Agenda CulturelIncontournables 2

“Les Fleurs d’Yves Saint Laurent” au Musée Yves Saint Laurent Paris, du 20 septembre 2024 au 4 mai 2025

Partage


“Les Fleurs d’Yves Saint Laurent”

au Musée Yves Saint Laurent Paris

du 20 septembre 2024 au 4 mai 2025

Musée Yves Saint Laurent Paris


previous arrow
01-RP_YSL_01
02-RP_YSL_02
03_RP_YSL_03
04-RP_YSL_04
05-RP_YSL_05
06-RP_YSL_06
07-RP_YSL_07
08-RP_YSL_08
09-RP_YSL_09
10-RP_YSL_10
11-RP_YSL_11
12-RP_YSL_12
13-RP_YSL_13
14-RP_YSL_14
15-RP_YSL_15
16-RP_YSL_16
17-RP_YSL_17
18-RP_YSL_18
19-RP_YSL_19
20-RP_YSL_20
21-RP_YSL_21
22-RP_YSL_22
next arrow
01-RP_YSL_01
02-RP_YSL_02
03_RP_YSL_03
04-RP_YSL_04
05-RP_YSL_05
06-RP_YSL_06
07-RP_YSL_07
08-RP_YSL_08
09-RP_YSL_09
10-RP_YSL_10
11-RP_YSL_11
12-RP_YSL_12
13-RP_YSL_13
14-RP_YSL_14
15-RP_YSL_15
16-RP_YSL_16
17-RP_YSL_17
18-RP_YSL_18
19-RP_YSL_19
20-RP_YSL_20
21-RP_YSL_21
22-RP_YSL_22
previous arrow
next arrow
©Sylvain Silleran, vernissage presse, le 19 septembre 2024.

Texte Sylvain Silleran

Yves Saint Laurent dans le jardin de Dar es Saada, Marrakech, 1976. Photographie de Pierre Boulat © Pierre Boulat.

Yves Saint Laurent dans le jardin de Dar es Saada, Photographie de Pierre Boulat, Marrakech, 1976. © Pierre Boulat.

Robe Watteau, dite « hommage à Marcel Proust », portée par Ann-Fiona Scollay. Collection haute couture printemps-été 1990. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent © Guy Marineau.

Robe Watteau, dite « hommage à Marcel Proust », portée par Ann-Fiona Scollay. Collection haute couture printemps-été 1990. Photographie de Guy Marineau. © Yves Saint Laurent © Guy Marineau.

Robe, dite « hommage à Pierre Bonnard », organza de satin de soie Collection haute couture printemps-été 2001. Photographie de Sarah Braeck © Yves Saint Laurent © Sarah Braeck.

Robe, dite « hommage à Pierre Bonnard », organza de satin de soie Collection haute couture printemps-été 2001. Photographie de Sarah Braeck © Yves Saint Laurent © Sarah Braeck.

Les Fleurs d’Yves Saint Laurent

musée Yves Saint Laurent



Un joli bouquet de coquelicots, de boutons d’or, marguerites et bleuets lié par un ruban jaune, l’humble simplicité des fleurs de champs explose en feu d’artifice pop sur une robe du soir. En jouant avec la naïveté des couleurs primaires, la familiarité du pré printanier, Yves Saint Laurent ouvre le bal d’un univers sensible, dont l’excellence s’enracine dans l’authenticité d’un souvenir d’enfance. Avec comme fil conducteur les pages d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs, il nous est proposé une promenade dans un monde poétique et si délicat.

Les fleurs sortent d’une robe, libres et sauvages, évocation d’une prairie à peine domptée par un ruban rose, ou bien se domestiquent, quelques brins de muguet ornant une blouse d’organdi, hommage à son mentor Christian Dior. Une pluie amoureuse de roses rouges recouvre une robe de mariée, cent promesses, mille hourras. D’autres, roses, petits boutons frais, gonflent et éclosent en fleurs charnues, charnelles sur l’écran de cinéma que leur offre la crêpe de soie blanche.

Une robe rouge où se noient des dahlias évoque une passion intense, orageuse, donc fort intéressante. La taille ceinte par un large nœud invite aux tragédies magnifiques sur lesquelles se lève un rideau de théâtre. Des orchidées parfumées jaunes et pourpres dansent sur une robe d’héroïne romanesque du XVIIIème, découvrant une gorge prête à tressaillir de terribles émotions. Quelques petites roses brodées tombent, légères, rafraichies par des gouttes de rosée de strass. Yves Saint Laurent n’habille pas les femmes que de fleurs, ce sont des pages de romans qu’il leur offre.

