🔊 “Matisse. Cahiers d’art” au Musée de l’Orangerie, Paris, du 1er mars au 29 mai 2023
“Matisse. Cahiers d’art”
Le tournant des années 1930
au Musée de l’Orangerie, Paris
du 1er mars au 29 mai 2023
PODCAST – Interview de Alice Marsal, chargĂ©e de conservation au musĂ©e de l’Orangerie,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 mars 2023, durée 20’43.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :Â
Au musĂ©e de l’Orangerie, ParisÂ
CĂ©cile Debray, PrĂ©sidente du musĂ©e national Picasso – ParisÂ
AssistĂ©e pour la recherche documentaire d’Alice Marsal, chargĂ©e de conservation au musĂ©e de l’OrangerieÂ
Au musĂ©e Matisse, NiceÂ
Claudine Grammont, Directrice du musĂ©e Matisse Ă NiceÂ
Au Philadelphia Museum of Art, PhiladelphieÂ
Matthew Affron, The Muriel and Philip Berman Curator of Modern Art au Philadelphia Museum of Art
Cette exposition est organisée avec le Musée Matisse à Nice et le Philadelphie Museum of Art. Ce projet a bénéficié du soutien déterminant de Cahiers d’Art et des Archives Matisse.
En 1930, Matisse quitte la France pour un voyage Ă Tahiti, marquant ainsi volontairement une pause dans sa crĂ©ation et engageant ainsi un tournant dans son oeuvre. La dĂ©cennie qui s’annonce se caractĂ©rise par un double mouvement : un regard rĂ©trospectif vers les annĂ©es radicales d’avant-guerre et une rĂ©invention moderniste.Â
L’exposition Matisse. Cahiers d’art – Le tournant des annĂ©es 1930, revient sur cette dĂ©cennie dĂ©cisive en ce qu’elle va dĂ©terminer les annĂ©es qui vont suivre et replacer Matisse sur l’échiquier de l’art international durant la pĂ©riode de l’entre-deux guerres. Ce repositionnement s’effectue de manière emblĂ©matique par le truchement d’une revue d’art, celle de Christian Zervos, Cahiers d’art, porte-voix d’un modernisme international, pluridisciplinaire, se faisant Ă©cho des courants esthĂ©tiques de son temps, le surrĂ©alisme notamment, et en rĂ©activant le duo Matisse – Picasso. Aussi, c’est Ă travers ce prisme des Cahiers d’art, que l’oeuvre de Matisse pendant les annĂ©es 1930, sera prĂ©sentĂ©e.Â
Les expositions sur Matisse sont foisonnantes. Or, parmi celles qui ont abordĂ© les diffĂ©rents moments de sa carrière, très peu se sont penchĂ©es spĂ©cifiquement sur les annĂ©es 1930. Matisse. Cahiers d’art – Le tournant des annĂ©es 1930 se consacre exclusivement Ă cette dĂ©cennie et est portĂ©e par trois institutions dans trois lieux emblĂ©matiques de ce moment de l’oeuvre : le Philadelphia Museum of Art, dĂ©sormais Ă quelques centaines de mètre de la Fondation Barnes oĂą se trouve La Danse, le MusĂ©e de l’Orangerie Ă Paris, dĂ©diĂ© Ă la collection Paul Guillaume, un des marchands de Matisse dont la collection d’oeuvres de ce dernier montrĂ©e au dĂ©but des annĂ©es 1930 participe du regain d’intĂ©rĂŞt pour la pĂ©riode radicale d’avant-guerre de Matisse, et enfin le MusĂ©e Matisse de Nice, lieu de vie et de crĂ©ation, source d’inspiration depuis 1917.
Le prisme original de Cahiers d’artÂ
L’exposition rĂ©unit un ensemble significatif d’oeuvres qui permet de cerner les enjeux majeurs de la pĂ©riode. L’approche au travers de Cahiers d’art permet de contextualiser l’oeuvre. Par sa seule prĂ©sence continue dans la revue, Matisse reste un sujet de rĂ©flexion, bien au-delĂ de la seule approche biographique, inscrit dans une actualitĂ© artistique dont il avait Ă©tĂ© progressivement exclu durant les annĂ©es 1920 : elle remet en lumière la dĂ©marche radicale d’avant 1916, participe Ă relancer la compĂ©tition avec Picasso et aussi place stratĂ©giquement Matisse aux cĂ´tĂ©s de Georges Braque, Juan Miro, Fernand LĂ©ger, Vassily Kandinsky, Mondrian, Le Corbusier ou Marcel Duchamp. Émergeant Ă ses dĂ©buts dans le sillage du cubisme, la revue Ă©volue rapidement vers une approche non plus critique mais plus esthĂ©tique, universaliste et transhistorique qui s’oppose au nationalisme conservateur de l’entre-deux guerres. Loin de l’hĂ©ritage classique, les grands modèles de ces valeurs sont les arts extra-occidentaux et les arts archaĂŻques.Â
Un parcours en quatre tempsÂ
Le parcours de l’exposition à Paris articule le travail de Matisse durant la décennie autour de quelques grandes thématiques selon un fil chronologique et en écho aux numéros de la revue. : Un prologue autour de la fin des années 1920 s’appuie sur les premiers numéros de Cahiers d’art de 1926 et 1927 qui intronisent Matisse sur le panorama artistique avec des oeuvres récentes comme les Odalisques, ultimes créations de ladite période de Nice.
