âFemmes photographes de guerreâ
Lee Miller, Gerda Taro, Catherine Leroy, Christine Spengler, Françoise Demulder, Susan Meiselas, Carolyn Cole, Anja Niedringhaus
au MusĂ©e de la LibĂ©ration de Paris – MusĂ©e du GĂ©nĂ©ral Leclerc – MusĂ©e Jean Moulin, Paris
du 8 mars au 31 décembre 2022
MusĂ©e de la LibĂ©ration – MusĂ©e du GĂ©nĂ©ral Leclec – MusĂ©e Jean Moulin

PODCAST – Interview de Sylvie Zaidman, historienne, conservatrice gĂ©nĂ©rale,
directrice du musĂ©e de la LibĂ©ration de Paris – musĂ©e du gĂ©nĂ©ral Leclerc – musĂ©e Jean Moulin et commissaire de lâexposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 7 mars 2022, durĂ©e 15â53.
© FranceFineArt. (crédit photo Sylvain Silleran)
Texte de Sylvain Silleran


![Catherine Leroy, Sans titre [Bombardement américain de la province de Binh Dinh, Vietnam, septembre 1966]. © Dotation Catherine Leroy.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3201-3350/3215_Femmes-guerre_3.jpg)


Des hommes et des femmes sont alignĂ©s au garde Ă vous, c’est la mobilisation gĂ©nĂ©rale. Cette armĂ©e est de bric et de broc, des soldats de toutes les tailles, de toutes les formes, corpulences, en costume, en salopette de travail. Gerda Taro partie photographier la guerre d’Espagne avec son compagnon Robert Capa montre les invisibles de la guerre : les civils cherchant leurs proches, les rĂ©fugiĂ©s, un enfant mangeant une assiette de soupe. Les morts sur les brancards, les ruines, tout est publiĂ© en direct dans les journaux. Une silhouette se dĂ©coupe sur la plage, une femme le genou Ă terre, le soulier bien posĂ© sur le sable, s’entraine au tir. Elle tient son revolver comme Farrah Fawcett dans le gĂ©nĂ©rique des drĂŽles de Dames, des femmes deviennent des guerriĂšres, elles accĂšdent au statut d’hĂ©roĂŻnes.
Lee Miller en suivant en 45 l’armĂ©e amĂ©ricaine en Allemagne documente la victoire du bien sur le mal. Elle tĂ©moigne des tondues de la libĂ©ration, de l’horreur des camps, des gardiens de Buchenwald enfin Ă genoux, de maires nazis fusillĂ©s, de ceux qui se sont suicidĂ©s pour Ă©chapper Ă leur chĂątiment. Ici les ruines sont celles des coupables, des bourreaux, tant pis, son regard n’a pas de compassion pour eux. Lee Miller assise dans la baignoire d’Hitler, ses grosses bottes militaires posĂ©es devant, s’affirme comme photographe de guerre, comme vengeresse des millions de vies sacrifiĂ©s Ă la barbarie. Il y a aussi Catherine Leroy, une petite nana dans un treillis trop grand qui pose entre deux imposants Marines. Chez elle, l’urgence de la guerre est un noir et blanc granuleux, celui des pellicules pour photos nocturnes, des clichĂ©s volĂ©s aux bas fonds des villes. Un hĂ©licoptĂšre vient de lĂącher des bombes, il semble immobile mais la jungle explose soudain derriĂšre lui. Sa photographie capture le mouvement tel ce coup donnĂ© Ă un ViĂȘt-cong capturĂ©, ou le terrible instant oĂč un aide-soignant de l’US Navy se portant au secours d’un camarade constate qu’il est mort et s’effondre. Au milieu des combats, l’objectif au ras du sol partage avec humilitĂ© et courage la boue des Marines.
Christine Spengler construit des images comme des posters. A Londonderry une petite fille tient un drapeau noir ornĂ© d’un grand crucifix lors des funĂ©railles d’un membre de l’IRA. Au fond les silhouettes de blindĂ©s forment un mur d’acier. A Belfast une femme se penche Ă la porte de sa maison, cigarette Ă la main, observant les combats tandis que dans le porche voisin un soldat y participe, fusil Ă©paulĂ©. Il y a un force publicitaire dans ces compositions. Les deux ombres noires traversant un cimetiĂšre iranien, la femme palestinienne qui braque sa kalashnikov depuis les ruines d’une maison de Beyrouth, participent d’une forme de narration plus moderne. AprĂšs le bombardement de Phnom Penh par les Khmers Rouges, la photographe dĂ©tourne son objectif des cadavres Ă ses pieds pour saisir la ville entiĂšre devenue ruine, enfer apocalyptique de braises fumantes. L’image fait se rencontrer le rĂ©el et la puissance d’un tableau classique.
