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🔊 “NĂ©o-Romantiques” au musĂ©e Marmottan Monet, Paris, du 8 mars au 18 juin 2023

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“NĂ©o-Romantiques”
Un moment oubliĂ© de l’art moderne 1926-1972

au musée Marmottan Monet, Paris

du 8 mars au 18 juin 2023

Musée Marmottan Monet


Interview de Érik DesmaziĂšres, artiste graveur, acadĂ©micien et directeur du musĂ©e Marmottan Monet, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 8 mars 2023, durĂ©e 15’09. © FranceFineArt. (photo : © Gilles Kraemer, Le Curieux des Arts)

PODCAST –  Interview de Érik DesmaziĂšres, artiste graveur, acadĂ©micien et directeur du musĂ©e Marmottan Monet,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 8 mars 2023, durĂ©e 15’09.
© FranceFineArt.
(photo : © Gilles Kraemer, Le Curieux des Arts)


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©Anne-Fréderique Fer, vernissage presse, le 8 mars 2023.
Christian BĂ©rard et Jean-Michel Frank, Paravent Ă  quatre feuilles rĂ©alisĂ© pour l’appartement de Claire Artaud, 1936. Huile sur toile, bois moulĂ© dorĂ©, 105 x 212 cm. Paris, Alexandre Biaggi. © Francis Amiand.
Christian BĂ©rard et Jean-Michel Frank, Paravent Ă  quatre feuilles rĂ©alisĂ© pour l’appartement de Claire Artaud, 1936. Huile sur toile, bois moulĂ© dorĂ©, 105 x 212 cm. Paris, Alexandre Biaggi. © Francis Amiand.

Extrait du communiqué de presse :

Kristians Tonny, D’aprĂšs Van Eyck (Gertrude Stein), 1930-1936. Encre noire sur tempera sur Manosite collĂ©e sur carton, 61 x 45,4 cm. Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Don de James T. Soby en mĂ©moire de son pĂšre, Charles Soby. @ Allen Phillips / Wadsworth Atheneum.
Kristians Tonny, D’aprĂšs Van Eyck (Gertrude Stein), 1930-1936. Encre noire sur tempera sur Manosite collĂ©e sur carton, 61 x 45,4 cm. Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Don de James T. Soby en mĂ©moire de son pĂšre, Charles Soby. @ Allen Phillips / Wadsworth Atheneum.
ThérÚse Debains, Portrait de jeune garçon, s. d. Huile sur panneau, 58 x 50. Collection particuliÚre. © Photo François Fernandez Nice ADAGP 2022.
ThérÚse Debains, Portrait de jeune garçon, s. d. Huile sur panneau, 58 x 50. Collection particuliÚre. © Photo François Fernandez Nice ADAGP 2022.
Léonide Berman, Malamocco, Lagune vénitienne, 1948. Huile sur toile, 91,5 x 71 cm. Collection de Georgy et Tatiana Khatsenkov. © Maxime Melnikov.
Léonide Berman, Malamocco, Lagune vénitienne, 1948. Huile sur toile, 91,5 x 71 cm. Collection de Georgy et Tatiana Khatsenkov. © Maxime Melnikov.
EugÚne Berman, Sunset (Medusa), 1945. Huile sur toile, 146.4 x 114.3 cm. Gift of the North Carolina State Art Society (Robert F. Phifer Bequest) in honor of Beth Cummings Paschal, G.74.8.2, Raleigh, North Carolina Museum of Art. © Raleigh, North Carolina Museum of Art.
EugÚne Berman, Sunset (Medusa), 1945. Huile sur toile, 146.4 x 114.3 cm. Gift of the North Carolina State Art Society (Robert F. Phifer Bequest) in honor of Beth Cummings Paschal, G.74.8.2, Raleigh, North Carolina Museum of Art. © Raleigh, North Carolina Museum of Art.
EugÚne Berman, ScÚne de la Vie des Bohémiens, 1936. Huile sur panneau, 124,5 x 151,8 cm. Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Don de James T. Soby en mémoire de son pÚre, Charles Soby. @ Allen Phillips / Wadsworth Atheneum.
EugÚne Berman, ScÚne de la Vie des Bohémiens, 1936. Huile sur panneau, 124,5 x 151,8 cm. Hartford, Wadsworth Atheneum Museum of Art, Don de James T. Soby en mémoire de son pÚre, Charles Soby. @ Allen Phillips / Wadsworth Atheneum.
EugÚne Berman, Mélancolie, 1937. Huile sur toile, 57,8 x 80 cm. Collection particuliÚre. © Howard Agriesti.
EugÚne Berman, Mélancolie, 1937. Huile sur toile, 57,8 x 80 cm. Collection particuliÚre. © Howard Agriesti.

