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“Nouveaux chefs-d’oeuvre,
La dation Maya Ruiz-Picasso“ 
et
“Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo“

au Musée national Picasso, Paris

du 16 avril au 31 décembre 2022

Musée national Picasso


Interview de Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du dĂ©partement des collections MusĂ©e national Picasso et co-commissaire des expositions, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 11 avril 2022, durĂ©e 18’34. © FranceFineArt. (Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Emilia Philippot)

PODCAST –  Interview de Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du dĂ©partement des collections MusĂ©e national Picasso et co-commissaire des expositions,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 11 avril 2022, durĂ©e 18’34.
© FranceFineArt.
(Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Emilia Philippot)

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Maya Ruiz-Picasso
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 15 avril 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Du 16 avril au 31 dĂ©cembre 2022, une double exposition consacrĂ©e Ă  Maya Ruiz-Picasso, articulĂ©e en deux volets : « Nouveaux chefs-d’oeuvre. La dation Maya Ruiz-Picasso » et « Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo », sera l’occasion de prĂ©senter au public l’ensemble des neuf oeuvres exceptionnelles de la collection Maya Ruiz-Picasso ayant rejoint les collections nationales par dation, tout en explorant les tĂ©moignages prĂ©cieux d’une relation entre un pĂšre et sa fille.

Pablo Picasso, TĂȘte d’homme, Mougins, 31 juillet 1971. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, TĂȘte d’homme, Mougins, 31 juillet 1971. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait d’Émilie Marguerite Walter (dite «!MĂ©mĂ©!») Royan, 21 octobre 1939. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait d’Émilie Marguerite Walter (dite «!MĂ©mĂ©!») Royan, 21 octobre 1939. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
7) Pablo Picasso, Enfant à la sucette assis sous une chaise, Paris ou Mougins, 27 juillet 1938. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Enfant à la sucette assis sous une chaise, Paris ou Mougins, 27 juillet 1938. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.

# Nouveaux chefs-d’oeuvre. La dation Maya Ruiz-Picasso
Rez-de-chaussĂ©e de l’HĂŽtel SalĂ©


Commissariat :

Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso

En collaboration avec

Johan Popelard, conservateur du patrimoine, responsable des arts graphiques

Juliette Pozzo, responsable de la collection personnelle, chargée de recherches

Joanne Snrech, conservatrice du patrimoine, responsable des peintures

Virginie Perdrisot-Cassan, conservatrice du patrimoine, responsable des sculptures, des céramiques et du mobilier Giacometti au Musée national Picasso-Paris




L’exposition cĂ©lĂšbre l’entrĂ©e dans les collections nationales de neuf chefs-d’oeuvre – six peintures, deux sculptures et un carnet de dessins – par le dispositif de la dation en paiement. PromulguĂ©e le 31 dĂ©cembre 1968, la loi sur la dation permet le rĂšglement en nature des droits de succession. Cette modalitĂ© d’acquisition exceptionnelle est au coeur de l’identitĂ© mĂȘme du MusĂ©e Picasso, spĂ©cifiquement créé pour abriter la dation Pablo Picasso de 1979.



AcceptĂ©e par l’État en 2021, la dation Maya Ruiz-Picasso, du nom de la fille de l’artiste nĂ©e en 1935 de son union avec Marie-ThĂ©rĂšse Walter, s’inscrit dans cette histoire fondatrice du musĂ©e et en prolonge l’esprit. Pluridisciplinaire et couvrant un large spectre temporel, de 1895 Ă  1971, elle constitue un enrichissement majeur pour le patrimoine français et un Ă©vĂ©nement de premier ordre pour le musĂ©e.



OrganisĂ© chronologiquement, le parcours de l’exposition est construit autour de ces neuf chefs-d’oeuvre conservĂ©s par la fille de l’artiste depuis la Succession. À travers un riche ensemble de peintures, sculptures et arts graphiques de Picasso, d’oeuvres issues de sa collection personnelle et une sĂ©lection de prĂȘts remarquables, l’exposition ouvre Ă©galement des perspectives dans le champ de l’art extra-occidental, de l’art ancien et de l’art moderne.

