ArchivesPodcasts

🔊 “Nouveaux chefs-d’oeuvre, La dation Maya Ruiz-Picasso” et “Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo” au Musée national Picasso, Paris, du 16 avril au 31 décembre 2022

Partage


“Nouveaux chefs-d’oeuvre,
La dation Maya Ruiz-Picasso“ 
et
“Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo“

au Musée national Picasso, Paris

du 16 avril au 31 décembre 2022

Musée national Picasso


Interview de Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso et co-commissaire des expositions, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 avril 2022, durée 18’34. © FranceFineArt. (Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Emilia Philippot)

PODCAST –  Interview de Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso et co-commissaire des expositions,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 avril 2022, durée 18’34.
© FranceFineArt.
(Diana Widmaier-Ruiz-Picasso et Emilia Philippot)

son à insérer (click sur remplacer et changer à partir d’un url)

previous arrow
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
17-DSC_0878
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
14-DSC_0845
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
next arrow
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
17-DSC_0878
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
14-DSC_0845
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
Maya Ruiz-Picasso
previous arrow
next arrow
©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 15 avril 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Du 16 avril au 31 décembre 2022, une double exposition consacrée à Maya Ruiz-Picasso, articulée en deux volets : « Nouveaux chefs-d’oeuvre. La dation Maya Ruiz-Picasso » et « Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo », sera l’occasion de présenter au public l’ensemble des neuf oeuvres exceptionnelles de la collection Maya Ruiz-Picasso ayant rejoint les collections nationales par dation, tout en explorant les témoignages précieux d’une relation entre un père et sa fille.

Pablo Picasso, Tête d’homme, Mougins, 31 juillet 1971. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Tête d’homme, Mougins, 31 juillet 1971. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait d’Émilie Marguerite Walter (dite «!Mémé!») Royan, 21 octobre 1939. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait d’Émilie Marguerite Walter (dite «!Mémé!») Royan, 21 octobre 1939. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
7) Pablo Picasso, Enfant à la sucette assis sous une chaise, Paris ou Mougins, 27 juillet 1938. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Enfant à la sucette assis sous une chaise, Paris ou Mougins, 27 juillet 1938. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.

# Nouveaux chefs-d’oeuvre. La dation Maya Ruiz-Picasso
Rez-de-chaussée de l’Hôtel Salé


Commissariat :

Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso

En collaboration avec

Johan Popelard, conservateur du patrimoine, responsable des arts graphiques

Juliette Pozzo, responsable de la collection personnelle, chargée de recherches

Joanne Snrech, conservatrice du patrimoine, responsable des peintures

Virginie Perdrisot-Cassan, conservatrice du patrimoine, responsable des sculptures, des céramiques et du mobilier Giacometti au Musée national Picasso-Paris




L’exposition célèbre l’entrée dans les collections nationales de neuf chefs-d’oeuvre – six peintures, deux sculptures et un carnet de dessins – par le dispositif de la dation en paiement. Promulguée le 31 décembre 1968, la loi sur la dation permet le règlement en nature des droits de succession. Cette modalité d’acquisition exceptionnelle est au coeur de l’identité même du Musée Picasso, spécifiquement créé pour abriter la dation Pablo Picasso de 1979.



Acceptée par l’État en 2021, la dation Maya Ruiz-Picasso, du nom de la fille de l’artiste née en 1935 de son union avec Marie-Thérèse Walter, s’inscrit dans cette histoire fondatrice du musée et en prolonge l’esprit. Pluridisciplinaire et couvrant un large spectre temporel, de 1895 à 1971, elle constitue un enrichissement majeur pour le patrimoine français et un événement de premier ordre pour le musée.



Organisé chronologiquement, le parcours de l’exposition est construit autour de ces neuf chefs-d’oeuvre conservés par la fille de l’artiste depuis la Succession. À travers un riche ensemble de peintures, sculptures et arts graphiques de Picasso, d’oeuvres issues de sa collection personnelle et une sélection de prêts remarquables, l’exposition ouvre également des perspectives dans le champ de l’art extra-occidental, de l’art ancien et de l’art moderne.

