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“Vincent Fournier” au musée de la Chasse et de la Nature, Paris, du 11 avril au 17 septembre 2023

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“Vincent Fournier” Uchronie

au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 11 avril au 17 septembre 2023

Musée de la Chasse et de la Nature
Uchronie


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©Sylvain Silleran, présentation presse, le 11 avril 2023.
Vincent Fournier, Dendrathema incognita. Impression jet d'encre sur papier HR, 55 x 40 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Dendrathema incognita. Impression jet d’encre sur papier HR, 55 x 40 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Cypripedium incognita. Impression jet d'encre sur papier HR, 90 x 60 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Cypripedium incognita. Impression jet d’encre sur papier HR, 90 x 60 cm. © Vincent Fournier.

Texte de Sylvain Silleran

Vincent Fournier, Strelitzia incognita. Impression jet d'encre sur papier HR, 55 x 40 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Strelitzia incognita. Impression jet d’encre sur papier HR, 55 x 40 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Oiseau tempestaire [Coracias tempestari]. Contrôle les phénomènes célestes en faisant usage de la musique. À l’extrémité des plumes externes de la queue se trouve une tresse multicolore, dont chaque extension filamenteuse vibre avec le vent et produit une note unique. L’ensemble compose une harmonie capable de rafraîchir ou réchauffer l’atmosphère selon la vitesse de propulsion. Impression jet d'encre sur papier Iloflex HR, 53 x 75 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Oiseau tempestaire [Coracias tempestari]. Contrôle les phénomènes célestes en faisant usage de la musique. À l’extrémité des plumes externes de la queue se trouve une tresse multicolore, dont chaque extension filamenteuse vibre avec le vent et produit une note unique. L’ensemble compose une harmonie capable de rafraîchir ou réchauffer l’atmosphère selon la vitesse de propulsion. Impression jet d’encre sur papier Iloflex HR, 53 x 75 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Oiseau radio [Argus cymbalum]. Capte les ondes sonores émises par la constellation Auctus animalis. Les paraboles en métal qui ornent son plumage servent à la fois de récepteur et d’émetteur aux ondes sonores en provenance de la constellation Auctus animalis.. Impression jet d'encre sur papier Iloflex HR, 80 x 100 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Oiseau radio [Argus cymbalum]. Capte les ondes sonores émises par la constellation Auctus animalis. Les paraboles en métal qui ornent son plumage servent à la fois de récepteur et d’émetteur aux ondes sonores en provenance de la constellation Auctus animalis.. Impression jet d’encre sur papier Iloflex HR, 80 x 100 cm. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Mars Desert Research Station#14 [MDRS], Mars Society, San Rafael Swell, Utah, USA,2021.Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Mars Desert Research Station#14 [MDRS], Mars Society, San Rafael Swell, Utah, USA,2021. Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Iceland Moon Mars Simulation#1, MS2 Spacesuit, ISE, 2021. Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Iceland Moon Mars Simulation#1, MS2 Spacesuit, ISE, 2021. Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.

Au sol, un large monolithe noir sorti de 2001 l’Odyssée de l’espace reflète la lumière d’un lustre de cristal. Sur les murs bleu de velours, des astronautes explorent des décors martiens. Ces grands tirages photographiques montrent un paysage au sol rocailleux rouge, des montagnes violettes. Le blanc de glaciers monumentaux, le noir de charbon de collines se perdant dans une brume, un pic jaune, jaillissant comme une vague d’une mer de fusain semblent des inventions de science-fiction, des images de cinéma. L’objectif de Vincent Fournier transforme ces sites d’entrainement de la NASA, paysages terrestres réels, en cases de bande dessinée. On ne peut s’empêcher d’y chercher quelque créature extra-terrestre. Le voyage vers des planètes lointaines est aussi un voyage dans le temps. Ainsi, HAL, l’ordinateur de l’épopée spatiale remonte le temps jusqu’aux Romains: un casque d’astronaute en mosaïque a été fabriqué par un bras robotique. Dans cette Uchronie, le silicium des puces a toutes les couleurs d’une palette de peintre.

