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🔊 “Norman Foster” au Centre Pompidou, Paris, du 10 mai au 7 août 2023

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“Norman Foster”

au Centre Pompidou, Paris

du 10 mai au 7 août 2023

Centre Pompidou


Interview de Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée national d’art moderne, en charge de la création industrielle, et commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mai 2023, durée 16’08. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de FrĂ©dĂ©ric Migayrou, directeur adjoint du MusĂ©e national d’art moderne, en charge de la crĂ©ation industrielle, et commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mai 2023, durée 16’08,
© FranceFineArt.


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Norman Foster
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 9 mai 2023.
Foster + Partners, Hongkong International Airport, (HongKong). © Norman Foster. Photo : © Dennis GilbertVIEW.
Foster + Partners, Hongkong International Airport, (HongKong). © Norman Foster. Photo : © Dennis GilbertVIEW.

Extrait du communiqué de presse :

Foster + Partners, Apple park, Cupertino (California, USA). © Norman Foster. Photo : © Nigel Young Foster +Partners.
Foster + Partners, Apple park, Cupertino (California, USA). © Norman Foster. Photo : © Nigel Young Foster +Partners.
Foster + Partners, Queen Alia International Airport, Amman (Jordania). © Norman Foster. Photo : © Nigel Young Foster + Partners.
Foster + Partners, Queen Alia International Airport, Amman (Jordania). © Norman Foster. Photo : © Nigel Young Foster + Partners.
Foster + Partners, Great Court at the British Museum, London (England). © Norman Foster. Photo : © Chuck Choi.
Foster + Partners, Great Court at the British Museum, London (England). © Norman Foster. Photo : © Chuck Choi.
Foster + Partners, Lunar Habitation. © Norman Foster. Photo : © ESA Foster + Partners.
Foster + Partners, Lunar Habitation. © Norman Foster. Photo : © ESA Foster + Partners.
Foster + Partners, le Viaduc de Millau, Millau (France). © Norman Foster. Photo : © Daniel Jamme Eiffage.
Foster + Partners, le Viaduc de Millau, Millau (France). © Norman Foster. Photo : © Daniel Jamme Eiffage.
Foster + Partners, le Carré d'Art, Nîmes (France). © Norman Foster.Photo : © James Morris.
Foster + Partners, le CarrĂ© d’Art, NĂ®mes (France). © Norman Foster.Photo : © James Morris.
Foster + Partners, St Mary Axe, London (England). © Norman Foster . Photo : © Nigel Young Foster + Partners.
Foster + Partners, St Mary Axe, London (England). © Norman Foster . Photo : © Nigel Young Foster + Partners.

Commissariat :

Frédéric Migayrou, directeur adjoint du Musée national d’art moderne, en charge de la création industrielle.





La rétrospective que le Centre Pompidou consacre à Norman Foster en Galerie 1, sur près de deux mille deux cents mètres carrés, retrace les différentes périodes du travail de l’architecte et met en lumière ses réalisations déterminantes, tels que le siège de la HSBC (Hong Kong, 1979-1986), le Carré d’Art (Nîmes, 1984-1993), l’Aéroport international de Hong Kong (1992-1998) ou l’Apple Park, (Cupertino, États-Unis, 2009-2017). La scénographie de l’exposition est conçue par Norman Foster et réalisée en collaboration avec Foster + Partners et la Norman Foster Foundation.



Le parcours se déploie en sept thématiques : « Nature et urbanité », « Enveloppes et structures », « La ville verticale », « Histoire et tradition », « Sites et planifications », « Réseaux et mobilités » et « Perspectives futures ». Dessins, esquisses, maquettes originales et dioramas, ainsi que de nombreuses vidéos, permettent de découvrir 130 projets majeurs. Accueillant les publics à l’entrée du parcours d’exposition, un grand cabinet de dessins dévoile des carnets, esquisses et photographies prises par l’architecte, jamais montrées en France. Parce qu’elles constituent les sources d’inspiration de Norman Foster et résonnent avec l’architecture, sont également présentées dans l’exposition, des oeuvres de Fernand Léger, Constantin Brancusi, Umberto Boccioni et Ai Wei Wei ainsi que, des réalisations industrielles, un planeur et des automobiles.



