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🔊 “Miriam Cahn” au Palais de Tokyo, Paris, du 17 fĂ©vrier au 14 mai 2023

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“Miriam Cahn” Ma pensĂ©e sĂ©rielle

au Palais de Tokyo, Paris

du 17 février au 14 mai 2023

Palais de Tokyo


Interview de Marta DziewaƄska, conservatrice au Kunstmuseum Bern et co-commissaire de l’exposition, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 16 fĂ©vrier 2023, durĂ©e 10’03. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Marta DziewaƄska, conservatrice au Kunstmuseum Bern et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 16 fĂ©vrier 2023, durĂ©e 10’03.
© FranceFineArt.
(Marta DziewaƄska à gauche, Emma Lavigne à droite)


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Miriam Cahn
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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite presse avec Emma Lavigne et Marta DziewaƄska, le 16 fĂ©vrier 2023.
Miriam Cahn, baumtheorie im herbst, 18.9.21, 2021, oil on canvas, 380 x 214 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, baumtheorie im herbst, 18.9.21, 2021, oil on canvas, 380 x 214 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, in meinem garten, 16.7.21, 2021, oil pastel on paper, 70 x 51 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, in meinem garten, 16.7.21, 2021, oil pastel on paper, 70 x 51 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.

Extrait du communiqué de presse :

Miriam Cahn, o.t., 2018 + 2.6.22, 2022, oil on canvas, 104.5 x 92 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury/
Miriam Cahn, o.t., 2018 + 2.6.22, 2022, oil on canvas, 104.5 x 92 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury/
Miriam Cahn, denkender hund, 8.4.+14.5.21, 2021, oil on canvas, 300 x 200 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, denkender hund, 8.4.+14.5.21, 2021, oil on canvas, 300 x 200 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.

Commissaires :
Emma Lavigne et Marta DziewaƄska





Miriam Cahn invente de nouvelles incarnations plastiques Ă  ce qui nous dĂ©range, Ă  ce que l’on voudrait pouvoir zapper et qui pourtant nous fait face, nous regarde droit dans les yeux, dans un corps Ă  corps auquel on ne peut Ă©chapper. Jour aprĂšs jour, au sein d’une oeuvre picturale intense qui embrasse aussi le dessin, la photographie, les films, l’écriture, Miriam Cahn met sur pause le flux des images volatiles de l’actualitĂ© politique et s’en saisit pour tĂ©moigner, rĂ©sister, incarner. Elle est aujourd’hui une des plus importantes artistes de la scĂšne contemporaine.

L’exposition au Palais de Tokyo est la premiĂšre grande rĂ©trospective consacrĂ©e au travail de l’artiste dans une institution française. Elle rĂ©unit un ensemble de plus de deux cents oeuvres de 1980 Ă  nos jours. Miriam Cahn substitue Ă  l’unicitĂ© de l’oeuvre, un flux quasi organique d’images, organisĂ©es parfois comme dans un rĂ©cit, en une Ă©criture qui se refuse Ă  toute linĂ©aritĂ© au profit de clusters explosifs et d’échappĂ©es, autorisant une relecture des catĂ©gories de l’histoire de l’art. L’enjeu de l’oeuvre n’est pas la quĂȘte d’un Ă©quilibre mais l’incarnation plastique et spatiale des stridences et du chaos du monde. Les images combinĂ©es aux mots s’inscrivent dans un rĂ©cit cyclique, sĂ©riel et infini, sans cesse rejouĂ©, sur les pages des cahiers, Ă  la surface des toiles, dans la prolifĂ©ration des variations numĂ©riques qui dĂ©filent dans ses diaporamas. « Une exposition est une oeuvre en soi et je l’envisage comme une performance » prĂ©cise Miriam Cahn.


Emma Lavigne
et Marta DziewaƄska, co-commissaires de l’exposition



Miriam Cahn Ma pensée sérielle bénéficie du soutien de Prohelvetia

Miriam Cahn, liegen, 1. + 13.10.96, 1996, oil on canvas, 20.5 x 25.5 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, liegen, 1. + 13.10.96, 1996, oil on canvas, 20.5 x 25.5 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, RAUM-ICH/ rÀumlich-ich : gelblichich, 2010, oil on canvas, 42 x 31 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.
Miriam Cahn, RAUM-ICH/ rÀumlich-ich : gelblichich, 2010, oil on canvas, 42 x 31 cm , courtesy of the artist and galeries Jocelyn Wolff and Meyer Riegger, photo : François Doury.