Parcours de l’exposition

DON JOSÉ RUIZ, LE PÈRE DE L’ARTISTE, 1895
Peinte à l’âge de quatorze ans, la toile est l’un des premiers portraits du père connus et démontre la précocité de Picasso dans la maîtrise du rendu des modelés par l’usage du clair-obscur. Né à Malaga en 1840, le père de l’artiste mène une carrière de professeur et de peintre, d’abord dans sa ville natale, puis à La Corogne et enfin à Barcelone. Il épouse en 1880 María Picasso-López, avec laquelle il aura trois enfants. Don José joue un rôle essentiel dans la vocation et la formation de son fils. À La Corogne, Pablo suit des cours de dessin académique et s’initie à l’art du portrait sous sa conduite. Une douzaine de tableaux, parmi lesquels L’Homme à la casquette, datent de cette période, tous dans la veine du réalisme espagnol. L’environnement familial, notamment la mère de l’artiste et sa soeur Lola, fournit également le sujet de dessins tendres qui captent des instants d’intimité.

TIKI DES ÎLES MARQUISES, XIXÈME SIÈCLE
C’est peu de temps après avoir achevé les Demoiselles d’Avignon (1907, The Museum of Modern Art, New York), que Picasso inaugure sa collection d’art africain et océanien dont la sculpture tiki des îles Marquises constitue l’une des toutes premières pièces. Cette acquisition révèle la fascination de l’artiste pour la sculpture sur bois extra-occidentale qui est à l’origine d’une réinvention visuelle inédite. Figure typique de la culture polynésienne, le tiki est la représentation d’un ancêtre divinisé. Ses jambes trapues, ses coudes pliés, ses bras près du corps et ses mains « en pelles » le caractérisent. La tête volumineuse, partie la plus sacrée du corps en Polynésie, évoque la puissance de l’être qu’elle incarne. Cette schématisation du corps entre en résonnance avec la production artistique de Picasso dans ces mêmes années.


ENFANT À LA SUCETTE SOUS UNE CHAISE, 27 JUILLET 1938
PORTRAIT D’ÉMILIE MARGUERITE WALTER (DITE « MÉMÉ »),
ROYAN, 21 OCTOBRE 1939
En 1938, le « style araignée » que Picasso met en place joue sur les peurs primitives que sont la claustrophobie et l’arachnophobie. Des compositions saturées de lignes font naître chez le spectateur un sentiment d’angoisse et d’enfermement. Il fait écho aux fortes tensions politiques internationales, deux ans après le début de la guerre d’Espagne et à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’année suivante, ce sont ses proches que Picasso prend pour modèles : Émilie Marguerite Walter, la mère de sa compagne Marie-Thérèse, ou encore Dora Maar dans la série des Tête de femme. Ces toiles renouvellent alors le genre du portrait. Les nombreux carnets de dessins qu’il remplit à Royan, où il séjourne par intermittence à partir de la fin de l’été 1939, témoignent de l’ébullition créative de l’artiste à cette époque, et notamment de ses explorations morphologiques autour de la figure humaine. À l’automne 1940, Picasso rentre à Paris, où il demeure jusqu’à la fin de la guerre.

LA VÉNUS DU GAZ, JANVIER 1945
Créée en 1945, La Vénus du gaz est née d’une seule action, celle de dresser verticalement le brûleur d’un fourneau à gaz. Avec ce geste, Picasso transforme un objet utilitaire en une déesse de la fécondité qui évoque par ses formes les statuettes féminines du paléolithique. Marquée par le contexte de la guerre, cette statue constitue ainsi tout autant une évocation du désastre qu’un talisman porteur d’espoir. La métamorphose du quotidien en oeuvre d’art s’observe tout au long de la carrière de Picasso. L’historien d’art Werner Spies parle du « regard divinatoire » de l’artiste, qui parvient à extraire l’objet de sa fonction pour en révéler uniquement la forme esthétique. En témoigne également la Tête de taureau, née de l’assemblage au printemps 1942, d’une selle et d’un guidon de bicyclette. Toutefois, La Vénus du gaz est la seule oeuvre de Picasso produite par le détournement d’un unique objet. Elle relève en ce sens des readymade de Marcel Duchamp – à l’instar de l’iconique Fontaine -, ces objets manufacturés élevés avec provocation au rang d’œuvre par la seule décision de l’artiste.

