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🔊 “Louis Boulanger” Peintre rêveur, à la Maison Victor Hugo, Paris, du 10 novembre 2022 au 5 mars 2023

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“Louis Boulanger“ Peintre rêveur

à la Maison Victor Hugo, Paris

du 10 novembre 2022 au 5 mars 2023

Maison Victor Hugo


Interview de Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, et commissaire scientifique de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 novembre 2022, durée 19’12. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, et commissaire scientifique de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 novembre 2022, durée 19’12.
© FranceFineArt.

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Louis Boulanger
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 9 novembre 2022.
Louis Boulanger, La Esmeralda enlevée par Quasimodo et Claude Frollo appelle Phoebus au secours, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda chez Madame de Gondelaurier, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Claude Frollo et la Esmeralda, Illustration de " Notre-Dame de Paris", vers 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda enlevée par Quasimodo et Claude Frollo appelle Phoebus au secours, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda choisit Gringoire pour époux, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Claude Frollo et la Esmeralda, Illustration de  » Notre-Dame de Paris », vers 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.

Extrait du communiqué de presse :



Louis Boulanger, Adèle à la cerise, 1831-32, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Adèle à la cerise, 1831-32, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Lépoldine à 4 ans, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Lépoldine à 4 ans, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Orientale, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Orientale, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Mort du cheval de Mazeppa, lithographie, 1839, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, Mort du cheval de Mazeppa, lithographie, 1839, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.

Commissaire général

Gérard Audinet, directeur des Maisons de Victor Hugo Paris- Guernesey

Commissaire scientifique

Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans





La Maison de Victor Hugo poursuit sa programmation dédiée aux peintres proches de Victor Hugo, avec une exposition consacrée à Louis Boulanger (1806-1867).

Louis Boulanger est, de tous les peintres du cénacle romantique, le plus proche de Victor Hugo. Ses amitiés avec nombre d’artistes et d’écrivains comme Alexandre Dumas, ou Balzac, qui lui dédie La Femme de trente ans, sa complicité avec des peintres comme les frères Devéria, Alexandre Colin, Eugène Giraud… en font un personnage central de l’époque. Par le grand succès qu’obtient son Mazeppa au salon de 1827, il devient l’un des points de mire de sa génération, et on le désigne souvent comme « le peintre du Mazeppa ». Pourtant son œuvre est riche et diverse. Chantre du romantisme, Boulanger en explore tout le spectre depuis les visions frénétiques et violentes jusqu’aux sujets littéraires plus légers. Il aborde toutes les techniques, donnant ses lettres de noblesse à la toute neuve lithographie et donne une puissance monumentale à l’aquarelle dont la mode vient d’Angleterre. Il est le premier à dessiner des costumes de théâtre et contribue ainsi à créer l’identité visuelle du drame romantique.

Cette exposition monographique regroupe 180 oeuvres empruntées à plus de 30 institutions : musées, collections privées, galeries… et propose de découvrir ce peintre romantique du XIXe siècle injustement méconnu. Elle est accompagnée d’un catalogue aux éditions Paris Musées.




Un parcours en quatre étapes

Une première salle évoque les années de formation, le travail collectif avec les frères Devéria et les intimités qui se nouent avec la famille Hugo. L’art du portrait où Boulanger a excellé constitue un fil rouge de l’exposition.

Une deuxième section fait revivre le romantisme de Louis Boulanger dans tous ses états. Les sujets frénétiques qu’il expose au Salon se rencontrent souvent avec l’inspiration littéraire de ses amis Hugo, Dumas. Il partage un gout prononcé pour la poésie en particulier celle Pétrarque, dès la fin des années 1830 et qui lui inspira son tableau Le Triomphe de Pétrarque pour lequel Théophile Gautier lui dédia un poème.

Un troisième ensemble réunit son travail pour le théâtre et les costumes de scène qu’il dessina pour de nombreux personnages, dont certains lors des mises en scène des pièces de Victor Hugo. Enfin, après avoir évoqué le célèbre voyage en Espagne et en Afrique du Nord en compagnie d’Alxandre Dumas, la dernière section rend justice à l’oeuvre tardive de Boulanger, au travers de ses commandes pour les églises ou des décors civils. Alors qu’il est nommé directeur de l’école des beauxarts et du musée de Dijon, ses ultimes peintures qui parfois renouent avec sa jeunesse, manifestent la permanence de son idéal.

Cette exposition a pour commissaire invitée, Olivia Voisin directrice des musées d’Orléans, spécialiste de l’artiste auquel elle consacre des recherches depuis plus de quinze ans. La préparation de ce projet a aussi été l’occasion de restaurer certaines oeuvres comme le Martyre de Saint-Laurent de l’église parisienne ou le grand carton, seul témoignage subsistant du Triomphe de Pétrarque réalisé pour le marquis de Custine.





