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“Françoise Pétrovitch” à la BnF François Mitterrand, Paris, du 18 octobre 2022 au 29 janvier 2023

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“Françoise Pétrovitch”
Derrière les paupières

à la BnF François Mitterrand, Paris

du 18 octobre 2022 au 29 janvier 2023

BnF


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© Sylvain Silleran, vernissage presse, le 17 octobre 2022.


Texte de Sylvain Silleran

Françoise Pétrovitch dans son atelier, 2021. © Hervé Plumet Courtesy Semiose.
Françoise Pétrovitch dans son atelier, 2021. © Hervé Plumet Courtesy Semiose.
Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017. Aquatinte en bleu, 66 x 50 cm, édition MEL Publisher. © BnF, département des Estampes et de la photographie. © Adagp, Paris, 2020.
Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017. Aquatinte en bleu, 66 x 50 cm, édition MEL Publisher. ©BnF, département des Estampes et de la photographie. ©Adagp, Paris, 2020.
Françoise Pétrovitch, Se coiffer, 2016. Lithographie, 120 x 160 cm, édition MEL Publisher. © MEL Publisher, Courtesy Semiose, Paris. © Adagp, Paris, 2020.
Françoise Pétrovitch, Se coiffer, 2016. Lithographie, 120 x 160 cm, édition MEL Publisher. © MEL Publisher, Courtesy Semiose, Paris. © Adagp, Paris, 2020.
Affiche avec l’oeuvre Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017, aquatinte en rouge.
Affiche avec l’oeuvre Françoise Pétrovitch, Nocturne, 2017, aquatinte en rouge.

Il y a d’abord l’amour du papier, le papier trouvé, les vieux cahiers, des couvertures de livres, le papier qui se plie et déplie en leporello pour en faire un livre d’images, un abécédaire illustré et musical. Le papier respirant en acccordéon souffle une histoire née entre rêve et réalité, un moment qui s’est égaré entre le sommeil et l’éveil. 


Derrière les paupières, les réminiscences du monde se colorent de rouge tel ce grand autoportrait, une femme coiffant sa longue chevelure. La couleur en aplat se trouble, se dilue, dessine des paysages vus du ciel sur la texture de la pierre lithographique, une chimie de révélateur photographique. Le trait simple, ligne claire se perd dans des limbes nocturnes, des brumes d’où naissent des inattendus. La nuit les femmes cachent leurs visages derrière des masques d’âne aux grands yeux noirs.


Le dessin souple, la spontanéité liquide alterne avec le pointe sèche sur le cuivre, la lenteur aride et crissante. Françoise Pétrovitch grave d’après des photos de vacances, elles ont l’absurdité des rêves que l’on raconte et qui n’intéressent personne d’autre. Quelques cyprès, une tour carrée de Toscane, un bord de mer aveuglé par la lumière de l’été. Le blanc du papier est immense comme un pays, découpé en petits rectangles de cartes postales. Alignés ils forment une petite bande dessinée silencieuse, une histoire sans paroles. 


Il y a aussi les champs de bataille laissés par les jouets de sa fille sur le tapis. Des petites poupées, des animaux de la ferme, un dinosaure… Un instantané vite pris avant de ranger, cinq siècles après on rejoue toujours la Bataille de San Romano de Uccello. La Suisse, ses vaches et son lait, un grand hôtel en forme de chalet, comment dessiner l’air pur ?


Des adolescentes parce qu’il s’en passe plus, des choses intéressantes, derrière leurs paupières. Elles étreignent des animaux, traversent des forêts enchantées entre conte de fées et la canopée de Halles. Des mignons portraits en tee-shirt Queen ou simplement NO – un message universel -. L’enfance tarde à s’en aller sur la pointe des pieds, elle hésite un peu, tourne en rond puis décide de rester. On ramasse alors un oiseau mort, on le tient dans ses deux mains bleues. On s’arrête un instant, un instant de pietà. 


La vie et la mort, car elle est là, elle rôde autour de l’innocence des enfants, apparait en squelette, rayons X imprimés sur le vêtement. Les cheveux se liquéfient en grosses gouttes grasses noires de pétrole. Les cadrages façon manga nous montrent un temps qui s’accélère, des instantanés volés au quotidien. La vie défile si vite qu’il n’y a pas le temps de dessiner les têtes. Alors c’est le feu intérieur qui anime les caractères et consume les êtres. Un gant tenu à la main fait une tête de lapin comme une ombre chinoise. Dans son travail de la céramique aussi Françoise Pétrovitch met en scène un théâtre d’illusions. Une peau d’âne, un demi mammouth absurde, des jeux de marionnettes,   nous suivons ses enfants masqués dans un monde fantastique, entre tendresse et mystère.