Parcours de l’exposition

DON JOSÉ RUIZ, LE PÈRE DE L’ARTISTE, 1895
Peinte Ă  l’ñge de quatorze ans, la toile est l’un des premiers portraits du pĂšre connus et dĂ©montre la prĂ©cocitĂ© de Picasso dans la maĂźtrise du rendu des modelĂ©s par l’usage du clair-obscur. NĂ© Ă  Malaga en 1840, le pĂšre de l’artiste mĂšne une carriĂšre de professeur et de peintre, d’abord dans sa ville natale, puis Ă  La Corogne et enfin Ă  Barcelone. Il Ă©pouse en 1880 MarĂ­a Picasso-LĂłpez, avec laquelle il aura trois enfants. Don JosĂ© joue un rĂŽle essentiel dans la vocation et la formation de son fils. À La Corogne, Pablo suit des cours de dessin acadĂ©mique et s’initie Ă  l’art du portrait sous sa conduite. Une douzaine de tableaux, parmi lesquels L’Homme Ă  la casquette, datent de cette pĂ©riode, tous dans la veine du rĂ©alisme espagnol. L’environnement familial, notamment la mĂšre de l’artiste et sa soeur Lola, fournit Ă©galement le sujet de dessins tendres qui captent des instants d’intimitĂ©.

TIKI DES ÎLES MARQUISES, XIXÈME SIÈCLE
C’est peu de temps aprĂšs avoir achevĂ© les Demoiselles d’Avignon (1907, The Museum of Modern Art, New York), que Picasso inaugure sa collection d’art africain et ocĂ©anien dont la sculpture tiki des Ăźles Marquises constitue l’une des toutes premiĂšres piĂšces. Cette acquisition rĂ©vĂšle la fascination de l’artiste pour la sculpture sur bois extra-occidentale qui est Ă  l’origine d’une rĂ©invention visuelle inĂ©dite. Figure typique de la culture polynĂ©sienne, le tiki est la reprĂ©sentation d’un ancĂȘtre divinisĂ©. Ses jambes trapues, ses coudes pliĂ©s, ses bras prĂšs du corps et ses mains « en pelles » le caractĂ©risent. La tĂȘte volumineuse, partie la plus sacrĂ©e du corps en PolynĂ©sie, Ă©voque la puissance de l’ĂȘtre qu’elle incarne. Cette schĂ©matisation du corps entre en rĂ©sonnance avec la production artistique de Picasso dans ces mĂȘmes annĂ©es.


ENFANT À LA SUCETTE SOUS UNE CHAISE, 27 JUILLET 1938
PORTRAIT D’ÉMILIE MARGUERITE WALTER (DITE « MÉMÉ »),
ROYAN, 21 OCTOBRE 1939
En 1938, le « style araignĂ©e » que Picasso met en place joue sur les peurs primitives que sont la claustrophobie et l’arachnophobie. Des compositions saturĂ©es de lignes font naĂźtre chez le spectateur un sentiment d’angoisse et d’enfermement. Il fait Ă©cho aux fortes tensions politiques internationales, deux ans aprĂšs le dĂ©but de la guerre d’Espagne et Ă  la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’annĂ©e suivante, ce sont ses proches que Picasso prend pour modĂšles : Émilie Marguerite Walter, la mĂšre de sa compagne Marie-ThĂ©rĂšse, ou encore Dora Maar dans la sĂ©rie des TĂȘte de femme. Ces toiles renouvellent alors le genre du portrait. Les nombreux carnets de dessins qu’il remplit Ă  Royan, oĂč il sĂ©journe par intermittence Ă  partir de la fin de l’étĂ© 1939, tĂ©moignent de l’ébullition crĂ©ative de l’artiste Ă  cette Ă©poque, et notamment de ses explorations morphologiques autour de la figure humaine. À l’automne 1940, Picasso rentre Ă  Paris, oĂč il demeure jusqu’à la fin de la guerre.

