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🔊 “Albert Edelfelt (1854-1905)” Lumières de Finlande, au Petit Palais, Paris, du 10 mars au 10 juillet 2022

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“Albert Edelfelt (1854-1905)“
Lumières de Finlande

au Petit Palais, Paris

du 10 mars au 10 juillet 2022

Petit Palais


Interview de Anne-Charlotte Cathelineau, conservatrice au Petit Palais et co-commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mars 2022, durée 14’23. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Anne-Charlotte Cathelineau, conservatrice au Petit Palais et co-commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mars 2022, durée 14’23.
© FranceFineArt.

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Albert Edelfelt (1854-1905)
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©Anne-Fréderique Fer, vernissage presse, le 9 mars 2022.
A. Edelfelt, Le Convoi d’un enfant, Finlande, 1879. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Le Convoi d’un enfant, Finlande, 1879. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.

Extrait du communiqué de presse :

 

A. Edelfelt, Michael et Xenia, enfants du Tsar Alexandre III, 1882 Huile sur toile. Collection privée. © Finnish National Gallery / Petri Virtanen.
A. Edelfelt, Michael et Xenia, enfants du Tsar Alexandre III, 1882 Huile sur toile. Collection privée. © Finnish National Gallery / Petri Virtanen.
A. Edelfelt, Au jardin du Luxembourg, 1887. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Au jardin du Luxembourg, 1887. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collections Antell. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming, 1878. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming, 1878. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Portrait d’Ellan Edelfelt, femme de l’artiste, 1896, Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen.
A. Edelfelt, Portrait d’Ellan Edelfelt, femme de l’artiste, 1896, Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. © Finnish National Gallery / Jenni Nurminen.

Commissariat :
Anne-Charlotte Cathelineau, conservatrice au Petit Palais.
Dr. Anne-Maria Pennonen et Dr. Hanne Selkokari, conservatrices au Musée d’Art de l’Ateneum de Helsinki.



Après les rétrospectives consacrées aux suédois Carl Larsson et Anders Zorn et l’exposition « l’Âge d’or de la peinture danoise », le Petit Palais poursuit son exploration des artistes nordiques. Cette nouvelle monographie, organisée avec le Musée d’Art de l’Ateneum de Helsinki, est dédiée à Albert Edelfelt, l’une des gloires de la peinture finlandaise. Une centaine d’oeuvres permettra de retracer l’évolution de sa carrière et de montrer comment cet artiste a largement contribué à la reconnaissance d’un art finlandais à la fin du XIXe siècle.

Né à Porvoo en 1854, sur la côte sud de la Finlande, Albert Edelfelt est le fils d’un architecte d’origine suédoise. Il suit une première formation artistique à Helsinki, puis bénéficie d’une subvention d’État lui permettant de poursuivre ses études à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers. Souhaitant mener une carrière de peintre d’histoire, Edelfelt entreprend un voyage à Paris pour lancer sa carrière, et comme beaucoup d’artistes à cette époque, s’y installe.

Il intègre la prestigieuse École des Beaux-arts et entre en 1874 dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme. Très vite son style, d’abord historiciste, évolue en s’inspirant des tendances novatrices du milieu parisien. En 1875, Edelfelt rencontre Jules Bastien-Lepage, grand représentant du naturalisme.

Sa peinture offre une vision nouvelle, mêlant désormais impressionnisme et réalisme. Les critiques et le public le plébiscitent et louent son art du portrait. En 1886, le peintre choisit d’immortaliser Louis Pasteur, en pleine célébrité, qui vient tout juste de découvrir le vaccin contre le rage. Le portrait, véritable allégorie de la Science en marche, rencontre un succès retentissant au Salon et lui permet d’acquérir une renommée internationale.

En parallèle, Edelfelt continue de se rendre tous les étés en Finlande où l’amour de ses paysages s’exprime à travers d’ambitieuses et sensibles compositions. Il puise son inspiration dans la vie rurale et les traditions de sa terre natale pour réaliser de grands tableaux qu’il montre ensuite au Salon. Sa maîtrise de la lumière crépusculaire, la tendresse qu’il porte envers ses sujets font de lui l’un des plus ardents porte-parole de son pays.