L’exposition

RAUM-ICH / RÄUMLICH-ICH [ESPACEMOI /SPATIALEMOI], 2018
Miriam Cahn utilise des images du corps humain pour aborder des thĂšmes existentiels de l’ĂȘtre humain. Elle comprend la nuditĂ© comme un symbole de la vie « nue », qui est menacĂ©e de toutes parts. Les tĂȘtes et les visages en gros plan sont omniprĂ©sents dans son oeuvre, tout comme les corps humains en pied, montrĂ©s sous diffĂ©rentes perspectives et dans diffĂ©rentes poses, forts, fragiles, isolĂ©s ou disposĂ©s en groupes. L’artiste installe ses tableaux pour que les yeux de ses protagonistes soient Ă  la hauteur de nos yeux. En confrontant les spectateur·ices avec ces nombreux visages qui nous regardent autant qu’ils nous sondent sur notre impuissance Ă  rĂ©agir aux turbulences du monde, Miriam Cahn rĂ©veille notre conscience et nous permet de renouer avec l’expĂ©rience urgente de l’altĂ©ritĂ©. La pensĂ©e sĂ©rielle de Miriam Cahn porte en elle une intranquillitĂ© qui doit ĂȘtre partagĂ©e ici et maintenant. « Je crois Ă  l’immĂ©diatetĂ© plus qu’à l’éternitĂ© » prĂ©cise l’artiste qui compose un portrait polyphonique et collectif oĂč le « « je » signifie toujours « nous » », oĂč dans le temps de l’exposition, est rendu sensible, mĂȘme dans un Ă©tat prĂ©caire, le rassemblement d’une possible communautĂ©. « Je m’intĂ©resse aux Ă©changes entre l’image et le spectateur » confie Miriam Cahn. Le niveau physique des yeux des images se poursuit dans le traitement Ă©gal de tous les formats, matĂ©riaux et supports. Sa prĂ©occupation pour les hiĂ©rarchies sociales s’incarne non seulement dans le contenu de ses oeuvres, mais aussi dans leur prĂ©sentation.

LESEN IN STAUB (L.I.S.) – 1 weiblicher monat [LIRE DANS LA POUSSIÈRE (L.D.L.P.) – 1 mois fĂ©minin], 1988
L’approche de Miriam Cahn est rĂ©solument performative. Au dĂ©but de sa carriĂšre, elle parcourait la ville la nuit, en violant la loi, crĂ©ant ses dessins sur les culĂ©es des ponts, sur les murs et dans les passages souterrains. Elle avait aussi l’habitude de danser sur du papier ou d’utiliser tout son corps pour crĂ©er d’Ă©normes dessins sur le sol. L’artiste aborde rarement ses oeuvres plus d’une ou deux fois – un fait dĂ»ment notĂ© par les dates au verso de ses tableaux – n’accordant pas plus de deux heures Ă  une seule oeuvre. Cette technique reflĂšte le temps rĂ©el que l’artiste peut passer dans un Ă©tat de concentration maximale et d’immersion dans son travail. La pensĂ©e sĂ©rielle de Miriam Cahn s’arrime Ă  son propre corps, Ă  son mĂ©tabolisme, Ă  son cycle menstruel, Ă  la façon dont il influe sur son Ă©nergie, au mĂȘme titre que le cycle lunaire agit sur les marĂ©es et les mĂ©tamorphoses de la nature. L’exposition garde en creux la mĂ©moire de ses gestes, lorsqu’elle se penche pour Ă©crire dans ses multiples cahiers comme dans un journal intime ; lorsqu’à terre, les yeux fermĂ©s, agenouillĂ©e dans la poussiĂšre qui se mĂ©lange Ă  la cendre de la craie noire, elle fait corps avec la peau de ces vastes feuilles de papier pour dĂ©ployer dans ses dessins sismographiques la chorĂ©graphie de ses Ă©motions : abjection, vulnĂ©rabilitĂ©, rage, colĂšre, joie, pleurs. Des Ă©motions dans lesquelles elle trouve des titres poĂ©tiques qui peinent Ă  ĂȘtre traduits. L’exposition est un champ opĂ©ratoire qui agit sur les mĂ©canismes de la perception, balayant tout rĂ©sidu de l’esthĂ©tique pĂ©rimĂ©e du white cube. À rebours, l’exposition de Miriam Cahn s’apparente Ă  un organisme, soulevĂ© par les pulsations et pulsions de vie et de mort des corps qui l’habitent. « Mon corps, ma pensĂ©e, mon sexe, ce que je suis au moment prĂ©sent, la maniĂšre dont je vis font mon oeuvre. »