Des extraits de Proust se mêlent à des croquis, des petites élégances tracées d’un crayon rapide, et il faut bien l’être, rapide, pour dessiner des sentiments si fugaces. Comme Proust, Yves Saint Laurent sait capturer ces mille petits riens qui donnent la vraie saveur à la vie. Sur les pages de ses cahiers ont éclos des fleurs de tissu, de velours, aux pétales blanches nacrées ou noires bordées de sequins.

Une Eve est à peine vêtue d’une branche de rosier qui grimpe comme une vigne, serpente autour d’elle jusqu’à lui faire une couronne. Cette robe de mariée faite de grosses roses pulpeuses semble oublier d’être un vêtement avec une folle candeur. Nous voilà dans un monde onirique, ceux des fresques et des tableaux. Des jardins impressionnistes sont imprimés sur de longs drapés. Des fleurs découpées, assemblées, rappellent les papiers découpés de Matisse, ici c’est un coin de jardin, une petite forêt de feuilles tout en nuances de verts. Des branches de saules pleurent sur un étang violet au parfum de Nymphéas. L’élégance de Mucha se lit dans un envol de fleurs jaunes, oranges sur un drapé souple et sensuel bleu aux accents turquoise.

Sous un buste bleu d’Orient, une folie de bleus, des chrysanthèmes, des œillets, une petite Sakura japonaise, quelques touches de fuschia ici et là. L’étoffe sait être sage: quelques roses brodées sur du gazar bleu, une robe de princesse dénichée dans un conte fantastique de Prévert, Les Visiteurs du Soir. Plus insolent, ce collage chaotique d’imprimés, patchwork destroy qui dynamite des fronces trop domestiquées. Le bas d’une robe noire de charbon s’enflamme soudain d’une lumière rouge-orangée. Dentelles et broderies forment une sculpture textile, un bas-relief s’animant comme une matière vivante. La fleur trop vivante, trop odorante, consume sa beauté et sa jeunesse comme une rock star. Dépêchons-nous, l’automne arrivera toujours trop tôt.

Sylvain Silleran

Croquis de femme portant une coiffe en fleurs, 1976. Crayons de couleur sur papier, 30,8 × 21 cm.

Croquis de femme portant une coiffe en fleurs, 1976. Crayons de couleur sur papier, 30,8 × 21 cm.

Croquis de femme portant une coiffe en fleurs, 1976. Crayons de couleur sur papier, 30,8 × 21 cm.


Extrait du communiqué de presse :

Commissariat général : Olivier Saillard et Gaël Mamine

Commissaire scientifique : Serena Bucalo-Mussely, Conservatrice, responsable des collections du Musée Yves Saint Laurent Paris



Du 20 septembre 2024 au 4 mai 2025, le Musée Yves Saint Laurent Paris présente Les Fleurs d’Yves Saint Laurent. Cette exposition pensée par les commissaires Olivier Saillard et Gaël Mamine, fait suite à un premier chapitre présenté au Musée Yves Saint Laurent Marrakech du 2 mars 2024 au 5 janvier 2025. Pour la première fois, les deux musées se sont associés pour une programmation commune autour de cette thématique majeure dans l’oeuvre du couturier.


Notes des commissaires – #expoYSLFleurs

« Le Blé porte bonheur

Les Lys, ma fleur favorite

Une Venus de Bronze, symbole de mon métier et passion des bronzes

A la recherche du temps perdu de Proust

Depuis l’âge de 15 ans je ne cesse de relire cet oeuvre inégalable »*


Avec son partenaire Pierre Bergé, Yves Saint Laurent vivait quotidiennement entouré de fleurs et de jardins – dans ses appartements, ses résidences secondaires ou sa maison de couture. Amoureux de la flore, il y trouvait une source d’inspiration infinie.

Cette admiration pour la nature, Yves Saint Laurent la partage avec de nombreux artistes et écrivains tout particulièrement avec Marcel Proust, un de ses auteurs favoris comme il le déclare dans L’Egoïste en 1987*. L’univers de l’écrivain transparaît dans les intérieurs du couturier autant que dans ses défilés. Quand le premier se plaît à décrire les femmes comme des fleurs, le second les en recouvre pour leur rendre hommage.Présentées dans l’exposition, une trentaine de silhouettes textiles et des dessins mettent en lumière cette symbiose entre l’oeuvre d’Yves Saint Laurent, la nature et la littérature.