LA VÉNUS DU GAZ, JANVIER 1945
Créée en 1945, La VĂ©nus du gaz est nĂ©e d’une seule action, celle de dresser verticalement le brĂ»leur d’un fourneau Ă  gaz. Avec ce geste, Picasso transforme un objet utilitaire en une dĂ©esse de la fĂ©conditĂ© qui Ă©voque par ses formes les statuettes fĂ©minines du palĂ©olithique. MarquĂ©e par le contexte de la guerre, cette statue constitue ainsi tout autant une Ă©vocation du dĂ©sastre qu’un talisman porteur d’espoir. La mĂ©tamorphose du quotidien en oeuvre d’art s’observe tout au long de la carriĂšre de Picasso. L’historien d’art Werner Spies parle du « regard divinatoire » de l’artiste, qui parvient Ă  extraire l’objet de sa fonction pour en rĂ©vĂ©ler uniquement la forme esthĂ©tique. En tĂ©moigne Ă©galement la TĂȘte de taureau, nĂ©e de l’assemblage au printemps 1942, d’une selle et d’un guidon de bicyclette. Toutefois, La VĂ©nus du gaz est la seule oeuvre de Picasso produite par le dĂ©tournement d’un unique objet. Elle relĂšve en ce sens des readymade de Marcel Duchamp – Ă  l’instar de l’iconique Fontaine -, ces objets manufacturĂ©s Ă©levĂ©s avec provocation au rang d’Ɠuvre par la seule dĂ©cision de l’artiste.

EL BOBO, VAUVENARGUES, 14-15 AVRIL 1959 CARNET D’ÉTUDES POUR LE DÉJEUNER SUR L’HERBE, MOUGINS, 15-17 JUIN 1962
Entre janvier 1959 et 1962, Picasso effectue plusieurs sĂ©jours au chĂąteau de Vauvenargues, imposante demeure seigneuriale situĂ©e au pied de la montagne Sainte-Victoire prĂšs d’Aix-en-Provence. Les paysages environnants, rendus cĂ©lĂšbres par Paul CĂ©zanne, lui apparaissent comme une cadre propice Ă  la crĂ©ation. Ce contexte favorise la poursuite d’un travail d’aprĂšs les maĂźtres dont tĂ©moignent El Bobo ou le carnet d’études consacrĂ© au DĂ©jeuner sur l’herbe d’Édouard Manet. Cette « pĂ©riode Vauvenargues » est marquĂ©e, selon les mots de l’historien d’art Maurice Jardot, par le retour Ă  « une Espagne toute intĂ©rieure, ardente, grave, simple et franche » dont « le ton, le timbre, le port de voix sont sans exemple dans l’oeuvre ». La palette de Picasso se compose alors aux couleurs de son pays natal oĂč les rouges, les jaunes, le vert bouteille et le noir dominent.

TÊTE D’HOMME, MOUGINS, 31 JUILLET 1971
Le 23 mai 1973, quelques semaines aprĂšs le dĂ©cĂšs de Picasso, est inaugurĂ©e l’exposition Picasso 1970-1972 au Palais des Papes Ă  Avignon, oĂč sont exposĂ©es 201 toiles rĂ©alisĂ©es par l’artiste depuis septembre 1970. Cet accrochage insolite d’oeuvres sans cadres, installĂ©es sur plusieurs rangs aux murs de la chapelle, rend tangible l’extraordinaire crĂ©ativitĂ© du peintre au cours de ses derniĂšres annĂ©es. Il suscite Ă©galement une grande incomprĂ©hension parmi le public : la simplicitĂ© des compositions, l’exubĂ©rance de la couleur, la rapiditĂ© du trait dĂ©routent jusqu’aux fidĂšles de Picasso. Son ami historien de l’art Douglas Cooper va mĂȘme jusqu’à parler de « gribouillages incohĂ©rents exĂ©cutĂ©s par un vieillard frĂ©nĂ©tique dans l’antichambre de la mort ». Il faut attendre plus de dix ans pour que l’importance de cette pĂ©riode tardive commence Ă  ĂȘtre réévaluĂ©e. Choisie pour figurer sur la couverture du catalogue de l’exposition de 1973, TĂȘte d’homme incarne ainsi Ă  elle seule l’intensitĂ© de cette ultime phase de crĂ©ation.

