đ âPaul Strand ou l’Ă©quilibre des forcesâ et âHenri Cartier-Bresson, Helen Levittâ Mexico, Ă la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris, du 14 fĂ©vrier au 23 avril 2023
âPaul Strand ou l’Ă©quilibre des forcesâ
et
âHenri Cartier-Bresson, Helen Levittâ Mexico
Ă la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris
du 14 février au 23 avril 2023
Fondation Henri Cartier-Bresson
PODCAST – Interview de ClĂ©ment ChĂ©roux, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 13 fĂ©vrier 2023, durĂ©e 17â37.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Pour son premier cycle dâexpositions en tant que directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson, dans un espace augmentĂ©, le Cube et le Tube, et Ă travers deux propositions, en tant quâhistorien de la photographie, ClĂ©ment ChĂ©roux tisse les liens entre trois personnalitĂ©s de la photographie, Paul Strand, Henri Cartier-Bresson et Helen Levitt oĂč New-York, le Mexique seront les territoires de leurs rencontres.
Le Cube : Paul Strand ou l’Ă©quilibre des forces
Commissaire de l’exposition, ClĂ©ment ChĂ©roux, directeur de la Fondation Henri Cartier-Bresson
La Fondation HCB porte un nouveau regard sur l’oeuvre du photographe amĂ©ricain Paul Strand (1890â1976) Ă partir des collections de la FundaciĂłn MAPFRE, Madrid. Alors que Strand est souvent cĂ©lĂ©brĂ© comme Ă©tant pionnier de la straight photography (ou photographie directe), cette exposition revient Ă©galement sur la dimension profondĂ©ment politique de son travail.
« Les contraires se guĂ©rissent par les contraires » dit la formule. Paul Strand est lâhĂ©ritier de deux grandes traditions photographiques souvent prĂ©sentĂ©es comme antagonistes. Une tendance formaliste cherchant Ă dĂ©montrer que la photographie est un art. Une tendance sociale, lâenvisageant davantage comme un outil documentaire au service dâun projet politique. Alfred Stieglitz et Lewis Hine, qui, dans lâhistoire de la photographie, incarnent ces deux pĂŽles, ont tous les deux Ă©tĂ© les mentors de Strand durant ses annĂ©es de formation, ceci explique peutâĂȘtre cela.
MĂȘme si, au milieu des annĂ©es 1910, Strand photographie le visage du peuple dans les rues de New York, la premiĂšre partie de son Ćuvre est particuliĂšrement marquĂ©e par le formalisme. Lorsquâen 1917, Stieglitz lui consacre le dernier numĂ©ro de sa fameuse revue Camera Work, il sâagit surtout de dĂ©montrer que la photographie possĂšde un langage artistique autonome. Câest Ă partir dâun sĂ©jour au Mexique (1932-1934), puis dâun voyage Ă Moscou (1935), que sa dĂ©marche se politise davantage. Il est membre de lâAmerican Labor Party et travaille avec plus dâune vingtaine dâorganisations qui, au moment du maccarthysme, seront classĂ©es comme « anti-amĂ©ricaines ». Ce qui le conduira Ă quitter les Ătats-Unis et Ă venir sâinstaller en France. Beaucoup des choix de Strand sont dĂ©terminĂ©s par cette conscience politique : ses sujets, les lieux oĂč il photographie, les Ă©crivains avec lesquelles il travaille, mais aussi le choix du livre comme principal vecteur de diffusion de ses images.
Ces derniĂšres dĂ©cennies, nombre dâexpositions consacrĂ©es Ă Strand se sont focalisĂ©es sur son approche formaliste. Sans aucunement minimiser cette dimension, le prĂ©sent projet se propose de recontextualiser Strand en rappelant lâimportance de son engagement politique. Entre recherche formelle et implication sociale, il sâagit bien ici de rĂ©Ă©quilibrer les forces Ă lâoeuvre dans sa pratique. Car si Strand est souvent prĂ©sentĂ© comme lâun des plus grands photographes du XXe siĂšcle, câest prĂ©cisĂ©ment parce quâil a su admirablement proposer une synthĂšse entre ces deux polaritĂ©s.
