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“Pierres vivantes“
Une interprétation culturelle des pierres

au MusĂ©e de MinĂ©ralogie de l’École des Mines (Mines Paris – PSL), Paris

du 1er septembre au 10 novembre 2022

MusĂ©e de MinĂ©ralogie de l’École des Mines


Interview de Marta Jecu, commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er septembre 2022, durée 18’19. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Marta Jecu, commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er septembre 2022, durée 18’19.
© FranceFineArt.

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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite de l’exposition avec Marta Jecu, le 1er septembre 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Raphaël Denis (2015), ÉLÉMENT. 60 x 54 x 54 mm, Acier, Plomb. MELENCOLIA I, d'après Dürer par Johannes Wierix. 26.1 x 20.5 cm. Gravure : 1602. Credit: Raphaël Denis.
RaphaĂ«l Denis (2015), ÉLÉMENT. 60 x 54 x 54 mm, Acier, Plomb. MELENCOLIA I, d’après DĂĽrer par Johannes Wierix. 26.1 x 20.5 cm. Gravure : 1602. Credit: RaphaĂ«l Denis.
Claire de Santa, Coloma, CSC213-A. Credit: Claire de Santa.
Claire de Santa, Coloma, CSC213-A. Credit: Claire de Santa.

Commissaire d’exposition : Marta Jecu 




Les artistes : Claire de Santa Coloma, Fernanda Fragateiro, Gabriel Leger, Gilles Zark Luca Pozzi, Marta Alvim, Martinho Mendes, Pedro Sequeira, Raphael Denis Rita Gaspar Vieira, SĂ©rgio Carronha, Vincent Voillat 




Exposition temporaire inscrite dans la Saison France-Portugal 2022   https://saisonfranceportugal.com/




LabĂ©lisĂ©e dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022, l’exposition temporaire « PIERRES VIVANTES » est un Ă©vĂ©nement soutenu par l’Institut Français, l’UniversitĂ© PSL et la Fondation Mines ParisTech. Elle est accueillie au sein du prestigieux MusĂ©e de MinĂ©ralogie de l’École des Mines (Mines Paris – PSL) et regroupe des oeuvres d’artistes français et portugais. 

Cette exposition artistique vise Ă  ouvrir un champ de pensĂ©es dans lequel la pierre n’est pas interrogĂ©e en tant que matĂ©riau de travail, mais plutĂ´t en tant que support d’informations, telle une capsule transportant une conscience holistique et une multiplicitĂ© d’ĂŞtres interconnectĂ©s dans le temps et espace. L’exposition propose l’exercice de penser la pierre en tant qu’hĂ©ritage majeur de la connaissance et de l’intelligence non-humaines. Comment visualiser, analyser, imaginer cet hĂ©ritage et comment l’appliquer Ă  notre prĂ©sent immĂ©diat ? Les artistes travaillent ici la pierre comme un objet de mĂ©ditation qui prĂ´ne l’expansion de la morale, de la justice et de la conscience humaine Ă  une Ă©chelle non-humaine et surhumaine.

Luca Pozzi (2020) ROSETTA MISSION. Video and foto installation. Credit: Luca Pozzi.
Luca Pozzi (2020), ROSETTA MISSION. Video and foto installation. Credit: Luca Pozzi.
Martinho Mendes (2021), Tornadoiros: as pedras de SĂ­sifo. Digital photography. Credit: Martinho Mendes.
Martinho Mendes (2021), Tornadoiros: as pedras de SĂ­sifo. Digital photography. Credit: Martinho Mendes.
Marta Alvim (2018), Screenshots. Digital photography. Credit: Marta Alvim.
Marta Alvim (2018), Screenshots. Digital photography. Credit: Marta Alvim.

L’exposition



Cet Ă©vĂ©nement constituĂ© de deux expositions est la continuation d’un plus grand projet comprenant UNE INTERPRÉTATION CULTURELLE DES PIERRES PARTIE I (Galerie Cabinet d’Ulysse, Marseille, 2019) et UNE INTERPRÉTATION CULTURELLE DES PIERRES PARTIE II (Galeria da Livraria Sá da Costa, Lisbonne, 2020).

