Archives

“L’Appel du Large” à la Galerie Roger-Viollet, Paris, du 23 juin au 3 septembre 2022

Partage


“L’Appel du Large” 
Une flânerie grand format le long des côtes françaises à la fin du 19ème siècle

à la Galerie Roger-Viollet, Paris

du 23 juin au 3 septembre 2022

Galerie Roger-Viollet


previous arrow
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
next arrow
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
LÕAppel du Large
previous arrow
next arrow

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 28 juin 2022.


Langrune-sur-Mer (Calvados). Premier contact avec la mer, 1890-1900. © Neurdein / Roger-Viollet.
Premier contact avec la mer, Langrune-sur-Mer (Calvados). 1890-1900. © Neurdein / Roger-Viollet.

Texte de Sylvain Silleran

Couple de baigneurs et cabine de bains, vers 1900. © Neurdein / Roger-Viollet.
Couple de baigneurs et cabine de bains, vers 1900. © Neurdein / Roger-Viollet.

Les beaux rivages alanguis sur des photographies panoramiques semblent d’une beauté immuable. Les vues stéréoscopiques coloriées à la main en font un spectacle mouvant, vivant, animé comme un petit instant découpé dans un film. Une barque de pêche fend l’écume, toutes voiles dehors, L’image date de 1903, pourtant elle nous est familière, un bateau similaire devait bien orner les conserves de thon, de sardines, jadis, on s’en souvient. Du port de Dieppe à la promenade des Anglais, ces clichés des studios Léon & Lévy constituent un extraordinaire fonds photographique, une mémoire de la France de la fin du XIXème siècle jusqu’au début du XXème.

La promenade des Anglais et la Jetée. Nice (Alpes-Maritimes), vers 1890-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.
La promenade des Anglais et la Jetée. Nice (Alpes-Maritimes), vers 1890-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.

Des pêcheurs de sardines soufflent un instant dans le port des Sables d’Olonne, un robuste gaillard charge les thons fraichement arrivés, la moustache fière, le béret bien posé. Le peuple en tablier épais croise la bourgeoisie en veston et chapeau qui vient de découvrir les joies des bains de mers. On vient applaudir un concours de plongeon depuis une jetée du Havre, on se bouscule pour assister à l’arrivée d’un navire de la Compagnie Générale Transatlantique. 

Trois bateaux font une régate au large de Nice, l’artiste 

les a peint de trois couleurs, pistache, vanille, fraise, des glaces de vacances à la plage. Devant un café restaurant du vallon des Auffes, des barques s’amoncellent sur la rive. Au loin se découpe la silhouette de la Bonne Mère. Ce Marseille de 1900, c’est celui de l’enfance de Pagnol, ici il somnole encore, les pantalons de pêcheurs sèchent sur les rambardes. Le restaurant de la Réserve sur la baie des Anges de Nice est un univers  différent, chic et fantasque, on peut y dîner dans un kiosque aux allures de pagode, ou bien dans une goélette perchée sur un rocher.

Nice (Alpes-Maritimes). Voiliers de course. Vers 1890-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.
Voiliers de course. Nice (Alpes-Maritimes). Vers 1890-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.

Une grande famille découvre la mer, on trempe ses pieds dans l’eau, mais pas trop, les visages ombragés par de larges chapeaux. Une petite fille ne s’intéresse pas au photographe ni au sable, elle grignote quelque chose, concentrée sur sa friandise. 

Elle est intemporelle cette petite fille, elle semble aussi immuable que ces petits ports de pêche, leurs petites maisons, le clocher d’une église, les bateaux qui se reflètent dans les flaques d’eau qu’a laissé la marée en descendant.

Vue du port. Dieppe (Seine-Maritime). Vers 1880-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.
Vue du port. Dieppe (Seine-Maritime). Vers 1880-1895. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.

Les simples maisons de Martigues deviennent une abstraction vangoghienne dans le miroir argenté de l’eau. La surface de la Méditerranée ondule en rides douces et souples. La mer paresse à l’heure de la sieste. Ailleurs de majestueux casinos annoncent une autre époque, un futur animé et bruyant. Le front de mer s’est doublé d’une muraille de cabanes de plage, une petite ville de bois où les enfants pêchent la crevette ou jouent aux petits bateaux. Une femme minaude devant un charmant monsieur au maillot de bain début de siècle à rayures. Sa cabine de bain sur ses grosses roues semble un imposant engin agricole, une machine de guerre. Nous sommes au temps des premiers bains de mer. Les cabines montées sur roues et tirées par des chevaux jusque sur la plage sont une armée partie à la conquête de Boulogne-sur-Mer.

