🔊 “LĂ©on Spilliaert (1881-1946)” lumière et solitude, au MusĂ©e d’Orsay, Paris, du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021
“Léon Spilliaert (1881-1946)” lumière et solitude
au MusĂ©e d’Orsay, Paris
du 13 octobre 2020 au 10 janvier 2021
PODCAST – Interview de Anne Adriaens-Pannier, experte de LĂ©on Spilliaert, auteur du catalogue raisonnĂ© et conservateur honoraire des MusĂ©es royaux des beaux-arts de Bruxelles et de LeĂŻla Jarbouai, conservatrice des arts graphiques, musĂ©e d’Orsay, commissaires de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 octobre 2020, durée 12’03, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 12 octobre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaires :Â
Anne Adriaens-Pannier, experte LĂ©on Spilliaert, auteur du catalogue raisonnĂ© et conservateur honoraire des MusĂ©es royaux des beaux-arts de BruxellesÂ
LeĂŻla Jarbouai, conservatrice des arts graphiques, musĂ©e d’Orsay
Depuis la rétrospective du centenaire de la naissance de l’artiste, organisée aux Galeries Nationales du Grand Palais il y a presque quarante ans, une exposition en 1997-1998 (Paris, Musée-Galerie de la Seita) et une autre en 2003 (Douai, musée de la Chartreuse de Douai) ainsi qu’une présentation de ses autoportraits en 2007 au musée d’Orsay, Léon Spilliaert n’a pas bénéficié en France d’une exposition montrant l’essentiel de son oeuvre.
L’exposition se concentrera sur les années les plus intenses de la création de Spilliaert, entre 1900 et 1919 et déclinera un nombre limité de thèmes, à partir d’ensembles constituant des variations autour d’un même sujet ou de mêmes questionnements artistiques. Il ne s’agit pas d’une rétrospective monographique qui voudrait aborder tous les aspects, variés et inégaux, de l’oeuvre de Spilliaert, mais d’une exposition qui vise à faire pénétrer le visiteur-regardeur dans l’atmosphère intense et si particulière de l’artiste, fondée sur quelques leitmotive très personnels et obsessionnels. Entre interrogations métaphysiques et culture flamande, Spilliaert crée des oeuvres inclassables, qui tissent des liens avec le symbolisme et l’expressionnisme contemporains, et semblent annoncer, dans ses paysages les plus radicaux, simplifiés à l’extrême, l’abstraction géométrique et le minimalisme. Quasiment autodidacte, formé au contact de la collection du libraire bruxellois Edmond Deman, inspiré par la littérature de ses contemporains Emile Verhaeren et Maurice Maeterlinck, Léon Spilliaert dessine et peint à l’encre des figures fantomatiques, désincarnées et solitaires et des visages-masques aux yeux hagards et hallucinés qui évoquent parfois l’univers d’Edvard Munch.
Comme d’autres artistes du tournant du siècle, et pour reprendre le titre d’un pastel de Lucien Lévy-Dhurmer conservé au musée d’Orsay, Léon Spilliaert est un « explorateur perdu », explorateur de l’inconscient et des angoisses existentielles de l’individu au moment où les sciences humaines se développent pour avancer dans la compréhension de la psyché. Dans son oeuvre, réalisé presque exclusivement sur papier, il mélange différentes techniques graphiques, crayons, fusain, encre de Chine, pastel, craie, aquarelle et gouache. L’encre de Chine est son matériau de prédilection, dont il explore la transparence, la liquidité et la noirceur pour traduire son monde intérieur ancré dans une ville particulière, Ostende, où il a passé l’essentiel de sa vie. Cette cité portuaire du plat pays, baignée par les vents et le flux et le reflux de la mer du Nord, où s’affrontent l’architecture rectiligne des digues et des brises- lames, et l’infinie variation des éléments, est, en effet, l’un des principaux personnages de son oeuvre qui y puise une part de sa puissance d’évocation et de sa dramaturgie.
L’exposition, centrée sur les oeuvres les plus radicales et originales de Spilliaert, se déroulera en plusieurs temps, organisés par séries chrono-thématiques où les oeuvres seront rassemblées suivant leurs rapports plastiques. Elle débutera et se terminera par l’évocation des liens profonds de l’artiste avec la littérature et réunira de magnifiques ensembles d’intérieurs, d’autoportraits, de paysages et de figures.
Elle montrera la variété des pratiques plastiques de l’artiste, usant du papier et de l’encre sur des formats très variés : il dessine dans des livres, réalise des pastels et craies de couleur très picturaux, pratique la lithographie, et, au sein d’une production à la gamme de couleurs restreinte, il multiplie les nuances subtiles de noirs d’où émerge la lumière.
Autour des quatre chefs-d’oeuvre de l’artiste conservés dans les collections du musée d’Orsay (deux paysages nocturnes d’Ostende, des figures de Carnaval et un saisissant autoportrait), l’exposition réunira environ 90 oeuvres, issues de collections particulières et de collections de musées belges et états-uniens.