Et le bruit de fond est la vie du monde, la radio et son blabla incessant, l’argent et les gens, et les présidents, les grèves les catastrophes. Des pages de dessins et de notes sont ballotées tels des bateaux de papier plié sur ces vagues et ces marées. Calamity Jane et la voisine à la piscine, un pique-nique sur les pâquerettes. De nouveaux livre ont pour titre des silhouettes blanches et vides de petites filles et de fleurs. Gardons les yeux fermés encore un instant, regardons au moins la fin du film sur l’écran de nos paupières.


Sylvain Silleran


Communiqué de presse :

Commissariat :

Cécile Pocheau-Lesteven, conservatrice en chef au département des Estampes et de la photographie, BnF




Exposition organisée en partenariat avec le Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la Culture, Landerneau (29)

La Bibliothèque nationale de France met en lumière le travail de Françoise Pétrovitch, à travers une exposition dédiée à son oeuvre graphique et imprimé. Cette figure majeure de la scène artistique contemporaine est présente depuis plusieurs années dans les collections de la BnF, qui conserve un fonds exceptionnel de plusieurs millions d’estampes, des origines jusqu’au XXIe siècle.

Depuis ses premières gravures à la fin des années 1980 jusqu’aux recherches les plus récentes, l’oeuvre protéïforme de Françoise Pétrovitch questionne avec autant de subtilité que d’acuité l’univers de l’enfance et de l’adolescence, la féminité ou encore l’intimité ; naviguant entre intériorité et extériorité, inquiétude et légèreté, force et fragilité, l’artiste interroge les façons d’être au monde. Son trait singulier sillonne l’entre-deux et raconte la dualité des existences. La BnF présente une centaine de pièces emblématiques de son oeuvre graphique : estampes, livres d’artistes, dessins et croquis, oeuvres anciennes ou très récentes, parfois inédites, de formats et de techniques variés.

Cette exposition confirme un partenariat fort avec le Fonds Hélène & Édouard Leclerc, qui a présenté une rétrospective du travail de Françoise Pétrovitch à Landerneau (29) du 17 octobre 2021 au 3 avril 2022. Les deux institutions affirment ainsi leur volonté de s’engager conjointement dans la valorisation et la promotion de l’estampe contemporaine et des artistes qui la font vivre, en lien avec leurs collections et leurs missions respectives.

L’estampe, au coeur du travail de création
Aux côtés du dessin, de la sculpture, de la céramique et de la peinture, l’estampe constitue un espace de recherche essentiel dans la pratique de Françoise Pétrovitch. Reconnue pour sa maîtrise de toutes les ressources des procédés d’impression, elle a été invitée, dans le cadre de la commande publique, à créer des gravures chez des imprimeurs de renom, pour la Chalcographie du Louvre, le Centre national des arts plastiques ou encore le MAC/VAL. Françoise Pétrovitch, qui enseigne la gravure à l’école Estienne de Paris, a été lauréate en 2021 du Prix de dessin de la Fondation d’art contemporain Daniel & Florence Guerlain. Elle a récemment été exposée en Suisse, aux États-Unis et en Chine.

Un univers singulier entre angoisse et merveilleux 
L’exposition présente près de 75 estampes : gravures, sérigraphies, lithographies et 17 livres d’artiste réalisés par Françoise Pétrovitch, oeuvres de formats modestes ou monumentaux, anciennes ou récentes, inédites parfois. Elle les met en dialogue, dans un jeu d’associations et de contrepoints, avec une quinzaine de céramiques et de grands dessins fluides au lavis d’encre, révélant les motifs récurrents dans le travail de l’artiste. Figures humaines et animales, formes hybrides, fragments, changements d’échelle et cadrages audacieux, subtilité des couleurs et des transparences composent un univers marqué par la dualité dans lequel cohabitent humour et gravité, force et vulnérabilité, angoisse et merveilleux. 

Une artiste face au monde
Le parcours de visite est construit autour de trois atmosphères évoquant trois attitudes face au monde. « Derrière les paupières » ouvre l’exposition sur les images d’une intériorité silencieuse et hors du temps, les figures aux yeux clos ou masqués et les paysages imaginaires des séries des « Nocturnes », des « Sommeils ». Dans « Tout s’y passe à l’envers », un joyeux rassemblement d’estampes et de céramiques suggère, entre provocation et pudeur, l’incertain, l’ambivalence, les tensions entre rêve et réalité qui caractérisent l’adolescence, cet entre-deux entre l’enfance et l’âge adulte. Les éditions, livres et estampes regroupées dans « Entendre les bruits du monde » évoquent enfin une relation à l’autre volontaire, en prise sur l’actualité. Le rapport à la réalité se construit dans l’échange, s’exprime par les mots, ceux des auteurs dont les textes accompagnent les dessins de l’artiste, ceux imprimés sur les pages de cahiers d’écoliers réemployées en gravure, ceux entendus à la radio que restituent les croquis saisis sur le vif de Radio Pétrovitch.



#expoPetrovitchBnF