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“Gribouillage / Scarabocchi” de Léonard de Vinci à Cy Twombly, au Palais des Beaux-Arts, Paris, du 8 février au 30 avril 2023

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“Gribouillage / Scarabocchi”
de Léonard de Vinci à Cy Twombly

au Palais des Beaux-Arts, Paris

du 8 février au 30 avril 2023

Palais des Beaux-Arts


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Gribouillage / Scarabocchio
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 6 février 2023.
Rembrandt, Griffonnements avec la tête de Rembrandt, Portrait, 1632. Gravure sur cuivre. © Beaux-Arts de Paris.
Rembrandt, Griffonnements avec la tête de Rembrandt, Portrait, 1632. Gravure sur cuivre. © Beaux-Arts de Paris.
Cy Twombly, Delian Ode n°19, août 1961. Craie grasse, crayon, crayon de couleur et stylo à bille sur papier, 33,3 x 35,3 cm. Collection privée, Paris / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon. © Cy Twombly Foundation.

Texte de Sylvain Silleran

Brassaï, Matisse devant un dessin exécuté les yeux fermés, 1939. Épreuve gélatino-argentique, 29,5 x 22,5 cm, Paris. © Estate Brassaï Succession - Philippe Ribeyrolles.
Brassaï, Matisse devant un dessin exécuté les yeux fermés, 1939. Épreuve gélatino-argentique, 29,5 x 22,5 cm, Paris. © Estate Brassaï Succession – Philippe Ribeyrolles.
Eugène Delacroix, Cahier de classe, 1815. Plume et encre noire, fol. 1, 22,8 x 17,5 cm. Paris, bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. © INHA.
Eugène Delacroix, Cahier de classe, 1815. Plume et encre noire, fol. 1, 22,8 x 17,5 cm. Paris, bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art. © INHA.
Jean Dubuffet, Henri Calet, 1947. Encre de Chine (plume) sur papier. Paris, Fondation Dubuffet. © Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris.
Jean Dubuffet, Henri Calet, 1947. Encre de Chine (plume) sur papier. Paris, Fondation Dubuffet. © Fondation Dubuffet / ADAGP, Paris.
Inge Morath, Alberto Giacometti encadrant un graffiti sur le mur de son atelier parisien au 46 rue Hippolyte-Maindron, 1958. Tirage gélatino-argentique, New York, Inge Morath Estate. © Inge Morath / Magnum Photos.
Inge Morath, Alberto Giacometti encadrant un graffiti sur le mur de son atelier parisien au 46 rue Hippolyte-Maindron, 1958. Tirage gélatino-argentique, New York, Inge Morath Estate. © Inge Morath / Magnum Photos.

De petits dessins découverts sous une fresque du XIVème siècle à Giacometti encadrant un graffiti sur le mur de son atelier, le gribouillage entre aux Beaux-Arts, et par la grande porte, avec tous les honneurs dûs. Anonymes et artistes les plus grands ont laissé vagabonder leurs mains dans les marges. Des belles feuilles de Michel-Ange, Annibal Carrache, Andrea del Sarte montrent comment le fil des pensées se déroule et accouche d’un théâtre curieux: un profil de femme, un oeil géant, des poissons, un vieillard barbu, un Christ, une main, des extraits d’écriture, un museau de chien… Chez Rembrandt la pointe court librement sur la plaque de cuivre, un autoportrait surgi de l’ombre partagera l’encre avec un couple de vieillards. Dans les marges d’une lithographie de Delacroix pour illustrer Faust on trouve un bric-à-brac de brocanteur: une tête de cheval, des épées et boucles calligraphiques.

Une Vierge à l’enfant vite esquissée se perd dans des additions, une comptabilité vieille de cinq siècles. Au dos d’une tête de femme, une caricature, le recto et le verso sont deux mondes inversés. Le rideau se lève sur quelques secrets insolents, un domaine privé s’offrant à nos yeux. Le gribouillage comme mauvaise herbe poussant entre les pavés est l’irruption d’une vie désordonnée, chaotique, venue bousculer l’ordre établi. Les bonhommes de Pierre Alechinsky graffités sur des papiers trouvés aux puces, des bordereaux de commandes, factures, sont une anarchie se jouant des lignes et des colonnes comptables. Plus loin dans l’histoire, une caricature de François Ier dans un registre de compte municipal, un petit bonhomme vite griffonné dans la marge d’un manuscrit du XIIIème siècle montent un dessin libre et facétieux que les siècles n’ont pu assagir.

Le gribouillage est un fil emmêlé qui se déroule sur la feuille, un chaos qui s’organise peu à peu, s’envolant en boucles légères comme des plumes, pour finalement laisser émerger comme d’une brume ouatée Dieu le Père avec l’archange Gabriel. A côté de ce merveilleux dessin de Barbieri, les Mailles de Pierrette Bloch reste un fil gribouillé, son tracé ne s’aventure pas hors de l’abstrait. Le geste contemporain reste geste, il refuse d’engendrer quoi que ce soit de sensible. Il démontre, argumente, thèse, antithèse, synthèse. Les bruits de Wols, Les griffures colorées de Cy Twombly, celles de Lucio Fontana semblent soudain tristement stériles. D’autant plus qu’en face, il y a une étude divine de Raphaël, un Jésus chérubin dans les bras de la Madone. Voilà la grâce, la vraie, celle d’une main habitée qui en quelques traits organise le chaos pour donner naissance à un attendrissant enfant, lui offre un élan et bien plus, une âme.