Grand patriote, il utilise sa notoriété dans la lutte pour l’indépendance de la Finlande face à l’influence de la toute-puissante Russie. Par son engagement politique et esthétique et sa stature internationale, il s’affirme comme un modèle pour la jeune génération d’artistes finlandais, parmi lesquels Akseli Gallen-Kallela, Helene Schjerfbeck et Magnus Enckell.







Cette première rétrospective parisienne devrait marquer le retour en grâce en France d’un maître resté très populaire dans tous les pays nordiques.


« La Finlande est un pays pauvre, retiré, dont toute l’histoire s’est passée dans l’ombre, au milieu des tourments de troubles politiques, au milieu de misères et de privations de toutes sortes. […] Nous marchons. Si notre pas est encore mal assuré, une explication s’en trouve dans le manque absolu de toute tradition plastique et dans l’extrême jeunesse de notre art. Il n’a pas encore un demi-siècle, et son premier maître fut Edelfelt »
Magnus Enckell, Préface. Salon d’automne. Catalogue illustré de l’exposition de l’art finlandais, 1908, Paris.



L’exposition est organisée en partenariat avec le musée d’Art de l’Ateneum, galerie nationale de Finlande, Helsinki.

A. Edelfelt, Enfants au bord de l’eau, 1884. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collection Ahlström. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.
A. Edelfelt, Enfants au bord de l’eau, 1884. Huile sur toile. Helsinki, Ateneum Art Museum, Finnish National Gallery. Collection Ahlström. © Finnish National Gallery / Hannu Pakarinen.

Catalogue de l’exposition « Albert Edelfelt (1854-1905) Lumières de Finlande » aux Éditions Paris Musées

Établi à Paris à partir de 1874, Albert Edelfelt était considéré comme le plus parisien des Finlandais et le plus finlandais des Parisiens. Premier artiste finlandais à entrer dans les collections publiques françaises, il devient célèbre, dans les années 1880, grâce à son magistral Portrait de Louis Pasteur. Cette première monographie française consacrée à Edelfelt permet de découvrir toute la diversité de son oeuvre, entre peinture d’histoire, scènes de la vie moderne et portraits de sa terre natale. Riche de l’ensemble des oeuvres présentées dans l’exposition, l’ouvrage, nourri d’essais de spécialistes et d’une chronologie illustrée, en reprend le parcours chronothématique.

Parcours de l’exposition :

Prologue – Un Finlandais à Paris
Au Salon des artistes français de 1886, Albert Edelfelt connaît la consécration avec la présentation du Portrait de Louis Pasteur, encensé par la critique et acquis par l’État. Cette année-là, son ami le sculpteur Ville Vallgren expose également un Buste d’Albert Edelfelt lui valant une mention honorable. Les deux compères affirment brillamment la voix des artistes nordiques sur la scène parisienne. Ils sont les dignes représentants d’une colonie artistique très nombreuse dans la capitale, comme l’illustre le tableau du peintre suédois Hugo Birger, où l’on identifie entre autres les peintres Carl Larsson, Hugo Salmson, August Hagborg, Ernst Josephson ou encore le sculpteur Per Hasselberg, sans oublier Edelfelt et Vallgren, trinquant joyeusement. Arrivé à Paris en 1874, Albert Edelfelt y réside de façon permanente jusqu’en 1889, année où il repart s’installer en Finlande, mais il conserve toute sa vie un lien avec la capitale française, théâtre de ses plus grands succès et tremplin de sa carrière internationale.

