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“Shocking!” Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli, au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris, du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023

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“Shocking!” 
Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli

au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris

du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023

musée des Arts Décoratifs


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Les mondes surrŽalistes dÕElsa Schiaparelli
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© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 4 juillet 2022.


Horst P Horst, Vogue USA, 15 mars 1937.
Horst P Horst, Vogue USA, 15 mars 1937.
Elsa Schiaparelli, Détail de la Cape « Phoebus » Hiver 1937-1938. Laine, soie et broderie. Musée des Arts Décoratifs. © Valérie Belin.
Elsa Schiaparelli, Détail de la Cape « Phoebus » Hiver 1937-1938. Laine, soie et broderie. Musée des Arts Décoratifs. © Valérie Belin.

Texte de Sylvain Silleran

Elsa Schiaparelli, Manteau du soir, Hiver 1938-1939. Laine, soie et porcelaine. Musée des Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière.
Elsa Schiaparelli, Manteau du soir, Hiver 1938-1939. Laine, soie et porcelaine. Musée des Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière.
Marcel Vertès, Schiaparelli, 21 place Vendôme, 1953. Collage et peinture sur panneau. © Archives Schiaparelli.
Marcel Vertès, Schiaparelli, 21 place Vendôme, 1953. Collage et peinture sur panneau. © Archives Schiaparelli.
George Platt Lynes, Salvador Dalí, 1939. Photographie. © Estate of George Platt Lynes.
George Platt Lynes, Salvador Dalí, 1939. Photographie. © Estate of George Platt Lynes.
Elsa Schiaparelli en collaboration avec Salvador Dalí, Robe du soir, 1937. Soie. © Philadelphia Museum of Art.
Elsa Schiaparelli en collaboration avec Salvador Dalí, Robe du soir, 1937. Soie. © Philadelphia Museum of Art.



Comme dans un rêve filmé par David Lynch, on entre par une large porte rose dans une pièce tapissée du sol aux murs de centaines de dessins. Des feuilles carrées d’un papier un peu jauni forment un carrelage fait de dessins de robes, de manteaux. Les croquis des modèles d’Elsa Schiaparelli, milles femmes élégantes et sophistiquées. Ici et là, une boîte sort du mur, renfermant un dessin original. La ville que l’on vient de traverser, le monde du quotidien, tout ça est déjà loin, oublié. Dans une large vitrine, des bras sortent du mur, délicieusement gantés de rose, d’or, des gants comme des guêtres aux boutons multicolores, des gants aux ongles rouges dessinées au bout des doigts. Le réel se déforme, tout devient possible dans ce palais des glaces surréaliste.

Une robe blanche au dessin nacré et à la doublure rouge incandescente, un gigantesque tartan froufroutant, un origami carré géant, les créations d’Elsa Schiaparelli semblent sorties d’un livre de Lewis Carrol. Les larges rayures bonbonnières succèdent à un ensemble pour une chaperon rouge baroudeuse, dans ces  nouveaux contes de fée, les femmes triomphent des petits loups. 

La chronologie du récit commence avec sa rencontre avec Poiret, sa première collection de 1927 et ses chandails tricotés main aux mailles dessinant un col marin, un large nœud autour des épaules. Elsa rencontre Man Ray, Cocteau, Dali… Elle ouvre les portes de la mode à toute l’avant-garde artistique du début du siècle, y fait entrer triomphalement le surréalisme. Dali lui inspire une robe à tiroirs, un manteau de laine orné de fleurs de porcelaine ainsi que son fameux chapeau-chaussure, un escarpin noir renversé, le talon dressé comme un chignon. Un homard court sur une robe, d’autres se couvrent de papillons, entre rêve et cauchemar érotique.

Elsa Schiaparelli collabore avec de nombreux talents. Broches et boutons de Jean Schlumberger offrent à ses modèles une atmosphère féerique, un fantastique de fête foraine, des rebondissements d’histoires illustrées. Giacometti sculpte un monde mythologique : oiseaux, sphinx, tête de Méduse orneront vestes et manteaux. Le bracelet en fourrure de Meret Oppenheim, une collection de vêtements et chapeaux dissimulant des boites à musique, le Paris des artistes d’avant-guerre est une fête, un monde de rêve que l’on invente en buvant du champagne et griffonnant de nouvelles idées extraordinaires sur les nappes blanches des restaurants.

