĂ©cisive“ Ă  propos de son livre D’aprĂšs Nature. L’homme, qui est membre de l’AcadĂ©mie des beaux-arts depuis 2016, a de l’esprit, et comme ses aĂźnĂ©s, un vrai sens de la formule. Une gymnastique entretenue par les rencontres et les discussions Ă©clairĂ©es. Lorsque unmembre de l’AcadĂ©mie des sciences s’approche et lui demande “pourquoi l’ĂȘtre humain au coursde son Ă©volution est-il toujours attirĂ© par la beautĂ© ?“, il rĂ©pond: “Il y a certainement des pistes derĂ©flexion dans la sociologie, dans l’histoire de l’art, mais cela a peut-ĂȘtre aussi Ă  voir avec la biologie dont vous ĂȘtes spĂ©cialiste : une nĂ©cessitĂ© pour survivre.“

Jonas Cuénin