Françoise Demulder suit des enfants soldats cambodgiens aux fusils trop grands, saisit un pĂšre vietnamien pleurant son fils mort, un clichĂ© d’une magnifique sobriĂ©tĂ© laissant s’effacer le dĂ©cor pour ne montrer que l’humain nu, la vie et la mort. Susan Meiselas rĂ©alise un travail trĂšs diffĂ©rent au Salvador, une photo couleur qui nous plonge dans le quotidien. Des badauds regardent un tache de sang sur un coin de trottoir, les passagers d’un bus sont alignĂ© en attendant d’ĂȘtre fouillĂ©s Ă un checkpoint : la diversitĂ© des robes, des vĂȘtements est amplifiĂ©e par la couleur. La scĂšne serait presque une scĂšne de vie normale, un coin de rue, le marchĂ©, surtout en l’absence de soldats dans le cadre. Un sandiniste au cocktail molotov devient une icĂŽne avec son bĂ©ret et son bouc Ă la Che Guevara. Si ces annĂ©es sont celles des luttes politiques et de leur espoir Ă©mancipateur qui passionne la jeunesse occidentale, le romantisme rĂ©volutionnaire se dissipe devant la rĂ©alitĂ©, la famille cherchant dans les dĂ©combres de sa maison quelque chose Ă sauver. Les empreintes de mains Ă la peinture blanche sur la porte rouge d’un chef paysan ne sont pas un logo pour t-shirt d’Ă©tudiant, mais la glaçante signature des escadrons de la mort.
Anja Niedringhaus photographie des forces qui s’opposent, deux jeunes filles de Ramallah se hĂątent de rentrer de l’Ă©cole tandis qu’au fond grossit la masse d’hommes menaçants d’une manifestation. Des soldats errent perdus dans un Irak pays vide, muet, incomprĂ©hensible. D’autres soldats cherchent leur chemin au bord d’une route; pendant ce temps un enfant afghan ne lĂąche pas sa mitraillette jouet mĂȘme pour faire de la balançoire. Un soldat canadien Ă©carte une poule de son chemin d’un coup de pied, une silhouette aussi noire que son ombre de plumes hirsutes s’envole. Le danger est dans ce rien, dans ce silence, presque de l’ennui, oĂč la mort frappe sans prĂ©venir. Cela sera juste quelques secondes plus tard.
Sylvain Silleran
Extrait du communiqué de presse :



Commissariat général :
Sylvie Zaidman, historienne, conservatrice gĂ©nĂ©rale, directrice du musĂ©e de la LibĂ©ration de Paris – musĂ©e du gĂ©nĂ©ral Leclerc – musĂ©e Jean Moulin
Commissariat scientifique :
Felicity Korn, conseillĂšre auprĂšs du Directeur GĂ©nĂ©ral du Kunstpalast Ă DĂŒsseldorf en Allemagne
Anne-Marie Beckmann, directrice de la Deutsche Börse Photography Foundation à Francfort en Allemagne
Exposition co-organisĂ©e avec le Kunstpalast de DĂŒÌsseldorf
Avec cette nouvelle exposition, le musĂ©e de la LibĂ©ration de Paris â musĂ©e du gĂ©nĂ©ral Leclercâ musĂ©e Jean Moulin continue dâexplorer lâhistoire en prĂ©sentant les oeuvres de huit femmes photographes reconnues qui ont couvert 75 ans de conflits internationaux entre 1936 et 2011 : Lee Miller (1907-1977), Gerda Taro (1910-1937), Catherine Leroy (1944-2006), Christine Spengler (nĂ©e en 1945), Françoise Demulder (1947-2008), Susan Meiselas (nĂ©e en 1948), Carolyn Cole (nĂ©e en 1961) et Anja Niedringhaus (1965-2014). Ă lâaide dâune centaine de documents, plus de 80 photographies, ainsi quâune douzaine de journaux et de magazines originaux, lâexposition met en Ă©vidence lâimplication des femmes dans tous les conflits, quâelles soient combattantes, victimes ou tĂ©moins.
# Un regard différent ?
Si la photographie de guerre est une profession dominĂ©e par les hommes, de nombreuses femmes photographes ont cependant travaillĂ© dans les zones de guerre. Elles ont documentĂ© les crises mondiales et ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans la formation de lâimage de la guerre. Dans les territoires de conĂȘ it, contrairement aux hommes, ces femmes ont souvent eu accĂšs aux familles, dont elles ont rĂ©alisĂ© des portraits particuliĂšrement Ă©mouvants. Elles ont Ă©galement Ă©tĂ© actives sur le front et pris des photos de victimes de guerre qui nâĂ©pargnent pas lâobservateur. En mettant en lumiĂšre les clichĂ©s et parcours de ces huit femmes photographes de guerre, lâexposition confronte le visiteur Ă un regard partagĂ© sur la violence de la guerre. Elle questionne la notion de genre, interroge la spĂ©cificitĂ© du regard fĂ©minin sur la guerre, bouscule certains stĂ©rĂ©otypes, montre que les femmes sont tout autant passeuses dâimages que tĂ©moins de lâatroce. Sur les fronts depuis prĂšs dâun siĂšcle, elles prennent des images sans cacher lâhorreur des Ă©vĂ©nements. Certaines y laissent la vie.