1/ Le tournant des annĂ©es de crise 1927-1930, celles du doute, premier thème, est consacrĂ©e principalement au dessin et Ă la gravure et Ă quelques rares toiles complexes, hĂ©sitantes, telles que Femme Ă la voilette (MoMA). Concomitant de cette remise en cause, le vaste mouvement rĂ©trospectif autour de son oeuvre est soutenu par la revue : Georges Duthuit publie son texte sur le fauvisme, des oeuvres de jeunesse sont reproduites çà et lĂ , un numĂ©ro spĂ©cial Matisse accompagne les rĂ©trospectives de 1931.Â
2/La Danse. La lutte d’amour. Second thème, celui du voyage Ă Tahiti et aux Etats-Unis, de la collecte d’objets exotiques et ethnographiques, et surtout de la rĂ©alisation du dĂ©cor monumental de La Danse pour la fondation du Dr Barnes. Dans le cadre de ce vaste chantier, Matisse dĂ©veloppe sa rĂ©flexion sur le dessin autour du thème de la lutte d’amour qui coĂŻncide avec la prĂ©sence, Ă ses cĂ´tĂ©s, de Lydia Delectorskaia, son assistante et modèle.Â
3/ La mĂ©thode. Troisième thème, la mĂ©thode de Matisse. La Danse, dont le processus captĂ© par des Ă©tats photographiques est pour la première fois publiĂ© dans Cahiers d’art en 1935, relance son approche rĂ©flexive de la sĂ©rie ou de la variation en sculpture. Elle engage Ă©galement un retour Ă la peinture avec des tableaux mĂ©ticuleusement Ă©laborĂ©s, ce dont tĂ©moignent les diffĂ©rents Ă©tats photographiques d’oeuvres telles que Le Grand nu couchĂ© (1935, The Baltimore Museum of Art), La dame en bleu (1937, Philadelphia Museum of Art) ou la dĂ©coration de cheminĂ©e Le Chant (1938, Museum of Fine Arts de Houston).Â
4/ Jardin d’hiver. La décennie s’achève, quatrième et dernier thème, sur ce renouveau de la peinture avec une production picturale foisonnante et inventive réalisée dans le cadre de ses nouveaux ateliers niçois, lumineux et spacieux, le quatrième étage de la place Charles-Felix et celui du Regina à partir de 1938, sorte de « jardins d’hiver ». Un ensemble de tableaux de nus ou de figures portant parures, blouses roumaines dans des intérieurs animés de plantes vertes, peints selon une tension vibrante parfois tâtonnante entre la ligne et la couleur, entre l’organisation claire en aplats et profusion de motifs ornementaux, qui montrent une vitalité retrouvée.
Des oeuvres exceptionnellesÂ
Plusieurs oeuvres exceptionnelles, très peu montrées en France, ont été réunies à l’occasion de cette exposition, notamment Le Grand nu couché de Baltimore, Le Chant de Houston ou encore la série des Blouses roumaines de 1938 conservées dans différents musées américains. La densité et la complexité de cette décennie sont suggérées par des sculptures, des objets de la collection de Matisse ou autres, des dessins, des gravures, des peintures mais aussi des tirages récents d’états photographiques, des archives, des fragments de films et des numéros de Cahiers d’art – à l’instar d’un état mental ou d’un atelier actif.
#Publication #ExpoMatisse
Un catalogue de référence est publié en français et en anglais, coédité par les musées d’Orsay et de l’Orangerie et la Réunion des Musées Nationaux. Il réunit les reproductions de l’ensemble des oeuvres, rassemble les essais de plusieurs spécialistes, une chronologie inédite et illustrée élaborée à partir des Archives Matisse et des facsimilés de plusieurs pages de la revue Cahiers d’Art.