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🔊 “Graver la lumière” de Dürer à Picasso, au musée Marmottan Monet, Paris, du 5 juillet au 17 septembre 2023

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“Graver la lumière”
L’estampe en 100 chefs-d’oeuvre, de Dürer à Picasso

au musée Marmottan Monet, Paris

du 5 juillet au 17 septembre 2023

Musée Marmottan Monet


Interview de Florian Rodari, Conservateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, et commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer,à Paris, le 4 juillet 2023, durée 19’15, © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Florian Rodari, Conservateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, et commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 4 juillet 2023, durĂ©e 19’16,
© FranceFineArt.


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©Anne-Fréderique Fer, vernissage presse, le 4 juillet 2023.
Man Ray, Barbette Vander Clyde Broadway, dit Barbette, 1926, négatif au gélatino-bromure d’argent sur verre, 9 x 12 cm, Centre Pompidou, Mnam-CCI, Paris, don de Lucien Treillard en 1995, © Man Ray 2015 Trust/Adagp, Paris 2023. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Dist. RMN-GP.
Pierre Bonnard, La Petite Blanchisseuse, 1896. Lithographie au lavis et au crayon sur papier de Chine, 190 x 294 mm. VEVEY, MusĂ©e Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Pierre Bonnard, La Petite Blanchisseuse, 1896. Lithographie au lavis et au crayon sur papier de Chine, 190 x 294 mm. VEVEY, Musée Jenisch Vevey - Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Albrecht DĂĽrer, La MĂ©lancolie, ou Melencolia I, 1514. Burin sur papier vergĂ©, 240 x 187 mm. VEVEY, MusĂ©e Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, don inaliĂ©nable de la famille Cuendet. © Olivier Christinat, Lausanne.

Extrait du communiqué de presse :

Edward Steichen, The Flatiron. New York, 1905, planche de « Edward Steichen. The Early Years 1900-1927 » héliogravue sur papier vergé BFK Rives, 334 x 268 mm. VEVEY, Musée Jenisch Vevey - Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. © Olivier Christinat, 2016. © The estate of Edward Steichen / Adagp, Paris, 2023.
Edward Steichen, The Flatiron. New York, 1905, planche de « Edward Steichen. The Early Years 1900-1927 » hĂ©liogravue sur papier vergĂ© BFK Rives, 334 x 268 mm. VEVEY, MusĂ©e Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. © Olivier Christinat, 2016. © The estate of Edward Steichen / Adagp, Paris, 2023.
Henri Fantin-Latour, Les Petites brodeuses [1898], planche de « L’Estampe et l’Affiche », 15 mars 1898 (tirage en prime). Lithographie au crayon et grattage sur papier de Chine appliqué sur papier velin, 16,5 x 21 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Henri Fantin-Latour, Les Petites brodeuses, [1898], planche de « L’Estampe et l’Affiche », 15 mars 1898 (tirage en prime). Lithographie au crayon et grattage sur papier de Chine appliqué sur papier velin, 16,5 x 21 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Édouard Manet, Berthe Morisot, en noir, Vers 1872. Lithographie au crayon sur papier de Chine appliqué sur papier, vélin, 20,4 x 14,2 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Édouard Manet, Berthe Morisot, en noir, Vers 1872. Lithographie au crayon sur papier de Chine appliqué sur papier, vélin, 20,4 x 14,2 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, Caprice. Portique à la lanterne, [1742], planche de « Vedute, altre prese dai luoghi, altre ideate », 1744. Eau forte sur papier vergé, 30,2 x 43,3 cm, Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto, Caprice. Portique à la lanterne, [1742], planche de « Vedute, altre prese dai luoghi, altre ideate », 1744. Eau forte sur papier vergé, 30,2 x 43,3 cm, Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, Collection P. © Olivier Christinat, Lausanne.
Wenceslaus Hollar, Fourrures, manchons et col, 1645. Burin sur papier vergé, 8,3 x 11,2 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, donation Isabelle et Jacques Treyvaud. © Olivier Christinat, Lausanne.
Wenceslaus Hollar, Fourrures, manchons et col, 1645. Burin sur papier vergé, 8,3 x 11,2 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, donation Isabelle et Jacques Treyvaud. © Olivier Christinat, Lausanne.

Commissariat :

Florian Rodari, Conservateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.

Une exposition du musée Marmottan Monet en collaboration avec la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex.





Le musée Marmottan Monet présente du 5 juillet au 17 septembre 2023 une exceptionnelle collection de gravures, appartenant à la Fondation suisse William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. À travers plus d’une centaine de chefs-d’oeuvre, le parcours donne à voir un ensemble du XV
e au XXIe siècle : Dürer, Rembrandt, Piranèse, Goya, Corot, Manet, Degas, Bonnard, Vuillard… les oeuvres des plus grands maîtres sont mises en regard de créations d’artistes contemporains.