Inscrit au programme officiel de la Saison France-Portugal 2022, « Pierres Vivantes » regroupe une première exposition au MusĂ©e GĂ©ologique de Lisbonne du 4 juillet au 4 aoĂ»t 2022 et une seconde au MusĂ©e de MinĂ©ralogie de l’École des Mines de Paris (Mines Paris – PSL) du 1er septembre au 10 novembre 2022. Ce projet cherche Ă  connecter ces musĂ©es historiques dans les deux capitales. Ă€ l’origine du MusĂ©e GĂ©ologique de Lisbonne se trouvent les spĂ©cimens collectĂ©s par les Commissions GĂ©ologiques du Portugal depuis 1859. Le MusĂ©e de MinĂ©ralogie Mines Paris – PSL a Ă©tĂ© fondĂ© en 1794 et abrite toujours l’exposition historique de l’Ă©poque.

La pierre est, d’un point de vue physique, le matĂ©riau le plus ancien et le plus persistant de l’histoire de l’humanitĂ©, ainsi que la matière paradigmatique de l’art. NĂ©anmoins, ce projet vise Ă  ouvrir un champ de pensĂ©e dans lequel les pierres ne sont pas interrogĂ©es en tant que matĂ©riau de travail artistique, mais plutĂ´t en tant que support d’informations – une capsule qui transporte une conscience holistique et la multiplicitĂ© des formes d’ĂŞtre interconnectĂ©es dans le temps et l’espace. Cette exposition est donc un recueil de rĂ©flexions sur la pierre en tant qu’entitĂ© qui transmet un important patrimoine de connaissances non-humaines et de conscience Ă©cologique. Comment visualiser, analyser, imaginer ce patrimoine et comment l’appliquer Ă  notre prĂ©sent immĂ©diat pour Ă©largir notre conscience Ă  une Ă©chelle non-humaine ou surhumaine ? 

Dans de nombreuses oeuvres présentées dans cette exposition, la pierre est considérée du point de vue de sa valeur spirituelle, comme un objet de méditation qui peut élargir la conscience humaine, la morale et la justice. 

De nombreux travaux visent Ă  promouvoir l’appartenance Ă  une dimension Ă©cologique Ă©largie, qui dĂ©termine la transformation intĂ©rieure par contamination, association et dĂ©fense de formes d’ĂŞtre et de savoir jusqu’alors exclues de notre civilisation europĂ©enne. Ils imaginent des possibilitĂ©s de fusion entre les rĂ©alitĂ©s vĂ©gĂ©tales, animales, minĂ©rales, cosmiques et telluriques et des manières holistiques d’apprĂ©hender la « civilisation » (Marta Alvim, Vincent Voillat). Claire de Santa Coloma explore dans ses sculptures ces formes nouvelles qui rĂ©sultent de ces contaminations.

Les pierres apportent aussi un tĂ©moignage d’une ère prĂ©-humaine. Elles portent les souvenirs d’un temps cosmique oĂą la Terre Ă©tait en train de se former. En ce sens, la pierre rĂ©vèle l’hĂ©ritage cosmique de notre civilisation et les correspondances micro-cosmos / macro-cosmos. Les couches internes de la Terre constituĂ©e de pierres et de minĂ©raux reproduisent des constellations et des paysages astraux, dont elles faisaient autrefois partie, telles une empreinte ADN. La rĂ©invention de ces formes, qui rĂ©sulte de processus d’introspections, est prĂ©sente dans les peintures minĂ©rales de SĂ©rgio Carronha, qui vit dans une petite ville de l’Alentejo, ville porteuse de traces de civilisations prĂ©historiques. 

En tant que collectionneur de minĂ©raux, Pedro Sequeira s’intĂ©resse Ă  la raretĂ© des pierres vis Ă  vis de leur provenance. Il est Ă  la fois collectionneur de minĂ©raux des montagnes du Portugal, tailleur de pierres prĂ©cieuses et un Ă©rudit scientifique des pierres prĂ©cieuses. Martinho Mendes fait des recherches sur les techniques agricoles ancestrales Ă  Madère et sur la communion hybride humaine-minĂ©rale qu’elles ont engendrĂ©e. Fernanda Fragteiro se connecte Ă©galement Ă  l’histoire culturelle, crĂ©ant des livres constituant de roches. Les oeuvres, toutes les deux incorporant des livres d’Arthur Larrue, racontent l’histoire du groupe de dissidents et d’activistes russes – Voina.