ÉTUDE POUR UNE JOUEUSE DE MANDOLINE, 2 FÉVRIER 1932
Étude pour une joueuse de mandoline est l’une des cent-onze toiles peintes par Picasso en 1932, annĂ©e durant laquelle la figure de Marie-ThĂ©rĂšse Walter, jeune amante de l’artiste rencontrĂ©e en 1927, envahit chacune de ses peintures. Le tableau, reprenant le motif de la mandoline reprĂ©sentĂ© par le peintre lors de la pĂ©riode cubiste, se distingue des autres toiles par son apparence inachevĂ©e et par la prĂ©sence d’annotations de couleurs dĂ©voilant le processus crĂ©atif de l’artiste. Si ces indications peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©es dans de nombreux dessins et carnets de Picasso, il s’agit Ă  ce jour du seul cas connu en peinture, peut-ĂȘtre destinĂ© Ă  un projet de tapisserie. Bien que le fond soit entiĂšrement recouvert, un simple trait de contour au fusain sert Ă  dessiner les courbes de la figure fĂ©minine et les lignes droites du fauteuil sur un support laissĂ© vierge. Par sa composition, la toile se rapproche formellement de la Femme assise dans un fauteuil rouge, créée deux jours plus tĂŽt, le 31 janvier.

Pablo Picasso, Étude pour une joueuse de mandoline, Paris, 2 fĂ©vrier 1932. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Étude pour une joueuse de mandoline, Paris, 2 fĂ©vrier 1932. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Don JosĂ© Ruiz, le pĂšre de l’artiste, La Corogne, 1895. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Don JosĂ© Ruiz, le pĂšre de l’artiste, La Corogne, 1895. MusĂ©e national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (MusĂ©e national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.

Marie-ThérÚse Walter, Picasso et Maya avec leur chien Riki, boulevard Henri IV, Paris, 25 août 1944. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Marie-ThérÚse Walter, Picasso et Maya avec leur chien Riki, boulevard Henri IV, Paris, 25 août 1944. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait de Maya de profil, Paris, 29 août 1943. Collection particuliÚre. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait de Maya de profil, Paris, 29 août 1943. Collection particuliÚre. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maya au bateau, Paris, 5 février 1938. © Yageo Foundation Collection, Taïwan. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maya au bateau, Paris, 5 février 1938. © Yageo Foundation Collection, Taïwan. © Succession Picasso 2022.

# Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo
1er Ă©tage de l’HĂŽtel SalĂ©



Commissariat :

Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso

Diana Widmaier-Ruiz-Picasso, historienne de l’art




« Le 5 septembre 1935, le temps des fĂ©es Ă©tait passĂ© depuis bien des annĂ©es, cependant je peux dire qu’à ma naissance j’ai eu deux ĂȘtres merveilleux penchĂ©s sur mon berceau : mes parents ! Picasso et Marie-ThĂ©rĂšse. Deux ĂȘtres liĂ©s pour l’éternitĂ©. Unis par un mĂȘme amour de la Vie et de l’Amour ». Maya Ruiz-Picasso (Picasso intime, Collection Maya Ruiz-Picasso, 1981)




MarĂ­a de la ConcepciĂłn, surnommĂ©e Maya, naĂźt le 5 septembre 1935. Elle est la premiĂšre fille de Pablo Picasso et le fruit de son amour passionnel pour Marie-ThĂ©rĂšse Walter, jeune femme rencontrĂ©e en 1927. L’arrivĂ©e de cette enfant est un bouleversement pour Picasso. Dans son oeuvre, elle se traduit par la reprĂ©sentation de scĂšnes de vie intimes emplies de tendresse et la rĂ©alisation d’un ensemble exceptionnel de portraits.


Maya, qui grandit dans une pĂ©riode marquĂ©e par les conflits et les restrictions, inspire Ă©galement Ă  l’artiste la crĂ©ation de jouets de fortune. Les silhouettes en papier dĂ©coupĂ© et les poupĂ©es articulĂ©es rĂ©sonnent alors avec ses prĂ©occupations plastiques du moment. Au lendemain de la guerre, alors que Picasso s’installe dans le sud de la France oĂč il fonde une nouvelle famille, Maya continue de partager des moments de grande complicitĂ© avec son pĂšre en participant en tant qu’assistante au tournage du film Le MystĂšre Picasso.


