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“Loup !“ Qui es-tu ?

au Musée de l’image ville d’Épinal

du 30 novembre 2019 au 31 mai 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 20 septembre 2020)

MusĂ©e de l’image.fr

Interview de Jennifer Heim,
attachée de conservation du patrimoine au Musée de l'image ville d’Épinal et commissaire de l'exposition

PODCAST Interview de Jennifer Heim,
attachĂ©e de conservation du patrimoine au MusĂ©e de l’image ville d’Épinal et commissaire de l’exposition

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Épinal, le 27 novembre 2019, durĂ©e 19’39. © FranceFineArt.

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©Anne-FrĂ©derique Fer, voyage presse et prĂ©sentation de l’exposition par Jennifer Heim, le 27 novembre 2019.

Des enfants attaqués par les loups, couverture de l’Illustré du Petit Journal, daté du 24 décembre 1933. Coll. part. © Musée de l’Image - Ville d’Épinal – cliché Essy Erfani.
Des enfants attaquĂ©s par les loups, couverture de l’IllustrĂ© du Petit Journal, datĂ© du 24 dĂ©cembre 1933. Coll. part. © MusĂ©e de l’Image – Ville d’Épinal – clichĂ© Essy Erfani.
Fables de La Fontaine, Gustave Doré, illustrateur 1890 (édition originale en 1867) « Les loups et les brebis », Gravure sur bois, R.508 P/M. Coll. Bibliothèque multimédia intercommunale, Épinal. © Bibliothèque multimédia intercommunale, Épinal.
Fables de La Fontaine, Gustave DorĂ©, illustrateur 1890 (Ă©dition originale en 1867) « Les loups et les brebis Â», Gravure sur bois, R.508 P/M. Coll. Bibliothèque multimĂ©dia intercommunale, Épinal. © Bibliothèque multimĂ©dia intercommunale, Épinal.
La mauvaise saison (détail), Attribué à Charles Ensfelder, dessinateur, Pellerin & Cie, Épinal, Après 1888. Lithographie coloriée au pochoir. Coll. Musée de l’image, Épinal, dépôt MUDAAC. © Musée de l’Image - Ville d’Épinal – cliché Essy Erfani.
La mauvaise saison (dĂ©tail), AttribuĂ© Ă  Charles Ensfelder, dessinateur, Pellerin & Cie, Épinal, Après 1888. Lithographie coloriĂ©e au pochoir. Coll. MusĂ©e de l’image, Épinal, dĂ©pĂ´t MUDAAC. © MusĂ©e de l’Image – Ville d’Épinal – clichĂ© Essy Erfani.

Extrait du communiqué de presse :

commissariat : Jennifer Heim, AttachĂ©e de conservation du patrimoine au MusĂ©e de l’image.



Ă€ la simple mention de son nom, certains frissonnent dĂ©jĂ . Difficile, aujourd’hui, de porter un regard objectif sur un animal duquel on a tant dit et mĂ©dit. Plus qu’un loup, c’est une image de loup qui apparaĂ®t : celui des contes et des fables, le loup dont on nous menaçait lorsque, enfants, nous n’étions pas sages, la bĂŞte monstrueuse avide de chair humaine, symbole de nos peurs les plus archaĂŻques. Un loup qui parle comme un homme et dont il porterait les vices et dĂ©fauts.

S’il est si compliqué de se représenter un loup simplement pour ce qu’il est, c’est en raison du lourd poids culturel qu’il porte sur ses épaules depuis plusieurs siècles. Sa réputation, sulfureuse, le précède presque toujours.

Depuis le Moyen Âge, le loup se taille une place de choix dans le bestiaire européen fondamental. Aux côtés du renard, de l’ours et du corbeau, il compte parmi les animaux les plus chargés de significations. Parfois admiré, le plus souvent craint voire détesté ou ridiculisé, le loup suscite tous les sentiments hormis celui d’indifférence.

Au récit des sombres faits divers, souvent déformés et amplifiés, s’ajoutent les innombrables contes, fables, légendes, chansons et dessins animés dans lesquels il tient le rôle-titre, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Alors que la question du retour du loup en France depuis 1992 est plus que jamais d’actualité, le musée se penche sur la construction du loup culturel. Celui qui habite notre inconscient collectif et dont l’image se transmet de génération en génération.