Les informations que les pierres portent nous sont parvenues en raison d’accidents : accidents cosmiques, gĂ©ologiques ainsi que la persistance accidentelle de matière provenant d’Ă©poques prĂ©-datant l’humanitĂ© – Ă©vĂ©nements en dehors de l’influence de l’humain. Certains des artistes participant Ă  l’exposition cherchent Ă  relier l’hĂ©ritage personnel Ă  celui que portent les pierres, en reliant l’espace personnel et les rituels aux rĂ©fĂ©rences qu’incarnent les pierres. Rita Gaspar Vieira reprend les empreintes de son atelier dans la fabrication d’un papier de coton et graphite. Gabriel LĂ©ger utilise la technique photographique du cyanotype sur toile en utilisant des pierres antiques d’un chemin sur lequel se promenait GalilĂ©e lors de son cĂ©lèbre procès Ă  Rome en 1633. 

La pierre est liĂ©e Ă  l’exploitation du territoire et des ressources naturelles. L’histoire des musĂ©es eux-mĂŞmes est liĂ©e Ă  la recherche pour l’exploitation minière. Le thème de la colonisation minĂ©rale est prĂ©sent dans l’exposition dans une lecture gĂ©opolitique avec l’oeuvre de Rosell Meseguer, qui parle de la « guerre des terres rares ». Les lanthanides ont Ă©tĂ© extraits dès la fin du 19ème siècle. Dans les annĂ©es 1960, ils ont commencĂ© Ă  ĂŞtre utilisĂ©s pour la haute technologie. Les États-Unis, l’Inde et le BrĂ©sil, sont d’importants producteurs de terres rares tandis que la Chine est dĂ©sormais un pays clĂ© dans leur exploitation. Ce commerce est associĂ© dans le monde entier Ă  l’exploitation et Ă  la destruction des territoires, des Ă©cosystèmes et des cultures des populations autochtones. L’artiste peint Ă  la main d’innombrables pages de livres avec ces minĂ©raux qu’elle rĂ©duit en poudres, comme dans un effort de rĂ©paration et de commĂ©moration du sombre hĂ©ritage de ces exploitations.

On pourrait ĂŞtre enclin Ă  considĂ©rer la pierre comme un ĂŞtre compact et congru. Mais en fait la pierre est loin d’ĂŞtre statique, c’est un amalgame fait de fragments mouvants. Certains artistes prĂ©sents dans cette exposition traitent la pierre comme une entitĂ© hybride, entre rĂ©el et virtuel. Cette pierre « numĂ©rique » devient un outil d’Ă©tude des futures possibilitĂ©s d’extension de la matière, avec une configuration plus permĂ©able, polyvalente et inclusive, qui relie l’ĂŞtre humain et non-humain dans un continuum et produit un nouveau type de patrimoine. Luca Pozzi crĂ©e une oeuvre d’art en rĂ©alitĂ© croisĂ©e qui existe simultanĂ©ment sur diffĂ©rentes plateformes, créée avec la participation de Carlo Rovelli (mĂ©decin), Alain Connes (mathĂ©maticien), Michelangelo Pistoletto (artiste) et Garrett Lisi (mĂ©decin). Gilles Zark travaille avec des pierres donnĂ©es par le MusĂ©e de GĂ©ologie, qui sont « imprimĂ©es » sur toile, donnant lieu Ă  une « Ă©criture » abstraite d’informations, rappelant le codage numĂ©rique. 

L’oeuvre de RaphaĂ«l Denis mettant en scène le polyèdre philosophique de Melancholia d’Albrecht DĂĽrer, est paradigmatique pour cette exposition, car elle montre la pierre au centre d’une recherche interdisciplinaire dont le but ultime est de perfectionner le « soi », en se connectant Ă  une dimension mĂ©taphysique de la connaissance et de l’intuition.