Se confronter Ă  l’oeuvre de l’architecte Norman Foster, c’est immĂ©diatement Ă©voquer les projets qui semblent les plus marquants, ceux qui se confondent Ă  l’image d’une ville, d’un territoire ou qui, plus simplement, ont changĂ© la forme d’un site ou la configuration d’un lieu, d’une place. Grands aĂ©roports, rĂ©seaux de transports, bâtiments de grande hauteur, sièges de grandes entreprises, bâtiments publics, grands ouvrages d’art, programmes d’amĂ©nagement urbains, musĂ©es… Norman Foster, avec plusieurs centaines de projets Ă©tudiĂ©s ou rĂ©alisĂ©s Ă  une Ă©chelle mondiale, aura investi toute la complexitĂ© des organisations des grandes sociĂ©tĂ©s industrielles.



Le Centre Pompidou consacre à l’architecte britannique une importante exposition rétrospective dans le bâtiment même qui fut un des premiers manifestes du courant architectural « High Tech »,dont Foster est considéré comme un leader. En 1963 à Londres, Foster fonde l’agence Team 4 avec Wendy Cheesman et Richard Rogers qui sera en 1977 avec Renzo Piano l’architecte du Centre Pompidou. En 1967, Foster fonde son agence Foster Associates, qui devient Foster and Partners en 1992.



Norman Foster a imposé l’image d’une agence ayant su préserver son identité, celle d’une agence mondiale toujours ouverte à la recherche et à l’innovation, et qui intègre aux projets toutes les dimensions, techniques, économiques, sociales et environnementales. La compréhension élargie de la notion d’environnement à l’échelle de la nature et de l’ensemble de la biosphère est une préoccupation centrale de son oeuvre. Il assimile la haute technologie à une technosphèrecontrôlant les effets destructeurs du monde industriel par une économie compatible avec la vie sur terre. Cette conception synthétique, liant le déploiement des technologies à une compréhension de la notion d’environnement, trouve son fondement dans l’oeuvre de l’architecte américain Richard Buckminster Fuller, auquel Foster s’associe à l’occasion de divers projets. Ainsi, dès les années 1960 et 1970, à l’heure où la société industrielle s’éveille aux défis environnementaux, Norman Foster prend part à l’émergence du mouvement écologique comme à son développement au cours de projets plus contemporains.

Parcours de l’exposition

Textes de Norman Foster


Cabinet de dessins
D’aussi loin que je me souvienne, le croquis et le dessin ont toujours fait partie de ma vie. Quelqu’un a dit un jour que si l’on me posait une question, je répondrais par un croquis. Le croquis conceptuel spontané, qui peut apparaître comme une inspiration fulgurante d’inspiration, a le plus de chances de voir le jour lorsque l’on s’immerge complètement dans les multiples enjeux. Pour moi, tout commence par un croquis, qui se mue en outil de communication au cours du long processus qui s’ensuit, au sein de l’agence, des ateliers et, enfin, sur le chantier. Le dessin constitue un exercice plus réfléchi et les vues en coupe transversale, ainsi que les détails en trois dimensions que j’affectionne particulièrement prennent racine dans des influences passées. Depuis 1975, j’ai pris l’habitude d’emporter avec moi un carnet A4 pour dessiner et écrire. Une sélection de ces carnets est présentée dans les vitrines centrales, entourés de dessins personnels présentées sur les murs de la salle. Une autre vitrine présente des transparents rétroéclairés que j’ai capturés avec un appareil photo et qui illustrent certaines des diverses influences du design au fil du temps.