Des fleurs numériques se déplient lentement suivant des algorithmes. Les pétales, les pistils  se déforment, s’enroulent comme de la guimauve rose et verte. Elles flottent telles des méduses se laissant dériver dans un champ magnétique. Dans cette nature du futur, Dieu une intelligence artificielle, le monde se recourbe, indécis, entre élégance mathématique et bug informatique. Ces fleurs-méduses ont laissé quelques squelettes d’os blancs conservés dans des vitrines de musée d’histoire naturelle. Des dizaines de doigts recourbés, des phalanges sèches d’oursins secs ramassés sur un rivage sont à la fois nature et artifice. Le monde du vivant est modifié, il a intégré la technologie jusqu’à en faire une composante biologique. Des drones-méduses régulent désormais l’environnement.

La photographie de Vincent Fournier est une peinture numérique. Sa nature augmentée est peinte à la tablette graphique avec l’exactitude d’un peintre naturaliste. Puisant dans le cinéma de science-fiction, Terminator, Blade Runner, il assemble un cabinet de curiosités techno-fantastique. Un requin de kevlar, un fennec télépathe, un reptile à la peau de métal liquide côtoient des animaux qui ont été modifiés pour l’agrément des hommes, des animaux de luxe, un porc-épic aux piquants d’or, un scarabée à la carapace incrustée de diamants. La technologie n’est pas si futuriste qu’elle peut laisse penser, elle plonge ses racines dans un laboratoire de bocaux et de cornues. Ces animaux-chimères ne seraient-ils pas nés dans l’atelier d’un alchimiste? D’ailleurs la pierre philosophale a la forme d’un cœur en plomb et en or; elle est exposée dans une niche, comme une sainte relique, étincelante de sa promesse d’immortalité.

Sous le regard du grand ours blanc, une galerie de portraits montre une étrange famille. Des oiseaux-drones, des passereaux équipés de becs indestructibles, des échassiers aux pattes robotiques, un hibou furtif ou un paon au plumage tressé d’argent et de pierres précieuses forment un bestiaire poétique. Car le futur est enfin réenchanté, la nature est triomphante de milles merveilles. Un papillon transportant les odeurs, un oiseau-lyre captant les ondes radio, un autre mémorisant les sons augmentent la forêt de nouvelles dimensions. Un éléphant à plumes pourrait s’envoler, une panthère au pelage d’étoiles porte la mémoire nostalgique de constellations oubliées.

Un cerf aux bois magnétiques qui résonnent de forces invisibles, une baleine cosmique fantomatique glissant entre deux eaux, les animaux contrôlent les forces cosmiques, se connectent aux limbes, nous ouvrent les portes de l’invisible, du non tangible. Dans l’uchronie de Vincent Fournier c’est le monde animal qui détient les clefs de l’univers, le savoir, la magie. La nature redeviendra paradisiaque. Ou bien elle l’était. Car l’image naturaliste décrit aussi un passé perdu. Le temps a été aboli, futur et passé ont fusionné dans une apesanteur éthérée. On flotte alors dans un monde étrange où le réel et le virtuel se sont greffés l’un à l’autre. Ils génèrent de nouvelles pousses où l’organique et l’électronique sont impossibles à distinguer l’un de l’autre. Une vision optimiste et légère de la nature, fut-elle onirique, est plutôt bienvenue dans ces temps où l’apocalypse écologique est devenue un thème presque obligatoire de l’art contemporain.

Sylvain Silleran

Vincent Fournier, Oiseau mémoire [Argus memorial]. Reproduit et mémorise tous les sons. Son chant, associé aux mouvements vibratoires de ses plumes, crée une fréquence capable d’imiter n’importe quelle sonorité. Il est la mémoire de tous les sons de l’île Auctus animalis. Impression jet d'encre sur papier Iloflex HR, 94 x 57 cm. © Vincent Fournier
Vincent Fournier, Oiseau mémoire [Argus memorial]. Reproduit et mémorise tous les sons. Son chant, associé aux mouvements vibratoires de ses plumes, crée une fréquence capable d’imiter n’importe quelle sonorité. Il est la mémoire de tous les sons de l’île Auctus animalis. Impression jet d’encre sur papier Iloflex HR, 94 x 57 cm. © Vincent Fournier
Vincent Fournier, Iceland Moon Mars Simulation#11, MS2 Spacesuit, ISE, 2021. Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.
Vincent Fournier, Iceland Moon Mars Simulation#11, MS2 Spacesuit, ISE, 2021. Impression jet d’encre sur papier Hahnemühle Baryta 315g, 150 150 x 200 cm. Collection de l’artiste. © Vincent Fournier.

