đ âCarolyn Drakeâ Ă la Fondation Henri Cartier-Bresson, du 19 septembre 2023 au 14 janvier 2024
âCarolyn Drakeâ Men Untitled
Ă la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris
du 19 septembre 2023 au 14 janvier 2024
Fondation Henri Cartier-Bresson
PODCAST – Interview de ClĂ©ment ChĂ©roux, directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson, et commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 18 septembre 2023, durĂ©e 18â25,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Carolyn Drake, Reflection in Pond, after Cahun (John D), 2022. © Carolyn Drake / Magnum Photos.
Carolyn Drake, Reflection in Pond, after Cahun (John D), 2022. © Carolyn Drake / Magnum Photos.
Commissaire de lâexposition :
Clément Chéroux, directeur, Fondation Henri Cartier-Bresson
LaurĂ©ate du Prix HCB 2021, Carolyn Drake prĂ©sente Ă la Fondation Henri Cartier-Bresson MEN UNTITLED, une nouvelle sĂ©rie photographique explorant son rapport aux idĂ©aux de la masculinitĂ© dans la culture amĂ©ricaine. Entre symboles liĂ©s Ă la virilitĂ©, autoportraits questionnant son propre rapport au genre et photographies dâhommes « mis Ă nus », MEN UNTITLED relĂšve dâune dĂ©marche aussi introspective que documentaire.
Ă la suite de Knit Club (2012-2020), une sĂ©rie subversive sur une communautĂ© de femmes dans une petite ville rurale au coeur du Mississippi, Carolyn Drake dĂ©place son regard vers les hommes. Contrairement au premier projet, la photographe Ă©largit la portĂ©e de ce travail en le dissociant dâune zone gĂ©ographique spĂ©cifique. Supprimant presque tout signe distinctif liĂ© au lieu, Carolyn Drake invite le spectateur Ă regarder directement les corps de ces hommes se rĂ©vĂ©lant devant lâobjectif de la photographe.
Carolyn Drake est partie dâun constat personnel sur sa propre relation aux hommes, Ă leurs corps et Ă la place qui leur est accordĂ©e dans la sociĂ©tĂ©. En se familiarisant avec ses sujets – invitĂ©s Ă collaborer pleinement dans la rĂ©alisation de leurs portraits – la photographe finit par questionner Ă la fois les attentes du spectateur et ses propres perceptions.
La Fondation dâentreprise HermĂšs est le mĂ©cĂšne du Prix HCB.
Lâexposition est accompagnĂ©e dâun ouvrage bilingue français-anglais publiĂ© par TBW Books.
« Jâai tournĂ© autour de mon sujet pendant prĂšs dâun an avant de me rĂ©soudre Ă lâaffronter directement. Jâai passĂ© un certain nombre de mois Ă repĂ©rer des dĂ©cors, organiser des sĂ©ances de portrait, chercher des accessoires et engager des assistants, avant de dĂ©cider que ce dont jâavais vraiment besoin, câĂ©tait de faire en sorte que les hommes qui posaient pour moi retirent leurs vĂȘtements.
Bien que je vive Ă leur contact depuis un demi-siĂšcle, je ne peux pas dire que je suis Ă lâaise en prĂ©sence de corps masculins. En vĂ©ritĂ©, le corps des hommes en tant que sujet nâest pas quelque chose quâon mâa encouragĂ©e Ă observer, contrairement au corps des femmes. Comme si le fait mĂȘme de regarder les hommes Ă©tait fondamentalement dangereux. Leur demander de se dĂ©vĂȘtir a introduit une dose de risque qui a stimulĂ© mon imagination de quinquagĂ©naire lĂ oĂč mĂȘme le dĂ©sir sexuel continuait chez moi Ă ne pas en tenir compte. Jâai photographiĂ© surtout des hommes plus ĂągĂ©s que moi. Je trouvais peut-ĂȘtre plus intĂ©ressant dâĂ©tudier une masculinitĂ© sur le dĂ©clin que dâadmirer des prouesses viriles. Ou peut-ĂȘtre les hommes plus ĂągĂ©s sont-ils plus visiblement vulnĂ©rables, ce qui entraĂźne plus dâempathie de ma part.
Plusieurs dâentre eux se sont dĂ©shabillĂ©s avec une curiositĂ© aventureuse ; dâautres ont acceptĂ© de se dĂ©nuder en partie, sâaffranchissant de leur pudeur par gĂ©nĂ©rositĂ©. Dâautres encore ont eu une Ă©rection et sont restĂ©s immobiles devant moi, prĂ©occupĂ©s par la direction de leur regard. Lâun dâeux nâa cessĂ© de se pencher en avant pour sâassurer que jâaie une bonne perspective sur son anus.
Lorsque jâai commencĂ© Ă Ă©carter les vĂȘtements, les accessoires et les dĂ©cors, ce qui est restĂ© sous mes yeux Ă©tait un corps vivant dans lâinstant prĂ©sent, comme le mien. Son autoritĂ© sâĂ©tait volatilisĂ©e au moment oĂč jâavais pris la libertĂ© de regarder. »
Carolyn Drake
Biographie
Carolyn Drake travaille sur des projets photographiques au long cours qui cherchent Ă interroger les rĂ©cits historiques dominants et Ă les rĂ©imaginer de maniĂšre crĂ©ative. Sa pratique repose sur la collaboration avec ses sujets et mĂȘle la photographie Ă la couture, au dessin, au collage et Ă la sculpture. Son travail questionne le clivage traditionnel entre lâauteur et le sujet, le rĂ©el et lâimaginaire, remettant en question les stĂ©rĂ©otypes bien Ă©tablis. Carolyn Drake est nĂ©e en Californie et a Ă©tudiĂ© les mĂ©dias, la culture et lâhistoire au dĂ©but des annĂ©es 1990 Ă lâuniversitĂ© de Brown. AprĂšs lâobtention de son diplĂŽme Ă Brown en 1994, elle sâinstalle Ă New York et travaille comme designer de contenu interactif pendant de nombreuses annĂ©es avant de se consacrer Ă la photographie. Entre 2007 et 2013, la photographe voyage rĂ©guliĂšrement en Asie centrale, en Ă©tant basĂ©e Ă Istanbul, pour travailler sur deux projets au long cours : Two Rivers (2013) et Wild Pigeon (2014). Cette derniĂšre sĂ©rie est acquise par le SFMOMA Ă San Francisco, qui lui consacre Ă©galement une exposition en 2018. Dans Internat (2014-2017), Carolyn Drake a travaillĂ© avec des jeunes femmes dans un ancien orphelinat soviĂ©tique pour crĂ©er des photographies et des peintures. Ce travail a Ă©tĂ© suivi de Knit Club (TBW Books, 2020), qui est nĂ© de sa collaboration avec une communautĂ© de femmes du Mississippi sâappelant vaguement « Knit Club » et a Ă©tĂ© prĂ©sĂ©lectionnĂ© pour le Paris Photo Aperture Book of the Year et les Lucie Photo Book Awards. Son travail a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© par une bourse Guggenheim, le prix du livre Anamorphosis Prize, la Peter S Reed Foundation, Lightwork, le Do Good Fund, le prix Lange Taylor, la Magnum Foundation, le Pulitzer Center et une bourse Fulbright. Elle est membre de Magnum Photos et est reprĂ©sentĂ©e par la galerie Yancey Richardson, New York.