Nature et urbanité
Ce sont deux mondes parallèles qui se croisent de manière créative. Nous pouvons préserver la nature en construisant des agglomérations urbaines denses, en garantissant l’intimité des habitants grâce à leur conception – à l’opposé de l’étalement urbain non durable. Nous pouvons nous fondre dans le paysage en le creusant ou le préserver en touchant le moins possible au sol. En laissant place la nature dans nos villes et nos bâtiments, nous pouvons humaniser les espaces grâce aux végétaux, à la vue, à l’air frais et à la lumière naturelle – ce qui est plus sain, plus gai et moins énergivore. L’arbre est une métaphore du bâtiment idéal. Il respire et répond aux changements de saison. Cette structure en porte-à-faux en harmonie avec la nature constitue une source d’inspiration. Véritable écosystème autonome, il récolte l’eau et l’énergie solaire, recycle les déchets et absorbe du dioxyde de carbone. Ces principes de conception nous ont inspiré dès les années soixante. Cependant, au cours de la dernière décennie, il a été prouvé que scientifiquement que, comparés aux pratiques conventionnelles , ils sont plus sains et offrent de meilleurs niveaux de performance humaine. Ce qui est bon pour notre esprit peut aussi l’être pour l’environnement.

Enveloppes et structures
Un éminent critique a constaté un jour que tous nos projets pouvaient être catégorisés en enveloppe et structures (« skin and bones »), selon que l’expression dominante externe soit la façade lisse ou bien le squelette d’une structure porteuse. Cette expression imagée n’est pas arbitraire, il s’agit plutôt du résultat de l’étude, dans chaque cas, de la relation entre les parties distinctes de la structure, les réseaux techniques et le revêtement externe. Les oeuvres et les objets qui illustrent ce thème ont été sélectionnés au hasard de façon transdisciplinaire. Ils jettent des ponts entre architecture, art et design. Dans une cathédrale médiévale, la structure est l’architecture et l’architecture est la structure, comme c’est le cas dans plusieurs de nos tours. Des liens peuvent être établis avec les structures blanches quadrillées de Sol LeWitt, ou bien dans les réseaux de poutres de fer des Cosntructeurs de Fernand Léger. Les lignes aérodynamiques douces de nos projets «enveloppe» font également écho aux formes carénées des automobiles et des sculptures de Boccioni ou de Brancusi, et soutiennent la comparaison avec le monde de l’aviation – la structure fuselée des dirigeables tout comme les matériaux composites blancs de haute technologie des planeurs.

La ville verticale
Le gratte-ciel est l’emblème de la ville moderne et nous rappelle qu’elle est sans doute la plus grande invention de la civilisation. Une communauté verticale, bien desservie par les transports publics, peut être un modèle de développement durable, notamment si on la compare à son homologue horizontal qui s’étale pour former une banlieue dépendante de l’automobile. Nous n’avons eu de cesse de défier l’ordre établi tout au long de notre histoire de conception de tours. Nous avons été les premiers à remettre en question la tour traditionnelle, avec son noyau central d’installations mécaniques, de circulation et de structure, et à créer des espaces ouverts, superposés, flexibles et offrant de larges vues. Dans cette tour, les services auxiliaires étaient regroupés près des espaces de travail ou de vie. Cette innovation a conduit à une autre évolution : les toutes premières tours « respirantes ». Soucieux de réduire la consommation d’énergie et de créer un mode de vie plus sain et souhaitable, nous avons montré qu’un système de ventilation naturelle, déplaçant de grands volumes d’air fraîchement filtré, pouvait faire partie d’un système de climatisation interne contrôlé. La conception de ma première tour à l’Université de Yale préfigurait déjà l’élimination du noyau central.

Histoire et tradition
Il a Ă©tĂ© dit que si vous voulez regarder loin vers l’avenir, vous devez dĂ©jĂ  regarder loin dans le passĂ©. Ce conseil s’applique Ă  bon nombre de nos projets historiques dont la conception est ancrĂ©e dans une Ă©tude du passĂ©. D’un point de vue environnemental,  il vaut mille fois mieux rĂ©habiliter un bâtiment existant, d’autant plus s’il revĂŞt une importance civique, que d’en crĂ©er un de toutes pièces. Les structures historiques sont gĂ©nĂ©ralement marquĂ©es par des Ă©tapes de dĂ©veloppement – chacune de sa propre pĂ©riode – et notre approche a consistĂ© Ă  poursuivre ce schĂ©ma en portant une empreinte respectueuse du prĂ©sent, plutĂ´t qu’un pastiche du passĂ©. En architecture, la tradition se superpose Ă  l’histoire. Pour moi, cette tradition est avant tout vernaculaire – architecture sans architectes, telle qu’on la dĂ©crivait jadis. Cette facette de l’architecture me fascinait quand j’étais encore Ă©tudiant et m’a conduit Ă  mesurer et Ă  dessiner une grange et un moulin Ă  vent d’époques mĂ©diĂ©vales. Ce cĂ´tĂ© vernaculaire continue de m’inspirer de nouvelles conceptions – non seulement dans leur forme, mais aussi dans l’utilisation de matĂ©riaux et de mĂ©thodes Ă©cologiques de chauffage et de refroidissement avant l’ère de l’énergie bon marchĂ©.

