đ âLynne Cohen / Marina Gadonneixâ Laboratoires / Observatoires, au Centre Pompidou, Paris, du 12 avril au 28 aoĂ»t 2023
âLynne Cohen / Marina Gadonneixâ
Laboratoires / Observatoires
au Centre Pompidou, Paris
du 12 avril au 28 août 2023
PODCAST – Interview de Florian Ebner, conservateur et chef de service, cabinet de la photographie, MusĂ©e national dâart moderne,
de Matthias Pfaller, historien de la photographie, commissaires de lâexposition,
de Andrew Lugg, veuf de lâartiste Lynne Cohen,
et de Marina Gadonneix,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 11 avril 2023, durĂ©e 26â19.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Florian Ebner, conservateur et chef de service, cabinet de la photographie, MusĂ©e national dâart moderneÂ
Matthias Pfaller, commissaire invité, Fondation Alfried Krupp von Bohlen und Halbach
RacontĂ©e Ă travers la parentĂ© artistique entre les deux photographes, lâexposition « Lynne Cohen / Marina Gadonneix. Laboratoires / Observatoires » se prĂ©sente sous la forme dâun dialogue entre deux monographies. L’oeuvre de Lynne Cohen (1944 – 2014) et lâapproche contemporaine de Marina Gadonneix (nĂ©e en 1977) partagent un intĂ©rĂȘt pour les espaces intĂ©rieurs de nos sociĂ©tĂ©s modernes, des lieux dâĂ©tudes scientifiques aux lieux de divertissement et de consommation. Bien que les espaces documentĂ©s par les deux artistes soient marquĂ©s par lâabsence de figure humaine, leurs traces restent visibles, invitant ainsi Ă mieux comprendre et protĂ©ger lâenvironnement social et naturel.
Les oeuvres de Lynne Cohen et Marina Gadonneix rĂ©vĂšlent aussi, sur une pĂ©riode de plus de cinquante ans, une rĂ©flexion continue sur la chambre photographique et ses formes de reprĂ©sentation. Ă travers des lieux qui sont eux-mĂȘmes des chambres dâenregistrement comme dans les Observation Rooms de Lynne Cohen, ainsi que les sĂ©ries Landscapes, AprĂšs lâimage, et PhĂ©nomĂšnes de Marina Gadonneix, on observe le passage dâun monde analogue vers un monde virtuel.
La premiĂšre partie du parcours, consacrĂ©e Ă lâoeuvre de Lynne Cohen, met l’accent sur les oeuvres de ses deux premiĂšres dĂ©cennies de crĂ©ation. Elle permet de comprendre pourquoi une artiste pratiquant la sculpture et la gravure est tentĂ©e, au dĂ©but des annĂ©es 1970, par la photographie. Lâaccrochage dĂ©voile la fraĂźcheur conceptuelle de ses oeuvres oĂč l’intĂ©rĂȘt documentaire pour lâempreinte sociale des intĂ©rieurs cĂŽtoie l’esprit de l’art conceptuel et de l’art minimal. Le choix prĂ©cis de diffĂ©rents thĂšmes Ă©claircit particuliĂšrement lâintĂ©rĂȘt de Lynne Cohen pour lâexploration systĂ©matique de lieux liĂ©s Ă l’idĂ©e d’entraĂźnement et de simulation. Ă travers les diffĂ©rentes catĂ©gories de Classrooms et Showrooms, elle crĂ©e lâimage dâune sociĂ©tĂ© moderne qui devrait passer par ces lieux pour pouvoir se confronter aux dĂ©fis de la rĂ©alitĂ©. Avec ces environnements photographiĂ©s qui rappellent des installations ready-made, Lynne Cohen a influencĂ© toute une gĂ©nĂ©ration de jeunes artistes aux Etat-Unis, au Canada, et en Europe.
La seconde partie de l’exposition prĂ©sente lâoeuvre de Marina Gadonneix sous la forme dâune premiĂšre rĂ©trospective de cette artiste diplĂŽmĂ©e de l’Ăcole nationale supĂ©rieure de la photographie d’Arles. FondĂ©e sur de longues recherches, sa pratique photographique est caractĂ©risĂ©e par une grande Ă©lĂ©gance formelle qui tend vers lâabstraction tout en gardant son intĂ©rĂȘt social et documentaire. Si lâentraĂźnement et la simulation jouent Ă©galement un rĂŽle central dans les premiĂšres sĂ©ries de Marina Gadonneix comme La maison qui brĂ»le tous les jours et Remote Control, les notions dâanticipation et de spĂ©culation apparaissent dans sa sĂ©rie la plus rĂ©cente des PhĂ©nomĂšnes. Elle y photographie les dispositifs expĂ©rimentaux mis en place dans des laboratoires high-tech en France et aux Ătats-Unis oĂč sont visualisĂ©s des phĂ©nomĂšnes scientifiques, ou les effets de catastrophes naturelles. La photographie est ainsi paradoxalement utilisĂ©e comme outil pour reprĂ©senter et analyser des Ă©vĂ©nements qui nâont pas encore eu lieu.
