🔊 “Aubrey Beardsley (1872-1898)” au MusĂ©e d’Orsay, Paris, du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021
“Aubrey Beardsley (1872-1898)”
au MusĂ©e d’Orsay, Paris
du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021
PODCAST – Interview de Elise Dubreuil, conservatrice arts dĂ©coratifs au musĂ©e d’Orsay et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 octobre 2020, durée 15’55, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 12 octobre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaires :
Stephen Calloway, spécialiste de Beardsley
Caroline Corbeau-Parsons, Curator, British Art 1850-1915 at Tate Britain
Elise Dubreuil, conservatrice arts dĂ©coratifs au musĂ©e d’Orsay
LeĂŻla Jarbouai, conservatrice arts graphiques au musĂ©e d’Orsay
La carrière d’Aubrey Beardsley fut intense et prolifique, en dépit de la disparition prématurée du jeune artiste à l’âge de vingt-cinq ans. En partenariat avec la Tate Britain, à Londres, le musée d’Orsay montrera pour la première fois en France une rétrospective de son oeuvre dans son ensemble, première monographie de l’artiste en Europe depuis l’exposition du Victoria & Albert museum de Londres en 1966.
Les dessins vifs et virtuoses de cette figure originale de la scène londonienne fin-de-siècle mettent en scène un univers Ă©trange, Ă©rotique et anticonformiste. Le style très personnel de Beardsley, aisĂ©ment reconnaissable, alliĂ© Ă la large diffusion de ses oeuvres par la reproduction mĂ©canisĂ©e, firent de lui un phĂ©nomène, Ă tel point que le critique Max Beerbohm qualifia les annĂ©es 1890 Ă Londres de « Beardsley period ». Son succès s’est construit grâce aux nouvelles techniques de reproduction de l’image, ses dessins exclusivement en noir et blanc, Ă la ligne prĂ©cise et nerveuse, Ă©tant reproduits suivant une mĂ©thode qui permit leur diffusion imprimĂ©e Ă moindre coĂ»t et de manière fidèle. Lecteur vorace, puisant aux sources les plus Ă©clectiques, Beardsley a construit un univers graphique d’une grande variĂ©tĂ©, oĂą se tissent des liens avec la tradition anglaise, l’art des vases grecs, l’art japonais, l’art nouveau, le dĂ©candentisme et le symbolisme, les estampes du XVIIIe siècle français…
L’exposition déroulera un plan globalement chronologique, débutant, après une présentation de l’artiste, par les premières réalisations publiées en 1891, jusqu’à ses dernières oeuvres de 1898. Après un espace consacré à la figure de l’artiste dandy qui a méticuleusement construit son image, seront présentés ses premiers travaux, influencés par les Préraphaélites, ainsi que sa première commande importante pour l’illustration de La Morte Darthur pour l’éditeur J. M. Dent qui lui valut la reconnaissance comme « illustrateur d’un nouveau genre ». Une place sera faite à son travail pour des revues comme The Studio ou Pall Mall Magazine et les recueils comme Les Bons-Mots, dont les dessins reflètent à la fois l’influence du japonisme et la constitution d’un univers poétique et satirique très personnel.
En 1893, Beardsley travaille aux dessins destinés à illustrer l’édition anglaise de Salome d’Oscar Wilde (initialement publié en français), publié par John Lane en 1894. Ces dessins, totalement anti-conventionnels, qui figurent parmi les plus célèbres de Beardsley, seront présents par l’exposition du portfolio édité en 1907, ainsi que par quelques prêts exceptionnels de dessins originaux. La majorité des originaux, appartenant à la collection Winthrop du Fogg Art Museum, n’est en effet pas prêtable.
Après le succès de scandale de Salome Beardsley devient le directeur artistique de la revue The Yellow Book, dont il réalise les couvertures des premiers numéros et où il renverse la traditionnelle hiérarchie entre texte et image.
Suite au procès et à la condamnation d’Oscar Wilde pour homosexualité, Beardsley dont le nom lui était associé depuis le succès sulfureux de Salome, s’exile à Dieppe, en Normandie. Il y retrouve l’éditeur Léonard Smithers et le poète Arthur Symons. Le dix-huitième siècle français, notamment par le biais de ses gravures libertines, occupe une place de plus en plus importante dans son oeuvre, à travers ses dessins saturés de détails pour la revue The Savoy, ses illustrations de The Rape of the Lock (La Boucle de cheveux enlevée) d’Alexander Pope qu’il qualifie de « broderies », et son interprétation graphique de Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier.
L’exposition se terminera par une évocation des dernières commandes importantes faites à Beardsley, notamment la série Lysistrata, d’après la comédie paillarde d’Aristophane, montrée quasiment in extenso. L’artiste s’inspire de l’univers burlesque et satirique du dramaturge grec pour mettre en scène le théâtre de la révolte des femmes et de l’inversion des genres.
S’il est prévu d’exposer en grande majorité les dessins originaux de Beardsley (une centaine), on accordera une attention particulière à présenter quelques exemples des éditions originales de ces oeuvres, afin de montrer les conditions de la diffusion de l’oeuvre de l’artiste. Dans cette optique sera également présentée une sélection d’affiches.