đ âPrĂ©histomaniaâ au MusĂ©e de lâHomme, du 17 novembre 2023 au 20 mai 2024
âPrĂ©histomaniaâÂ
au MusĂ©e de lâHomme, Paris
du 17 novembre 2023 au 20 mai 2024
PODCAST – Interview de Marie Mourey, cheffe de projet et commissaire musĂ©ographique,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 15 novembre 2023, durĂ©e 21â02,
© FranceFineArt.
Chasse aÌ l’antilope, expeÌd. Lhote, Tissoukai, AlgeÌrie, 1960, 79 x 150 cm. © MNHN – J.-C. Domenech.
Extrait du communiqué de presse :
Maria Weyersberg et Elisabeth Mannsfeld, Cinyati, Natal, Afrique du Sud, 1929. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Main avec trois personnages, ReleveÌ d’Elisabeth Pauli, Egypte, 1933. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Henri Lhote relevant, expeÌd. Lhote, Tassili n’Ajjer, AlgeÌrie, 1956-57. © MNHN – Labo PreÌhistoire.
Girafes et autruche, expeÌd. Lhote, Ouan Abou, AlgeÌrie, 1957, 100 x 124 cm. © MNHN – J.-C. Domenech.
Commissariat scientifique :
Richard Kuba, chercheur, conservateur des collections de lâInstitut Frobenius Ă lâuniversitĂ© Goethe de Francfort-sur-le-Main ;
Jean-Louis Georget, professeur en civilisation allemande et histoire de lâanthropologie Ă lâuniversitĂ© Sorbonne Nouvelle ;
EgĂdia Souto, maĂźtre de confĂ©rences en littĂ©rature et histoire de lâart de lâAfrique Ă lâuniversitĂ© Sorbonne Nouvelle.
Commissariat d’exposition :
Marie Mourey, cheffe de projet et commissaire muséographique.
Le MusĂ©e de lâHomme prĂ©sente, en partenariat avec lâInstitut Frobenius pour la recherche en anthropologie culturelle de Francfort-sur-le-Main, une exposition temporaire consacrĂ©e aux relevĂ©s dâart rupestre.
Ces peintures sur papier reproduisant les oeuvres peintes ou gravĂ©es sur les parois des grottes ou des abris sous roche, ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es Ă partir du dĂ©but du XXe siĂšcle lors dâexpĂ©ditions scientifiques lancĂ©es, Ă travers le monde, Ă la recherche des origines de lâhumanitĂ©. ĂlaborĂ©es par des chercheurs et des artistes sur le terrain, elles ont Ă©tĂ© immĂ©diatement exposĂ©es dans de prestigieux musĂ©es, faisant surgir les plus anciennes traces picturales dans la modernitĂ©. Avec plus de 200 documents et objets, dont une soixantaine de relevĂ©s originaux, lâexposition offre un panorama mondial de ces oeuvres, raconte les aventures que furent les expĂ©ditions, montre quelle source dâinspiration les images relevĂ©es devinrent pour les artistes du XXe siĂšcle, et documente les techniques actuelles de transposition et de conservation des peintures rupestres et pariĂ©tales.
Un panorama mondial des premiĂšres peintures
Le premier espace de lâexposition prĂ©sente lâart rupestre du monde entier, Ă travers une sĂ©lection de relevĂ©s emblĂ©matiques, de trĂšs grand format, qui donnent la sensation dâentrer dans les grottes, dâapprocher les parois des abris sous roche et dâexpĂ©rimenter le choc esthĂ©tique de leurs dĂ©couvreurs. Le visiteur est transportĂ© dans le temps et dans lâespace Ă travers lâAfrique australe, le Tchad, lâAfrique du Nord, la Papouasie et lâEurope. Il dĂ©couvre quelques piĂšces maĂźtresses des fabuleuses collections de lâInstitut Frobenius de Francfort, mais aussi celles du MusĂ©e de lâHomme, notamment les relevĂ©s quâHenri Lhote rĂ©alisa dans le Tassili nâAjjer en AlgĂ©rie, dans les annĂ©es 1950 (voir p.12). Ces relevĂ©s ont une valeur scientifique et historique inestimable : ils sont souvent les seuls tĂ©moins de peintures et gravures rupestres dĂ©gradĂ©es depuis⊠et rĂ©vĂšlent parfois des paysages disparus depuis des millĂ©naires avec la dĂ©sertification et autres modifications des conditions environnementales.