#LouisBoulangerPeintreRêveur

Louis Boulanger, La Sachette, la Esmeralda et Claude Frollo, 1831 © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Sachette, la Esmeralda et Claude Frollo, 1831 © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda défendue par la Sachette, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda défendue par la Sachette, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda choisit Gringoire pour époux, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.
Louis Boulanger, La Esmeralda choisit Gringoire pour époux, 1831, © Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey Paris Musées.

Parcours de l’exposition




Consacrer une rétrospective à Louis Boulanger, que Victor Hugo appelait « mon peintre », ne pouvait se faire ailleurs que dans cette maison qu’il a si souvent côtoyée. Elle ramène plus largement aux sources du Romantisme, au début des années 1820, parmi les « nobles noms rayonnant d’espérance » dont se souvient son camarade de bataille Eugène Devéria. Cette génération qui n’avait pas vingt ans, se retrouvait dans la maison des Devéria et rêvait de réformer les arts, les lettres et la musique, pour créer une esthétique moderne. 1827, une « nouvelle école » romantique. Louis Boulanger porte l’un des principaux coups à la doctrine classique avec Le Supplice de Mazeppa, toile monumentale puisant son sujet chez Byron et sa référence pictural chez Rubens. Sa carrière est lancée, les choix de l’artiste resteront toujours radicaux. Son idéal trouve dans son amitié avec Victor Hugo l’expression la plus parfaite du désir de croiser les arts. Le peintre donne corps aux textes du poète en les transposant dans ses oeuvres, tandis que l’auteur révèle la poésie profonde des toiles de son ami. Boulanger sera de toutes les luttes, de l’essor de la lithographe jusqu’au théâtre, où il habille les drames d’Hugo et de Dumas. Ami fidèle et éternel poète, Boulanger conservera toute sa vie la nostalgie de ces temps exaltants, qu’il défendit en peinture jusqu’à sa mort en 1867. Souvent évoqué comme l’illustrateur d’Hugo, il est en réalité l’un des penseurs du mouvement et sa vie, à elle seule, une «histoire» du romantisme.

Un peintre dans le cénacle romantique
Né en 1806 à Vercelli dans le Piémont, Louis Boulanger montre durant son enfance à Paris un goût pour les lettres. L’amitié qu’il tisse avec les neveux de son professeur de latin, Achille et Eugène Devéria, sera déterminante. Achille, l’aîné de cette famille d’origine créole, formé chez Lafitte et Girodet, s’est déjà fait un nom dans l’illustration et influence Louis Boulanger et Eugène Devéria. En 1821, les deux étudiants poursuivent en complément leur apprentissage avec l’académicien Guillaume Guillon Lethière, sans doute choisi pour sa peinture moins marquée par le néoclassicisme. La grande maison familiale des Devéria, 45, rue Notre-Dame-des- Champs, devient à partir de 1824 le quartier général de tous ceux qui veulent renouveler les arts. Les médaillons de David d’Angers conservent le visage de ce cénacle, au sein duquel Louis Boulanger et Victor Hugo sont parmi les personnalités les plus engagées dans la fraternité des arts. Dans un atelier partagé avec Eugène Devéria, Louis prépare le Salon de 1827 et s’imprègne de la vie artistique, notamment au théâtre où son rêve de mélange des arts s’incarne le mieux.

Le temps des coups d’éclat
À la fin de l’année 1827, Le Supplice de Mazeppa*, sujet emprunté à l’écrivain anglais Lord Byron, impose Louis Boulanger au Salon parmi les jeunes chefs de file du romantisme victorieux. Sa toile monumentale s’inspire de Rubens comme modèle et renverse la hiérarchie des genres en traitant un sujet littéraire dans le format de la peinture d’histoire. L’État préfère à son tableau et à celui de Delacroix, ceux de Devéria et Scheffer, ce qui convainc Boulanger de conserver une certaine radicalité. L’éditeur Henri Gaugain, conscient du tournant qui s’opère, l’acquiert et l’offre en 1835 au musée de Rouen. Gaugain a déjà compris l’impact du jeune artiste et réalise avec lui et Achille Devéria des albums de lithographies pionniers, où l’image prévaut sur le texte, tels Souvenirs du théâtre anglais à Paris. C’est néanmoins avec Charles Motte, l’un des éditeurs-lithographes les plus engagés dans la promotion de la « nouvelle école », que Louis Boulanger se montre le plus innovant. En 1829 il développe à son paroxysme son idéal d’échange entre les arts avec une série de lithographies, mais aussi d’aquarelles et de peintures à partir du recueil Les Orientales de son ami Hugo, qui en échange traduit en vers les oeuvres de Boulanger. (*Son format imposant n’a pu permettre sa présentation dans l’exposition mais de nombreuses toiles de grand format seront présentes.)