Section 1 – L’Arcadie familiale
Edelfelt naît en 1854 au manoir de Kiiala à Porvoo, sur la côte méridionale de la Finlande. Son père, Carl Albert Edelfelt (1818-1869), est un architecte d’origine suédoise. Sa mère, Alexandra Edelfelt (1833-1901), née Alexandra Brandt, est issue d’une famille de marchands. Outre Albert, le couple donne naissance à trois filles : Ellen (1859-1876), Annie (1866-1935) et Berta (1869-1934). En 1866, la famille déménage à Helsinki, où le jeune Albert suit sa première formation artistique. À la mort de Carl-Albert en 1869, il se retrouve à vivre au sein d’un univers essentiellement féminin, entre sa mère, ses soeurs et la vieille servante Fredrika Snygg, dite Tatja. De ce contexte, Edelfert conserve toute sa vie un profond attachement à Haikko, petite bourgade où la famille achète une villa en 1879 : ce lieu constitue pour lui un cadre idyllique et ressourçant, à l’opposé du tumulte de la vie parisienne. Il continue à y séjourner bien des années plus tard avec sa femme, Ellan de la Chapelle, et leur fils Erik.

Section 2 – Une première vocation : la peinture d’histoire
Après une formation à Helsinki (1871-1873) sous la direction d’Adolf von Becker, Edelfelt poursuit son parcours à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers (1873-1874), grâce à une subvention du gouvernement finlandais destinée à assurer la formation d’un peintre capable de promouvoir l’histoire nationale. Bien décidé à mener une carrière dans le « grand genre » (la peinture d’histoire), Edelfelt se rend ensuite à Paris, où il intègre, en mai 1874, l’atelier du peintre Jean-Léon Gérôme à l’École des beauxarts. Ces années d’étude sont l’occasion de développer un réseau de camaraderie artistique : il fréquente plusieurs confrères finlandais avec lesquels il crée des liens privilégiés, tels Gunnar Berndtson, qui partage son atelier, ou le sculpteur Ville Vallgren. Il sympathise également avec de jeunes artistes gravitant autour de Jules Bastien-Lepage, en particulier Pascal Dagnan-Bouveret, avec lequel il entretient une solide amitié. Fort de son enseignement académique, Edelfelt se lance dans sa première grande composition historique : Blanche de Namur, reine de Suède et le prince Haquin (La Reine Blanche). Présentée au Salon de 1877, elle s’inspire d’un ouvrage de l’écrivain finlandais Zacharias Topelius. Encouragé par ce premier succès, il récidive l’année suivante avec la présentation d’une oeuvre d’une forte intensité dramatique, dans laquelle il se montre le brillant héritier des peintres Paul Delaroche et Jean-Paul Laurens : Le Duc Charles insulte le cadavre de son ennemi Klaus Fleming. En 1879, il puise son inspiration dans un sombre épisode de l’histoire finlandaise, la révolte des paysans de 1596-1597, qui lui permet de mettre en scène sa composition dans un paysage enneigé.

Section 3 – Une nouvelle voie : le pleinairisme
Malgré sa formation académique, Edelfelt est sensible aux tendances novatrices qui nourrissent le milieu artistique parisien dans les années 1870. En 1875, sa rencontre avec Jules Bastien-Lepage le fait définitivement évoluer vers une autre voie, le pleinairisme, mouvement privilégiant l’étude de la lumière et l’observation de la nature. En 1879, il met en oeuvre ces nouveaux principes dans Le Convoi d’un enfant, Finlande. Exposée au Salon de 1880, la toile lui vaut une médaille de troisième classe et suscite sa reconnaissance auprès de la critique, séduite par la limpidité de la lumière septentrionale, la charge émotionnelle et l’authenticité des personnages. Dès lors, Edelfelt poursuit dans cette veine (En route pour le Baptême, En mer, golfe de Finlande, Enfants au bord de l’eau), consolidant sa notoriété et atteignant la consécration officielle avec l’acquisition par l’État français, en 1882, de sa toile Service divin au bord de la mer, premier achat français d’une œuvre finlandaise. Nourri au naturalisme de Jules Bastien-Lepage, Edelfelt n’est cependant pas imperméable à l’art des impressionnistes, comme en témoignent Toits de Paris sous la neige et Sous les bouleaux. Tout comme eux, le peintre s’intéresse aux sujets de la vie moderne, dont Paris et ses alentours offrent de merveilleux exemples (Au parc de Saint-Cloud). Pourtant, Edelfelt ne réalise qu’un seul grand tableau de sujet parisien dans sa carrière : Au jardin du Luxembourg. La toile, présentée à la galerie Georges Petit en 1887, frappe par son cadrage décentré, la subtilité de sa lumière et sa virtuosité chromatique, en particulier dans le traitement des différentes nuances de blanc.