L’exposition prĂ©sente prĂšs de 120 tirages issus des collections de la FundaciĂłn MAPFRE, Madrid, le film Manhatta rĂ©alisĂ© par Paul Strand et Charles Sheeler en 1921 ainsi que quelques tirages prĂȘtĂ©s par le Centre Pompidou.
Une exposition organisée par la Fondation Henri Cartier-Bresson avec les collections de la Fundación MAPFRE, Madrid.
Le tube : Henri Cartier-Bresson, Helen Levitt : Mexico
Commissariat :Â
AgnĂšs Sire
Clément Chéroux, directeur, Fondation HCB
La Fondation HCB est heureuse de proposer un dialogue inĂ©dit entre les photographies mexicaines de Helen Levitt (1913-2009) et celles de Henri CartierâBresson (1908-2004). Les deux photographes se rencontrent Ă New York au printemps 1935. Henri Cartier-Bresson vient de passer presque un an au Mexique et la photographe amĂ©ricaine commence tout juste Ă photographier le thĂ©Ăątre de la rue new-yorkaise. En 1941, fascinĂ©e par les photographies du Français, Helen Levitt choisit la mĂȘme destination. Ces deux pĂ©riples au Mexique sâavĂšrent dĂ©cisifs au dĂ©but de leurs longues carriĂšres, Henri Cartier-Bresson et Helen Levitt y forgeant leurs conceptions respectives de la photographie.
En 1934, Henri Cartier-Bresson part au Mexique pour suivre une mission ethnographique interrompue en cours de route, faute de financement. TrĂšs sĂ©duit par le pays, il dĂ©cide dây rester neuf mois. « Ce nâest pas une curiositĂ© Ă visiter mais une vie Ă vivre », Ă©crit-il Ă ses parents. Il y rencontre de nombreux artistes et y expose en mars 1935 avec Manuel Ălvarez Bravo au Palacio de Bellas Artes Ă Mexico, avant de partir pour New York.
En avril 1935, ĂągĂ©e de 21 ans et nâayant encore jamais voyagĂ©, Helen Levitt est subjuguĂ©e par les images mexicaines du Français quâelle dĂ©couvre Ă lâoccasion de lâexposition Documentary & AntiâGraphic Photographs prĂ©sentĂ©e Ă la galerie Julien Levy Ă New York. Les photographies dâHenri CartierâBresson cĂŽtoient celles de Manuel Ălvarez Bravo et de Walker Evans. « Walker Evans Ă©tait brillant, trĂšs brillant, mais Cartier-Bresson Ă©tait un gĂ©nie ! » aimait-elle Ă dire. La rencontre avec ces deux derniers dĂ©cide Helen Levitt Ă devenir elle-mĂȘme photographe. Elle aide aussi Henri CartierâBresson pour ses tirages car « il nâaimait pas tirer », racontera-t-elle des annĂ©es plus tard.
Quelques annĂ©es aprĂšs, en 1941, Helen Levitt embarque pour le Mexique en compagnie dâAlma Agee, Ă©pouse du romancier James Agee, et de son fils Joel. De toute sa longue carriĂšre photographique, câest le seul voyage Ă lâĂ©tranger quâelle fera. Elle reste dans la ville de Mexico sâattachant Ă explorer les territoires encore Ă la limite de la campagne. Comme Ă New York, câest lâintimitĂ© avec les personnages de ses images quâelle recherche. Et comme CartierâBresson, câest aussi le pittoresque quâelle fuit.
RĂ©alisĂ©e Ă partir des collections de la Fondation Henri Cartier-Bresson et des archives dâHelen Levitt, reprĂ©sentĂ©es par la Galerie Thomas Zander (Cologne), cette exposition prĂ©sente une soixantaine de tirages dâHenri CartierâBresson et dâHelen Levitt, ainsi que des documents retraçant les pĂ©rĂ©grinations respectives des deux photographes au Mexique.