EL BOBO, VAUVENARGUES, 14-15 AVRIL 1959 CARNET D’ÉTUDES POUR LE DÉJEUNER SUR L’HERBE, MOUGINS, 15-17 JUIN 1962
Entre janvier 1959 et 1962, Picasso effectue plusieurs séjours au château de Vauvenargues, imposante demeure seigneuriale située au pied de la montagne Sainte-Victoire près d’Aix-en-Provence. Les paysages environnants, rendus célèbres par Paul Cézanne, lui apparaissent comme une cadre propice à la création. Ce contexte favorise la poursuite d’un travail d’après les maîtres dont témoignent El Bobo ou le carnet d’études consacré au Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet. Cette « période Vauvenargues » est marquée, selon les mots de l’historien d’art Maurice Jardot, par le retour à « une Espagne toute intérieure, ardente, grave, simple et franche » dont « le ton, le timbre, le port de voix sont sans exemple dans l’oeuvre ». La palette de Picasso se compose alors aux couleurs de son pays natal où les rouges, les jaunes, le vert bouteille et le noir dominent.

TÊTE D’HOMME, MOUGINS, 31 JUILLET 1971
Le 23 mai 1973, quelques semaines après le décès de Picasso, est inaugurée l’exposition Picasso 1970-1972 au Palais des Papes à Avignon, où sont exposées 201 toiles réalisées par l’artiste depuis septembre 1970. Cet accrochage insolite d’oeuvres sans cadres, installées sur plusieurs rangs aux murs de la chapelle, rend tangible l’extraordinaire créativité du peintre au cours de ses dernières années. Il suscite également une grande incompréhension parmi le public : la simplicité des compositions, l’exubérance de la couleur, la rapidité du trait déroutent jusqu’aux fidèles de Picasso. Son ami historien de l’art Douglas Cooper va même jusqu’à parler de « gribouillages incohérents exécutés par un vieillard frénétique dans l’antichambre de la mort ». Il faut attendre plus de dix ans pour que l’importance de cette période tardive commence à être réévaluée. Choisie pour figurer sur la couverture du catalogue de l’exposition de 1973, Tête d’homme incarne ainsi à elle seule l’intensité de cette ultime phase de création.

ÉTUDE POUR UNE JOUEUSE DE MANDOLINE, 2 FÉVRIER 1932
Étude pour une joueuse de mandoline est l’une des cent-onze toiles peintes par Picasso en 1932, année durant laquelle la figure de Marie-Thérèse Walter, jeune amante de l’artiste rencontrée en 1927, envahit chacune de ses peintures. Le tableau, reprenant le motif de la mandoline représenté par le peintre lors de la période cubiste, se distingue des autres toiles par son apparence inachevée et par la présence d’annotations de couleurs dévoilant le processus créatif de l’artiste. Si ces indications peuvent également être observées dans de nombreux dessins et carnets de Picasso, il s’agit à ce jour du seul cas connu en peinture, peut-être destiné à un projet de tapisserie. Bien que le fond soit entièrement recouvert, un simple trait de contour au fusain sert à dessiner les courbes de la figure féminine et les lignes droites du fauteuil sur un support laissé vierge. Par sa composition, la toile se rapproche formellement de la Femme assise dans un fauteuil rouge, créée deux jours plus tôt, le 31 janvier.

Pablo Picasso, Étude pour une joueuse de mandoline, Paris, 2 février 1932. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Étude pour une joueuse de mandoline, Paris, 2 février 1932. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Don José Ruiz, le père de l’artiste, La Corogne, 1895. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris)"/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Don José Ruiz, le père de l’artiste, La Corogne, 1895. Musée national Picasso-Paris. Dation Maya Ruiz-Picasso 2021. © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) »/ Rachel Prat. © Succession Picasso 2022.

Marie-Thérèse Walter, Picasso et Maya avec leur chien Riki, boulevard Henri IV, Paris, 25 août 1944. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Marie-Thérèse Walter, Picasso et Maya avec leur chien Riki, boulevard Henri IV, Paris, 25 août 1944. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait de Maya de profil, Paris, 29 août 1943. Collection particulière. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Portrait de Maya de profil, Paris, 29 août 1943. Collection particulière. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maya au bateau, Paris, 5 février 1938. © Yageo Foundation Collection, Taïwan. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maya au bateau, Paris, 5 février 1938. © Yageo Foundation Collection, Taïwan. © Succession Picasso 2022.

