🔊 “Françoise Pétrovitch” Aimer. Rompre, au Musée de la Vie Romantique, Paris, du 5 avril au 10 septembre 2023
“Françoise Pétrovitch” Aimer. Rompre
au Musée de la Vie Romantique, Paris
du 5 avril au 10 septembre 2023
PODCAST – Interview de GaĂ«lle Rio, directrice du musĂ©e de la Vie romantique et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 avril 2023, durée 28’30.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Gaëlle Rio, directrice du musée de la Vie romantique
Françoise Pétrovitch, artiste invitée
Collaboration scientifique :
Élodie Kuhn, directrice adjointe du musée
Ă€ partir du 5 avril 2023, le musĂ©e de la Vie romantique invite Françoise PĂ©trovitch Ă investir l’ensemble de ses espaces avec une quarantaine d’oeuvres puissantes et inĂ©dites – peintures, dessins, sculptures – crĂ©Ă©es spĂ©cialement par l’artiste pour le musĂ©e. Abordant les thĂ©matiques du paysage et du sentiment amoureux, l’exposition « Françoise PĂ©trovitch. Aimer. Rompre » s’inscrit dans l’ambition d’ouvrir la programmation du musĂ©e au-delĂ du XIXe siècle, en explorant les prolongements du romantisme dans l’art contemporain.
Depuis de nombreuses années, Françoise Pétrovitch élabore une oeuvre dont la poésie et l’inquiétante étrangeté résonnent avec les sujets chers au mouvement romantique. Les visiteurs sont invités à découvrir ce regard singulier de l’artiste à travers une déambulation sensible, à la rencontre de ses nouvelles créations.
#ExpoPetrovitch
#Le catalogue de l’exposition « Françoise PĂ©trovitch. Aimer. Rompre » reproduit toutes les oeuvres inĂ©dites crĂ©Ă©es spĂ©cialement par l’artiste pour le musĂ©e de la Vie romantique. Il offre une plongĂ©e fascinante au coeur de ces nouvelles crĂ©ations qui explorent des thèmes chers aux romantiques : la nature et le sentiment. L’ouvrage est enrichi de photographies de l’artiste dans son atelier, d’un essai thĂ©orique et d’un long entretien. Éditions Paris MusĂ©es avec les textes de Jeanne Brun, Camille Chenais, Élodie Kuhn et GaĂ«lle RioÂ
Parcours de l’expositionÂ
Après une introduction, dans l’atelier-salon, présentant le travail de la plasticienne pour le musée, l’exposition se déploie dans tous les espaces d’exposition. La salle basse du grand atelier est conçue pour une immersion totale du public. Elle expose un panorama de lavis d’encre sur papier faisant écho au regard nouveau porté par les romantiques sur la nature au XIXe siècle. La salle haute du grand atelier présente ensuite des peintures de très grand format qui mettent en scène des jeunes gens d’aujourd’hui, et interrogent le lien qui unit deux êtres. L’exposition se poursuit dans la maison, où des peintures, dessins et objets d’art de l’artiste sont disséminés dans les collections permanentes et proposent une interprétation contemporaine des figures romantiques du musée. Enfin, dressée au centre du jardin, la sculpture L’Ogresse interpelle le public en jouant des codes traditionnels de la représentation du pouvoir et en annonçant le triomphe du féminin.
Extrait du catalogue de l’exposition – Aimer. Rompre
« Aimer. Rompre », le sous-titre explicite de l’exposition, fait référence aux premières oeuvres de l’artiste qui se plaçaient littéralement dans les marges de cahiers imprimés ou de livres qu’elle se réappropriait. En 1997, Françoise Pétrovitch réalise deux monotypes sur les pages d’un cahier de conjugaison, aux verbes « aimer » et « rompre ». Une silhouette de laquelle émerge une fleur se détache sur la page du verbe « aimer », tandis qu’une paire de jambes et un coeur occupent la page « rompre ». Le choix du titre de ce diptyque pour l’exposition explique à la fois l’ambiguïté de nos sentiments, souvent versatiles et contradictoires, et la thématique de l’« entre-deux », emblématique de la pensée de l’artiste.
L’imagination fait le paysage
« L’imagination fait le paysage» est une citation du texte critique de Charles Baudelaire pour le Salon de 1859, où le poète associe la beauté d’un paysage à l’idée ou au sentiment que l’on y attache. En écho au regard nouveau porté sur la nature au XIXe siècle, Françoise Pétrovitch présente un ensemble de lavis d’encre sur papier réalisé spécialement pour cette salle, dont l’effet est amplifié par le sol dessiné également par l’artiste. Si ces dessins ont tous la même hauteur, leurs largeurs diffèrent et viennent rythmer la composition par des changements de motifs. Ce panorama nous montre le paysage dans son étendue infinie et dans le repli de ses moindres détails. Ces paysages sont des îles imaginaires, désertes et inquiétantes. Lieux de l’entre-deux, entre le ciel et l’eau, entre l’eau et la terre, elles invitent à la contemplation mélancolique. Au coeur de cette nature onirique apparaissent d’étranges figures humaines : des femmes solitaires et pensives, des couples aux corps mêlés. Ces personnages, aux chevelures s’apparentant à des arbres ou à d’autres motifs naturels, semblent se diluer dans le paysage, ce qui rend leur présence irréelle. À la manière des romantiques, Françoise Pétrovitch considère les paysages comme de «grands réservoirs d’imagination ». Au-delà des étendues d’eau, des peupliers élancés, des nénuphars à l’aspect d’empreintes et des apparitions humaines, ces dessins sont le reflet des mondes intérieurs de l’artiste. La force hypnotique du lavis d’encre, de ses taches et coulures aux formes aléatoires, tisse un lien naturel avec les vues rêvées des peintres romantiques et les aquarelles de George Sand, visibles dans les collections du musée.
L’espace entre eux
Ces peintures de grand format aux couleurs électriques, sans décors ni arrière-plan, sont consacrées à des figures de jeunes gens d’aujourd’hui. Ils sont représentés plus grands que nature, avec des traits de visage juvéniles, des coupes de cheveux et des vêtements à la mode, et des mains parfois vernies. Leurs poses sont à la fois assurées et distantes. Françoise Pétrovitch s’intéresse à l’adolescence depuis de nombreuses années, car cette période de la vie lui permet d’explorer «l’entre-deux», entre l’enfance et l’âge adulte, l’enthousiasme et le doute, l’apparence et l’intériorité. Seuls ou en couple, ces personnages ont les yeux clos, baissés ou fixés sur un ailleurs, comme si l’artiste se méfiait des yeux qui accrochent le regard. Ces yeux cachés ou absents invitent à imaginer les mondes intérieurs des figures représentées et à observer davantage les peintures dans leur matérialité. Certains des duos semblent séparés par une distance mystérieuse, tandis que d’autres sont liés dans une intimité silencieuse. En s’attachant à cet espace entre eux, l’artiste interroge le lien qui unit deux êtres. Loin de l’inséparabilité des amants romantiques, c’est l’incertitude des sentiments et la solitude partagée qui triomphent dans cette interprétation contemporaine. À côté de ces peintures, Françoise Pétrovitch a réalisé un ensemble de dessins de plus petit format montrant notamment des personnages féminins énigmatiques et des détails de mains. Ces morceaux choisis expriment, grâce à la poésie du lavis d’encre, le désir double, chez l’artiste, de figurer à la fois une forme de beauté colorée et l’ombre d’une perturbation.