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“L’eau et le diamant” Collection Société Générale, dans les tours Société Générale, 17 cours Valmy, La Défense, Puteaux, du 28 juin 2023 au 31 mars 2024

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“L’eau et le diamant” Collection Société Générale,

dans les tours Société Générale, 17 cours Valmy, La Défense, Puteaux

du 28 juin 2023 au 31 mars 2024

Collection Société Générale


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©Sylvain Silleran, présentation presse, le 28 juin 2023.
Vik MUNIZ, www (world map), pictures of junk, photographie, triptyque de 149 x 102 cm (chaque panneau), 2008 – Courtesy Collection d’art Société Générale.
Vik MUNIZ, www (world map), pictures of junk, photographie, triptyque de 149 x 102 cm (chaque panneau), 2008 – Courtesy Collection d’art Société Générale.

Texte de Sylvain Silleran

Matej Andraz VOGRINCIC, untitled (Shovels), 2007, photographie 136,5 x 134,5 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Matej Andraz VOGRINCIC, untitled (Shovels), 2007, photographie 136,5 x 134,5 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Nils UDO, 1992, Balançoire en feuilles de robiner, photographie, 125 x 125 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Nils UDO, Balançoire en feuilles de robiner, photographie, 1992, 125 x 125 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Marjan TEEUWEN, Archief 3, photographie, 2007, 110 cm x 117 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Marjan TEEUWEN, Archief 3, photographie, 2007, 110 cm x 117 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
GAO, Perspective, photographie, 2002, 120 x 142 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
GAO, Perspective, photographie, 2002, 120 x 142 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.

Les petites fleurs sont d’abord des fines pousses, le fragile photogramme de Alžběta Wolfová capture leurs silhouettes dansantes, translucides et fantomatiques. Puis elles croissent et se multiplient, fleurs de Warhol, carrés de champs pop. La nature est joyeuse et musicale. La tapisserie de Suzanne Husky montre une vision paradisiaque, des oiseaux porteurs de vie, des eaux pleines de poissons, des nids dans les arbres. La nature virginale est pourtant troublée par une forêt d’éoliennes dans l’arrière-plan.

Car l’environnement est menacé, en voie d’effacement comme celle peinte par Raphaëlle Bertran avec ses animaux disparaissant en halos blancs. Les petits haïkus photographiques de Nils Udo, un collier de feuilles vertes qui se reflète dans l’eau d’un étang, une couronne d’herbes autour d’un trou d’eau qui disparaitra sous la neige hivernale fabriquent une nature-bijou. La valeur ne vient pas la qualité du matériau, mais de sa présence éphémère: trop vite, le vert de ces feuilles sera effacé par le temps. Les arbres se reflètent dans les miroirs du tronc coupé de Didier Marcel qui menace de tomber. Cet équilibre précaire un instant seulement avant la chute ne présage rien de bon.

L’écorce des platanes malades photographiés par Arnaud Baumann offre des formes humaines, des personnages stylisés, une abstraction de nouveaux paysages. Il faut s’arrêter un instant pour regarder les choses avec attention, comme cette grosse pierre de Henri Cueco, lithographie dessinée comme une portrait. Une simple pierre avec toutes ses aspérités, son caractère comme une peau ridée et pleine d’expérience. Tout est vie, la mer floue de Patrick Messina est brumeuse, agitée, traversée de mille rythmes, secousses, craquements. Pour la comprendre cette mer, plongeons dedans avec les membres des poissons de céramique d’Elsa Guillaume: nageoires, queues, branchies, yeux permettent à chacun de devenir un poisson en les attachant à son corps comme des prothèses. Un autre poisson a été découpé au bistouri, ses morceaux sont disposés comme une mécanique d’horlogerie, un moteur, démonté en attente de remontage, ou alors comme le rouge du sang le suggère, le vivant ne peut être ressuscité.

L’homme, voilà bien là le problème, l’intrus dans cette belle harmonie. L’accumulation de pelles sur du charbon par Matej Andraz Vogincic, les chaises rangées par Aleix Plademunt dans des paysages surexploités, tondus par l’homme invitent à un spectacle absurde. Il ne restera à regarder qu’une centrale électrique au loin ou un champ d’éoliennes. L’homme regarde la nature, un lac vert, un autre tient son bébé dans les bras, lui montrant les montagnes des trois gorges en Chine. Une ville monochrome, brun gris, le bâti recouvre tout, un énorme bâtiment en construction couronne la dernière colline disponible. La nature a été entièrement conquise, recouverte; et ce qui reste est un coin de montagne décharné, rocheux, stérile.

Marian Teeuwen photographie les déchets de notre civilisation, elle en fait des tableaux abstraits, des rayures, des damiers. Vik Muniz construit une carte du monde, nos continents dessinés par un amoncellement de déchets informatiques, claviers, touches, souris, moniteurs… Toute la terre a fini par être recouverte et les océans sont le béton sombre d’une piste d’aéroport.