Commissariat :
Patrick MauriĂšs,
Ă©crivain, Ă©diteur et critique culturel.



Le musĂ©e Marmottan Monet prĂ©sente du 8 mars au 18 juin 2023, l’exposition « NĂ©o-Romantiques, Un moment oubliĂ© de l’art moderne 1926-1972 ». PrĂšs d’une centaine d’oeuvres, issues de collections privĂ©es et publiques seront rĂ©unies pour faire (re) dĂ©couvrir l’un des premiers mouvements post-modernes fondĂ© sur la remise en cause de l’abstraction et sur le retour Ă  la figure. Sous le commissariat de Patrick MauriĂšs, l’exposition mettra Ă  l’honneur les artistes ayant participĂ© Ă  ce courant, tels que le français Christian BĂ©rard (1902-1949), les russes Pavel Tchelitchew (1898-1957), EugĂšne (1899-1972) et LĂ©onide Berman (1898-1976) et le hollandais Kristians Tonny (1907-1977). D’abord rĂ©unis Ă  Paris, dans les annĂ©es 1920, ces derniers vont participer Ă  la scĂšne artistique amĂ©ricaine, anglaise et italienne crĂ©ant des ponts entre Picasso, le surrĂ©alisme, les figuratifs du XXe siĂšcle et les arts vivants pour lesquels ils crĂ©Ăšrent des spectacles mĂ©morables.

En fĂ©vrier 1926, une exposition Galerie Druet Ă  Paris fut l’évĂ©nement artistique et mondain de la saison. Elle prĂ©sentait un groupe de jeunes peintres qui prenaient acte de l’épuisement de l’abstraction moderniste, et proposaient un retour vers une nouvelle forme de figuration. On peut y voir le premier mouvement post moderne en quelque sorte de l’histoire. Il s’agissait des français Christian BĂ©rard (1902-1949) et ThĂ©rĂšse Debains (1897-1975), des russes Pavel Tchelitchew (1898-1957), EugĂšne (1899-1972) et LĂ©onide Berman (1898-1976), du hollandais Kristians Tonny (1907-1977).

Le critique Waldemar George, qui prit immĂ©diatement conscience du sens que revĂȘtait cette exposition baptisa les peintres ainsi rassemblĂ©s du nom de « nĂ©o-romantiques » ou « nĂ©o-humanistes ».

James Thrall Soby, important collectionneur et figure de l’art moderne aux USA, publia, dix ans plus tard, le seul livre, au demeurant fondamental, qui leur ait jusqu’à prĂ©sent Ă©tĂ© consacrĂ© : After Picasso. Titre significatif car il met au centre de leur dĂ©marche Ă  la fois la figure et l’influence formidables de Picasso (en particulier dans ses pĂ©riodes bleue et rose) et la volontĂ© (ou l’impossibilitĂ©) de le dĂ©passer, de dĂ©gager de nouvelles voies. Il serait de ce point de vue plus judicieux de voir en eux des « nĂ©o-maniĂ©ristes », comme le proposa AndrĂ© Chastel, dressant le parallĂšle avec la problĂ©matique des peintres qui durent assumer l’hĂ©ritage Ă©crasant de LĂ©onard et Michel-Ange.

Quoique liĂ©s d’amitiĂ©, ces divers artistes ne furent pas rĂ©unis dans l’unitĂ© d’un mouvement, et suivirent ensuite, en particulier Ă  cause de la guerre, des trajets divers. Si BĂ©rard resta Ă  Paris, oĂč il devait mourir prĂ©maturĂ©ment, les frĂšres Berman et Tchelitchew partirent pour les Etats-Unis oĂč ils restĂšrent de longues annĂ©es avant de revenir en Europe, Ă  Rome singuliĂšrement, oĂč Tchelitchew et EugĂšne Berman finirent leur carriĂšre.