Extrait du communiqué de presse :

Commissariat : 

Christine Germain-Donnat, directrice et conservatrice en chef, Musée de la Chasse et de la Nature.




« observer les étoiles, voyager dans l’espace et dans le temps, créer et reprogrammer le vivant, voir dans l’invisible, inventer des futurs… », telle est l’ambition de Vincent Fournier.

L’exposition « Uchronie » parle de notre relation à la nature et à la technologie dans une version alternative de l’histoire. Et si la vie sur terre avait évolué d’une autre manière ? Et si les animaux étaient doués de poésie ? Et si on arpentait Mars tout en restant sur Terre ? Relatant des faits tels qu’ils auraient pu se produire, une uchronie désigne une reconstitution fictive de l’histoire.

Ainsi intitulée, l’exposition du Musée de la Chasse et de la Nature se visite comme autant de récits parallèles d’une troublante authenticité. Et si ? Imprégné de fiction futuriste depuis l’enfance, le photographe et artiste français Vincent Fournier explore et révèle les « éclats d’avenir » dans notre présent et dans le passé. Animé par les utopies les plus représentatives des XXe et XXIe siècles, comme l’aventure spatiale ou la réinvention du vivant, il met en scène des imaginaires du futur.

Vincent Fournier fait partie d’une génération bercée par la science-fiction et les récits d’anticipation qui lui ont laissé entrevoir un futur tourné vers d’autres mondes. Puisant son inspiration dans les innovations scientifiques et technologiques, l’artiste réalise ses rêves d’enfants à l’aide de techniques numériques innovantes appliquées aux images comme à la sculpture recherchant volontiers le trouble, le flottement, la beauté étrange de l’entre-deux.

« Uchronie » réunit deux grands thèmes que sont l’aventure spatiale et la réinvention du vivant. Entre rêve et réalité, la série Space Utopia (2007-23) réalisée en prise directe, interroge l’habitabilité des paysages extra-terrestres. Avec l’accord de la nasa, Vincent Fournier suit les astronautes sur les lieux d’entrainement, où ils testent leurs équipements, dans le désert américain de l’Utah, au Chili dans l’Atacama ainsi qu’en Islande dont le relief et l’environnement ressemblent à celui de la Lune ou de Mars.

Comme le rappelle l’artiste, « ma fascination pour l’espace vient sans aucun doute de l’imaginaire futuriste des années 70 et 80 – films et séries télévisées, romans de science-fiction, documentaires – qui se sont mélangés et superposés dans ma mémoire, à la manière d’une rencontre improbable entre Tati et Jules Verne dans la station spatiale du film 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. » La muséographie de l’exposition est d’ailleurs un clin d’œil à cet incontournable de la science-fiction où les époques se télescopent et s’associent.

Les séries Post Natural History (2012-23), Auctus animalis, Flora incognita (2023) et les sculptures Fleurs de chair (2013) mettent en perspective les métamorphoses du vivant et interrogent notre rapport à la nature et à l’évolution des espèces.

Sous nos yeux, nul monstre, chimère ou créature hasardeuse produits par une science devenue folle, car Vincent Fournier n’abandonne jamais la poésie. Il faudra au spectateur scruter l’image, traquer le détail pour saisir ce qui désormais fait de l’animal, un spécimen augmenté aux qualités nouvelles. Défilent alors une Panthère nostalgique, un Oiseau tempestaire, une Tortue noire céleste, une Baleine fantôme ou un Eléphant mirage.

Plus spectaculaires encore sont les excroissances et les enroulements des Flora Incognita. Ces fleurs numériques intriguent et émerveillent laissant entrevoir au-delà de notre monde classé, catégorisé voire achevé, les possibles et infinies transformations du végétal.

Photographies, sculptures, vidéo, mosaïque, joaillerie, impression 3d… la soixantaine d’œuvres déployée dans le musée dialogue avec la collection permanente.

Au coeur du musée « Uchronie » invite ainsi le visiteur à embarquer aux côtés de Vincent Fournier dans un voyage au-delà du réel.