FLÜCHTENMÜSSEN+ WESENWESENTLICH [DEVOIRFUIR + ESSENCESSENTIELLEMENT]Les oeuvres sur toile de Miriam Cahn sont avant tout une tentative de traduire des Ă©motions dans le langage de la peinture : des Ă©motions qui ne peuvent ĂȘtre transmises par le langage verbal face aux traumatismes, aux actes de violence, aux conflits armĂ©s, au racisme et aux relations humaines toxiques. Les figures de ses tableaux sont souvent reprĂ©sentĂ©es sans traits du visage et sans vĂȘtements, comme si l’artiste voulait leur prĂȘter la signification la plus universelle, la plus primitive, rĂ©duisant le corps Ă  une vie nue et vulnĂ©rable. Pour Miriam Cahn, la sexualitĂ©, jusqu’à celle reprĂ©sentĂ©e dans la pornographie, ne relĂšve pas seulement de la sphĂšre de l’intime mais du collectif et du politique. Elle dĂ©multiplie la reprĂ©sentation assumĂ©e de l’acte sexuel : pĂ©nĂ©tration, jouissance, viol, accouchement. Le vagin est l’organe qui tout Ă  la fois engendre l’humanitĂ© et figure aussi le terrain de bataille, oĂč l’humanitĂ© se perd dans la bestialitĂ© et l’obscurantisme. Miriam Cahn puise dans le vivier de la pornographie pour dĂ©noncer la violence des mĂ©dias, la banalisation de l’obscĂ©nitĂ© et les stigmates de la guerre. Elle s’inscrit dans la pratique d’autres artistes qui l’ont inspirĂ©e, Ă  l’image de VALIE EXPORT qui, dans Genital Panic (1968), exhibe son pubis dans un cinĂ©ma porno de Munich armĂ©e d’une mitraillette. L’art de Miriam Cahn est psycho-corporel et performatif, dans son exĂ©cution, dans son incarnation. Elle se sert de sa morphologie, de ses sensations, pour explorer les thĂšmes qui hantent son oeuvre : le sexe, la violence et la mort. Un des enjeux est chez elle est de capter des forces, de faire ressentir les Ă©motions comme la violence. Dans l’oeuvre de Miriam Cahn, la fluiditĂ© de la peinture Ă©voque le sang des menstruations autant que la sĂšve et les Ă©lĂ©ments qui irriguent le panthĂ©isme tourmentĂ© de ses paysages. Il y a dans l’oeuvre de Miriam Cahn une semblable pulsation de la vie inscrite dans l’ADN confondu des diffĂ©rents rĂšgnes et espĂšces qui composent sa conscience d’un monde partagĂ©. « Je ne sais pas d’emblĂ©e si ça va ĂȘtre une personne ou un animal, ça arrive juste » confie l’artiste qui compose et accouche de peintures comme autant d’antidotes fertiles Ă  la sĂ©grĂ©gation du vivant.

Kriegsraum FRÜHLING 2022 [Espace de guerre PRINTEMPS 2022]Les armes, les tanks, les navires de guerre et les bombes atomiques ont Ă©tĂ© le sujet de dessins Ă  la craie noire et d’aquarelles colorĂ©es de Miriam Cahn depuis les annĂ©es 1980. L’artiste a examinĂ© les images de la guerre et de la souffrance des gens depuis la deuxiĂšme guerre du Golfe, les guerres dans les Balkans et la guerre civile en Syrie. L’expulsion, la fuite et la migration des ĂȘtres humains font toujours partie de ces conflits armĂ©s et continuent de prĂ©occuper l’artiste. « La guerre, dit l’artiste, fait partie de l’histoire de ma famille. » L’installation Kriegsraum FRUHLING 2022, qui se saisit des dĂ©flagrations de la guerre en Ukraine, est comme un corps en sursis tapi dans cette salle du Palais de Tokyo. Squelettes de maisons brossĂ©s au noir de fusain se dĂ©tachant d’une nappe d’un vert Ă©meraude quasi phosphorescent, variation chromatique de l’incarnat au rouge profond habillant un corps de femme dĂ©nudĂ©e surgissant d’un sfumato de gris sans fond, lignes de fuite Ă  peine Ă©bauchĂ©es qui ne permettent aucune Ă©chappĂ©e, vert acide et fluorescent des plantes irradiĂ©es, horizons bleutĂ©s qui pĂšsent de tout leur poids sur ce qu’il reste de l’humanitĂ©, terre qui rĂ©gurgite les corps martyrisĂ©s de Boutcha. En temps rĂ©el, on peut y prendre le pouls d’une oeuvre qui, jour aprĂšs jour, s’écrit au prĂ©sent et qui laisse advenir, alors qu’on les pensait enfouies, la rĂ©manence d’images liĂ©es Ă  d’autres guerres, Ă  d’autres temps. Aux coups de poings qui matraquent l’actualitĂ© oĂč les images tĂ©lĂ©visuelles sont banalisĂ©es par leur usure cathodique, l’art-manifeste de Miriam Cahn cogne. Dans la lignĂ©e des peintures noires de Goya ou des convulsions de Guernica, il donne forme Ă  la violence.


Au mĂȘme moment au Palais de Tokyo – Exposé·es

du 17 février au 14 mai 2023



Commissaire : François Piron

ConseillĂšre scientifique : Elisabeth Lebovici
Assistant curatorial : Clément Raveu
Assistante d’exposition : Rose Vidal



Exposé·es : des personnes n’ont pas choisi d’ĂȘtre exposĂ©es Ă  un virus, une maladie, une Ă©pidĂ©mie. Exposé·es : des personnes ont choisi de s’exposer pour rendre visible ce virus, cette maladie, cette Ă©pidĂ©mie. Parmi ces personnes, des artistes. Parmi ces virus et ces maladies, le VIH/sida, qui a causĂ© l’épidĂ©mie la plus meurtriĂšre du dernier siĂšcle, et de celui-ci.