Entre décor de superproduction cinématographique et intimité de village assoupi on passe de Nice à Cabourg, de Houlgate à Piriac-Sur-Mer. La nostalgie, qu’elle soit celle des élégantes à ombrelles dentelées ou des rudes paysans et ouvriers d’autrefois est aujourd’hui un objet de luxe, bien emballé. Le caractère chantant du terroir a fini sur les belles étagères du Bon Marché. Les silhouette des falaises d’Etretat se découpent sur un ciel nocturne. La lourde tenture des nuages s’ouvre, laissant la lumière de la lune mordre le rivage comme un acide. On dirait une gravure, une illustration de conte fantastique. Edgar Poe traverse la Manche pour rencontrer Baudelaire. Le passé n’est plus, d’ailleurs il est trop cher, il nous reste à rêver.

Sylvain Silleran

Les grandes pêches sur la grève. Le Mont-Saint-Michel (Manche), vers 1885. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.
Les grandes pêches sur la grève. Le Mont-Saint-Michel (Manche), vers 1885. Vue stéréoscopique coloriée. © Léon & Lévy / Roger-Viollet.

Communiqué de presse :

De la mer du Nord à la Méditerranée, c’est un souffle iodé qui traverse la Galerie Roger-Viollet grâce à une série inédite de photographies panoramiques et stéréoscopiques coloriées.

Ces images prises à partir de 1860 jusqu’au début des années 1900, dépeignent une perception bien différente de la mer que l’on soit estivant à Nice ou pêcheur de crevettes à Calais. À cette époque, dans l’esprit du plus grand nombre, les côtes françaises semblaient plutôt dédiées à l’économie d’un labeur locale qu’aux loisirs naissants.

Vingt ans après l’invention de la photographie, les opérateurs des studios parisiens Léon & Lévy parcourent le littoral, capturant les peuples de la mer, les régates et les premiers bains en maillots une pièce pour les femmes comme pour les hommes.

Les studios Léon & Lévy précurseurs de l’image stéréoscopique sur plaques de verre (8,4 x 17,2 cm), des vues panoramiques (16 x 42 cm) et du très grand format (24 x 30 cm), marquent le début d’une industrie destinée à un grand public qui choisit ces photographies sur catalogue.

Les ingénieurs des studios Léon & Lévy inventent un procédé permettant de colorier les photos sur une deuxième plaque de verre disposée entre l’image positive et un dépoli. Les images stéréoscopiques en relief en deviennent alors encore plus réalistes lorsqu’elles sont visualisées à l’aide d’un stéréoscope.

Ces quarante-huit images sont issues d’une collection de plusieurs centaines de milliers de plaques de verre dont les 110 tonnes ont été sauvées de la destruction dans les années 70 par Hélène Roger-Viollet. 

Exposés par la Galerie Roger-Viollet pour la première fois, ces tirages modernes sur papier Bamboo Hahnemühle 290g sont proposés en grand format, en édition limitée et numérotée.




Le studio Léon & Lévy 

Moyse Léon et Isaac dit Georges Lévy débutent comme assistants au sein du studio photographique parisien Ferrier-Soulier sous le Second Empire. Ils fondent leur propre studio dès 1864 et vendent des tirages sur papier albuminé, principalement des vues stéréoscopiques, sous la signature Léon et Lévy «L. L.». La firme Léon & Lévy participe à l’Exposition Universelle de 1867 où elle remporte la Grande Médaille d’Or de l’Empereur. En 1874, le studio Léon et Lévy devient J. Lévy et Cie, Isaac Georges Levy étant seul directeur de la société à partir de cette date. A l’arrivée des deux fils de Georges Lévy en 1895, Ernest et Lucien, la société prend de l’ampleur et devient Lévy & fils, les oeuvres conservant de fait la signature «L. L.». Cette firme photographique a une activité intense, éditant des tirages vendus à l’unité, des albums compilant des photographies de voyages ainsi que des cartes postales, le tout entre 1864 et 1917, date à laquelle ils cessent leurs activités. La collection Léon & Lévy a été rachetée en 1970 par l’Agence Roger-Viollet. Aujourd’hui, ces négatifs sur plaques de verre font partie du patrimoine parisien. Ils sont conservés par la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et diffusés en exclusivité par l’Agence Roger-Viollet.