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“L’art des charpentiers japonais” à la Maison de la culture du Japon, du 18 octobre 2023 au 27 janvier 2024 (prolongée jusqu’au 10 février 2024)

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“L’art des charpentiers japonais”
Au coeur de l’architecture en bois traditionnelle

à la Maison de la culture du Japon, Paris

du 18 octobre 2023 au 27 janvier 2024 (prolongée jusqu’au 10 février 2024)

Maison de la culture du Japon


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©Sylvain Silleran, présentation presse, le 17 octobre 2023.
Les quatre classes sociales : les artisans Triptyque d’estampes nishiki-e / Utagawa Toyokuni III / 1858. © Takenaka Carpentry Tools Museum.
Utagawa Toyokuni III, Les quatre classes sociales : les artisans Triptyque d’estampes nishiki-e / Utagawa Toyokuni III / 1858. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Texte Sylvain Silleran

Traceur de charpentier. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Traceur de charpentier. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Herminette et traceur de charpentier (sumitsubo) utilisés lors de cérémonies. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Herminette et traceur de charpentier (sumitsubo) utilisés lors de cérémonies. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Le maître charpentier Tsunekazu Nishioka aplanissant une surface de bois avec un yari-ganna. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Le maître charpentier Tsunekazu Nishioka aplanissant une surface de bois avec un yari-ganna. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Tout commence avec le vivant, la forêt à flanc de montagne où le daiku (charpentier) va choisir les arbres dont il aura besoin. Son travail se fait dans le respect de cette vie et ce qu’il va bâtir doit durer dans le temps, prendre ne compte les années qu’il a fallu à l’arbre pour croître. Dans des boîtes transparentes des copeaux de différentes essences de bois ressemblent à des friandises colorées. En soulever le couvercle pour humer le parfum qui s’en dégage fait sentir cette vie, ces montagnes d’où ils viennent, cette nature japonaise frissonnante des esprits qui l’habitent.

Des billes de bois forment une palette de couleurs: le cèdre lisse, les troncs écorcés à la saison des pluies qui se couvrent d’une texture mouchetée, l’écorce blanche, celle carmin du pin rouge évoquent la succession des saisons. Du cyprès, durable et noble au bambou léger, chaque essence a sa destination dans la future construction. L’art des charpentiers est enraciné dans le respect de la nature et de ses formes. Le Hikari-tsuke est une technique visant à reporter la forme irrégulière d’une pièce sur une autre pour un assemblage parfait. Ainsi les poteaux de l’édifice sont posés sur des pierre en en épousant les courbes et les aspérités.

L’artisan réalise une prouesse technique et la fait disparaitre pour évoquer les pas légers passant de pierre en pierre pour traverser une rivière. La réplique de l’ossature du pavillon de thé Sa-an de Kyoto en est le témoignage. Sa construction est d’une délicatesse qui semble trompeusement fragile. Le refuge s’efface dans un murmure pour laisser toute sa place à la cérémonie qu’il abrite. Seuls doivent rester les gestes, les arômes, les sentiments fugaces. Ce qui est fragile n’est pas la charpente, mais bien la tradition et sa transmission, la spiritualité que l’on trouve dans la répétition de ces gestes lents et précis.

Sur un mur les outils des charpentiers, 87 sur les 179 autrefois nécessaires pour réaliser un ouvrage de qualité. Des outils hors du temps, mariage du bois lissé par les paumes des mains et de l’acier noirci, parcheminé par le labeur. Des formes simplifiées jusqu’à l’évidence qui les fait sembler immortels. Les dents des scies se découpent sur le mur blanc, mâchoires noires de squales. Des rabots dont un à deux lames, qui découpe une épaisseur de bois si fine qu’elle est transparente comme une feuille de papier calque.

Des plans, des schémas et des listes, des tableaux comme des diagrammes divinatoires, quelque chose de mystérieux et magique. Ils deviennent les plans d’une pagode dessinés sur une planche de bois, résistant aux intempéries et aléas du chantier. Puis sur une grande planche de contreplaqué le plan à taille réelle permet de réaliser les gabarits des pièces. Le kigumi, art de l’assemblage, est réalisé avec une telle précision que la jointure des pièces devient parfois invisible. Seules quelques chevilles trahissent une découpe labyrinthique. Le tsugite, permettant de prolonger une pièce trop courte, le shikuchi, technique d’angle, se déclinent en formes d’une complexité que l’on a l’habitude d’attribuer à des logiciels plutôt qu’à la main d’artisans.