ConsĂ©quence de ce cosmopolitisme assumĂ©, l’histoire du « nĂ©o romantisme » implique des figures aussi diverses que celles de Gertrude Stein (qui en parle dans l’Autobiographie d’Alice B Toklas), Alfred Barr, Lincoln Kirstein, George Balanchine, le musicien Virgil Thompson, Chick Austin du Wadsworth Atheneum, George Platt Lynes, Joseph Cornell et le galeriste Julian Levy aux États-Unis ; Edward James, Cyril Connolly, Edith Sitwell, Cecil Beaton, Peter Watson, mais aussi deux dĂ©butants –Lucian Freud et Francis Bacon — en Angleterre.

Berman et Tchelitchew furent aussi des figures importantes de la scÚne artistique italienne dans les années soixante, retrouvant de Chirico, qui avait été une figure majeure de leurs débuts, et son frÚre Alberto Savinio.

Enfin, figures de la mondanitĂ© de l’époque, ces peintres furent liĂ©s Ă  des figures telles que celles de Christian Dior (qui organisa leur seconde exposition), Marie Laure de Noailles, Marie Blanche de Polignac (fille de Jeanne Lanvin), Elsa Schiaparelli ou Helena Rubinstein (dont Tchelitchew dĂ©cora l’appartement de l’üle Saint-Louis). Marginal en apparence seulement, ce chapitre mĂ©connu de l’histoire de l’art moderne fait non seulement le lien entre Picasso, le surrĂ©alisme et les grands figuratifs du XXe siĂšcle (auxquels ajouter Balthus) — mais aussi entre les diffĂ©rentes formes d’art : peinture, opĂ©ra et ballet, auxquelles ils s’intĂ©ressĂšrent et pour lesquels ils crĂ©Ăšrent des spectacles mĂ©morables.

Sir Francis Rose, L’Ensemble, 1938. Huile sur toile, 200,5 x 350,5 cm. England & Co. Gallery. © Estate of Sir Francis Rose/photograph © England & Co.
Sir Francis Rose, L’Ensemble, 1938. Huile sur toile, 200,5 x 350,5 cm. England & Co. Gallery. © Estate of Sir Francis Rose/photograph © England & Co.

Parcours de l’exposition – extrait

Il est plutĂŽt rĂ©confortant de penser que l’histoire de l’art moderne, dont on imagine connaĂźtre les moindres dĂ©tails, recĂšle encore des zones d’ombre et des terres inexplorĂ©es. C’est que le grand rĂ©cit de cette histoire de l’art au cours du XXe siĂšcle se paie de silences et d’omissions que le temps contribue Ă  rĂ©parer. Tel est le cas du courant nĂ©o-romantique restĂ© dans les marges des mouvements artistiques, tout en jouissant d’une rĂ©putation discrĂšte et du soutien de personnalitĂ©s aussi fameuses que Gertrude Stein, Julien Green ou Jean Cocteau.

La prĂ©sente exposition est la seule d’une telle ampleur Ă  ĂȘtre consacrĂ©e Ă  ce mouvement depuis son apparition en 1926. Elle rassemble Ă  nouveau, Ă  prĂšs de cent ans d’écart, les participants de la manifestation initiale qui, organisĂ©e Ă  l’improviste par de jeunes artistes liĂ©s d’amitiĂ©, devait cristalliser une nouvelle sensibilitĂ© et trouver un Ă©cho non seulement en France mais en Europe et aux États-Unis jusque dans les annĂ©es 1970.

Une académie imaginaire
Artiste excentrique et touche-Ă -tout, Sir Francis Rose (1909-1979), dont on retrouvera un ensemble d’oeuvres dans le parcours de l’exposition, passa son adolescence dans le sud de la France et frĂ©quenta trĂšs tĂŽt un milieu dont sa mĂšre, particuliĂšrement fantasque, Ă©tait familiĂšre : d’Isadora Duncan Ă  Jean Cocteau, Christian BĂ©rard ou Max Jacob. Il s’installa Ă  Paris entre 1929 et 1936, se forma auprĂšs de Francis Picabia et, bizarre binĂŽme, JosĂ© Maria Sert, avant de se voir chaperonnĂ© par Gertrude Stein qui lui tĂ©moigna d’une indĂ©fectible amitiĂ©. Jamais Ă  court d’entregent, il mena dĂšs les annĂ©es 30 une carriĂšre internationale entre Paris, Londres et New York. La toile imposante que l’on prĂ©sente ici, composĂ©e en 1938, fut exposĂ©e au Petit Palais l’annĂ©e suivante et revient aujourd’hui Ă  Paris pour la premiĂšre fois
 Elle rassemble des figures aussi diverses que l’historien Henry-Russel Hitchcock, le danseur Serge Lifar, le galeriste Georges Maratier, l’écrivain Louis Bromfield, le musicien Virgil Thomson ou la poĂ©tesse Natalie Clifford Barney ; ils entourent Christian BĂ©rard, Pavel Tchelitchew, Jean Cocteau, Gertrude Stein ou Alice B. Toklas dans ce que l’on peut considĂ©rer comme une sorte d’acadĂ©mie imaginaire du NĂ©o-Romantisme.