En accueillant cette exposition consacrée à l’histoire de l’estampe et à ses techniques, le musée Marmottan Monet ouvre ses portes à l’un des moyens de communication qui fut, dès le XVe siècle, l’un des plus populaires jusqu’au jour où l’industrie du journal et la photographie sont venus le supplanter. Mais l’art du graveur est aussi l’un des arts les plus riches en inventions subtiles et en surprises. Pouvoir interpréter les prestiges de la lumière, en exprimer tous les secrets, tel fut l’effort conduit par les graveurs de toujours afin de parvenir à en traduire les nuances à l’aide du seul couple noir-et-blanc. À la fin du XIXe leurs réflexions sur le rendu de la lumière font ainsi écho aux approches de certains peintres impressionnistes pour signifier son passage rapide et vibrionnant dans leur peinture. Or des artistes comme Redon, Degas ou Monet, notamment, ne furent pas insensibles aux nouveaux procédés de restitution par le cuivre ou la pierre des effets lumineux. Une section particulière de l’exposition est consacrée à l’héliogravure, ce procédé d’impression qui a offert aux photographes de la fin du XIXe siècle la possibilité de graver la lumière — au moment même où l’impressionnisme s’attache à la peindre.

Cette exposition se veut le reflet de la diversité constituant la collection de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex (déposée au Musée Jenisch Vevey en Suisse) aussi bien que de l’esprit de curiosité qui distingue ses animateurs. Issu de la patience de quelques collectionneurs privés ayant su réunir les grands noms de l’art de l’estampe et de la passion de créateurs contemporains regroupés autour de l’Atelier de Saint-Prex, cet ensemble de planches reflète l’histoire de l’estampe des premières impressions sur bois du XVe siècle aux inventions des XIXe et XXe siècles. Outre les chefs-d’oeuvre, le présent choix insiste sur des images emblématiques du fait de leur contenu ou de leur technique, et permet de représenter la richesse de cet ensemble apprécié à la fois par les collectionneurs et les artistes. Il s’agit de proposer non pas une chronologie mais une approche libre et sensible tendant à favoriser les affinités entre maîtres anciens et créateurs contemporains. Ainsi les grands exemples de Dürer, Rembrandt, Canaletto, Piranèse, Goya, Lorrain, Nanteuil, Daumier, Degas, Bresdin, Redon, Bonnard ou Picasso côtoient-ils les créations des artistes oeuvrant à l’Atelier de Saint-Prex, en Suisse. Tel est d’ailleurs le but de cette Fondation qui ne cherche pas à établir des comparaisons ou sanctionner des hiérarchies mais souhaite rappeler que les interrogations formelles et les ambitions techniques se répondent depuis toujours d’oeuvre en oeuvre et transcendent le temps.

Le parcours de l’exposition se décline en 7 sections où sont abordés successivement thèmes, fonctions et procédés de cet art : ainsi l’estampe au service du livre avec Düer et Rembrandt ; puis la gravure à l’eau-forte au service du tourisme d’alors, avec les vedute de Canaletto et Piranèse ; le burin au service du pouvoir, avec les portraits de Nanteuil et Mellan permettant de diffuser l’image du roi et des Grands de la Cour. L’amour du paysage y est ensuite évoqué à travers des planches de Claude Lorrain, Rodolphe Bresdin ou Giorgio Morandi. Une importante section est encore dédiée aux Intimités privilégiées par les artistes du XIXe siècle, de Redon à Bonnard, en passant par Manet, Degas, Toulouse Lautrec et Fantin-Latour, notamment. Les prouesses techniques qui fascinent depuis toujours les graveurs et animent leurs discussions dans l’atelier sont évoquées dans les dernières sections. Enfin la dernière salle est consacrée à l’invention de l’héliogravure, technique que privilégieront, dès le milieu du XIXe siècle, les photographes soucieux de donner un rendu tactile et vivant à leurs tirages obtenus en encrant la plaque de cuivre.





Pour accompagner l’exposition, un catalogue, publié chez 5 Continents Editions et sous la direction de
Florian Rodari, est disponible.



La Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex

La Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex a été fondée en 1977 par les héritiers de William Cuendet (1886-1958), pasteur et collectionneur d’estampes, et les membres de l’atelier de gravure de Saint-Prex. Le noyau initial, légué à la Fondation par les héritiers de William Cuendet, est constitué de 53 planches de Rembrandt et 117 planches de Dürer. Sont venus s’ajouter une bonne partie de l’œuvre gravé de Corot puis de nombreux autres dons d’oeuvres du XVIIe au XXIe siècle. Par ailleurs, la Fondation reçoit de la part des artistes, un exemplaire de chaque feuille tirée sur les presses de l’Atelier de Saint-Prex, installé depuis 1971 dans le village de Saint-Prex en Suisse. Aujourd’hui la collection est déposée au Cabinet des estampes du Musée Jenisch Vevey (Suisse) et comporte plus de 10 000 pièces.

Rembrandt Harmensz vant Rijn, dit Rembrandt, La Pièce aux cent florins, Vers 1649. Eau-forte, pointe sèche et burin sur papier vergé, 28 x 39,7 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, don inaliénable de la famille Cuendet. © Olivier Christinat, Lausanne.
Rembrandt Harmensz vant Rijn, dit Rembrandt, La Pièce aux cent florins, Vers 1649. Eau-forte, pointe sèche et burin sur papier vergé, 28 x 39,7 cm. Vevey, Musée Jenisch Vevey — Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex, don inaliénable de la famille Cuendet. © Olivier Christinat, Lausanne.
Francisco Goya, Otras leyes por el pueblo (Autres lois pour le peuple), ca 1824. Planche additionnelle de « Los Proverbios » (Les Proverbes), publiée dans L’Art, 1877. Eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier vergé, 245 x 356 mm. VEVEY, Musée Jenisch Vevey - Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. © Olivier Christinat, Lausanne.
Francisco Goya, Otras leyes por el pueblo (Autres lois pour le peuple), ca 1824. Planche additionnelle de « Los Proverbios » (Les Proverbes), publiĂ©e dans L’Art, 1877. Eau-forte, aquatinte et pointe sèche sur papier vergĂ©, 245 x 356 mm. VEVEY, MusĂ©e Jenisch Vevey – Cabinet national des estampes, Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex. © Olivier Christinat, Lausanne.

Parcours de l’exposition

Le parcours de l’exposition se divise en 7 sections thématiques où les planches d’artistes récents dialoguent avec des chefs-d’oeuvre de la collection consacrés par l’Histoire. Le regard propose donc non pas une chronologie, mais une approche libre et sensible qui tend à favoriser les affinités entre maîtres anciens et créateurs contemporains, ceci pour rappeler que les interrogations formelles et les ambitions techniques se répondent depuis toujours d’oeuvre en oeuvre et transcendent le temps.


L’ESTAMPE AU SERVICE DU LIVRE. LA BIBLE
Depuis son apparition comme moyen de multiplication des images, l’estampe est étroitement liée à l’édition de livres. Les vignettes gravées et insérées dans les premiers ouvrages imprimés remplacent, dès le milieu du XVe siècle, les délicates enluminures des manuscrits médiévaux. De cette manière, la parole, et notamment la parole religieuse, est relayée par l’image et peut être diffusée auprès d’un public illettré. Dürer a réalisé dans ce contexte de nombreuses compositions en relation avec les textes sacrés : Vie de la Vierge, Passion de Jésus-Christ, représentations de scènes de l’Ancien Testament et de l’Apocalypse qui accompagnent des éditions en petit ou en grand format. Un siècle et demi plus tard, Rembrandt interprétera à son tour, mais à l’eau-forte, les passages les plus significatifs du Nouveau Testament. On peut aisément comprendre pourquoi le pasteur William Cuendet a collectionné toute sa vie ces images qui viennent illustrer sa méditation d’homme de foi.


LE VÉDUTISME. ROME ET VENISE
Dès le XVIe siècle, la gravure a largement contribué à l’élargissement des connaissances scientifiques et de la géographie. Très vite d’imposants atlas et cosmographies contiennent de nombreuses vues de ville, des cartes et plans topographiques. Au XVIIIe siècle, se développe en Italie la mode du védutisme qui encourage la restitution par l’image gravée, des monuments historiques et des joyaux ornant les villes visitées par les premiers touristes. Ce sont là des images libres ou reliées en volumes que les voyageurs fortunés peuvent acquérir et emporter aisément avec eux au moment de leur retour au pays. Canaletto à Venise, puis Piranèse à Rome, se révèlent vite les maîtres incontestés de ce genre qui satisfait par moments aux exigences de la vérité topographique et à d’autres répond davantage aux aspirations de la rêverie.