Cette perfection géométrique, mathématique, tient de l’abstraction. Pourtant, ce bois clair, lisse et brillant, la simplicité atteinte lorsque les pièces sont assemblées est poétique, sensuelle. La surface appelle les doigts à la caresser. L’arbre tronçonné, découpé, voit ses fragments réunis à nouveau. L’essence de la nature est bien là, dans l’humilité de ce travail poussé à la perfection, dans l’enracinement de la tradition. Elle retrouve dans la charpente du temple ou du pavillon son unicité.

 

Sylvain Silleran

Grande scie à traction. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Grande scie à traction. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Réplique de l’ossature du pavillon de thé Sa-an. © Takenaka Carpentry Tools Museum.

Réplique de l’ossature du pavillon de thé Sa-an. © Takenaka Carpentry Tools Museum.


Extrait du communiqué de presse :

Commissariat : Marcelo Nishiyama (directeur adjoint et conservateur en chef au Takenaka Carpentry Tools Museum)
Organisation : MCJP (Fondation du Japon), Takenaka Carpentry Tools Museum

 

À partir de la mi-octobre 2023 et pour plus de trois mois, la Maison de la culture du Japon à Paris (MCJP) donne à découvrir une facette encore méconnue de la culture de l’archipel : le savoir-faire japonais dans le domaine de l’architecture traditionnelle en bois. Cette nouvelle exposition originale est une occasion unique pour tous les publics, petits et grands,néophytes et amateurs, d’appréhender les métiers et techniques traditionnelles liés au bois et leur place dans la culture japonaise.

Réalisée en collaboration avec le Takenaka Carpentry Tools Museum, l’exposition « L’art des charpentiers japonais – Au coeur de l’architecture en bois traditionnelle » met en lumière trois dimensions spécifiques : les dômiya-daiku, charpentiers spécialisés dans la construction des temples et des sanctuaires ; les pavillons de thé et autres bâtiments de style sukiya, qui privilégient la fragilité à la robustesse et mettent en valeur les matériaux naturels ; et la technique du kigumi (assemblage de pièces en bois sans clous ni vis), exemple remarquable du savoir-faire des charpentiers du Japon.

L’architecture en bois dans l’archipel a émergé de l’étroite relation qui s’est nouée entre les Japonaiset les forêts denses, génératrices d’une formidable biodiversité, de leur territoire insulaire. Source principale de matériaux de construction, la nature a ainsi joué un rôle déterminant dans le patrimoine bâti du pays où subsistent encore des bâtiments en bois érigés il y a plus de mille ans,tels que le célèbre temple Hôryû-ji, près de Nara. Cette culture du bois, constitutive de l’architecturejaponaise, est donc le fil conducteur de cette exposition qui vise d’explorer cet art traditionnel autravers de pièces de natures variées (outils, plans, répliques d’éléments architecturaux, estampes…)ainsi que de plusieurs vidéos.

L’exposition présente les différentes étapes du travail du daiku (carpentier) : sa sélection minutieuse des bois (cyprès, cèdre, pin rouge…) ; l’utilisation d’une multitude d’outils – pour mesurer, marquer, couper ou encore raboter – dont le rôle est bien sûr essentiel ; les rituels shintô effectués en costumes de cérémonie pour s’attirer les faveurs des divinités lors de la construction. La dimension spirituelle est aussi évoquée au travers de l’architecture religieuse (temples bouddhiques et sanctuaires shintô) et des dômiya-daiku, charpentiers spécialisés dans ce type de construction. Une autre facette de l’architecture traditionnelle est illustrée par une reconstitution grandeur nature du Sa-an, un célèbre pavillon de thé conçu en 1742, qui fait partie du complexe du temple Daitoku-ji à Kyoto. Cette structure est typique du style sukiya, né au XVIe siècle avec l’engouement pour la cérémonie du thé parmi l’aristocratie. Elle témoigne du savoir-faire des charpentiers japonais et de la beauté d’une architecture d’apparence rustique, mais à la conception étonnamment complexe.

Enfin, l’exposition révèle au public la technique des kigumi. Ces assemblages de pièces de bois sans clous ni vis ont une multitude de formes, parfois très sophistiquées, qui répondent à des fonctions diverses et sont emblématiques de l’ingéniosité des charpentiers japonais.