RĂ©unissant un ensemble exceptionnel de prĂšs de 200 oeuvres, archives et objets personnels, cette exposition met en Ă©vidence l’amour unissant Picasso et sa fille tout autant que l’extraordinaire Ă©nergie crĂ©atrice que l’artiste a dĂ©ployĂ©e pour Maya. PerpĂ©tuant le profond dĂ©sir de filiation qui transparaĂźt dans l’oeuvre et la vie de Picasso, elle rĂ©vĂšle au public un volet intime de son histoire familiale, notamment au travers d’un ensemble inĂ©dit de memorabilia. DĂ©ployĂ© Ă  la maniĂšre d’une mĂ©moire vivante, le parcours recompose un morceau de vie partagĂ©e, tout en portant un nouveau regard sur la crĂ©ation de l’artiste.

Parcours de l’exposition

LES ENFANTS DE PICASSO
Lorsque MarĂ­a de la ConcepciĂłn voit le jour en septembre 1935, Picasso est dĂ©jĂ  pĂšre d’un fils de quatorze ans, Paul (surnommĂ© Paulo), nĂ© de son union avec sa premiĂšre femme, la danseuse des ballets russes Olga Khokhlova, Ă©pousĂ©e en 1918. L’arrivĂ©e annoncĂ©e de cette enfant prĂ©cipite leur sĂ©paration qui survient quelques semaines avant la naissance de Maya, en juin 1935. Elle reprĂ©sente Ă©galement pour l’artiste un bouleversement intĂ©rieur qui se traduit par un arrĂȘt temporaire de la peinture, de mai 1935 Ă  fĂ©vrier 1936. De la mĂȘme maniĂšre qu’il avait consacrĂ© plusieurs portraits Ă  son fils au dĂ©but des annĂ©es 1920, Picasso reprĂ©sente sa fille Ă  maintes reprises, avec une douceur et une tendresse manifeste. Il en sera de mĂȘme pour ses deux derniers enfants, Claude et Paloma, nĂ©s de sa relation avec Françoise Gilot Ă  la fin des annĂ©es 1940.

LES PORTRAITS PEINTS DE MAYA
Entre le 16 janvier 1938 et le 7 novembre 1939, Picasso consacre Ă  sa fille pas moins de quatorze portraits peints. Cette sĂ©rie est « la plus impressionnante dĂ©diĂ©e Ă  un seul enfant » comme le souligne l’historien d’art Werner Spies. Elle se dĂ©marque de tout acadĂ©misme, permet d’apprĂ©hender la description psychologique que Picasso fait de sa fille et rend compte des qualitĂ©s de portraitiste de l’artiste : « Avec ses yeux il regardait. Avec ses mains il dessinait ou modelait. Avec sa peau, ses narines, son coeur, son esprit, ses tripes mĂȘme il ressentait ce que nous Ă©tions, ce que nous cachions, notre ĂȘtre. C’est, je pense, pourquoi il fut capable de comprendre l’ĂȘtre humain, si jeune soit-il, avec tant de vĂ©ritĂ© » (Maya Ruiz-Picasso, Mon pĂšre, cet admirateur Ă©ternel des enfants, 2000).

MARIE-THÉRÈSE WALTER
C’est huit ans aprĂšs leur rencontre fortuite Ă  la sortie des Galeries Lafayette Ă  Paris que Picasso et Marie-ThĂ©rĂšse Walter accueillent la naissance de leur fille Maya. L’arrivĂ©e de l’enfant donne alors lieu Ă  des dessins intimes aux accents parfois mythologiques ou sacrĂ©s. Dans l’intervalle, la jeune femme a inspirĂ© Ă  l’artiste de nombreuses oeuvres. Toutefois, sa prĂ©sence est d’abord cryptĂ©e, en raison notamment de la nature secrĂšte de leur relation alors que Picasso est mariĂ©. SymbolisĂ©e par des guitares au monogramme « MTW » ou plus explicitement figurĂ©e dans des nus fĂ©minins aux formes voluptueuses et sensuelles, Marie-ThĂ©rĂšse est Ă  l’origine d’un jaillissement crĂ©atif sans prĂ©cĂ©dent, placĂ© tout entier sous le signe de l’amour puis de la maternitĂ©. De son cĂŽtĂ©, Maya est Ă©galement annoncĂ©e avant sa mise au monde dans la gravure Minotauromachie, vĂ©ritable chef-d’oeuvre rĂ©alisĂ© quelques mois avant sa naissance.