# Maya Ruiz-Picasso, fille de Pablo
1er étage de l’Hôtel Salé



Commissariat :

Emilia Philippot, conservatrice en chef du patrimoine, cheffe du département des collections Musée national Picasso

Diana Widmaier-Ruiz-Picasso, historienne de l’art




« Le 5 septembre 1935, le temps des fées était passé depuis bien des années, cependant je peux dire qu’à ma naissance j’ai eu deux êtres merveilleux penchés sur mon berceau : mes parents ! Picasso et Marie-Thérèse. Deux êtres liés pour l’éternité. Unis par un même amour de la Vie et de l’Amour ». Maya Ruiz-Picasso (Picasso intime, Collection Maya Ruiz-Picasso, 1981)




María de la Concepción, surnommée Maya, naît le 5 septembre 1935. Elle est la première fille de Pablo Picasso et le fruit de son amour passionnel pour Marie-Thérèse Walter, jeune femme rencontrée en 1927. L’arrivée de cette enfant est un bouleversement pour Picasso. Dans son oeuvre, elle se traduit par la représentation de scènes de vie intimes emplies de tendresse et la réalisation d’un ensemble exceptionnel de portraits.


Maya, qui grandit dans une période marquée par les conflits et les restrictions, inspire également à l’artiste la création de jouets de fortune. Les silhouettes en papier découpé et les poupées articulées résonnent alors avec ses préoccupations plastiques du moment. Au lendemain de la guerre, alors que Picasso s’installe dans le sud de la France où il fonde une nouvelle famille, Maya continue de partager des moments de grande complicité avec son père en participant en tant qu’assistante au tournage du film Le Mystère Picasso.


Réunissant un ensemble exceptionnel de près de 200 oeuvres, archives et objets personnels, cette exposition met en évidence l’amour unissant Picasso et sa fille tout autant que l’extraordinaire énergie créatrice que l’artiste a déployée pour Maya. Perpétuant le profond désir de filiation qui transparaît dans l’oeuvre et la vie de Picasso, elle révèle au public un volet intime de son histoire familiale, notamment au travers d’un ensemble inédit de memorabilia. Déployé à la manière d’une mémoire vivante, le parcours recompose un morceau de vie partagée, tout en portant un nouveau regard sur la création de l’artiste.

Parcours de l’exposition

LES ENFANTS DE PICASSO
Lorsque María de la Concepción voit le jour en septembre 1935, Picasso est déjà père d’un fils de quatorze ans, Paul (surnommé Paulo), né de son union avec sa première femme, la danseuse des ballets russes Olga Khokhlova, épousée en 1918. L’arrivée annoncée de cette enfant précipite leur séparation qui survient quelques semaines avant la naissance de Maya, en juin 1935. Elle représente également pour l’artiste un bouleversement intérieur qui se traduit par un arrêt temporaire de la peinture, de mai 1935 à février 1936. De la même manière qu’il avait consacré plusieurs portraits à son fils au début des années 1920, Picasso représente sa fille à maintes reprises, avec une douceur et une tendresse manifeste. Il en sera de même pour ses deux derniers enfants, Claude et Paloma, nés de sa relation avec Françoise Gilot à la fin des années 1940.

LES PORTRAITS PEINTS DE MAYA
Entre le 16 janvier 1938 et le 7 novembre 1939, Picasso consacre à sa fille pas moins de quatorze portraits peints. Cette série est « la plus impressionnante dédiée à un seul enfant » comme le souligne l’historien d’art Werner Spies. Elle se démarque de tout académisme, permet d’appréhender la description psychologique que Picasso fait de sa fille et rend compte des qualités de portraitiste de l’artiste : « Avec ses yeux il regardait. Avec ses mains il dessinait ou modelait. Avec sa peau, ses narines, son coeur, son esprit, ses tripes même il ressentait ce que nous étions, ce que nous cachions, notre être. C’est, je pense, pourquoi il fut capable de comprendre l’être humain, si jeune soit-il, avec tant de vérité » (Maya Ruiz-Picasso, Mon père, cet admirateur éternel des enfants, 2000).