Comme dans un livre, chaque chapitre donne à lire et à voir les citations de Proust face aux silhouettes en fleurs d’Yves Saint Laurent ; accessoires et dessins du créateur sont présentés sur des lutrins. Tel un jardin, les fleurs se déclinent et nous racontent la personnalité et les goûts du créateur : du muguet fétiche de Christian Dior, au lys anagramme de ses initiales en passant par les roses de l’amour, les bougainvilliers du Maroc ou le blé porte bonheur.

Au fil de l’exposition, le visiteur découvre les pièces iconiques et les savoir-faire auxquels Yves Saint Laurent a fait appel pour donner vie à ses créations fleuries : ici, les premières broderies appliquées de la robe printemps-été de 1962, là la virtuosité des imprimés dans la collection printemps-été 2001, référence inoubliable aux tableaux de Pierre Bonnard. En majesté, on aperçoit les fleurs en gazar de soie plus vraies que nature de la mariée d’été incarnée par Laetitia Casta en 1999, silhouette inoubliable d’Yves Saint Laurent.

Ce dialogue naturel entre les arts et les époques se prolonge avec l’artiste américain Sam Falls dont les oeuvres viennent ponctuer l’exposition. Parcourant le monde, il prélève des plantes et conserve la mémoire de ces paysage floraux au moyen d’une impression directe des pigments sur la toile. Les motifs et les couleurs de cette nature recréée entrent en harmonie avec ceux présentés sur les pièces haute couture. Dans les vêtements de Yves Saint Laurent comme dans les toiles de Sam Falls, les fleurs transcendent le temps et demeurent éternelles.

Depuis la naissance de la haute couture à la fin du XIXe siècle les fleurs sont le paraphe des couturiers. Le grand couturier Charles Frederik Worth les aime de grands formats. Présentes sur de grands ramages, ces fleurs géantes sont sa signature. Au tournant du siècle, la Belle Epoque consacre l’ornement des tiges et des fleurs. Jacques Doucet fait de l’hortensia son motif préféré. Après 1914, Paul Poiret invente une rose au dessin simplifié en accord avec les courants artistiques de son temps. Dans les années 1930 et 1940, les robes de jour de confection ordinaire privilégient les motifs champêtres. Christian Dior est le couturier qui affirme avec le plus de volonté les accords d’une femme idéalisée selon les volutes et les courbes d’une fleur. En 1947, sa collection New Look est en partie dessinée sous la gouvernance d’une ligne qu’il souhaite « Corolle ».

Yves Saint Laurent s’inscrit en harmonie avec cette tradition qui transforme les salons haute couture en jardins. A ses débuts chez Dior ou sous son propre nom à partir de 1962, les fleurs en semis, ou bouquets ou juste piquées sur le revers d’un tissu ponctuent les collections Saint Laurent.

Réunies en 4 thèmes, les robes sélectionnées pour l’exposition présentent l’étendue stylistique, les traitements textiles et les coloris que le couturier s’est plu à regarder pour évoquer les fleurs. Elles sont brodées et transforment les robes en délicates compositions. Associées en bouquet, sur les mousselines ou les taffetas en hommage à monsieur Christian Dior. Imprimées en contraste dans les soies, découpées et appliquées sur le tissu même, fondues sur les taffetas bicolores, les fleurs, réalistes ou imaginaires transforment les défilés et les collections en herbier fertile et poétique.


Olivier Saillard et Gaël Mamine

Parcours de l’exposition

Le bal des têtes
Le 23 juin 1957, le Bal des têtes est donné à l’hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis par le baron Alexis de Rédé, figure importante de la café society. Il précise dans ses mémoires que « les in­vités étaient priés de venir en s’étant composé une tête spéciale ». L’organisation de la soirée est confiée à Lilia Ralli, femme influente dans le monde de la mode, qui fait appel au jeune Yves Mathieu-Saint-Laurent, alors âgé de 21 ans et assistant de Christian Dior. Pour répondre à la thématique du bal, le couturier réalise plusieurs études de coiffes et de décors à la gouache sur papier coloré en développant un vo­cabulaire de fleurs, de plumes et de feuilles. Cette commande lui permet d’expri­mer toute sa créativité dans un style graphique très inspiré de Christian Bérard, ar­tiste décorateur et illustrateur pour lequel Yves Saint Laurent a beaucoup d’admiration. Cet ensemble somptueux, immortalisé par le photographe André Ostier, introduit le jeune couturier dans le beau monde.

