🔊 “Arménie, année zéro” photographies de Patrick Rollier
“Arménie, année zéro”
photographies de Patrick Rollier
Éditions d’une rive à l’autre
Éditions d’une rive à l’autre
PODCAST – Interview de Patrick Rollier,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 juin 2020, durée 25’40. © FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse
Armen (Gumri)
« L’histoire moderne de l’Arménie est partagée en deux parties : avant et après le tremblement de terre. Ce n’est pas avant ou après l’Indépendance : c’est juste avant ou après le tremblement de terre. Beaucoup de choses ont changé brusquement : quand tu vois la ville que tu aimes détruite, c’est aussi ton âme qui est détruite. Et la perte des proches… Tout s’est enchaîné, la chute de l’Union soviétique, l’Indépendance, la guerre du Haut Karabakh, tous ces événements se sont entassés dans une même période. »
(Extrait des entretiens réalisés par Patrick Rollier en Arménie)
Comme dans ce témoignage, revenaient sans cesse dans les discussions ces trois bouleversements qui marquèrent 1988 et les années suivantes. Toutes les familles arméniennes ont été affectées par ces bouleversements qui, pour certaines, se sont cumulés.
Aujourd’hui, trente ans après l’année zéro, la vie se poursuit, mais « elle est plus difficile aujourd’hui qu’hier ». D’où ce sentiment de nostalgie éprouvé par ceux et celles qui ont connu le temps d’avant. Patrick Rollier a fait 8 voyages entre 2015 et 2018 dans une démarche proche de l’ethnographie pour partager des bribes de l’histoire des Arméniennes et des Arméniens qui lui ont ouvert leur porte, leur coeur. Leurs récits et ses photographies sont emplis des traces de ces bouleversements.
Extrait du texte – Patrick Rollier
Tout a commencé un dimanche à la campagne, autour d’un déjeuner familial réunissant plusieurs générations, dans le jardin de l’un des oncles de Loucineh qui m’avait invité à partager son plaisir de revoir tous les siens après une année d’études à Paris. La famille était presque au complet et heureuse de se retrouver en cette belle journée d’été. Ne manquaient que quelques hommes contraints de travailler à l’étranger faute d’emplois sur place. Bien que ne parlant ni arménien ni russe, j’ai tout de suite trouvé ma place. Était-ce la nostalgie des ambiances de mon enfance ? Les verres de vodka maison, chacun accompagné d’un toast à l’amitié ? Loucineh traduisait pour moi les questions de son père, de son grand-père, de ses oncles, et je ressentis tout de suite une proximité avec eux, une empathie autour de valeurs communes, notamment leur foi en l’éducation, malgré un contexte que je pressentais difficile.
Quelques mois plus tard, je décidais d’entreprendre un travail photographique en Arménie, qui s’est traduit par 8 voyages entre octobre 2015 et janvier 2018, soit 6 mois sur place, pendant lesquels j’ai été à la rencontre des Arméniens et des Arméniennes, accompagné d’Hermineh en tant qu’interprète. Mais Hermineh s’est révélée être bien davantage qu’une simple traductrice : elle s’est d’emblée identifiée à ce projet évoquant l’histoire de sa génération. Hermineh est née le 1er décembre 1988, à Gumri, où elle a échappé par miracle au tremblement de terre qui a détruit la ville et la maternité qu’elle avait quittée la veille.
[…]
Le photographe
Patrick Rollier a toujours pratiqué la photographie. Voyageur, marcheur, sa pratique s’inscrit dans le temps long des rencontres. Ses échanges avec Claudine Doury ont été un moment clé dans sa décision de partager son travail sur l’Arménie. Ce travail lui a permis de consolider son écriture photographique et d’inscrire sa démarche dans une temporalité longue, humaine et respectueuse.
L’éditeur
Les Éditions d’une rive à l’autre tentent de construire une passerelle entre photographie et sciences humaines. La ligne éditoriale a la volonté de croiser les mots de sociologues, d’historiens, d’anthropologues, de philosophes, et les regards des photographes. Photographies et écriture entrent alors en résonance pour éclairer un thème. Créées en 2019, Les Éditions d’une rive à l’autre privilégient l’exigence et le temps nécessaires à la réflexion et à la rencontre entre photographes et auteurs. Libre de toute collection, chaque livre est un projet singulier.