Sites et planifications
La création d’espaces est intimement liée à la configuration de l’espace urbain – infrastructure des rues, places, parcs, ponts et liaisons – c’est-à-dire la « colle urbaine »  qui unit les différents bâtiments et forme l’ADN ou l’identité d’une ville, petite ou grande. Un espace, c’est aussi un esprit, même s’il n’a rien de spirituel, de par ses origines. L’infrastructure est au coeur de la planification directrice et peut générer, transformer ou réinventer une ville ou une région. Elle permet de répondre à des crises dont, historiquement, les villes sont toujours ressorties plus fortes. Elle permet d’encourager la population des quartiers et, par le truchement de la conception urbaine, montrer comment de petits changements peuvent apporter des bénéfices environnementaux majeurs. L’élaboration de plans directeurs permet de favoriser l’émergence d’une ville plus compacte, durable, accessible à pied et équitable. Elle permet, en outre, d’introduire de la nature et de la biodiversité, que ce soit sous la forme d’une ceinture verte protectrice, de parcs, d’avenues plantées d’arbres ou de végétaux dispersés dans le tissu urbain, pour embellir l’espace et purifier l’air que nous respirons. Lorsque j’étais étudiant, j’ai analysé et documenté certains des plus grands squares d’Europe. J’étais et je suis toujours fasciné par l’architecture des espaces urbains, ces domaines habitables à l’extérieur, que par l’architecture des bâtiments individuels.

Réseaux et mobilités
La mobilité des personnes, des biens et de l’information nécessite une infrastructure physique, que ce soit sous terre, dans l’espace ou sur une autre planète. La croissance du transport aérien, ainsi que cellesdes réseaux ferroviaires à grande vitesse, nous offre l’occasion de réinventer les terminaux internationaux – de les élever au rang de porte d’entrée d’un pays, avec tout le symbolisme que cela suppose – de les ouvrir au ciel pour le plaisir des yeux, tout en réalisant des économies d’énergie et de maintenance. Les ponts qui relient les rives de cours d’eau ou les plateaux dans le paysage affichent aussi une dimension héroïque et symbolique. Ils nous ont amenés à réaliser des innovations structurelles dans la poursuite d’une plus grande légèreté visuelle et d’une identité géographique. Même le monde digital a besoin de s’ancrer dans la terre, comme la tour de transmission de Barcelone qui offre cette image d’une réinscription dans le territoire.

Perspectives futures
Bien que cette section recoupe celle de Réseaux et mobilité, elle offre une projection plus large dans le temps et l’espace. Ce thème anticipe un monde plus autonome où les sources d’énergie propres sont disponibles en abondance, sans réseaux de transmission ni méga-centrales électriques. La Norman Foster Foundation travaille sur ce concept avec le Centre for Advanced Nuclear Energy Systems du MIT (Massachussets Institute of Technology) pour le projet de microcentrales nucléaires. Une tendance analogue se dessine en matière de mobilité au travers de systèmes de conduite autonomes. Des parallèles peuvent être tracés avec la révolution récente qui a secoué les  télécommunications, les satellites et les appareils mobiles ayant remplacé les réseaux téléphoniques traditionnels, ainsi que les poteaux et câbles sans fin dans le paysage. En collaboration avec l’Agence spatiale européenne et la NASA, nous avons exploré les habitations lunaires et martiennes. Les structures en forme de dôme présentent des similitudes visuelles avec le système aéroportuaire pour les drones que nous avons proposés pour les territoires ruraux de l’Afrique centrale. En effet, ces projets utilisent la terre comme matériau local de construction à partir duquel sont élaborés leur développement. Les inspirations et rêves de science-fiction de mon enfance donnent aujourd’hui vie à des projets bien réels.