ArchivesPodcasts

🔊 “Claudia & Julia Müller” Une brève histoire de baskets sales, au Centre culturel Suisse, Paris, du 12 septembre au 14 novembre 2021

Partage


“Claudia & Julia Müller“
Une brève histoire de baskets sales

au Centre culturel Suisse, Paris

du 12 septembre au 14 novembre 2021

Centre culturel Suisse


previous arrow
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
next arrow
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
Claudia & Julia MŸller
previous arrow
next arrow
©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 10 septembre 2021.

Interview de Claudia Müller pour le duo Claudia & Julia Müller, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 septembre 2021, durée 18’24. © FranceFineArt. (à gauche Julia Müller, à droite Claudia Müller)

PODCAST –  Interview de Claudia Müller pour le duo Claudia & Julia Müller,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 septembre 2021, durée 18’24.
© FranceFineArt.
(à gauche Julia Müller, à droite Claudia Müller)

son à insérer (click sur remplacer et changer à partir d’un url)

Extrait du communiqué de presse :


Claudia & Julia Müller, Zeichnungsraum, détail de l’installation (crayon sur mur), Kunsthalle St.Gallen, 1995. Photos : Nicole Zachmann. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, Zeichnungsraum, détail de l’installation (crayon sur mur), Kunsthalle St.Gallen, 1995. Photos : Nicole Zachmann. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, La soupe fractale, détail de l’installation Der weiche Blick (acrylique sur mur), 2019. Photo : Stefan Altenburger. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, La soupe fractale, détail de l’installation Der weiche Blick (acrylique sur mur), 2019. Photo : Stefan Altenburger. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, Reverse Thrust (Female Contraposition), technique mixte sur toile, 2018. Photo : Jose Andres Ramirez Jonas. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, Reverse Thrust (Female Contraposition), technique mixte sur toile, 2018. Photo : Jose Andres Ramirez Jonas. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, kids_in_bed_chill_and_netflix, détail de l’installation Der weiche Blick (acrylique sur mur) 2019. Photo : Stefan Altenburger. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, kids_in_bed_chill_and_netflix, détail de l’installation Der weiche Blick (acrylique sur mur) 2019. Photo : Stefan Altenburger. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, Zwei Wirklichkeiten, unfertig (Blind Painting), installation, Maccarone, New York, 2015. Photo : Jose Andres Ramirez Jonas. Courtesy des artistes.
Claudia & Julia Müller, Zwei Wirklichkeiten, unfertig (Blind Painting), installation, Maccarone, New York, 2015. Photo : Jose Andres Ramirez Jonas. Courtesy des artistes.

commissaire de l’exposition : Claire Hoffmann, responsable de la programmation arts visuels du Centre culturel suisse




Claudia & Julia Müller (* 1964 et * 1965) mettent en scène, dans de grands dessins muraux, des situations familières ou mystérieuses en mêlant des représentations figuratives avec des ornements, des abstractions, des dédoublements, des fragments. À partir de leur vaste archive d’images, elles scrutent les échanges de regards, les rapports de pouvoir, les relations entre affection et animosité, observant toute une palette de contradictions de l’existence humaine. L’exposition au CCS se concentre sur des moments de transitions, des formes de vivre ensemble, des situations de fragilité et de réorientation à travers de portraits ainsi qu’une installation de lampes peintes qui relient l’intérieur à l’extérieur.

Les soeurs Müller extraient et reproduisent partiellement à la main des images issues de leurs archives dans de grandes peintures murales. Ce processus leur permet de mettre en avant des éléments qui peuvent au premier abord sembler cachés, ou révéler des comportements humains. Julia Müller définit leur pratique artistique comme un moyen de distanciation et d’analyse de la nature humaine, et comme une technique pour accéder à des parties obscures de ses propres pensées: « For me it is also a study of the strange areas and my projections and prejudices towards them. Redrawing is like rethinking your opinions, thus the material is kept alive. »(1)

Leur méthode de réactivation des images à travers une répétition manuelle est une manière de « ralentir » le regard dans un présent de plus en plus inondé par l’image photographique. L’omniprésence de l’image, poussée par un désir et plaisir de voir (« visual pleasure », Laura Mulvey) et de s’exhiber, a pris des dimensions imprévisibles. Cette surexposition peut aussi, paradoxalement, obscurcir la capacité de voir, ou plutôt, de reconnaître ce que l’on voit. Choisir et s’arrêter sur une image précise, l’analyser en la recopiant et transformer cette donnée numérique, éphémère et immatérielle en un support plus permanent – la peinture murale – permet aux artistes comme au public de s’approprier une manière de regarder l’image différemment. On pourrait ainsi rapprocher leur recherche du concept d’« inconscient optique » de Walter Benjamin.