CLASSICISME FRANÇAIS
Grâce à l’apport de plusieurs collectionneurs, la Fondation Cuendet s’est enrichie au cours de ces dernières années d’un ensemble exceptionnel d’estampes de maîtres français du XVIIe siècle. D’une part, une série de paysages de Claude Lorrain, gravés à l’eau-forte, dans lesquels les effets de la lumière apparaissent d’une délicatesse et d’une richesse infinies en dépit de la sobriété du langage employé. À côté de cet ensemble, la collection réunit quelques portraits majeurs des personnages illustres de la cour de France dus aux burinistes Claude Mellan et Robert Nanteuil. Dans ces images emblématiques du classicisme français, la technique à la fois simple et virtuose permet de restituer à l’aide des seuls jeux du noir et blanc toutes les nuances des tissus, les subtils reflets dans les chevelures et sur les visages.


INTIMITÉS
Quand elle ne sert pas à faire circuler à travers l’Europe des interprétations de peintures, sculptures et autres oeuvres d’art ; quand elle ne reproduit pas l’effigie des grands de ce monde ; et quand elle n’est pas destinée à l’édition commerciale diffusant un peu partout en Europe l’image des monuments célèbres, la pratique de l’estampe peut rejoindre les préoccupations plus intimes et personnelles des artistes. La Fondation Cuendet contient ainsi de nombreux portraits qui témoignent de l’attrait des artistes et des collectionneurs pour l’introspection psychologique. Plusieurs planches, remontant principalement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, témoignent également d’une passion très prononcée pour les scènes de genre, les intérieurs et les dialogues intimes avec la musique ou la poésie.


LA PASSION DU PAYSAGE
La découverte de la peinture de paysage et la relation de celui-ci avec la subjectivité revêt une importance nouvelle à la suite de Jean-Jacques Rousseau, à partir du romantisme. La plupart des artistes travaillant autour de l’Atelier de Saint-Prex sont des peintres qui se sont vivement intéressés dans leur oeuvre personnelle pour le genre en question. Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans la collection dont ils ont le souci divers paysages réalisés par un grand nombre de maîtres appartenant à tous les siècles. À ce titre, l’ensemble des clichés-verres de Camille Corot ou des lithographies de Rodolphe Bresdin est exemplaire. Leur modèle ne fournit pas seulement le témoignage d’une extraordinaire liberté dans le maniement de l’outil mais il constitue du même coup pour certains un formidable stimulant pour renouveler leur technique et développer de nouveaux thèmes.


PROUESSES TECHNIQUES
Dans tous les ateliers de gravure, les artistes discutent volontiers des secrets de la technique et des prouesses de métier réalisées par les Anciens. Des images emblématiques sont commentées, soit en raison du mystère qui entoure encore leur fabrication, soit en raison de l’admiration générale qu’on porte à leur beauté. L’Atelier de Saint-Prex, actif aujourd’hui, interroge ainsi en permanence les grands modèles du passé pour essayer non seulement de les comprendre mais de les dépasser. Les exemples de la Sainte Face de Claude Mellan, réalisée d’un seul trait sans jamais lever l’outil de cuivre, ou celui de l’Ange anatomique de Jacques-Fabien Gautier-Dagoty qui figure parmi les premières estampes en couleurs, sont des oeuvres de référence qui ont stimulé bien des réflexions chez les graveurs travaillant à l’atelier.


L’ATELIER
Un atelier est par définition un lieu où se rencontrent de nombreuses personnalités différentes et des expressions contradictoires. Et l’Atelier de Saint-Prex n’a jamais dérogé à cette règle. Néanmoins, une certaine cohérence peut se déceler dans la réunion de ces différences : c’est d’abord un souci du beau métier, puis une connaissance étendue de l’histoire du genre, enfin un respect inconditionnel à l’égard de l’art de l’estampe et de ses procédés. Et si les discussions vont bon train, elles servent à enrichir les très nombreux angles de vue (historique, scientifique, sociologique, technique, polémique, esthétique) sous lesquelles la pratique de l’estampe peut être envisagée.


L’HÉLIOGRAVURE À GRAINS
La photographie, on l’ignore parfois encore, est née des réflexions et des expériences des graveurs autant que de celles des chimistes. Dans l’esprit des pionniers, l’idée de fixer et de multiplier l’image sensible passe très vite par la recherche d’un support capable d’affronter les grands tirages. Le procédé de l’héliogravure, qui permet d’imprimer durablement sur papier les plus fines nuances de la gamme du noir au blanc, s’impose alors comme la technique la plus fiable et, surtout, comme l’une des plus satisfaisantes sur le plan esthétique. En effet, en raison du grain d’aquatinte qui ajoute un léger relief à l’image, le procédé permet à l’oeil de percevoir la troisième dimension de la lumière. Et même si cette pratique complexe et exigeante fut très tôt supplantée par des solutions plus économiques, elle eut toujours la préférence des photographes soucieux de donner à leurs clichés un rendu fouillé et vibrant.