Sur une veste du soir noire grimpe une vigne chargée de belles grappes de raisin. Bacchus brodé de fil d’or, des jardins merveilleux aux fleurs lamées, pailletées, aux pollens de strass, Albert Lesage crée pour Elsa Schiaparelli des splendeurs de broderie. Ses fleurs brodées courent le long des étoffes, extravagantes mais divines, ici des fruits paradisiaques, là un entrelacs de feuilles, des coquillages. La fleur devient plume d’oiseau, plume d’ange sur une aile sortie d’un tableau italien. Elsa peut tout oser, aucune audace ne peut lui faire perdre le fil de l’élégance et de la classe. Les signes du zodiaque, aussi astraux que théâtraux ou le monde du cirque sont les thèmes de collections extravagantes. Des losanges démesurés d’Harlequin, des chevaux de manège, des éléphants savants défilent dans une ronde musicale. Tout le monde a copié ces folles inventions, les vêtements imprimés de journaux de Galliano, le flacon en forme de parfum en forme de buste de Jean-Paul Gaultier est la petite fille du modèle Shocking dessiné par Leonor Fini.

Aujourd’hui la marque est relancée par le baroque doré de Daniel Roseberry, une marque hommage au surréalisme de cinéma. Les ciseaux d’Edward aux mains d’argent, de grands nuages blancs dans lesquels s’emmitoufler, un pendentif qui représente l’arborescence des vaisseaux des poumons, le vêtement laisse place à la sculpture, l’étincelance de l’or recouvre toutes les autres. Il s’en est passé des choses depuis ces années folles où tout pouvait être nouveau.


Sylvain Silleran


Communiqué de presse :

Commissariat général
Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts Décoratifs

Commissariat de l’exposition
Marie-Sophie Carron de la Carrière, conservatrice en chef du patrimoine au département mode, collections de 1800 à aujourd’hui




Du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023, le Musée des Arts Décoratifs met à l’honneur l’oeuvre audacieuse et inspirante d’Elsa Schiaparelli, créatrice italienne, dont l’inspiration s’est nourrie d’une relation privilégiée avec les artistes du milieu de l’avant-garde parisienne des années 1920 et 1930. Près de 20 ans après la rétrospective qui lui a été consacrée en 2004, le musée a souhaité revisiter son oeuvre afin de faire redécouvrir au public sa fantaisie novatrice, son goût du spectacle et sa modernité artistique.

Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli, réunit 520 œuvres dont 272 costumes et accessoires de mode, mis en regard de peintures, sculptures, bijoux, flacons de parfum, céramiques, affiches, et photographies signées des plus grands noms de l’époque, de Man Ray à Salvador Dalí, de Jean Cocteau à Meret Oppenheim ou encore d’Elsa Triolet. Cette grande rétrospective met également en lumière l’héritage du style Schiaparelli avec des silhouettes interprétées par de célèbres couturiers lui rendant hommage : Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, John Galliano, Christian Lacroix. Daniel Roseberry, directeur artistique de la maison Schiaparelli depuis 2019, interprète l’héritage d’Elsa Schiaparelli. L’exposition est présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen A. Schwarzman dans une scénographie poétique et immersive confiée à Nathalie Crinière.

Dans notre époque contemporaine qui conçoit le dialogue étroit entre mode et art comme une évidence, plus que jamais Elsa Schiaparelli semble de notre temps, en couturière « inspirée » comme elle aimait à se définir elle-même. Élevée dans un milieu humaniste et érudit, Elsa Schiaparelli (1890-1973) a embrassé la mode en ne reniant jamais sa profonde fascination pour l’art et pour les artistes, tout en devenant autant créatrice que femme d’image, s’amusant de la haute couture comme d’un kaléidoscope, robes du soir, tenues de ville, modèles sport, accessoires, et parfums. Esquivant les pesanteurs d’un milieu social, elle lui offre la liberté d’explorer les formes et les inspirations, celles qu’elle construit avec fougue et humour avec ses amis artistes, dont nombre la considère pleinement artiste elle-même.

Mêlant approches thématiques et chronologiques, l’exposition s’organise sur deux niveaux autour des moments clés de l’oeuvre d’Elsa Schiaparelli, enchaînant les collections les plus remarquables, d’année en année, dont certaines, en lien avec les artistes complices, fonctionnent telles les sources sensibles de sa créativité. Irriguant le parcours de l’exposition, ces thèmes artistiques rythment les étapes de la vie d’Elsa Schiaparelli. La salle d’introduction, espace spectaculaire, immersif, plonge le visiteur dans un environnement total dédié aux dessins des collections de Schiaparelli conservés par centaines : ils mettent en évidence l’étendue de l’oeuvre de la couturière. L’éveil de l’artiste à la mode et à la modernité est exploré ainsi que le rôle déterminant du couturier Paul Poiret dont elle fait la connaissance en 1922. Véritable mentor, il révèlera sa vocation de couturière.