Des questions clé
Lâexposition aborde une problĂ©matique partagĂ©e par les correspondants de guerre : comment tĂ©moigner de la sauvagerie de la guerre ? Faut-il passer par une vision crue ou par une euphĂ©misation formelle ? Ces photographes, dont les oeuvres vont des conflits europĂ©ens des annĂ©es 1930 et 1940 aux guerres internationales les plus rĂ©centes, font appel Ă une grande variĂ©tĂ© stylistique et narrative. Leurs approches alternent entre le maintien dâune distance objective, le constat et lâimplication personnelle. Parmi les photographies, on trouve des aperçus intimes de la vie quotidienne pendant la guerre autant que des tĂ©moignages dâatrocitĂ©s ou des rĂ©fĂ©rences Ă lâabsurditĂ© de la guerre et Ă ses consĂ©quences. Christine Spengler ne montre pas les corps calcinĂ©s mais les ruines de Phnom Penh, qui touchent le spectateur sans expliciter la cruautĂ© de la scĂšne. Les cadavres photographiĂ©s par Gerda Taro ou par Carolyn Cole Ă plus de 70 annĂ©es de distance dĂ©rangent tout autant. Lâapproche de la premiĂšre est frontale alors que la seconde donne un effet esthĂ©tique et calme Ă sa prise de vue. Catherine Leroy choisit la proximitĂ© immĂ©diate avec son sujet et ses images interpellent.
Lâimage et sa diffusion
Enfin, dernier point sur lequel cette exposition interpelle : le recadrage de la photographie et sa mise en scĂšne pour lâadapter aux besoins de la presse. Les photographies prĂ©sentĂ©es sont autant dâimages fixes, cadrĂ©es, potentiellement construites par un regard ou par une diffusion mĂ©diatique subjective. Câest une question qui nous renvoie Ă nos propres outils dâanalyse de lâactualitĂ©. Chacune des photographes prĂ©sentĂ©es dans lâexposition tĂ©moigne avec son style particulier des souffrances engendrĂ©es par les guerres. Leur production doit cependant tenir compte des rĂ©alitĂ©s Ă©conomiques. EmployĂ©es par des agences ou des titres de presse, elles doivent fournir des images « publiables », obĂ©issant aux critĂšres en vigueur au moment oĂč elles rĂ©alisent les clichĂ©s. Il sâen est fallu de peu que lâimage emblĂ©matique du quartier de Beyrouth prise par Françoise Demulder ne soit pas retenue par son agence, car les intentions des photographes ne sont pas forcĂ©ment celles que souhaitent promouvoir les mĂ©dias. Cela ne les empĂȘche pourtant pas de choisir leurs sujets et de proposer des images trĂšs personnelles. Ces photographes souhaitent, les unes comme les autres, contribuer Ă faire apparaĂźtre publiquement ce qui se passe rĂ©ellement sur le champ de bataille et Ă lâarriĂšre du front. Lâexposition permet de comprendre la façon dont ces images prises sur le vif sont traitĂ©es par la presse.