Un romantique au Salon
Le jeune peintre bouscule les règles académiques et affirme radicalement un univers sombre et dramatique, qui déchaîne haines et passions. Le refus au Salon de 1831 de la monumentale Mort de Bailly, de la Chasse infernale en 1835, du Roi Lear en 1836 ou de la Mort de Messaline en 1843 l’affectent mais multiplient ses soutiens inconditionnels, notamment dans la revue L’Artiste et chez la jeunesse Romantique. Grâce à des admirateurs comme le duc d’Orléans, il reçoit des commandes assurant sa liberté picturale (le frénétique Assassinat du duc d’Orléans rue Barbette) et sa subsistance financière, avec des tableaux religieux ou des décors pour le château de Versailles et la Chambre des Pairs. Sous la monarchie de Juillet, le Salon s’ouvre à des genres et formats auparavant jugés indignes de ce cadre officiel. Boulanger privilégie les sujets littéraires, pris chez le Tasse, Cervantes, Goethe et Hugo, explore les sujets espagnols, érige l’aquarelle et les petits formats empâtés en techniques romantiques par excellence. Laissant de côté les considérations commerciales, il mêle tableaux anciens et récents, souvent déjà vendus, et cherche avant tout à faire la démonstration des références qui lui sont chères. Entre 1837 et 1843, la fraternité des arts est son sujet avec une galerie de portraits habités par une flamme intérieure: Balzac, Antoine Fontaney, Achille Devéria, Pétrus Borel, Francis Wey et Hugo réaffirment la place du groupe.

Boulanger, Hugo et Dumas, regarder la littérature
Sa rencontre avec Victor Hugo en 1824 donne à Louis Boulanger un alter ego avec qui rêver d’abattre les barrières entre les arts. Après les Orientales, Notre-Dame-de-Paris donne lieu au Salon de 1833 à une série de huit aquarelles plongeant dans l’univers truculent du roman, que Boulanger aborde avec une exactitude d’historien. Peu enclin dans un premier temps à abuser de l’illustration dont l’abondance au sein du livre risque de détourner du texte, Hugo doit se plier sous la monarchie de Juillet à cette nouvelle exigence éditoriale devenue indispensable. D’abord engagée dans la recherche de fraternité des arts, la vignette devient en effet un enjeu commercial déterminant le succès d’une publication. Boulanger, qui a déjà mis en image l’oeuvre d’Hugo, est l’artiste tout désigné pour accompagner les rééditions de son ami. Dumas à son tour le sollicite pour ses Crimes célèbres, registre iconographique dont Boulanger a le secret. La littérature est plus que jamais le coeur de ses préoccupations. Traducteur visuel d’écrits, du présent ou du passé, dont il transcrit la puissance évocatrice et révèle la place des auteurs dans l’histoire. Le Triomphe de Pétrarque, commandé par le marquis de Custine et connu grâce à un carton préparatoire, réunit la génération romantique invitée à poser pour cette allégorie d’un nouveau Panthéon, où la Renaissance remplace l’Antiquité des classiques.

La réforme du théâtre
Convaincu du rôle de l’artiste de faire revivre la trame de l’histoire, Boulanger accorde une grande importance à l’exactitude des vêtements, des accessoires et des couleurs en se référant aux documents d’époque. Ce souci du détail en fait un allié précieux du baron Taylor, nommé en 1825 commissaire du gouvernement près du Théâtre-Français avec le souhait de réformer le costume, jusqu’alors confié aux comédiens, pour donner à la scène une plus grande véracité historique. En 1827, la Comédie-Française publie les dessins de Boulanger pour l’adaptation de Quentin Durward de Walter Scott, première collaboration qu’il prolonge à partir de 1830 avec le théâtre d’Hugo puis de Dumas, dans une démesure de moyens qui rend parfois difficile les représentations. Hernani en 1830 sera une étape cruciale dans l’histoire du drame, mais un gouffre financier, comme Caligula de Dumas en 1837 marque le début de l’amitié indéflectible entre Dumas, Boulanger et Giraud. Le costume connaît un engouement sans précédent et justifie le succès ou l’échec d’une pièce. Pour Boulanger, il fait partie intégrante du drame romantique, forme la plus aboutie de ses rêves de fraternité des arts. Ses maquettes transforment les comédiens, souvent membres du cénacle, en véritable personnages sortis de ses tableaux.