Comment le mythe du loup s’est-il construit ? Sur quelles bases la « peur du loup Â» s’est-elle forgĂ©e en Occident ?

Le MusĂ©e de l’image invite Ă  dĂ©couvrir l’aventure culturelle de cet animal Ă  travers l’étude des estampes populaires françaises : tĂ©moignages des regards portĂ©s sur le loup, ces imageries sont aussi, de par leur large audience, de puissants agents de construction et de diffusion du mythe. D’autres oeuvres, issues de la culture savante, enrichissent le parcours de l’exposition.

Parcours de l’exposition

L’exposition « Loup ! Qui es-tu ? Â» prend place dans six espaces d’exposition temporaire du MusĂ©e de l’image, sur une surface totale de près de 320 mètres carrĂ©s ; chacun d’eux Ă©tant identifiĂ© et consacrĂ© Ă  une problĂ©matique. Au sein de chaque salle se succèdent diverses sections, liĂ©es les unes aux autres et portant des titres inspirĂ©s des expressions populaires sur le loup ou tirĂ©es de textes connus, par exemple des Fables de La Fontaine. Chaque salle se distingue par une ambiance diffĂ©rente, incluant parfois le son, imaginĂ©e par la scĂ©nographe Marie Teyssier.

Le parcours est également jalonné de bornes sonores, permettant aux visiteurs d’écouter contes et fables.

Si les images populaires (majoritairement du XIXe siècle) issues du fonds du MusĂ©e de l’image constituent l’objet d’étude principal de l’exposition, d’autres oeuvres viennent enrichir le parcours : Beaux-Arts et arts dĂ©coratifs, musique, spĂ©cimens d’histoire naturelle, documents d’archives, vidĂ©os, extraits sonores, pièges Ă  loup, ouvrages illustrĂ©s, estampes savantes, costumes, sculptures, articles de journaux contemporains, etc.

Promenons-nous dans les bois / Les rapports entre l’homme et le loup
Le loup cĂ´toie l’homme depuis la prĂ©histoire. S’adaptant Ă  des milieux diffĂ©rents, il est prĂ©sent pendant longtemps dans tout l’hĂ©misphère nord. Aussi, de nombreuses civilisations ont observĂ© le loup, s’en sont fait une idĂ©e et lui ont prĂŞtĂ© des symboliques. Les Indiens d’AmĂ©rique le vĂ©nèrent pour sa force et sa bravoure. Les Romains l’honorent : c’est une louve qui, selon la lĂ©gende, aurait allaitĂ© Romulus et RĂ©mus, fondateurs de Rome. La puissance et la sauvagerie du loup suscitent en revanche plus souvent peur et rĂ©vulsion. De la Grèce antique au Siècle des Lumières, en passant par l’âge mĂ©diĂ©val, l’image du loup est associĂ©e Ă  cruautĂ© et violence. […]Cette dĂ©testation millĂ©naire pour le loup naĂ®t au moment oĂą l’homme devient agriculteur et pratique l’élevage de bĂŞtes. Le loup, s’attaquant aux troupeaux, devient un nuisible qu’il convient d’éliminer. Au pĂ©ril certain qu’il reprĂ©sente pour les animaux domestiquĂ©s et, pire, pour les ĂŞtres humains, se superpose la peur chrĂ©tienne du loup perçu comme l’incarnation du Mal. […]

Cabinet de chasse / La chasse au loup
ConsidĂ©rĂ© comme un nuisible, le loup est chassĂ© et traquĂ© sans relâche. La chasse au loup est considĂ©rĂ©e comme la plus noble car difficile. La bĂŞte ne se laisse en effet pas aisĂ©ment approcher et est capable de courir plusieurs kilomètres Ă  grande vitesse. De nombreux traitĂ©s prĂ©sentent les techniques de chasse. La vĂ©nerie, c’est-Ă -dire la chasse Ă  courre, est une des techniques les plus indiquĂ©es. L’incontournable Livre de chasse de Gaston PhĂ©bus (XIVe siècle) fait l’éloge du chien, « la plus noble bĂŞte que Dieu fit jamais Â». La chasse du loup de Jean de Clamorgan compte aussi parmi les traitĂ©s les plus importants Ă©crits Ă  la Renaissance. L’art cynĂ©gĂ©tique – qui a trait Ă  la chasse – fait la part belle aux fĂ©roces confrontations entre chiens et loups. […]