Les jardins couture
Depuis 1962, date de la fondation de sa maison, les créations d’Yves Saint Laurent n’entretiennent pas unique­ment un lien stylistique avec les jardins. Comme les bouquets d’un jour, elles évoquent la vulnérabilité. Les conserver à l’abri de la lumière comme on fait sécher une rose ne garantit pas toujours de leur préservation. Dans cet équilibre précaire qui veut que la mode naisse et disparaisse dans un renouvellement incessant, se loge le mystère des créations d’un jour, d’une saison : incarner une époque tout en fuyant le temps, s’échapper tout en demeurant. Dans le grand herbier de la mode, seuls les vêtements restent. Ornées de délicates broderies florales les créations d’Yves Saint Laurent évoquent une nature en plein épanouissement, où chaque pétale est un hommage à sa beauté éphémère. Le couturier puise son amour pour la flore entre autres de sa passion pour l’oeuvre de Marcel Proust, son auteur favori, qui consacre dans sa Recherche tant de métaphores florales lorsqu’il décrit ses protagonistes.

Hommage à Christian Dior
La fascination de Saint Laurent pour le monde floral nait dans les ateliers de Christian Dior, où le jeune couturier fait ses premiers pas. Avec ses jupes larges en « corolles », Dior avait trans­formé ses femmes en fleurs. Symboles des messages les plus divers, les fleurs de­viennent chez le maître de Granville motifs et parures.   Au fil de sa carrière, Saint Laurent garde en mémoire le travail de son mentor. En 1958 pour sa première collection « Trapèze », il lui rend hommage en ornant la garniture de ses chapeaux de brins de muguet, les fleurs porte-bonheurs de Dior. Cette fleur, allégorie de délicatesse et de pureté, sera même choisie pour embellir une blouse en organdi de sa dernière collection en 2001. En 1990, Saint Laurent célèbre l’oeuvre de son maître avec une collection où défilent des robes en taffetas de style Louis XV, aux décolletés prononcés et jupes bouffantes, ornées d’iris et de roses. Ces dernières, favorites de Dior, sont constamment réinventées par le jeune couturier, en imprimés ou en broderies.

Les fleurs et l’art
Mêlant son goût pour l’art et pour le monde végétal, Yves Saint Laurent explore régulièrement l’oeuvre de ses artistes favoris. À l’instar d’Henri Matisse et de ses collages de gouaches découpées, Saint Laurent sélectionne pour ses tenues un fond composé d’empiècements en patchwork et de broderies appliquées. Les imprimés de la mai­son de soieries Abraham lui offrent un terrain fertile pour rendre hommage aux univers qui le fascinent. En 1990, il célèbre l’oeuvre de Proust et son esprit roman­tique avec une robe ornée d’oeillets aurore et orange. La palette se pare de teintes éblouissantes et d’harmonies contrastées lorsqu’il fait référence aux bougainvilliers du Jardin Majorelle au Maroc. Les gammes chromatiques demeurent franches, mais l’imprimé végétal devient plus abstrait dans les ensembles en organdi, inspirés des paysages de Pierre Bonnard. L’oeuvre Serpentine, Lakeshore, Overnight de l’artiste Sam Falls dialogue avec les quinze robes d’Yves Saint Laurent. Cette toile créée en 2023, au début du prin­temps, à partir de fleurs cueillies dans la campagne et les jardins du sud de la France, fait écho à la nature qui inspirait autrefois le peintre Bonnard.

Signature
Tous les grands couturiers ont puisé leur inspiration dans l’univers floral. Yves Saint Laurent s’inscrit dans cette tradition et transforme les salons haute couture en jardins. Ses podiums sont encadrés de murs entièrement recouverts de fleurs aux parfums entêtants. Il clôt chacun de ses défilés par une robe de mariée, qui peut épouser l’expression d’une fleur éphémère. En 1999 Laetitia Casta, telle une nymphe parée de roses, reste parmi les plus iconiques créations du couturier. Le Lys, anagramme heureuse d’YSL suscite également de nombreux applaudissements.

Artiste invité : Sam Falls
Sam Falls  est un artiste né en 1984 en Californie et ayant grandiessentiellement dans le Vermont (États-Unis). Il porte ses réflexions sur les peortnotions du temps, d’éphémère et de mortalité, prenant la nature pour sujet et motif. L’artiste crée son propre langage formel à partir de techniques photographiques comme de celles de la peinture et de la sculpture. Travaillant principalement en extérieur avec des pigments et l’exposition au soleil et à la pluie, Sam Falls cherche à capturer le beauté des éléments naturels sur la toile, dans un dialogue entre représentation et abstraction. Sam Falls a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles au moCa Cleveland (2023), au Kunstverein Frankfurt (2019) ou encore au Hammer Museum, Los Angeles (2018).