Le grand décor
Boulanger montre dès ses débuts avec Mazeppa ou La Mort de Bailly une appétence pour les très grands formats, qui dénotent à la fois son ambition de peintre d’histoire et son goût pour la monumentalité. Si pour des raisons d’espace cette exposition ne peut montrer que partiellement cet aspect deson oeuvre, celui-ci imprègne sa carrière, dans un équilibre permanent entre un format lié au grand genre autant qu’au grand décor. Cette approche n’est pas sans lien avec l’exemple de Rubens et de Véronèse, que Boulanger et Devéria étudient avec passion au Louvre. Comme eux, Boulanger pose un double enjeu dans Le Triomphe de Pétrarque qu’il réalise en 1836 pour l’hôtel particulier de Custine, avant de continuer à Versailles avec la Procession des députés des États-Généraux à Versailles, 4 mai 1789, puis pour la Chambre des Pairs (Sénat) avec huit tympans. Une dimension décorative naît plus clairement à partir de 1846 avec la salle à manger de l’hôtel Mahler, 52, rue du Faubourg Saint-Honoré, pour laquelle Boulanger peint une Danse des Muses et un Festin à la mode vénitienne, inspiré de Véronèse, qu’il accompagne de quatre dessus-deporte sur les quatre saisons et de deux trumeaux (une nature morte et un paon dans un paysage). Ce motif des quatre saisons semble revenir jusqu’à sa mort dans des décors connus par la littérature ou par des esquisses de compositions non localisés. En 1859, la grande allégorie de La Paix entre l’abondance et le travail, exposée en 1853, est acquise par l’État pour servir de plafond au nouveau musée Massey à Tarbes, mais elle est depuis restée en réserve, laissant méconnue la recherche de Boulanger dans le grand décor.

Conserver, se souvenir et transmettre, le legs romantique
Les derniers feux du romantisme dans le coeur du public affectent Boulanger, qui n’en dépose pas pour autant les pinceaux. Il bénéficie régulièrement de commandes publiques et d’achats de l’État en faveur des églises, qui lui valent des revenus réguliers et la possibilité de continuer d’aborder le grand format. Notre-Dame de Pitié à Saint-Saulge et Nevers (1844), Sainte famille à Sens (1845), Les Âmes dans le purgatoire et Les Âmes délivrées à Saint Roch de Paris (1855), L’Apparition du Christ aux Saintes Femmes à Issoudun (1859), La Sainte Famille à Cîteaux (1865) l’occupent autant que les portraits mondains, genre triomphant du Second Empire. Ses envois au Salon se teintent également de lumière à la suite du voyage qu’il réalise en 1846 à Madrid, pour le mariage du duc de Montpensier. Les sujets littéraires restent toutefois plus que jamais son centre d’intérêt. Ses soutiens lui obtiennent en 1849 la commande de La Douleur d’Hécube, en 1855 l’achat de Saint Jérôme et les Romains fugitifs d’après Chateaubriand et surtout, en 1860, la nomination à la direction de l’Ecole des Beaux-Arts et du musée de Dijon, auparavant occupée par son ami Jules Ziegler. Marié en 1856, père en 1860 de Louis-René qui deviendra à son tour peintre, Boulanger recommence depuis Dijon à défendre ses idéaux de jeunesse. Velléda de Chateaubriand, La Ronde sabbat et les brigands de Notre Dame-de-Paris d’Hugo, Virgile, en écho à Dante, reviennent sur les murs du Salon rappeler le temps des convictions. Il meurt le 5 mars 1867 à Dijon, salué dans la presse qui pleure le plus vaillant soldat du romantisme.

Voyage en Espagne
L’Espagne tient une place au moins aussi grande que l’Italie dans l’imaginaire de Boulanger. Dès ses débuts, il est fasciné par les récits de Taylor, de retour de l’expédition d’Espagne menée en 1823 pour rétablir Ferdinand VII sur le trône, et d’Hugo qui y a passé quelques années. Le Portrait de don P., Les Muletiers espagnols et surtout les costumes d’Hernani, créé à la Comédie-Française le 25 février 1830, suggèrent son goût pour la péninsule ibérique, que l’ouverture en 1838 au Louvre de la galerie espagnole de Louis-Philippe ne fait qu’accroître. Son rêve hispanique se concrétise en 1846, à l’occasion du mariage du duc de Montpensier, où il se rend avec les Dumas père et fils, Auguste Maquet et Amédée Achard, rejoints à Madrid par Eugène Giraud et Adolphe Desbarolles. Après être passés à l’aller par le village d’Hernani dans le Pays basque, ils prolongent leur voyage vers l’Andalousie puis l’Afrique du Nord. L’amitié qui lie Dumas, Boulanger et Giraud depuis la mise en scène de Caligula en 1837 à la Comédie-Française garantit une joyeuse équipée, dans laquelle chacun joue un rôle, Boulanger étant chargé de maintenir l’ordre dans les bagages et de vérifier les comptes. Les régions traversées exercent sur lui une profonde impression, loin des sombres visions de sa jeunesse. Il profite du voyage pour réaliser des croquis, des compositions à la plume et des pochades, dont il tire à son retour des tableaux lumineux.