Un don important dâoeuvres de Lynne Cohen par Andrew Lugg, le veuf de lâartiste, est Ă lâorigine de ce projet.
Deux catalogues distincts seront publiĂ©s par Atelier EXB Ă lâoccasion de cette exposition. Le graphisme qui met en parallĂšle les deux ouvrages est dĂ» Ă JĂ©rĂŽme Saint-Loubert BiĂ©. Le catalogue dĂ©die Ă Lynne Cohen prĂ©voit des essais de Jean-Pierre Criqui, Florian Ebner, Marina Gadonneix, Matthias Pfaller et Ricarda Roggan, celui de Marina Gadonneix est accompagnĂ© par des textes de Marcelline Delbecq, Florian Ebner et BĂ©atrice Gross.
Biographies
Lynne CohenÂ
Lynne Cohen est nĂ©e en 1944 dans le Wisconsin aux Ătats-Unis. Ă 18 ans, elle entame des Ă©tudes dâart dans le Wisconsin, Ă Londres et dans le Michigan. InspirĂ©e par le Pop art et lâart minimal, elle commence Ă travailler la sculpture et la gravure en utilisant des objets trouvĂ©s ainsi que des pages de catalogues commerciaux. FascinĂ©e par la façon dont les individus investissent leur environnement, elle sâintĂ©resse Ă©galement Ă lâart conceptuel et Ă la dĂ©marche du collectif britannique « Art and Language ». Ă partir de 1970, elle travaille exclusivement Ă la chambre grand format et photographie des lieux emblĂ©matiques du quotidien. Elle parcourt des milliers de kilomĂštres Ă travers les Ătats-Unis et le Canada, oĂč elle sâinstalle dĂ©finitivement en 1973. Son intĂ©rĂȘt pour les lieux vernaculaires et son style neutre rĂ©sonnent avec les tendances photographiques des annĂ©es 1970 et avec lâintĂ©rĂȘt pour le « paysage social amĂ©ricain ». Son approche systĂ©matique voire typologique, quâelle poursuit autour de divers lieux privĂ©s et publics, sâinscrit dans le courant de pensĂ©e postmoderniste des annĂ©es 1980-1990. Cohen trouve rapidement de fidĂšles partisans de son travail, comme la conservatrice Ann Thomas Ă la National Gallery of Canada et lâhistorien de la photographie William Ewing, qui publie aux Ă©ditions Aperture la premiĂšre monographie de lâartiste, Occupied Territory, en 1988.
Marina GadonneixÂ
Marina Gadonneix est nĂ©e Ă Paris en 1977. Elle est diplĂŽmĂ©e en 2002 de lâĂcole nationale supĂ©rieure de la photographie dâArles. Dans son travail, elle met en lumiĂšre des espaces oĂč se rencontrent imagination, simulation, anticipation et spĂ©culation. En photographiant des lieux physiques au service du virtuel, elle Ă©largit le champ de la photographie documentaire. Sources historiques et contributions de chercheurs font partie intĂ©grante de ses oeuvres, prĂ©sentĂ©es dans des scĂ©nographies dans lesquelles les images absorbent le spectateur et dĂ©bordent du cadre, crĂ©ant tout un environnement. En 2000, Marina Gadonneix dĂ©couvre lâoeuvre de Lynne Cohen, qui devient une rĂ©fĂ©rence majeure pendant ses premiĂšres annĂ©es de crĂ©ation. Cohen expose rĂ©guliĂšrement en France dĂšs 1978, elle y publie dâimportantes monographies (Lâendroit du dĂ©cor, Camouflage, Cover) et ses oeuvres font partie de diverses collections publiques. Elle est invitĂ©e dans plusieurs Ă©coles dâart en France mais aussi en Europe, oĂč elle fait figure de modĂšle pour une jeune gĂ©nĂ©ration dâartistes. Cohen et Gadonneix partagent une approche documentaire des lieux liĂ©s au spectacle et Ă la science, souvent cachĂ©s du public. Fin 2013, les deux artistes entament une correspondance qui se prolongera jusquâĂ la mort de Lynne Cohen en avril 2014.