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🔊 “Real Madrid” Postoristoro, au Centre culturel Suisse, Paris, du 9 mai au 18 juillet 2021

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“Real Madrid” Postoristoro

au Centre culturel Suisse, Paris

du 9 mai au 18 juillet 2021


Centre Culturel Suisse

PODCAST - Interview de Etienne Pottier, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 mai 2021, durée 23’20. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Real Madrid, et de Claire Hoffmann, responsable de la programmation arts visuels du Centre culturel suisse et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 mai 2021, durée 11’19,
© FranceFineArt.


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©Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Real Madrid et Claire Hoffmann, le 7 mai 2021.

Real Madrid, Some days are diamonds, some days are stoned, 2018. © Guadalupe Ruiz, BAK.
Real Madrid, Some days are diamonds, some days are stoned, 2018. © Guadalupe Ruiz, BAK.
Real Madrid, Cherries, 2020 © Greg Clement.
Real Madrid, Cherries, 2020 © Greg Clement.
Real Madrid, Bounty of the mutineers, 2020 © James Bantone.
Real Madrid, Bounty of the mutineers, 2020 © James Bantone.

Extrait du communiquĂ© de presse :





commissaire de l’exposition : Claire Hoffmann, responsable de la programmation arts visuels du Centre culturel suisse

S’appropriant le nom d’une marque d’une équipe de football, le collectif Real Madrid utilise les mécanismes de mécommunication de masse pour brouiller les pistes, fluidifier les identités de genre et jouer à un double jeu avec de l’esprit d’équipe et les systèmes de commercialisation. Avec légèreté et poésie, Real Madrid développe des récits autour de sexualités, de corps marginalisés, malades ou dépendants.

Depuis 2015, Real Madrid se sert de ce nom de collectif pour mettre en lumière des causes de populations stigmatisées, exclues et oppressées par la société dominante et normative. Les communautés LGBTQIA+, les personnes atteintes d’une infection sexuellement transmissible, en particulier le VIH, ou encore des jeunes cherchant des lieux de rencontre et de liberté dans l’espace public, sont les protagonistes autonomes et fiers de leur univers. Pour détourner le discours public dégradant ou condescendant qui cible ces personnes, Real Madrid laisse carrément s’emballer cet imaginaire et donne forme à ces fantasmes : Des petites figures de bandes dessinées, du mobilier urbain, des fruits en décomposition, des emballages de produits de consommation peuplent leurs installations. Par ces objets quotidiens, éléments issus de l’imaginaire collectif à l’esthétique pop anodine, il dévoile la perspective biaisée, les peurs exagérées et les mécanismes du « othering », (rendre « autre », inconnu et inquiétant) qui sont à la base des principes d’exclusion et de discrimination.

Ce travail de longue date de Real Madrid connait une nouvelle actualitĂ© dans la crise actuelle, oĂą la gestion de la santĂ© publique est Ă  la Une, et qu’augmentent les stigmatisations et les inĂ©galitĂ©s sociales tout en Ă©tant de plus en plus invisibilisĂ©es.  Pour Postoristoro, Real Madrid s’inspire d’un lieu (posto) de rafraĂ®chissement (ristoro), prenant comme modèle ces bars un peu ternes, entre station-service et restaurant de gare, ouverts 24h/24 dans une petite ville. Le titre de l’exposition reprend celui d’une nouvelle de P.V. Tondelli de 1980, situĂ©e dans l’environnement des annĂ©es 1970 au milieu des luttes ouvrières et mouvements de libĂ©rations sexuelle des pertes d’emploi, de la crise de l’hĂ©roĂŻne, elle est pourtant infusĂ©e d’espoirs d’une vie meilleure, d’un ailleurs.

Dans son rĂ©cit autobiographique On Earth We’re Briefly Gorgeous (2019), Ocean Vuong dĂ©crit sa dĂ©pendance aux opioĂŻdes et son parcours pour trouver son identitĂ©, ses rĂŞves en tant que queer et fils d’immigrants dans une AmĂ©rique dĂ©labrĂ©e – qui pourrait ĂŞtre une version contemporaine de la nouvelle de Tondelli. 

Dans ces différentes prises de parole se retrouvent donc des positions qui ne veulent pas célébrer une esthétique d’une jeunesse perdue ou de stupéfiants – mais bien au contraire, qui osent regarder, donner des mots et des images à ces réalités de vie qui sont trop aisément oubliées. Tout dépend, comme le dit Vuong dans son texte, de quel point de vue on parle : « It is a beautiful country depending on where you look (…). It’s a beautiful country (…), depending on who you are ».

Claire Hoffmann

Postoristoro par Real Madrid

Postoristoro est dédié aux petits tas de seringues laissées près d’un banc ou sur des chantiers, derrière des buissons sombres ou des poubelles : des êtres que nous n’étions pas autorisés à voir, jusqu’à ce que nous les ayons vus. Cousins des lutins de contes de fées que seuls les enfants peuvent habituellement apercevoir, ou plutôt comme des mini-ogres hérissés prêts à les enlever. Selon la légende, « ils habitent l’herbe, invisibles jusqu’à ce que vous sentiez ce petit pincement qui réveille les bactéries et les virus endormis sur leur aiguille, sinon abandonnés à leur propre absurdité, comme de microscopiques animaux de compagnie errants. Si vous les regardez fixement, ils vous sautent dessus ». Les toxicomanes ont eux aussi pu rendre visite à ces créatures fantastiques. De hautes sociétés cachées de seringues vivant dans de minuscules cahutes en peau de citron et se nourrissant des restes d’un trip – superinfecteurs contraignant les esprits les plus faibles à leur volonté no future, le premier tour est gratuit. À chaque trésor repéré sur le sol : « Alors c’est ça, je suis en danger ? Aie peur des choses ! » Une addiction ne vient pas forcément de quelque chose qu’on met dans son corps : nous dépendons de la coexistence.

Postoristoro ne parle pas d’une jeunesse en train de se défoncer ; il évoque un lieu où les marginalisés peuvent se reposer, faire une pause assoupie de l’avenir, un abri pour les oisifs, leur priorité aiguisée et blessante, radicalement opposée à un besoin de productivité.

Les parasites, euh… Les parasols peuvent vous protĂ©ger des UV et des OD. Des parasols de libĂ©ralisme, de marques et de bien-ĂŞtre, sous lesquels la validitĂ© de votre expĂ©rience vĂ©cue est sauve.

Postoristoro est un bistro dans une gare où certains sont restés coincés, ses murs encroûtés par les mouvements de classes des années 70 marqués par des accusations mutuelles de parasitisme (bruit de papier d’aluminium brûlant au rythme d’Emilia Paranoica). Plusieurs banlieues, des provinces entières à l’agonie, imbibées après un déluge de produits pharmaceutiques (bruit de chute d’opiacés). Des parasols de protection sont donnés aux « gens biens » dans les années 80 : une autre épidémie se développe en arrière-plan (pas de son). Les familles de la classe ouvrière obtiennent jusqu’ici des manteaux de marque inabordables et des goodies coûteux ; on leur propose de se contenter d’un certain bien-être.

La flèche lancée par ce Cupidon m’a carrément fait un truc bizarre.