Comment résister ? Nadav kander photographie une famille de Chongqing qui pique-nique au bord d’un lac. Sauf qu’elle déjeune sous un gigantesque pont autoroutier comme si de rien était, tentant de poursuivre ses traditions sous les piliers de béton. L’humanité déracinée, ce sont ces enfants perdus dans leurs capuches, sous leurs casquettes, les mêmes vêtements portés dans tous les pays du monde, un bidonville global. Romain Bernini peint un homme assis contemplant un lézard. La couleur orangée du ciel hésite entre aube et crépuscule. Le début et la fin se confondent, c’est la fin de l’histoire. Panos Kokkinias photographie la pluie tombant sur l’asphalte noir. La route se perd dans la nuit humide, quelle nouvelle fleur y poussera à nouveau ?

Sylvain Silleran

Alžběta WOLFOVA, Girandole, 2022, photogramme sur papier Kodak brillant, pièce unique, 97 x 120 cm– Courtesy Collection d’art Société Générale.
Viviane SASSEN, Elvis, photographie, 2006, 125 x 100 cm – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Luo DAN, Three Gorges Zigui Hubei, March 9 2006, Série « China Route 318 », 2006, 100 x 120 cm, Tirage argento-numérique Lambda – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Luo DAN, Three Gorges Zigui Hubei, March 9 2006, Série « China Route 318 », 2006, 100 x 120 cm, Tirage argento-numérique Lambda – Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale.
Alžběta WOLFOVA, Girandole, 2022, photogramme sur papier Kodak brillant, pièce unique, 97 x 120 cm– Courtesy Collection d’art Société Générale.
Alžběta WOLFOVA, Girandole, 2022, photogramme sur papier Kodak brillant, pièce unique, 97 x 120 cm– Courtesy Collection d’art Société Générale.

Extrait du communiqué de presse :

Commissariat : Lauranne Germond est commissaire d’exposition, co-fondatrice et directrice de l’association COAL




La Collection Société Générale présente un nouvel accrochage à découvrir à partir du 28 juin 2023 et jusqu’au 31 mars 2024 dans son espace d’exposition à La Défense.
Dans le cadre des Carte Blanche confiées à des commissaires d’exposition dans l’espace dédié du siège du Groupe à la Défense, Société Générale invite la commissaire Lauranne Germond, co-fondatrice de COAL où en interrogeant les relations entre l’Homme et la Nature, elle a conçu l’exposition L’eau et le diamant à partir d’oeuvres de la Collection Société Générale et d’artistes invités.

L’exposition L’eau et le diamant souhaite nous rappeler l’importance du lien qui nous unit à la nature et les paradoxes de notre relation à la Terre. Comme l’explique la commissaire invitée, Lauranne Germond : « Historiquement, les artistes sont des relais de sensibilité à l’environnement, aux paysages, à la richesse du vivant. Ici, à travers une soixantaine d’oeuvres de la Collection Société Générale et quelques oeuvres empruntées, ils nous invitent à reconsidérer le droit à la beauté et à l’émerveillement dans un monde qui s’étiole, à évaluer les pertes irrémédiables, et à apprécier la valeur intrinsèque de la nature, ce bien commun qui nous dépasse. »

Une soixantaine d’oeuvres provenant de la Collection Société Générale est ainsi présentée – de Stéphane Couturier à Viviane Sassen en passant par Elina Brotherus, Romain Bernini, Edward Burtynsky ou Vik Muniz (liste complète en fin de communiqué de presse) et une sélection d’oeuvres prêtées spécialement pour l’occasion par des artistes invités par la commissaire : Elsa Guillaume, Melik Ohanian et le Nouveau ministère de l’agriculture (Suzanne Husky & Stéphanie Sagot).



À propos de l’exposition

Que vaut la caresse du vent qui dissémine les graines à travers les plaines ? À combien estime-t-on un coucher de soleil ou l’éclat d’un chorus d’oiseaux au point du jour ? Qu’est-ce qui peut rivaliser avec la richesse glorieuse des forêts et la magistrale mécanique d’un bassin versant ? Les ressources de la nature ont une valeur, leurs destructions ont un coût, mais pour autant, la nature a-t-elle un prix ?

Ces questions trouvent un écho dès le XVIIIe siècle lorsque l’économiste Adam Smith, auteur des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, met en évidence le paradoxe de l’eau et du diamant qui illustre la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange. Que l’on parle de capital naturel, de monétisation de ses ressources ou encore de services écosystémiques, nombreuses sont les tentatives qui ont émergé ces dernières décennies pour introduire la valeur de la nature dans les systèmes financiers. Pour certains, c’est la garantie de reconnaître enfin qu’un environnement préservé est le socle nécessaire de l’économie de marché ; pour d’autres, ce n’est qu’une vision utilitariste et inepte, qui menace davantage l’intégrité de la nature.