Cependant, la pratique d’observation et de transformation de l’image des deux artistes ne se laisse jamais aller dans des comparaisons nostalgiques ou un jugement sur le développement des moyens de communication et de production d’images (qu’elles utilisent elles-mêmes assiduement). Leur regard un peu décalé, posé sur des habitudes et gestes, permet de discerner certains éléments du présent.

Dans une conversation entre Claudia & Julia Müller et Adam Szymczyk, celui-ci met en relation leur pratique artistique et la définition de la contemporanéité de Giorgio Agamben(2). Selon Agamben, – qui se base sur le concept de l’inactuel de Nietzsche – l’évocation du passé, le goût de l’anachronique est un signe de lucidité nécessaire à l’interprétation du présent. En ce sens, le présent et ses aspects sombres se révèleraient seulement dans un décalage avec ce dernier.(3 

Une brève histoire de baskets sales prend pour point de départ des moments de transitions, de mue personelle, la recherche de nouveaux maillages dans les relations, ou les changements dû à l’avance en âge. Les sœurs Müller y mélangent leurs propres expériences avec leurs observations et analyses.

L’installation au Centre culturel suisse consiste de grands objets en tissu imprimés de peintures numériques. Les murs sont recouverts de croquis d’un paysage corporel surdimensionné, habité par de petits dessins figuratifs en noir et blanc. Elles choisissent souvent des portraits, d’elles même ou d’autres, considérant la manière particulière de (vouloir) se voir et de (vouloir) se présenter qu’implique la création de ces images : « our interest and research into the problems of humans, and into how people represent themselves towards others. » (4)

Les murs parlent de traces et d’ombres. Les soeurs Müller se tiennent sur le seuil précaire entre l’image en devenir et l’image achevée, accueillant les instants de mise au point, encore flous. Elles y croisent des manières analogiques et digitales de création ainsi que d’effacement d’image – entre délavement manuel et gomme dans Photoshop. Parmi ces peintures murales du non-visible, contrastent des silhouettes et détails aux contours nets. Ces fragments émergent comme des passages marquants ou des personnes inoubliables, ancrés dans la mémoire – mais pour autant pas moins assujettis aux interprétations et aux transformations du subconscient.

La cour intérieure et l’espace d’exposition sont occupés par de grandes sculptures-lampes. Leurs formes organiques s’apparentent à des silhouettes humaines et des lampions, fondant ainsi l’espace intérieur et extérieur.

Ces deux installations, l’une à l’extérieur et l’autre à l’intérieur, l’une abstraite et l’autre «mimetisante», se juxtaposent et créent une forme de dialogue. Elles reflètent en quelque sorte le processus de création à quatre mains, qui nécessite des désaccords, des vas et vient et des allers-retours entre les sœurs-artistes, sans parvenir nécessairement à trouver un compromis unanime, mais qui permet la création deux voies (et voix) possibles.

 

 

1  Adam Szymczyk in conversation with Claudia & Julia Müller „’Ah, speak for yourself!’ On the recent practice of Claudia & Julia Müller“, in: Claudia & Julia Müller, ed. Barbara Krimm, Claudia & Julia Müller, argobooks, Berlin, 2014, p. 117-122, ici p. 115.
2  Ibid., ici p. 121.
3  Giorgio Agamben, „What Is the Contemporary?“, in: What Is an Apparatus?, Stanford University Press, 2009.
4  Adam Szymczyk in conversation with Claudia & Julia Müller „’Ah, speak for yourself!’ On the recent practice of Claudia & Julia Müller“, in: Claudia & Julia Müller, ed. Barbara Krimm, Claudia & Julia Müller, argobooks, Berlin, 2014, p. 117-122, ici p. 113.