Comment organiser la rencontre entre des siècles si éloignés ? Notre époque est-elle si froide et analytique que le geste qui se répète occupe l’espace sans autre but que celui de l’occuper? Le chaos reste chaos, l’artiste renonce à intervenir et observe le monde en silence. Il interroge de sa calligraphie brutale, désapprise, ne trouvant en lui aucune grâce rédemptrice.

Fi de la rédemption, place aux enfants pas sages. Un cahier de classe de 8é du jeune Eugène Delacroix: l’écriture s’arrête et d’une tache naissent des têtes, profils de valets de cartes à jouer, héros de rêveries. Le songe s’incruste dans le réel par le gribouillage, et compte bien y rester. Un autoportrait de Louis XIII dans un livre où ont été collectés ses dessin est un audacieux bonhomme d’une étonnante modernité. Il a la tête adulte au regard perçant de celui qui se regarde avec attention dans un miroir, et un corps stylisé de graphiste d’affiche de théâtre.

Natalia Gontcharova a fait un dessin sur le coin d’une nappe en papier de restaurant, il a été  déchiré et plié en quatre pour être glissé dans une poche. Un petit dessin voyageur, un graffiti léger. On retrouvera ce graffiti, le dessin gravé sur un mur sale, l’art des mauvais garçons photographié par Brassaï. Le gribouillage rapide et furtif, illégal. Les tatouages d’arrières-salles, marques de la pègre, des taulards, de ceux qui bravent ouvertement la loi. Des placards italiens infamants, l’éternel cocu avec ses cornes.

Stéphane Mandelbaum gribouille et exorcise la violence du monde par des figures, des portraits et des mots, des injures. Du désordre, du bruit. Quelque chose de l’enfance qui reste là, des répétitions, des psalmodies comme des comptines un peu sales. La touchante tête de petite fille, poupée au regard triste de Georgine Hu, est dessinée au feutre sur une feuille de papier hygiénique. Un instant de liberté a été volé à l’ennui, à l’enfermement. La grâce est aussi là, dans ce visage aux grands yeux, la chevelure en larges boucles chérubines indomptables. Sur ce petit rectangle brun insignifiant il y a un peu de poésie, trois fois rien, c’est la vie qui s’incruste.


Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :

Commissaires : 

Francesca Alberti, directrice du département d’histoire de l’art à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, maîtresse de conférence à l’Université de Tours, CESR 

Diane Bodart, professeure associée d’histoire de l’art à Columbia University, New York.


Commissaires associés : 

Anne-Marie Garcia, conservatrice du patrimoine, responsable des collections des Beaux-Arts de Paris

Philippe-Alain Michaud, historien de l’art, conservateur du patrimoine au Musée national d’art moderne – Centre Pompidou.





Exposition conçue par l’Académie de France à Rome – Villa Médicis et les Beaux-Arts de Paris, avec le soutien du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Paris. Un premier volet a été présenté à Rome de mars à mai 2022.

Réunissant plus de cent-cinquante oeuvres originales de la Renaissance à l’époque contemporaine, Gribouillage / Scarabocchio met en lumière l’un des aspects les plus refoulés et les moins contrôlés de la pratique du dessin. En abordant les multiples facettes du « gribouillage », du croquis barbouillé au revers des tableaux au griffonnage faisant oeuvre, l’exposition révèle comment ces gestes graphiques expérimentaux, transgressifs, régressifs ou libératoires, qui semblent n’obéir à aucune loi, ont de tout temps ponctué l’histoire de la création artistique.

Proposant des rapprochements inédits entre les oeuvres des maîtres de la première modernité – Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Bernin… – et celles d’artistes modernes et contemporains majeurs – Jean Dubuffet, Henri Michaux, Helen Levitt, Cy Twombly, Jean-Michel Basquiat, Luigi Pericle… – l’exposition brouille les classements chronologiques et les catégories traditionnelles (marge et centre, officiel et non officiel, classique et contemporain, oeuvre et document) et place la pratique du gribouillage au coeur du faire artistique.



L’exposition

La Renaissance, pour se défaire des contraintes du dessin dit plus tard « académique », s’est adonnée à des formes graphiques libres, instinctives et gestuelles, qui évoquent les dessins rudimentaires des enfants, les divagations calligraphiques dans les marges des manuscrits ou encore les graffiti de mains anonymes couvrant les murs des villes. Picasso, évoquant justement les enfants, affirmait : « il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux » ; Michel-Ange, déjà, s’amusait à imiter des fantoches maladroitement graffités sur les façades florentines. L’exposition Gribouillage / Scarabocchio explore cette face cachée du travail artistique et invite les visiteurs à déplacer le regard au revers des tableaux ou sur les murs de l’atelier, à la marge des dessins ou sous les décors des fresques détachées….

