🔊 “Sur le fil” au MUSVERRE, Sars-Poteries (59), du 11 février au 20 août 2023
“Sur le fil”Â
au MUSVERRE, Sars-Poteries (59)
du 11 février au 20 août 2023
PODCAST – Interview de ElĂ©onore Peretti, Directrice du MusVerre,
par Anne-Frédérique Fer, à Sars-Poteries, le 9 février 2023, durée 13’42.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
commissariat :
Eléonore Peretti, Directrice du MusVerre
L’exposition « Sur le Fil » se propose de réunir une vingtaine d’oeuvres d’artistes de toutes nationalités explorant la thématique du mimétisme et de l’hybridation de la matière.
Préambule à la visite, la magnifique installation d’Aline Thibault, « Au fil de », présentée devant la fenêtre à l’entrée de la salle Grand Angle, frappe d’emblée par la poésie qui s’en dégage. Les reliefs familiers de la machine à coudre ancrent l’oeuvre dans le plan du visiteur, tandis que le verre azuré fragmenté joue avec la lumière, invitant à l’imagination…
Une scénographie épurée, signée Franck Lecorne, se déploie dans la pénombre de la salle d’exposition : la lumière qui émerge ici et là sculpte les contours des oeuvres, révèle les vibrations de couleur et sublime les mille facettes de la
Fil à fil… verre et textile
Le parcours de l’exposition débute par l’évocation des rencontres entre textile et verre : d’emblée la présence humaine s’impose par le biais des mains dévidant les pelotes, démêlant les liens, étreignant les cordes… au-delà de l’esthétique évidente des pièces, c’est surtout un fil social et historique qui se déroule sous les yeux du visiteur. Ainsi les thématiques de la mémoire, de la transmission, mais aussi de la solidarité et de l’effort commun se font-elles jour, sous les doigts de verre manipulant les textiles, puis par les traces d’une influence visant à sublimer l’ensemble.
Lieve Van Stappen file la métaphore d’Ariane, ce guide qui permet à qui le suit de retrouver son chemin ; les mains délicates imaginées par Deborah Hopkins effleurent un fil rouge, comme une histoire qui s’écrirait patiemment sous les yeux du visiteur ; dans l’oeuvre de Karola Dishinger, c’est une corde solidement empoignée qui matérialise le lien et le sentiment d’unité.
Chez Matei Negreanu et Cristiano Bianchin, le verre et le textile se mêlent comme une ode à la beauté et à la poésie, assaisonnée d’un brin de folie.
Quant à Claire Deleurme, Julie Decriem et Montserrat Duran Muntadas, chacune convoque à sa manière l’image de l’aïeule comme figure initiatrice, proposant la découverte de travaux d’aiguille concentrant en réalité des siècles de transmission, l’histoire matrimoniale et sentimentale de plusieurs générations.
La spectaculaire installation « La Femme aux 1000 coeurs » de Montserrat Duran Muntadas clôture magistralement cette première partie dédiée aux hybridations.
De la certitude du verre à l’illusion du tissu
C’est parfois le verre qui se transforme pour évoquer, par sa finesse, un écheveau de liens, la trame d’un tissage, les alvéoles délicates d’une dentelle. Etiré au chalumeau, sublimé dans ses torsades intriquées par le moulage, ou encore thermoformé afin de lui imposer de souples ondulations, le fil de verre évoque les étapes de la transformation du textile. Créant parfois l’illusion, toujours l’admiration, le matériau se texturise au fur et à mesure du cheminement du visiteur, l’invitant à redécouvrir sa beauté… et à questionner ses certitudes.
Anne-Claude Jeitz et Alain Calliste travaillent le fil de verre au chalumeau jusqu’à lui confĂ©rer finesse et brillance ; Carol Milne moule des tricots surdimensionnĂ©s et colorĂ©s qui semblent vibrer d’une vie propre ; quant Ă Ivan Mares, sa pièce conservĂ©e dans les collections permanentes du MusVerre Ă©tonne par la prĂ©cision de ses dĂ©tails et par la sensation de monumentalitĂ© qui s’en dĂ©gage. Ă€ une tout autre Ă©chelle, les prĂ©cieux mouchoirs de Nataliya Vladychko Ă©voquent l’intimitĂ© d’histoires secrètes. Les drapĂ©s chatoyants et ondoyants de Cathryn Shilling font Ă©cho Ă ceux de Barbara Idzikowska, lessive fraĂ®chement Ă©tendue…Â
Enfin, l’exposition se referme par une prouesse artistique et technique, celle du tissu de verre imaginé et conçu par Lucile Viaud et Aurélia Leblanc, aux frontières de l’art et de la science.
Le kiosque
« De la Lumière à la Lumière » Kim Kototamalune et les Bones and Clouds, Jean-Benoîst Sallé et Stéphane Baz. Restitution du travail de résidence réalisé à l’Atelier du MusVerre entre septembre et décembre 2022.
De l’installation Ă l’expĂ©rience immersive… le trio d’artistes a souhaitĂ© faire vivre au visiteur un vĂ©ritable voyage immobile, au coeur de la conscience. Le verre se fait ici instrument de la dĂ©matĂ©rialisation, et passerelle vers une forme de spiritualitĂ©, de ressenti supĂ©rieur.Â
De fĂ©vrier Ă aoĂ»t, sous le Kiosque, « Hors-sol », installation monumentale toute de fils de verre Ă©tirĂ©s au chalumeau, s’anime, dans une semi-pĂ©nombre, de projections qui la subliment. La dentelle de verre, vĂ©ritable langage rhyzomatique inventĂ© par Kim, Ă©voque les liens psychologiques et sociĂ©taux Ă rĂ©inventer ; au-delĂ , il crĂ©e une interface signifiante entre intĂ©rioritĂ© et extĂ©rioritĂ©.Â
En salle MĂ©riaux, les recherches du collectif, prĂ©sentĂ©es de fĂ©vrier Ă mai, crĂ©ent les conditions de la dissociation entre le corps et l’esprit, indispensable prĂ©alable Ă la rĂ©conciliation.Â
Ce voyage onirique invite à (re)découvrir un monde, entre microcosme et macrocosme, où tout fait sens et s’articule harmonieusement dans une unité de conscience supérieure.
À propos du musée
Lieu incontournable de la création verrière internationale, le MusVerre est installé depuis octobre 2016 dans un écrin exceptionnel, paré de pierre bleue, à Sars-Poteries, au coeur du bocage avesnois. Offrant 1 000 m² de surface d’exposition, le MusVerre présente une prestigieuse collection contemporaine d’oeuvres en verre d’artistes du monde entier et de nombreux « bousillés », objets plein de fantaisie et de couleurs créés par les verriers de Sars-Poteries entre 1801 et 1937. Le MusVerre vibre au rythme des expositions temporaires et des nombreux événements et ateliers de création.