« Picasso et aprĂšs 
 »

Ou « d’aprĂšs Picasso » ?… le double sens du titre du premier ouvrage consacrĂ© aux NĂ©o-Romantiques en 1935 par leur ami, critique et collectionneur amĂ©ricain, James Thrall Soby (1906-1979), donne une clef de lecture essentielle du mouvement. « AprĂšs Picasso » : comme les maniĂ©ristes du XVIe siĂšcle italien, qui eurent Ă  s’affirmer devant les oeuvres Ă©crasantes de LĂ©onard, RaphaĂ«l ou Michel-Ange, BĂ©rard, Tchelitchew et les frĂšres Berman se trouvĂšrent confrontĂ©s Ă  la crĂ©ation dĂ©jĂ  immense et multiple de Picasso et durent trouver une façon d’y rĂ©pondre. « D’aprĂšs Picasso » : ils le firent en partie en retournant pour ainsi dire cette Ɠuvre contre elle-mĂȘme, et en s’appuyant sur la thĂ©matique mĂ©lancolique, le chromatisme contenu des pĂ©riodes rose et bleue pour tracer une nouvelle voie face Ă  celles du cubisme et de l’abstraction dans lesquelles Picasso Ă©tait alors engagĂ© et qui dominaient la scĂšne artistique, au risque de se figer en un nouvel acadĂ©misme. On ne saurait Ă©videmment rĂ©duire l’approche nĂ©o-romantique Ă  cette seule clef de lecture : le premier surrĂ©alisme, l’oeuvre de Giorgio de Chirico, la peinture « MĂ©taphysique » italienne — que les jeunes artistes dĂ©couvraient alors chez des galeristes influents comme Paul Guillaume, les oeuvres des frĂšres Le Nain, de Degas, Manet ou Vallotton comptent aussi parmi les sources d’inspiration puissantes du nouveau « climat » nĂ©o-romantique qui apparaĂźt au tournant des annĂ©es 20.

L’exposition de 1926 Galerie Druet, Rue Royale, 1926
Fin fĂ©vrier 1926, quelques jeunes artistes, tout juste sortis de l’acadĂ©mie Ranson oĂč ils avaient suivi les cours d’Edouard Vuillard, Felix Vallotton et Maurice Denis, profitĂšrent des liens de l’un d’entre eux, Pierre Charbonnier (1897-1978), avec la galerie pour organiser un accrochage de fortune. Outre ce dernier, artiste encore largement sous-estimĂ©, il s’agissait de Christian BĂ©rard (1902-1949) et ThĂ©rĂšse Debains (1897-1974), d’un jeune prodige hollandais, Kristians Tonny (1907-1977) et de trois jeunes russes ayant fui la rĂ©volution de 1917 : Pavel Tchelitchew (1898-1957), EugĂšne Berman (1899-1972) et son frĂšre LĂ©onide (1896-1976). Ils se distinguaient Ă  quelques traits : le retour Ă  la figuration dans le contexte du cubisme triomphant, une certaine prĂ©dilection pour la reprĂ©sentation du visage et celle de paysages plutĂŽt fantomatiques, une pĂąte souvent Ă©paisse et granuleuse, le refus des contrastes de valeurs au profit d’infimes variations tonales dont rĂ©sultait une surface picturale sombre, Ă  la limite parfois du monochrome. C’était une peinture de la mĂ©lancolie, de l’exil et de la nostalgie. Aussi discrĂšte et improvisĂ©e qu’elle fĂ»t, cette exposition prĂ©cipita un sentiment et une attente diffuse et fut considĂ©rĂ©e par des personnalitĂ©s aussi diverses que Gertrude Stein, le critique Waldemar-George puis l’auteur, quelques annĂ©es plus tard, d’un livre fondateur, James Thrall Soby, comme la manifestationd’un nouvel esprit du temps qui devait passer dans l’histoire sous le terme de NĂ©o-Romantisme.

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