Fruit d’un projet de recherche au long cours porté par les commissaires, l’exposition est le résultat d’un travail de coordination internationale de grande envergure. Gribouillage / Scarabocchio. De Léonard de Vinci à Cy Twombly a reçu des prêts remarquables accordés par de prestigieuses institutions françaises et italiennes, parmi lesquelles : Archives municipales de la ville de Blois ; Archivio di Stato di Roma, Rome ; Bibliothèque Jacques Doucet, Paris ; Bibliothèque Stanislas, Nancy ; Bibliothe que nationale de France, Paris ; Bibliothe que Mazarine, Paris ; Centre Georges-Pompidou, Paris ; Collection Lambert, Avignon ; Fondation Dubuffet, Paris ; Fondation Giacometti, Paris ; Institut national d’histoire de l’art, Paris ; Istituto centrale per la Grafica, Rome ; LaM, Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut ; Museum national d’histoire naturelle, Paris ; Musée du Castelvecchio, Vérone ; Musée du Louvre, Paris ; Opera della Primaziale Pisana, Pise ; Parc archéologique du Colisée, Rome.

L’exposition à Paris présente en exclusivité l’Enfant montrant un dessin de Giovanni Francesco Caroto, des graffiti antiques provenant du Colisée à Rome, deux cahiers de classe d’Eugène Delacroix conservés à l’Institut national d’histoire de l’art à Paris, de rares dessins de Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Rembrandt et de l’atelier de Fra Bartolomeo provenant des riches collections des Beaux-Arts de Paris. Sont également exposées des photographies de Brassaï et d’Helen Levitt, ainsi que plusieurs oeuvres emblématiques de Cy Twombly, du groupe Cobra, d’Alechinsky, de Luigi Pericle et des maîtres de la modernité tels que Giacomo Balla.

L’exposition est présentée au sein d’une scénographie conçue par Isabelle Raymondo. Dialoguant avec les espaces richement décorés du Palais des Beaux-arts, les volumes ont été taillés de façon brute, laissant des vues et des passages d’une salle à l’autre. La scénographie s’impose, sans cacher et en respectant l’histoire du lieu. Une grande incision en salle Melpomène crée une perspective sur les oeuvres de Cy Twombly, un des points d’orgue de l’exposition. Les huit sections de l’exposition se dessinent en alternant jeux de symétrie et découpes dans les volumes. La forme des cimaises aide à l’orientation, en créant des ouvertures à sens multiples. Dans un souci d’éco-responsabilité, cette scénographie servira une programmation annuelle, offrant ainsi des usages renouvelés à chaque exposition.

Le catalogue de l’exposition, réunissant 300 oeuvres parmi celles exposées à Rome et à Paris, est publié en version italienne et française, coédité par Beaux-Arts de Paris éditions et la Villa Médicis. Cette publication de référence offre une synthèse richement documentée des deux expositions.






À voir également 


Les professeurs gribouillent aussi…
au Cabinet des dessins et arts graphiques, Beaux-Arts de Paris
du 8 février au 21 avril 2023




Commissariat : Hélène Gasnault, conservatrice des dessins aux Beaux-Arts de Paris

En écho à l’exposition Gribouillage / Scarabocchio, de Léonard de Vinci à Cy Twombly, le cabinet de dessin et d’artsgraphiques des Beaux-Arts de Paris présente pour la première fois une exposition collective d’artistes professeurs et anciens professeurs de l’École.

Avec les esquisses, sources, chemins de traverse, processus de pensée et de création de trente-huit enseignants des Beaux-Arts de Paris, Les professeurs gribouillent aussi… offre une rencontre avec la genèse des oeuvres de ces artistes et constitue un témoignage unique sur la création d’aujourd’hui.

L’exposition explore la diversité des pratiques du gribouillage au sein de l’École − dessin, estampe, impression numérique, vidéo, sculpture et mosaïque − et en aborde les différentes facettes : des dessins qui s’accumulent dans l’atelier pour nourrir de futures créations et sont régulièrement éliminés, au gribouillage comme champs des possibles, terrain d’expérimentation et espace de liberté nécessaire à la création qui permet une pratique renouvelée, plus immédiate.



Artistes exposés : Pascale Accoyer, Götz Arndt, Hicham Berrada, Mireille Blanc, Olivier Blanckart, Wernher Bouwens, Pierre Buraglio, Marie José Burki, Stéphane Calais, Nina Childress, Claude Closky, Clément Cogitore, Philippe Cognée, Hélène Delprat, Sylvie Fanchon, Dominique Figarella, Gilgian Gelzer, Jean-Yves Jouannais, Carole Leroy, Frédérique Loutz, Jack McNiven, Annette Messager, Bernard Moninot, Eva Nielsen, Aurélie Pagès, Julien Prévieux, James Rielly, Vincent Rioux, Anne Rochette, Michel Salerno, Daniel Schlier, Julien Sirjacq, Valérie Sonnier, Nathalie Talec, Djamel Tatah, Pascale Marthine Tayou, Tatiana Trouvé et Fabrice Vannier.


Un catalogue accompagne l’exposition.