Elsa Schiaparelli confectionne alors des sweaters à motifs en trompe-l’oeil, idée aussi géniale que radicale, et s’éveille parallèlement au goût de l’Art déco notamment au contact de Jean Dunand qui signe pour elle une robe raffinée dont les plis sont peints à la laque. Puis elle inaugure une riche série de collaborations qui illuminent une constellation d’artistes : ainsi Elsa Triolet, Jean Cocteau et Salvador Dalí pour ses collections de mode et d’accessoires. Elle développe son sens aigu du détail à travers des modèles largement inspirés par l’esthétique surréaliste, détournant motifs et matériaux les plus étonnants : plastiques transparents, boutons en forme d’écrevisse, « poches tiroirs », homards. Elle inspire tout autant Man Ray et devient son modèle : de nombreuses photographies témoignent de cette complicité fructueuse.

L’exposition se poursuit avec les collections thématiques qu’Elsa Schiaparelli initie seule autour des sources d’inspirations qui lui sont chères : l’Antiquité italienne, la nature et la musique.

La collection « Païenne » est un clin d’oeil à l’Antiquité en référence aux métamorphoses d’Ovide, la collection « Papillon » est une ode aux insectes (source d’inspiration partagée avec les artistes surréalistes), la collection « Musique » de 1939 semble étirer et allonger à l’infini la silhouette de la femme moderne. Le tandem mythique formé par Elsa Schiaparelli et Salvador Dalí, mué par un goût piquant du scandale et de la provocation artistique, est mis en lumière dans une salle qui lui est dédiée révélant l’iconique « robe homard » ou le célèbre « chapeau chaussure », sorte de bibi surréaliste.

Le second étage s’ouvre sur une reconstitution des salons de couture d’Elsa Schiaparelli, alors situés au 21 place Vendôme à Paris qu’elle inaugure en 1935. Pour l’aménagement et la décoration des intérieurs, elle fait appel à Jean-Michel Frank pour ses lignes épurées, ultra chic et élégantes. Elle y habille les extravagantes de la planète et y acquiert une renommée internationale.

La « cage aux parfums » révèle l’écrin de ses originales créations olfactives dont le fameux « Shocking » qui deviendra un succès mondial, donnant tout son sens au génial sens du marketing de la créatrice.

L’accent est également mis sur l’art complexe et luxueux de la broderie : Elsa Schiaparelli fait en effet appel à la maison Lesage pour la réalisation des broderies sur mesure comme le font de nombreuses maisons de couture depuis 1924. Les collections des années 1938 et 1939 convoquent l’imaginaire de la « commedia dell’arte », s’inspirant des personnages de la comédie italienne du XVIIIe siècle, haute en couleurs, la collection dite « astrologique » à laquelle elle mêle des références baroques liées à Versailles et au Roi Soleil, avec la célébration du XVIIe siècle français, et enfin la collection « Cirque » avec ses somptueux boléros brodés de chevaux, d’acrobates et d’éléphants. Les créations d’avant-guerre montrent une silhouette cigarette plutôt étroite tandis que celles de l’après-guerre sont plus amples et plus construites.

Le parcours s’achève sur les silhouettes contemporaines réalisées par Daniel Roseberry avec un final spectaculaire traduisant avec sensibilité et force l’inspiration surréaliste de son éminente fondatrice.

En vingt-cinq ans, Elsa Schiaparelli fait de la mode une respiration naturelle de l’avant-garde, un terrain de jeux où réinventer autant la femme que la féminité, l’allure autant que l’esprit, en une oeuvre qui reste d’une actualité saisissante. Elle incarne une vision d’un Paris éclatant et vibrant, curieux de tout, s’amusant de chaque nouveauté. C’est cette incroyable liberté de création que l’exposition souhaite offrir aux visiteurs, liberté de surprendre, liberté de dialoguer, liberté d’être soi-même, à travers modèles, dessins et bijoux dont nombre d’entre eux, des milliers pour les dessins en particulier, ont été donnés en 1973 par Elsa Schiaparelli à l’Union française des Arts du costume, dont le Musée des Arts Décoratifs conserve les fonds. Comme un dernier geste moderne, celui de préserver son héritage artistique pour le transmettre et permettre ainsi que l’histoire continue, intemporelle, celui d’avoir vécu son art comme le lieu fécond des croisements les plus inattendus et les plus fertiles.

#ExpoSchiaparelli