Section 4 – Le Portrait de Louis Pasteur : une reconnaissance internationale
Au Salon de 1886, Edelfelt réalise un vrai coup d’éclat avec la présentation du Portrait de Louis Pasteur. La critique reconnaît la supériorité de son oeuvre sur celle d’un maître confirmé, Léon Bonnat, qui expose également une effigie du célèbre scientifique. Ayant découvert le vaccin contre la rage l’année précédente, Pasteur est alors au sommet de sa renommée. Edelfelt choisit de représenter le savant dans son laboratoire : saisi dans les prémices de sa grande découverte, le visage concentré et déterminé, il examine un morceau de moelle épinière dans un flacon. Au-delà d’un portrait social tel que l’avaient proposé François Lafon au Salon de 1884 ou Bonnat en 1886, Edelfelt offre avec cette composition une véritable allégorie de la Science en marche. Cette approche se retrouve dans les portraits du docteur Roux et du professeur Runeberg. Incarnation de la science positiviste promue par la IIIe République, le Portrait de Louis Pasteur est acheté par l’État français et vaut à Edelfelt la Légion d’honneur. Dès sa rencontre avec Jean-Baptiste Pasteur (fils de Louis) en 1880, Edelfelt développe des liens d’amitié durables avec la famille, dont il devient le portraitiste attitré. Ultime témoignage de ses relations, le Portrait de Madame Pasteur en deuil est présenté à l’Exposition universelle de 1900.

Section 5 – Scènes de la vie moderne
Les portraits représentent environ la moitié de l’oeuvre d’Albert Edelfelt. Son aptitude à l’observation réaliste, conjuguée à sa compréhension du modèle, en fait un portraitiste très recherché par les cercles mondains, tant intellectuels que politiques ou princiers. Sa carrière « sociale » culmine avec les commandes de la famille impériale russe, pour laquelle il réalise des portraits très officiels – tels ceux du tsar Nicolas II – ou plus intimes, à l’image des enfants d’Alexandre III. Remarquable interprète de la grâce féminine, Edelfelt se plaît à représenter les élégantes Parisiennes, dans la sphère publique ou privée, bien souvent sous les traits de son modèle favori, Virginie. Il s’attache à décrire précisément le chatoiement de leurs costumes et le raffinement de leurs accessoires, l’une écrivant une lettre, l’autre lisant, jouant du piano ou posant avec son éventail. Parmi ses égéries, la diva finlandaise Aïno Ackté, fait l’objet de deux portraits d’approche radicalement différente. S’attachant strictement à son statut social, celui de 1901 la représente dans une élégante robe noire doublée d’une veste de fourrure, et coiffée d’un imposant chapeau : rien ne permet de l’identifier comme une cantatrice. L’année suivante, Edelfelt propose une tout autre vision : un portrait de scène. La jeune femme pose dans l’un de ses rôles emblématiques, en Alceste sur les rives du Styx. Drapée de blanc, le regard inspiré, elle est mise en scène devant un arrière-plan théâtral qui dramatise la composition.

