🔊 “FLORE” L’odeur de la nuit Ă©tait celle du jasmin, LaurĂ©ate 2018 Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière, du 28 octobre au 29 novembre 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 30 janvier 2021)
“FLORE” L’odeur de la nuit était celle du jasmin
Lauréate 2018 Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts
au Pavillon Comtesse de Caen, Palais de l’Institut de France, Paris
du 28 octobre au 29 novembre 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 30 janvier 2021)
PODCAST – Interview de FLORE,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 29 octobre 2020, durée 30’51, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec FLORE, le 29 octobre 2020.
actualité du livre :
Le livre « L’odeur de la nuit Ă©tait celle du jasmin » photographies de FLORE, Ă©crits de Marguerite Duras, publiĂ© par les Ă©ditions Maison CF – ClĂ©mentine de la FĂ©ronnière est laurĂ©at du Prix Nadar 2020.
Le Prix Nadar Gens d’images récompense depuis 1955 un livre consacré à la photographie ancienne ou contemporaine édité en France au cours de l’année. Il est attribué en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France et le musée Nicéphore Niépce, sous le parrainage du ministère de la Culture. Avec le Prix Nadar, l’association Gens d’images souhaite mettre en lumière les plus belles réussites de l’édition photographique. Plus de quarante éditeurs français ont participé à l’édition 2020 du Prix Nadar en soumettant 99 livres.
Extrait du communiqué de presse :
commissaire de l’exposition : Sylvie Hugues
Présentation de l’exposition
L’Académie des beaux-arts accueille du 28 octobre au 29 novembre 2020 l’exposition L’odeur de la nuit était celle du jasmin de FLORE, lauréate du Prix de Photographie Marc Ladreit de Lacharrière en partenariat avec l’Académie des beaux-arts en 2018.
Indochine, mousson, moiteur, beauté du Mékong et dangers de la nuit… les récits des grands-parents de l’artiste photographe FLORE, ayant vécu à la même époque et sur les mêmes lieux que Marguerite Duras, ont baigné son enfance d’insondables mystères qui nourrissent aujourd’hui un imaginaire commun entre elle et l’écrivaine.
Après Lointains souvenirs, sa première série autour de l’adolescence de Marguerite Duras, FLORE continue à « inventer photographiquement » une Indochine mythifiée. Elle propose ici un voyage dans le temps et agrandit le monde d’espaces insoupçonnés, en saisissant quelque chose qui n’a pas nécessairement existé mais dont on accepte le postulat, cette vie qui aurait été vécue il y a presque 100 ans et que Marguerite Duras raconte dans ses livres.
Cette exposition sera constituée d’une cinquantaine de tirages argentiquesréalisés par l’artiste en chambre noire, teintés au thé et cirés, ainsi que d’héliogravures, de tirages pigmentaires couleur sur papier japonais et de pièces uniques sur feuille d’or.
L’odeur de la nuit Ă©tait celle du jasmin – Extraits du texte d’HĂ©loĂŻse ConĂ©sa* pour le hors-sĂ©rie de la Revue des Deux Mondes consacrĂ© au travail de FLORE, publiĂ© en octobre 2020.
C’est un retour au pays natal de Duras, l’Indochine française, c’est aussi Ă travers l’omniprĂ©sence du MĂ©kong une image hĂ©raclitĂ©enne du temps qui s’écoule sans retour. Une fois le dĂ©cor posĂ©, celui d’un Ă©den que la modernitĂ© n’est pas parvenue Ă altĂ©rer, apparaĂ®t l’image d’une robe. Elle n’est pas verte comme dans le rĂ©cit durassien mais prĂ©sente des motifs de branches de cerisiers en fleurs, des rinceaux ondoyant sur l’étoffe, enchevĂŞtrĂ©s comme les vaisseaux palpitants du corps qui l’a dĂ©sertĂ©e. (…)
Les images de l’artiste-photographe FLORE, comme les Ă©crits de Duras, contiennent cette mĂ©lancolie immĂ©diate de ce qui est vĂ©cu et la tentative de le garder lĂ , inscrit dans le texte ou Ă la surface d’une photographie. Face Ă ces paysages immĂ©moriels des bords du MĂ©kong, le prĂ©sent et le passĂ© se superposent sans se confondre dans une communautĂ© de sensation avec l’écrivaine oĂą le noir des photos se fait gardien de secrets. Avec ce travail sur les traces de l’auteure de L’Amant, d’une jeunesse indochinoise que les grands-parents de la photographe avaient en partage et qu’évoquaient les Lointains souvenirs, FLORE ne pratique pas une remĂ©moration biographique mais rĂ©intègre fugitivement toutes les formes d’être de la jeune Duras. (…)
L’ensemble de ce récit photographique est porté par des images aux contours embués qui rappelle la moiteur des rives. L’atmosphère vibrante qui s’en dégage pousse la photographe à « charbonner » le noir et à émousser le piqué de l’image par le choix d’un tirage argentique dense. La couleur apparaît parfois qui convoque la granulation picturale des premiers autochromes et s’affirme comme une tentative d’associer davantage de sens encore et de temporalités. Sous l’objectif de FLORE, les paysages glissent dans un mouvement ample et doux à la rencontre de silhouettes, de buffles, de jonques et d’arbres qui scandent son voyage afin de saisir le « substantialisme féminin de l’eau » cher à Bachelard et la tonalité de ce monde évanoui.
* Héloïse Conésa est conservatrice du patrimoine, chargée de la collection de photographie contemporaine à la Bibliothèque nationale de France.
Le Livre – FLORE L’odeur de la nuit Ă©tait celle du jasmin aux Ă©ditions Maison CF
https://www.maisoncf.fr/produit/florenuit/
Photographies de FLORE / Écrits de Marguerite Duras
L’odeur de la nuit était celle du jasmin s’inscrit dans la continuité du livre de FLORE, Lointains souvenirs (Éditions Contrejour, 2016) qui proposait une variation autour de la jeunesse indochinoise de Marguerite Duras. Dans ce nouvel opus, elle puise dans ses souvenirs d’enfance, dans les récits de ses grands-parents qui ont vécu à la même période et aux mêmes endroits que Marguerite Duras d’insondables mystères nourrissant ce qu’elle ressent aujourd’hui comme une part d’imaginaire commun entre elle et l’écrivaine. Elle continue ainsi à « inventer photographiquement » une Indochine presque mythique. De courts extraits de textes de Marguerite Duras forment un contrepoint aux photographies en noir et blanc virés au thé. Par ces procédés techniques, l’artiste façonne tout autant qu’elle restitue le monde déployé sous ses yeux pour en extraire des images qui se confrontent à la fragilité des souvenirs et à la capacité de la photographie de créer de la vérité plus vraie qu’une réalité.