LâĂ©popĂ©e des expĂ©ditions
Ces transpositions de peintures rupestres ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au cours dâextraordinaires expĂ©ditions internationales, dont celles de l’abbĂ© français Henri Breuil Ă partir des annĂ©es 1900, celles de lâAllemand Leo Frobenius dĂšs les annĂ©es 1910, puis celles de GĂ©rard Bailloud et dâHenri Lhote Ă partir des annĂ©es 1950. VĂ©ritables aventures, pour certaines, ces missions correspondent aux dĂ©buts de lâĂ©tude de la PrĂ©histoire Ă lâĂ©chelle mondiale, que les relevĂ©s ont largement contribuĂ© Ă faire connaĂźtre. Les sĂ©ries de photographies conservĂ©es Ă lâInstitut Frobenius et au MusĂ©e de lâHomme, qui documentent ces voyages, permettent de mieux comprendre le travail de ces pionniers⊠et pionniĂšres, les femmes y Ă©tant nombreuses, particuliĂšrement au sein des expĂ©ditions Frobenius.
De la grotte au musée
DĂšs les premiĂšres expĂ©ditions, les « releveurs » et « releveuses » ont eu lâambition dâexposer leurs travaux dans des musĂ©es. Câest cette aventure artistique que retrace le troisiĂšme espace de PrĂ©histomania. Au cours des annĂ©es 1930, Leo Frobenius prĂ©sente en effet Ă Paris deux expositions : la premiĂšre se tient Ă la Salle Pleyel en 1930, Ă lâinvitation de lâabbĂ© Breuil ; la seconde, au MusĂ©e dâEthnographie du TrocadĂ©ro (futur MusĂ©e de lâHomme). Les critiques dâart et les artistes dĂ©couvrent Ă cette occasion lâextrĂȘme « modernitĂ© » de lâart prĂ©historique, câest-Ă -dire ses parentĂ©s avec les productions de lâĂ©poque. Des parentĂ©s que le MoMA, Ă New York, rĂ©vĂ©lera pleinement, en 1937, en exposant des relevĂ©s aux cĂŽtĂ©s dâoeuvres modernes. Cette expĂ©rience saisissante est reproduite dans cette partie de lâexposition grĂące Ă des tableaux de Klee, Pollock, Arp et Lam qui viennent dialoguer avec les relevĂ©s.
Un patrimoine à préserver
La pratique du relevĂ© est toujours dâactualitĂ© dans le travail des prĂ©historiens. La quatriĂšme partie de lâexposition fait dĂ©couvrir quelles mĂ©thodes sont employĂ©es aujourdâhui pour dĂ©crypter les figures rupestres et en conserver toutes les informations. Elle interroge aussi sur la nĂ©cessitĂ© de faire connaĂźtre le patrimoine inestimable que constitue lâart rupestre, et celle de le protĂ©ger des dĂ©gradations. Pour satisfaire ces deux volontĂ©s, parfois contradictoires, les relevĂ©s dâhier et ceux dâaujourdâhui sâavĂšrent, plus que jamais, ĂȘtre des tĂ©moins indispensables.
Admirer sans dégrader
Lâexposition PrĂ©histomania offre ainsi au public lâopportunitĂ© de contempler ces extraordinaires rĂ©alitĂ©s prĂ©historiques sans avoir Ă se dĂ©placer sur un terrain lointain, arpenter une rĂ©gion Ă risque, ou craindre de dĂ©grader les originaux. Elle propose un voyage temporel dans des paysages transformĂ©s depuis, et permet de comprendre quelle fascination ces tĂ©moignages ont pu exercer sur ceux qui dĂ©couvraient tout juste lâincroyable richesse de la PrĂ©histoire sur tous les continents.
Elisabeth Pauli, Ain Dua, Uweinat, Libye, 1934. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Elisabeth Pauli et Katharina Mart, El Ghicha, Aflou, AlgeÌrie, 1935. © Institut Frobenius, Francfort-sur-le-Main.
Travail sur un releveÌ, expeÌd. Lhote, Tassili n’Ajjer, AlgeÌrie 1956-57. © MNHN – Labo PreÌhistoire.