Section 6 – Le chant de la terre natale
Parallèlement à sa carrière parisienne, Edelfelt entretient un lien fort avec sa terre natale. Disposant d’un port d’attache à Haikko où il se fait construire un atelier en 1883, il y retourne tous les étés. Le peintre puise dans les paysages septentrionaux et la vie rurale de ses compatriotes des sujets d’inspiration pour les grandes compositions qu’il souhaite présenter au Salon, et avec lesquelles il consolide sa réputation, telles L’Heure de la rentrée des ouvriers et Devant l’église, Finlande. Dans ces oeuvres emblématiques, Edelfelt met en scène l’essence même de ce qui constitue sa patrie : les Finlandais – peuple de paysans et de marins –, les paysages mêlant lacs et forêts (Vue sur Haikko), la lumière crépusculaire (Coucher de soleil sur les collines de Kaukola), sans oublier la neige et les maisons de bois (Paysage d’hiver au parc Kaivopuisto, Helsinki). L’artiste fait preuve d’une grande tendresse dans la représentation de ses concitoyens, qu’il s’agisse d’enfants jouant avec des bateaux de bois ou occupés à des travaux domestiques (Apprentis tailleurs dans un asile d’enfants, Petite fille tricotant une chaussette, Les Constructeurs de navires), d’une femme au visage buriné (Vieille paysanne finlandaise) ou de fiers marins sur le pont d’un navire (Mouillage à Copenhague).

Section 7 – « Pour la Finlande » : oeuvres à connotation patriotique
Grand voyageur et patriote, Albert Edelfelt joue un rôle majeur dans la promotion de la Finlande ainsi que dans sa lutte pour l’indépendance face à l’impérialisme russe, à l’instar de son compatriote Juhani Aho. Outre son lien viscéral à sa terre natale, son attachement aux sujets spécifiquement finlandais participe également d’un réel engagement politique. Ce militantisme affleure dans plusieurs oeuvres, comme le portrait de la chanteuse de runes Larin Paraske, véritable incarnation de l’identité finnoise. Dans sa toile Pêcheurs finlandais, le peintre a donné aux trois personnages guettant l’horizon un air farouche et déterminé, symbole de la patrie bien décidée à lutter contre le joug de l’oppresseur. Diffusé par le biais de copies, ce tableau est devenu une icône de la résistance patriotique. De même, le paysage de L’Île de Särkkä, Helsinki peut être interprété comme un manifeste en faveur de l’autonomie finlandaise, la forteresse installée sur l’île ayant été construite au XVIIIe siècle pour résister à l’envahisseur russe. La posture diplomatique d’Albert Edelfelt est consacrée par sa nomination comme commissaire de la section finlandaise à l’Exposition universelle de 1900. Par son engagement politique et esthétique et sa stature internationale, le peintre s’affirme comme un modèle pour la jeune génération d’artistes finlandais, parmi lesquels Akseli Gallen-Kallela, Helene Schjerfbeck et Magnus Enckell.

Section 8 – Haikko, le retour aux sources
Albert Edelfelt meurt le 18 août 1905 à Haikko, dans ce lieu qui lui est si cher et qu’il continue à représenter jusqu’à la fin de sa vie (Le Cottage des Karlsson, La villa d’été de l’artiste à Haikko). Cette bourgade où il fait construire un atelier d’été en 1883 lui offre un cadre idyllique et ressourçant, à l’opposé du tumulte de la vie parisienne. Haikko constitue pour le peintre un refuge intime, étroitement associé à son univers familial peuplé de femmes : sa mère et sa femme bien sûr, mais aussi la vieille servante de la famille, Tatja, qui lui sert plusieurs fois de modèle, et ses soeurs Berta et Annie (Le Long du rivage, Jeunes filles nouant des guirlandes), dont il est très proche, et qui s’emploient à entretenir sa mémoire et sa renommée. Les deux soeurs publient notamment en 1923 la correspondance d’Albert avec Alexandra, leur mère. Cette parution ne passe pas inaperçue en France : « Des lettres qu’il écrivait à sa mère tandis qu’il étudiait et qu’il commençait à acquérir sa renommée viennent d’être publiées par ses soeurs, écrivains distingués. On y découvre une nature charmante, fine, délicate, ouverte à toutes les impressions » (Journal des Débats, 26 août 1923).