🔊 “Ruhlmann, décorateur” au MAD, musée des Arts Décoratifs, du 12 mars au 1er juin 2025
“Ruhlmann, décorateur”
au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris
du 12 mars au 1er juin 2025

PODCAST – Entretien avec BĂ©nĂ©dicte Gady, directrice des musĂ©es par intĂ©rim – conservatrice en chef du patrimoine en charge des collections de Dessins, Papiers peints et Photographies au musĂ©e des Arts dĂ©coratifs, et commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 mars 2025, durée 26’53,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Anonyme, Photographie du Grand Salon du Pavillon du Collectionneur à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, 1925. Tirage gélatino-argentique, Inv. Ruhlmann 1925 4. © Les Arts Décoratifs.

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth, Papier peint à motif répétitif, 1917. Papier, impression au cylindre, Inv. 52391.70. © Les Arts Décoratifs.

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société française des papiers peints, Echantillon de papier peint à motif répétitif, 1928-1930. Papier, impression au cylindre, Inv. 54168.2.2. © Les Arts Décoratifs.

Jacques-Emile Ruhlmann, Croquis d’ornements et de meubles, 1918. Papier, encre noire, Inv. CD 3050A.35. © Les Arts Décoratifs

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth, Projet de papier peint Couronnes et perles, Vers 1918, Papier, gouache, Inv. RI 2022.3.1081. © Les Arts Décoratifs.
Commissaires :
Bénédicte Gady, directrice des musées par intérim – conservatrice en chef du patrimoine en charge des collections de Dessins, Papiers peints et Photographies au musée des Arts décoratifs
Marion Neveu, attachée de conservation, en charge des collections des papiers peints au musée des Arts décoratifs
Du 12 mars au 1er juin 2025, le musée des Arts décoratifs célèbre le centenaire
de l’Art déco avec une exposition inédite dédiée à Jacques-Émile Ruhlmann, décorateur exceptionnel, véritable triomphateur de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. À travers près de soixante dix pièces, dont vingt-six carnets de dessins et plus de quarante papiers peints, mais aussi des textiles et des photographies, « Ruhlmann décorateur » met en lumière une facette méconnue de cet artiste visionnaire : son talent pour concevoir des revêtements muraux et des tissus en harmonie avec ses créations mobilières. Ce focus inaugure le cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, un espace intime qui met en lumière des trésors issus des collections du musée, aménagé grâce au soutien de Sakurako et de William Fisher, en l’honneur d’Hélène David-Weill et de Maggie Bult.
Le nouveau cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies a été créé pour faire découvrir au public les très riches collections d’oeuvres sur papier qui, en raison de leur fragilité, ne peuvent être exposées en permanence dans le musée. Il offre aux visiteurs un cocon chaleureux, intime, pour révéler des oeuvres parfois célèbres, souvent inédites. Il se veut un miroir de la recherche menée dans cette source inépuisable de découvertes par de nombreux jeunes chercheurs ou experts confirmés.
Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933), figure emblématique de l’Art déco, est avant tout célébré pour ses meubles d’exception mais son génie créatif va bien au-delà . Dans ses décors intérieurs, il orchestre une parfaite harmonie entre mobilier, textiles et revêtements muraux. Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, ses créations s’imposent comme des références majeures, faisant de lui l’un des décorateurs les plus admirés de son époque. Ruhlmann se forme auprès de son père qui dirige une entreprise de peinture, papiers peints et miroiterie. Il en hérite en 1907, ce qui lui permet de financer ses rêveries esthétiques. Les projets de revêtements qu’il invente, ou que d’autres, comme Henri Stéphany, créent pour lui, servent aussi bien pour du papier peint que pour du textile. Ils peuvent être édités dans sa propre entreprise, Ruhlmann et Laurent, ou confiés à des manufactures spécialisées.
Parallèlement, l’exposition présente des papiers peints que Ruhlmann a réalisés en collaboration avec les manufactures Desfossé & Karth et ESSEF. Les projets gouachés et les petits échantillons qui préparent les grands lés de papiers peints, géométriques, floraux ou abstraits, permettent de découvrir les différentes étapes de leur création, et les variations de couleurs proposées. Ils indiquent parfois les techniques d’impression utilisées, telles que l’impression à la planche de bois ou au cylindre.