Alors que les facteurs de crise écologique et économique convergent un peu plus chaque jour et que la croissance continue dans un monde fini semble de plus en plus illusoire, ce sont toutes nos échelles de valeurs qui se fissurent.

Extrait du texte de Lauranne Germond, commissaire de l’exposition



À propos de la commissaire invitée

Lauranne Germond est commissaire d’exposition, co-fondatrice et directrice de l’association COAL depuis son origine en 2008. Diplômée de l’École du Louvre, elle se consacre dès 2004 à accompagner l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie dans le champ des arts visuels, en co-dirigeant notamment le magazine NUKE, l’autoportrait de la génération polluée (2004-2007). Elle a assuré le commissariat de près d’une cinquantaine d’expositions (pour La Biennale internationale d’Anglet, l’UNESCO, La Villette, La Gaîté Lyrique, le Domaine de Chamarande, le Muséum national d’Histoire naturelle, le Musée de la Chasse et de la Nature, la Société du Grand Paris, les Berges de Seine, le CEAAC, l’Office Français pour la Biodiversité, etc…) et autant de programmes et d’actions culturelles, ainsi que la direction artistique des 13 éditions du Prix COAL. Lauranne pilote l’ensemble des actions menées par l’association COAL, participe à de nombreuses conférences, publications (notamment un livre de référence sur l’Art et l’écologie aux éditions Palette en 2021) et rendez-vous dédiés à l’écologie culturelle, et a notamment enseigné à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye et à la Chaire d’ingénierie culturelle du CNAM.



À propos de COAL

Depuis 2008, COAL mobilise les artistes et les acteurs culturels sur les enjeux sociétaux et environnementaux et accompagne l’émergence d’une nouvelle culture de l’écologie et du vivant à travers ses actions telles que le Prix COAL, le commissariat d’exposition, le conseil aux institutions et aux collectivités, la coopération européenne, et l’animation de conférences, d’ateliers et du premier site dédié Ressource0.com



À propos de la Collection d’art contemporain Société Générale

La Collection Société Générale est une collection d’art vivante. Créée en 1995, conjuguant peinture, arts graphiques, photographie et sculpture, elle constitue aujourd’hui un ensemble de près de 1800 oeuvres. Exposée dans les locaux du Groupe, sa vocation est d’être largement partagée. Collaborateurs, grand public, partenaires, clients, groupes scolaires ou étudiants peuvent la découvrir grâce à de multiples interactions : accrochages, ateliers artistiques, partenariats, prêts ou expositions hors les murs… Son développement au fil du temps est le fruit d’une politique d’acquisition constante et cohérente, qui associe les forces vives de l’entreprise : chaque année, la Collection s’enrichit de nouvelles oeuvres sélectionnées par un comité réunissant, aux côtés d’experts indépendants, des membres de la direction générale du Groupe et des collaborateurs. Cette politique d’acquisition associe des oeuvres d’artistes à la renommée confirmée et des oeuvres issues de la jeune création. Elle reflète également, en écho avec le développement international du Groupe, un intérêt croissant pour les scènes émergentes en Europe, en Afrique et en Asie. La Collection Société Générale est ainsi l’expression d’une politique de mécénat culturel pérenne, inclusive et ouverte, en phase avec les valeurs du Groupe.



Liste des artistes de la Collection Société Générale

Per BARCLAY – François BARD – Arnaud BAUMANN – Mathieu BERNARD–REYMOND – Romain BERNINI – Raphaëlle BERTRAN – Elina BROTHERUS – Edward BURTYNSKY – Stéphane COUTURIER – Henri CUECO – Thibaut CUISSET – Julien DES MONSTIERS – Nicolas FLOC’H – GAO Brothers – François-Xavier GBRE – Suzanne HUSKY – Sung JI-YEON – Nadav KANDER – Panos KOKKINIAS – Richard LONG – Dan LUO – Marie MAILLARD – Pascal MAITRE – Didier MARCEL – Jivya Soma MASHE – Patrick MESSINA – Rui MOREIRA – Wilhelm MUNDT – Vik MUNIZ – Otobong NKANGA – Javier PÉREZ- Aleix PLADEMUNT – Éric POITEVIN – Andrée POLLIER – Viviane SASSEN – Berni SEARLE – Marjan TEEUWEN – Nils UDO – Matej Andraž VOGRINČIČ – Andy WARHOL – Alžběta WOLFOVÁ



Liste des artistes invités

Elsa GUILLAUME – Nouveau ministère de l’agriculture (Suzanne Husky & Stéphanie Sagot) – Melik OHANIAN