🔊 “Martin Margiela” à Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, Paris, du 20 octobre 2021 au 2 janvier 2022
“Martin Margiela“
à Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, Paris
du 20 octobre 2021 au 2 janvier 2022
PODCAST – Interview de Rebecca Lamarche-Vadel, directrice Lafayette Anticipations et commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 octobre 2021, durée 16’21.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaire : Rebecca Lamarche-Vadel, directrice Lafayette Anticipations
Pour sa première exposition monographique, Lafayette Anticipations invite Martin Margiela à prendre possession et métamorphoser l’ensemble de ses espaces.
Entre installations, sculptures, collages, peintures et film, cette exposition présente plus d’une quarantaine d’oeuvres inédites et poursuit une hypothèse : Martin Margiela a toujours été un artiste. Reconnu internationalement depuis la fin des années 80 dans le domaine de la mode, il s’est attaché, durant toute sa carrière de créateur, à en bouleverser un à un les codes au travers de défilés, de matières et de silhouettes devenus depuis des révolutions conceptuelles et esthétiques.
La puissance et l’audace des gestes qu’il a déployés ont repoussé les frontières de l’art, au-delà de ses territoires classiquement consacrés. Il n’a jamais cessé de proposer de nouvelles zones d’expérience en étendant en permanence les limites de l’oeuvre.
Pensée comme une oeuvre d’art totale, l’exposition à Lafayette Anticipations est une expérience qui poursuit l’obsession de l’artiste pour la transformation et le détournement.
Prenant les habitudes des visiteur.euse.s à contre-pied, chacun.e est invité.e à entrer par la sortie de secours et à s’immerger dans un parcours labyrinthique au gré duquel les oeuvres apparaissent et disparaissent selon différents points de vue ménagés au fil de la visite.
Fidèle à son iconoclasme, c’est au travers d’une grande variété de médiums que l’exposition se déploie. Les références de Martin Margiela concilient sans hiérarchie un tableau du Caravage et un emballage de coloration pour cheveux. L’ensemble de ces emprunts forme le portrait d’un artiste qui n’a de cesse de s’interroger sur l’exercice du regard et de l’attention.
L’ensemble des oeuvres, produit en grande partie sur place dans les ateliers de la Fondation, reprend des obsessions propres à l’artiste, le corps y est très présent : anatomies inspirées de la tradition académique, cheveux et épiderme frôlant l’abstraction comme autant de traces du passage du temps.
Le thème de la disparition est omniprésent, Martin Margiela n’a jamais eu peur de l’absence. Chez lui, la vie d’un objet ou d’un être n’est jamais terminée, il est toujours en mutation, prompt à une multitude de renaissances.
Pour l’artiste, l’idée même de fin est un fantasme, et l’inachèvement un état fondamental.
A contre-courant des valeurs dominantes, Martin Margiela célèbre la beauté du vulnérable, de la fragilité et de la fugacité. Il parvient, en ajustant nos perspectives, à transformer l’anodin et le trivial en sujets propices à la découverte, à la surprise et à une forme de réenchantement.
« Martin Margiela est un artiste. Depuis plus de vingt ans, il n’a cessé d’offrir de nouvelles zones d’expériences. Son talent s’exprime à travers tous les médiums, et son oeuvre sans limites, de la mode à la performance et à la peinture, participe à étendre en permanence les territoires de l’art. Il nous pousse sans cesse à interroger notre regard sur le monde. Le passage du temps, le hasard, le secret, sont des thèmes qui nourrissent son travail et renouvellent nos perspectives. A contre-courant des valeurs dominantes, Martin Margiela et son oeuvre cultivent le mystère, une obsession pour la disparition, les êtres discrets, les objets délaissés, les lieux et les événements inaperçus. Il les élève à une dignité nouvelle. » Rebecca Lamarche-Vadel, directrice de Lafayette Anticipations et commissaire de l’exposition
Biographie
Martin Margiela est né en 1957 à Louvain en Belgique d’un père polonais et d’une mère belge. Il vit et travaille entre la Belgique et Paris.
Adolescent, il suit durant trois ans les cours de formation artistique de l’école Sint-Lukas à Hasselt (Belgique), puis entre au département Mode de l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers en 1977.
Une fois diplômé, il travaille en free-lance en Italie puis en Belgique avant de se diriger vers Paris, où il devient premier assistant de Jean-Paul Gaultier de 1984 à 1987. Maison Martin Margiela voit le jour en 1988 dans cette même ville. Son style est unique et avant-gardiste, loin des repères traditionnels.
Martin Margiela est le premier à instituer le recyclage dans ses créations en utilisant des chaussettes de l’armée, de la vaisselle cassée, des vêtements chinés aux puces et des emballages plastiques, entre autres. Ses tenues portent des traces d’usure et sa mode dépasse très souvent les frontières du vêtement. Les lieux choisis pour ses défilés sont tout aussi anticonformistes : une station de métro désaffectée, un entrepôt SNCF et un terrain vague devenu mythique.
Des liens se créent très tôt avec le monde de l’art grâce à l’exposition de ses créations à la galerie Thaddaeus Ropac (Paris) ou dans des institutions telles que BOZAR (Bruxelles), Museum Boijmans Van Beuningen (Rotterdam), Haus der Kunst (Munich), le LACMA (Los Angeles) et la Somerset House (Londres).
En 1997, tout en continuant à oeuvrer pour sa propre griffe, il est nommé directeur artistique du prêt-à-porter féminin d’Hermès à la surprise générale. Il y travaille pendant douze saisons jusqu’en 2003. En 2008, il décide d’abandonner la mode juste après le défilé des vingt ans de Maison Martin Margiela. Depuis, il se consacre exclusivement aux arts visuels.