MARIE-THÉRÈSE WALTER
C’est huit ans après leur rencontre fortuite à la sortie des Galeries Lafayette à Paris que Picasso et Marie-Thérèse Walter accueillent la naissance de leur fille Maya. L’arrivée de l’enfant donne alors lieu à des dessins intimes aux accents parfois mythologiques ou sacrés. Dans l’intervalle, la jeune femme a inspiré à l’artiste de nombreuses oeuvres. Toutefois, sa présence est d’abord cryptée, en raison notamment de la nature secrète de leur relation alors que Picasso est marié. Symbolisée par des guitares au monogramme « MTW » ou plus explicitement figurée dans des nus féminins aux formes voluptueuses et sensuelles, Marie-Thérèse est à l’origine d’un jaillissement créatif sans précédent, placé tout entier sous le signe de l’amour puis de la maternité. De son côté, Maya est également annoncée avant sa mise au monde dans la gravure Minotauromachie, véritable chef-d’oeuvre réalisé quelques mois avant sa naissance.

LES PORTRAITS DESSINÉS DE MAYA
De son plus jeune âge jusqu’à son adolescence, Picasso n’a de cesse de représenter sa fille. L’artiste lui consacre de nombreux dessins dans lesquels il étudie avec minutie son évolution physique et psychique. De facture classique, ces portraits se révèlent particulièrement fidèles à leur jeune modèle et expriment le bonheur qu’apporte la fillette à l’existence du peintre. Au-delà de ces oeuvres, c’est aussi la pratique du dessin qui unit le père et sa fille. Pour Maya en effet, mais aussi avec elle, l’artiste dessine : « Papa dessine-moi… » et Papa me dessinait ce que je lui demandais avec une patience incroyable ». Se prêtant au jeu de son enfant qui endosse le rôle de maîtresse d’école, Picasso accepte également volontiers de voir ses compositions notées, marque d’un touchant renversement des rôles et de la grande complicité qui les unit.

L’ENFANCE DE L’ART
Durant la guerre et après, Maya inspire à son père la création de silhouettes en papier découpé, figurines en carton, poupées ou véritables théâtres de marionnettes. Contrairement aux quelques modèles de jouets conventionnels que Picasso représente dans ses peintures, ceux qu’il façonne pour sa fille sont d’une grande inventivité. Confectionnées à partir de matériaux de récupération glanés dans l’atelier – bois, fil de fer, ficelle, tissu, punaises, clous – ces poupées articulées traduisent les efforts de l’artiste pour égayer un quotidien obscurci par l’occupation allemande et les restrictions. Ces objets singuliers, témoignages de l’économie de survie qui prédomine alors, sont autant de souvenirs chéris de ces temps troublés. Faits de matériaux pauvres, bricolés de manière volontairement rudimentaire, ils font preuve d’une créativité pure et renouent avec une certaine enfance de l’art chère à Picasso.

MEMORABILIA
La fin de la guerre voit l’éloignement de Picasso et de sa fille aînée, essentiellement en raison de l’installation de l’artiste dans le sud de la France à la suite de sa rencontre avec Françoise Gilot avec laquelle il aura bientôt deux nouveaux enfants, Claude et Paloma. Maya reste néanmoins très présente au sein de cette famille recomposée qu’elle visite régulièrement. Auprès de son père, elle participe ainsi, en tant qu’assistante, à la réalisation du film d’Henri Georges-Clouzot, Le Mystère Picasso. Marque de son profond attachement, Maya conserve, avec la même dévotion que sa mère avant elle, les vêtements mais aussi les ongles et les mèches de cheveux que l’artiste superstitieux envoyait régulièrement à Marie-Thérèse pour être soigneusement préservés. Entre fascination et angoisse de la mort, Picasso multipliait les rituels pour se prémunir des mauvais sorts. Ces memorabilia sont à la fois les témoins d’une véritable liturgie de l’intime et les réceptacles de cette mémoire des années de vie partagées entre la fille et son père.

Pablo Picasso, Maternité. Paris, 22 janvier 1938. Collection particulière. © Succession Picasso 2022.
Pablo Picasso, Maternité. Paris, 22 janvier 1938. Collection particulière. © Succession Picasso 2022.
Marie-Thérèse Walter, Pablo Picasso et Maya, Clinique du Belvédère, Boulogne Billancourt, 6 septembre 1935. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.
Marie-Thérèse Walter, Pablo Picasso et Maya, Clinique du Belvédère, Boulogne Billancourt, 6 septembre 1935. © Archives Maya Ruiz-Picasso. © Succession Picasso 2022.