Ruhlmann éditait lui-même des papiers peints de moindre qualité. Il participe ainsi à la décoration de la nouvelle Cité Universitaire Internationale de Paris, entre 1924 et 1933. Des chambres d’étudiants de trois importantes Fondations ont été ornées de papiers de la firme Ruhlmann et Laurent, qui se trouvait au 27, rue de Lisbonne à Paris. Des reproductions photographiques de la Maison des Province de France, tirées des archives de la Cité, offrent un témoignage du confort moderne et de l’intimité des pièces. Elles permettent de montrer en situation les papiers peints ornés de cellules fleuries et de roses stylisées et de constater l’harmonie qu’ils forment avec le mobilier contemporain et les tissus d’ameublement.
Des photographies historiques de l’Hôtel du collectionneur de l’Exposition de 1925, surnommé le Pavillon Ruhlmann, montrent la capacité du créateur à faire oeuvre d’ensemblier. Les vues du grand salon frappent par la cohérence, le luxe et l’originalité de la pensée de Ruhlmann. De nombreux artistes et artisans participent au projet, dont il est le chef d’orchestre. Jean Lambert Rucki donne ainsi un dessin animalier réjouissant, où la stylisation devient humoristique, pour un bahut fabriqué par les ateliers Ruhlmann mais laqué par Jean Dunand. De même, un éclatant damas bicolore ornait les murs du grand salon et de la chambre à coucher : il a été fabriqué à Lyon par Cornille frères à partir d’un projet d’Henry Stéphany, collaborateur de Ruhlmann et grand fournisseur de modèles de papier peint.
Les vingt-six carnets de croquis, que la veuve de Ruhlmann a légués au musée en 1959, donnent à voir toute l’inventivité et la fantaisie du décorateur qui pense le crayon ou la plume à la main. Au fil de ses journées, il y consigne ce qu’il voit, comme des paysages ou des personnages croqués sur le vif, aussi bien que ce qu’il conçoit. Partout se glissent des motifs graphiques, d’un trait volontairement tremblé, où le géométrique se fait aléatoire et vibrant : ils servent ensuite indistinctement à orner des tapis, revêtir des murs, animer une marquèterie… La numérisation complète de ces carnets permet au public d’explorer en détail ces trésors. Deux fac-similés viennent enrichir l’expérience en permettant au visiteur de se plonger dans ces esquisses et ces réflexions.
À travers les dessins et les projets de papiers peints, pour la plupart inédits, cette exposition-dossier révèle toute l’originalité de la pensée ornementale de Ruhlmann, dont l’héritage est durable dans le monde du design.
#Expo_Ruhlmann – Album Ruhlmann dĂ©corateur – Ă©ditions du MAD – musĂ©e des Arts dĂ©coratifs – Les autrices : BĂ©nĂ©dicte Gady, conservatrice en chef du patrimoine en charge des collections de Dessins, Papiers peints et Photographies au musĂ©e des Arts dĂ©coratifs / Marion Neveu, attachĂ©e de conservation en charge des collections de papiers peints au musĂ©e des Arts dĂ©coratifs / Armandine Malbois, doctorante en histoire du papier peint (1850-1950), chargĂ©e d’enseignement Ă l’École du Louvre
À l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, le musée des Arts décoratifs célèbre celui que l’histoire a retenu comme son véritable triomphateur, Jacques-Émile Ruhlmann. C’est avec le pavillon du Collectionneur, très vite surnommé le pavillon Ruhlmann, qu’il a fait oeuvre originale. Dans un bâtiment commandé à son ami l’architecte Pierre Patout, il a conçu une demeure idéale dont il a assuré la mise en oeuvre et pour laquelle il a coordonné près de cinquante artistes. Meublier et ensemblier, il partageait le goût de ses contemporains pour des décors intérieurs harmonieux et cohérents. Publié à l’occasion de l’exposition inaugurale du nouveau cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, cet album apporte un éclairage nouveau sur l’intérêt de Ruhlmann pour l’ornementation des murs et des sols. Quatre essais présentent ses carnets de croquis, ses collaborations avec les manufactures de papiers peints Desfossé & Karth et l’Essef, et ses réalisations de papiers peints pour les chambres de la Cité universitaire, autant d’œuvres issues des collections du musée des Arts décoratifs. Ils sont accompagnés d’une soixantaine d’illustrations permettant d’apprécier le style Art déco dont Ruhlmann a été l’un des plus grands ambassadeurs.

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth, Projet de papier peint Moderne Grandes fleurs, Vers 1917. Papier, gouache, Inv. RI 2022.3.1071. © Les Arts Décoratifs.

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth, Projet de papier peint Monnaie du pape, 1914-1917. Papier, gouache, Inv. RI 2022.3.1062. © Les Arts Décoratifs.

Jacques-Emile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth, Echantillon de papier peint à motif répétitif, 1918. Papier, impression au cylindre, Inv. RI 2022.3.1041. © Les Arts Décoratifs.