LES PORTRAITS DESSINÉS DE MAYA
De son plus jeune Ăąge jusqu’à son adolescence, Picasso n’a de cesse de reprĂ©senter sa fille. L’artiste lui consacre de nombreux dessins dans lesquels il Ă©tudie avec minutie son Ă©volution physique et psychique. De facture classique, ces portraits se rĂ©vĂšlent particuliĂšrement fidĂšles Ă  leur jeune modĂšle et expriment le bonheur qu’apporte la fillette Ă  l’existence du peintre. Au-delĂ  de ces oeuvres, c’est aussi la pratique du dessin qui unit le pĂšre et sa fille. Pour Maya en effet, mais aussi avec elle, l’artiste dessine : « Papa dessine-moi
 » et Papa me dessinait ce que je lui demandais avec une patience incroyable ». Se prĂȘtant au jeu de son enfant qui endosse le rĂŽle de maĂźtresse d’école, Picasso accepte Ă©galement volontiers de voir ses compositions notĂ©es, marque d’un touchant renversement des rĂŽles et de la grande complicitĂ© qui les unit.

L’ENFANCE DE L’ART
Durant la guerre et aprĂšs, Maya inspire Ă  son pĂšre la crĂ©ation de silhouettes en papier dĂ©coupĂ©, figurines en carton, poupĂ©es ou vĂ©ritables théùtres de marionnettes. Contrairement aux quelques modĂšles de jouets conventionnels que Picasso reprĂ©sente dans ses peintures, ceux qu’il façonne pour sa fille sont d’une grande inventivitĂ©. ConfectionnĂ©es Ă  partir de matĂ©riaux de rĂ©cupĂ©ration glanĂ©s dans l’atelier – bois, fil de fer, ficelle, tissu, punaises, clous – ces poupĂ©es articulĂ©es traduisent les efforts de l’artiste pour Ă©gayer un quotidien obscurci par l’occupation allemande et les restrictions. Ces objets singuliers, tĂ©moignages de l’économie de survie qui prĂ©domine alors, sont autant de souvenirs chĂ©ris de ces temps troublĂ©s. Faits de matĂ©riaux pauvres, bricolĂ©s de maniĂšre volontairement rudimentaire, ils font preuve d’une crĂ©ativitĂ© pure et renouent avec une certaine enfance de l’art chĂšre Ă  Picasso.

MEMORABILIA
La fin de la guerre voit l’éloignement de Picasso et de sa fille aĂźnĂ©e, essentiellement en raison de l’installation de l’artiste dans le sud de la France Ă  la suite de sa rencontre avec Françoise Gilot avec laquelle il aura bientĂŽt deux nouveaux enfants, Claude et Paloma. Maya reste nĂ©anmoins trĂšs prĂ©sente au sein de cette famille recomposĂ©e qu’elle visite rĂ©guliĂšrement. AuprĂšs de son pĂšre, elle participe ainsi, en tant qu’assistante, Ă  la rĂ©alisation du film d’Henri Georges-Clouzot, Le MystĂšre Picasso. Marque de son profond attachement, Maya conserve, avec la mĂȘme dĂ©votion que sa mĂšre avant elle, les vĂȘtements mais aussi les ongles et les mĂšches de cheveux que l’artiste superstitieux envoyait rĂ©guliĂšrement Ă  Marie-ThĂ©rĂšse pour ĂȘtre soigneusement prĂ©servĂ©s. Entre fascination et angoisse de la mort, Picasso multipliait les rituels pour se prĂ©munir des mauvais sorts. Ces memorabilia sont Ă  la fois les tĂ©moins d’une vĂ©ritable liturgie de l’intime et les rĂ©ceptacles de cette mĂ©moire des annĂ©es de vie partagĂ©es entre la fille et son pĂšre.

Pablo Picasso, Maternité. Paris, 22 janvier 1938. Collection particuliÚre. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maternité. Paris, 22 janvier 1938. Collection particuliÚre. © Succession Picasso 2022.
Marie-ThérÚse Walter, Pablo Picasso et Maya, Clinique du BelvédÚre, Boulogne Billancourt, 6 septembre 1935. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Marie-ThérÚse Walter, Pablo Picasso et Maya, Clinique du BelvédÚre, Boulogne Billancourt, 6 septembre 1935. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.