# La photographie : un outil pour dĂ©crypter lâhistoire
Les images de ces femmes photographes de guerre mettent le spectateur face au destin des individus et face Ă lâhistoire. Le visiteur comprend la spĂ©cificitĂ© de chacun des conflits couverts, et pourtant une certaine vue dâensemble se dĂ©gage. On voit peu Ă peu Ă©merger une professionnalisation des conflits, un armement toujours plus technologique des armĂ©es occidentales en rĂ©ponse Ă une menace toujours plus complexe Ă apprĂ©hender. Le rapport entre les belligĂ©rants ne paraĂźt jamais symĂ©trique dans ces photographies : les conflits opposent armĂ©es officielles traditionnelles et combattants peu Ă©quipĂ©s. Gerda Taro reprĂ©sente lâarmĂ©e rĂ©publicaine populaire espagnole, parfois sans arme, Lee Miller montre Ă peine les soldats allemands en dĂ©route lors de la Seconde Guerre mondiale. Lâimpression de dĂ©sĂ©quilibre sâaccentue face aux images brutales de Catherine Leroy mettant en scĂšne la disproportion entre les combattants du Vietcong et les Marines amĂ©ricains. Susan Meiselas photographie les guĂ©rilleros rebelles au Nicaragua. Mais ce sont sans doute les images dâAnja Niedringhaus qui mettent en Ă©vidence lâinconsistance du surarmement des soldats amĂ©ricains et canadiens face Ă un ennemi insaisissable en Irak (2004) ou en Afghanistan (2011). Ces photographies parlent de conflits proches et lointains, dont certains semblent ne plus finir. Elles repositionnent la Seconde Guerre mondiale dans le contexte plus large des guerres du XXe et du XXIe siĂšcle et montrent lâancrage profond des affrontements qui secouent la planĂšte. La valeur de ces images va bien au-delĂ de leur qualitĂ© informative puisquâelles nous apprennent aussi comment lâoeil de ces femmes photographes de guerre sâest aiguisĂ© au fil du temps, en composant avec leur qualitĂ© de femme, leur perception des opĂ©rations et la sensibilitĂ© du public. Leurs regards enrichissent le rĂ©cit que porte le musĂ©e de la LibĂ©ration de Paris – musĂ©e du gĂ©nĂ©ral Leclerc – musĂ©e Jean Moulin sur les conflits contemporains et donne de nouvelles clĂ©s Ă ses visiteurs pour comprendre âle bruit et la fureurâ du monde
HUIT FEMMES, HUIT PARCOURS
Lee Miller (1907-1977)
Lee Miller, amĂ©ricaine nĂ©e en 1907, commence sa carriĂšre en tant que modĂšle. Elle commence son apprentissage de photographe avec Man Ray Ă Paris Ă la fin des annĂ©es 1930, puis ouvre son propre studio avant de se perfectionner Ă New York. EmbauchĂ©e par Vogue, elle devient correspondante de guerre accrĂ©ditĂ©e auprĂšs de lâarmĂ©e amĂ©ricaine en 1942 et couvre la libĂ©ration en Europe et la dĂ©couverte des camps de concentration.
Gerda Taro (1910-1937)
Gerda Taro est une photographe née en Allemagne en 1910, émigrée à Paris en 1933. Elle travaille avec Robert Capa et devient photographe. Elle part couvrir la guerre civile espagnole en 1936 avec Capa et Seymour pour la presse communiste française. Blessée à mort à Brunete en juillet 1937, elle est probablement la premiÚre femme photographe de guerre tuée sur le front.
Catherine Leroy (1944-2006)
NĂ©e Ă Paris, Catherine Leroy est accrĂ©ditĂ©e photographe de presse en 1966 et couvre la guerre du Vietnam jusquâen 1969 ; elle est briĂšvement prisonniĂšre du Vietcong en 1968. Elle photographie aussi le conĂȘit du Liban. Catherine Leroy est la premiĂšre femme Ă recevoir la mĂ©daille dâor Robert Capa en 1976.
Christine Spengler (née en 1945)
AprĂšs des Ă©tudes de langues, Christine Spengler part au Tchad oĂč elle devient photographe de guerre. Elle couvre de multiples conflits, en Europe (celui dâIrlande du nord en 1972), en Asie au Vietnam et au Cambodge, en Afrique (au Sahara occidental), au Proche-Orient, en Afghanistan, en Irak. Elle a travaillĂ© pour Corbis Sygma, Sipa press et lâAssociated-Press.
Françoise Demulder (1947-2008)
Françoise Demulder Ă©tudie la philosophie avant de se rendre au Vietnam photographier la guerre. Elle travaille pour lâagence Gamma. Elle se rend ensuite au Cambodge, en Angola, au Liban, en Irak. En 1977, elle est la premiĂšre femme photographe Ă recevoir le World press Award.
Susan Meiselas (née en 1948)
Susan Meiselas est amĂ©ricaine, diplĂŽmĂ©e en arts visuels. Elle a produit plusieurs sĂ©ries sur les femmes aux Ătats-Unis avant de rejoindre lâagence Magnum. Elle a couvert des zones de conĂȘit en AmĂ©rique du sud (Nicaragua, El Salvador) et a Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©e par la mĂ©daille dâor Robert Capa en 1979.
Carolyn Cole (née en 1961)
Carolyn Cole a fait des Ă©tudes de photojournalisme aux Ătats-Unis. AprĂšs avoir Ă©tĂ© photographe pour plusieurs journaux, elle rejoint lâĂ©quipe du Los Angeles Times en 1994. Elle est reporter de guerre au Kosovo, puis photographie les guerres en Afghanistan, en Irak. Elle a reçu le prix Pulitzer pour son reportage au LibĂ©ria.
Anja Niedringhaus (1965-2014)
Anja Niedringhaus est allemande et a Ă©tudiĂ© la philosophie et le journalisme. En 1990, elle est la premiĂšre femme Ă ĂȘtre engagĂ©e par lâEuropean Pressphoto Agency. En 2002, elle travaille pour lâAssociated-Press. Elle se rend en Yougoslavie, en Irak, au Proche-Orient et en Libye. Elle est tuĂ©e lors de combats en Afghanistan en 2014.