Marjolaine Leray, Un petit chaperon rouge
Marjolaine Leray, jeune illustratrice, propose sa version du conte de Charles Perrault. Un, et non le Petit Chaperon rouge. L’article devient indĂ©fini, le nom perd ses majuscules. Le mythe s’estompe et laisse place Ă  une autre histoire: une fillette vĂŞtue de rouge, dotĂ©e d’une personnalitĂ© propre, rencontre un loup. Marjolaine Leray utilise les deux couleurs fondamentales du conte. Le noir du loup, le rouge du chaperon. Ă€ elles seules, elles expriment et symbolisent. Reprises dans les dialogues, elles se font narratives. Le rouge, envahissant dès la couverture, de victime devient poison glissant dans les sombres entrailles du loup. […]

Qui a peur du grand mĂ©chant loup ? / Le loup mis en scène : les contes et les fables
BĂŞte Ă  laquelle on attribue des intentions malfaisantes en lieu et place des instincts, le loup incarne voracitĂ©, cruautĂ©. Cette charge est exploitĂ©e dans les fables et les contes qui, Ă  leur tour, en amplifient le poids et la portĂ©e. Le loup apparaĂ®t comme un incontournable des histoires pour enfants. Il incarne une menace archĂ©typale, au mĂŞme titre que celle de l’ogre ou du croque-mitaine, terreurs des enfants, et leur serait, selon certains, plus Ă©pouvantable encore… « C’est pour mieux te manger, mon enfant Â»… Qui mieux que le loup, Ă  l’instinct de prĂ©dation sauvage et Ă  l’appĂ©tence supposĂ©e pour la chair des enfants, pourrait incarner le danger qui guette les jeunes filles innocentes ? Au XXe siècle, les analyses du conte du Petit Chaperon rouge mettent en Ă©vidence la symbolique charnelle de ce conte d’initiation, la perte de l’innocence. […]

Mircea Cantor, Deeparture, VidĂ©o, 2005
L’artiste d’origine roumaine Mircea Cantor s’est taillĂ© une place importante sur la scène internationale, exposant dans de nombreux musĂ©es. Il utilise divers moyens d’expression : installation, photographie, objet ou vidĂ©o. Dans la vidĂ©o Deeparture, deux animaux se rĂ©veillent dans un « white cube Â», espace blanc neutre. Il est presque certain que le loup, prĂ©dateur naturel de la biche, va la dĂ©vorer. La tension monte. L’anxiĂ©tĂ© gagne le spectateur, immergĂ© dans la vidĂ©o grand format. Pas de mise en scène pour cette expĂ©rience dont l’issue est inconnue. […]

« Un loup rempli d’humanitĂ© (s’il en est de tels dans le monde) Â» / Le regain d’affection pour le loup – le loup aujourd’hui
Le loup est traquĂ© et chargĂ© des pires symboles en Occident. Devrait-il se sentir coupable d’agissements dont l’origine est instinctive ? DĂ©jĂ  La Fontaine met le doigt sur l’absurditĂ© de la haine que l’homme voue au loup. Ă€ sa suite, les imageries populaires de la fin du XIXe siècle donnent la parole au loup. L’homme rĂŞve d’un monde idĂ©al oĂą loup et agneau vivraient en paix. En attendant, il tente de domestiquer les forces sauvages. Dans un contexte chrĂ©tien, cette tentative prend la forme d’une lutte du Bien contre le Mal. Mais un loup reste un loup, envers et contre tout. Sa sauvagerie, symbole de libertĂ©, est parfois valorisĂ©e. D’autres qualitĂ©s lui sont reconnues : dĂ©vouement envers les siens, sens de la famille… Le Livre de la jungle de Kipling fait Ă©voluer la vision sur le loup Ă  la fin du XIXe siècle. Le loup ne serait-il pas si abominable ? […]