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“Justin Weiler“ OPERIRE #5.

Couvrir, recouvrir, cacher, dissimuler Ă  la Galerie Paris-Beijing, Paris

du 30 janvier au 15 mars 2020

Galerie Paris Beijing.com

Interview de Justin Weiler

PODCAST Interview de Justin Weiler

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le le 30 janvier 2020, durĂ©e 17’27 ». © FranceFineArt.

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Justin Weiler
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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite de l’exposition avec Justin Weiler, le 30 janvier 2020.

Justin Weiler, Bouquet pour Annie, 2018. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.
Justin WeilerBouquet pour Annie, 2018. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.
Justin Weiler, Ad Retro, 2017. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.
Justin Weiler, Ad Retro, 2017. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.
Justin Weiler, La Grande Serre, 2015. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.
Justin WeilerLa Grande Serre, 2015. © Justin Weiler, courtesy of the artist / Galerie Paris-Beijing.

Extrait du communiqué de presse :

Justin Weiler, ou le spectacle de la vie moderne par Marion Zilio

L’oeuvre de Justin Weiler s’inscrit dans une tension à la frontière entre un espace intérieur et extérieur, entre contemplation et domestication, utopie et dystopie. Les surfaces trament et scandent un motif devenu pattern. Stores, serres, écrans, rideaux de fer, plantes et bouquets de fleurs obéissent à une frontalité stratifiée, comme autant de métaphores des couches d’encre qu’il balaye, de manière répétitive, sur son support.

Pour sa première exposition personnelle Ă  la Galerie Paris-Beijing, Justin Weiler nous invite Ă  flâner Ă  l’intĂ©rieur d’une serre d’exposition aux systèmes imbriquĂ©s. La galerie est devenue l’antre de tous les seuils, un espace de dĂ©ambulation au sein des interstices, oĂą s’agencent des fenĂŞtres opaques, des murs extrudĂ©s noirs comme des monolithes ou encore une serre rĂ©trolumineuse. Weiler prolonge les chapitres d’un protocole qu’il s’est lui-mĂŞme fixĂ© : Operire#5 poursuit son inlassable geste de recouvrement. Couvrir, recouvrir, dissimuler, cacher et, par voie de consĂ©quence, rĂ©vĂ©ler Ă  force de masquer. Lorsque le geste s’entĂŞte et s’obstine, passe mĂ©ticuleusement ou nerveusement, sur la couche qui la prĂ©cède, il la rehausse en mĂŞme temps qu’il lui soustrait un fin dĂ©pĂ´t.

Le cycle Operire est nĂ© dans les trĂ©fonds d’un bunker. Face au sentiment d’oppression, sous l’épaisseur et la brutalitĂ© du bĂ©ton, Weiler rĂ©pond Ă  la frontalitĂ© par l’écart. Le rideau de fer, dont l’expression fut popularisĂ©e par Churchill, est devenu pour Weiler le prĂ©texte Ă  un jeu de matière et de lumière, dont les effets de façades se dilatent dans la profondeur d’un noir rĂ©tinien. La surface paraĂ®t percĂ©e par un halo de lumière qui donne Ă  ces stries accablantes une vibration intense. La froideur du mĂ©tal et ses rĂ©sonances itĂ©ratives ouvrent peu Ă  peu l’espace et libère la grille de sa lecture unilatĂ©rale.

Dans la sĂ©rie Screen, le plasticien substitue des plaques de verre au papier Arches. Ici le support participe Ă  sa mise en scène et invite les murs de la galerie Ă  rĂ©vĂ©ler les rĂ©serves de blancs tels un photogramme ou un nĂ©gatif photo. Le motif se dilate et chaque passage de noir ou de blanc de Meudon matĂ©rialise une Ă©paisseur qui s’étire en jouant de la transparence et de l’opacitĂ©.

C’est Ă  nouveau ce dĂ©sir d’étirement, plastique et temporel, qui est Ă  l’oeuvre dans le monumental Bouquet pour Annie. RĂ©alisĂ© sur près de trois annĂ©es, le dessin se prĂ©sente sous la forme d’un quadrillage composĂ© Ă  l’origine de 81 cadres derrière lesquels pousse et dĂ©pĂ©rit un bouquet de fleurs. VanitĂ© contemporaine, l’oeuvre agence une sorte de retable qui dĂ©plie l’image et sature l’espace dans un jeu formel entre la ligne et l’organique. Les plantes grasses ou tropicales, dont Ikea a standardisĂ© nos salons, prennent Ă©galement place derrière un encadrement de vitrines, tels des animaux enfermĂ©s dans leur cage. Les serres sont des couveuses qui accueillent des microcosmes, mais elles sont aussi l’apanage des colonisateurs qui exhibent les fruits de leurs conquĂŞtes, comme le fit le Palais de Cristal du Retiro Ă  l’occasion de l’exposition sur les Philippines en 1887. Conçu par l’architecte Ricardo Velásquez Bosco, le Palais prĂ©sentait l’« exotisme Â» de la vie quotidienne de ses colonies espagnoles, tandis que le jardin du Retiro reconstituait un village indigène. En rĂ©sidence Ă  la Casa Velásquez, Weiler rĂ©alise Madrid, une composition quasi-carcĂ©rale exposant des Aloe vera.

Au fond de la galerie, la serre Ad Retro enduite dans un geste frĂ©nĂ©tique et libĂ©ratoire de blanc de Meudon apparaĂ®t dès lors comme une tentative d’expiation. GĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e pour occulter les vitrines ou comme produit d’entretien, la pâte opère un recouvrement qui invisibilise ce qui d’ordinaire est exhibĂ©. L’architecture rĂ©troĂ©clairĂ©e inverse les contrastes : le noir provient du blanc, et l’on contemple son occultation.

La vitrine, avec ses jeux de reflets qui nous intègrent Ă  l’objet dĂ©sirĂ©, matĂ©rialise un espace mĂ©dian dont la lĂ©gèretĂ© et la transparence sont enfin transformĂ©es en barrière opaque dans les sculptures Mapp, rĂ©alisĂ©es en Mortier AdhĂ©sif pour Placoplâtre. Face Ă  la prĂ©cision du geste que l’on retrouve dans ses vanitĂ©s s’élèvent des monolithes mystĂ©rieux, censĂ©s peut-ĂŞtre influencer l’évolution de l’espèce humaine. Plus mĂ©lancolique que moralisatrice, plus poĂ©tique que politique, son oeuvre monochrome suspend le temps qui passe. Par-delĂ  la grille s’impose une profondeur qui ouvre l’espace et rend visible ce qui Ă©tait cachĂ©.