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“Simon Hantaï (1922-2008)” L’exposition du centenaire, à la Fondation Louis Vuitton, Paris, du 18 mai au 29 août 2022

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“Simon Hantaï (1922-2008)” 
L’exposition du centenaire

à la Fondation Louis Vuitton, Paris

du 18 mai au 29 août 2022

Fondation Louis Vuitton


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© Sylvain Silleran, visite presse, le 17 mai 2022.


Texte de Sylvain Silleran

Simon Hantaï, Tabula, [Paris], 1980. Acrylique sur toile marouflée, 297 x 266 cm. Collection particulière. © Archives Simon Hantaï / ADAGP, Paris 2022. © Fondation Louis Vuitton / David Bordes.
Simon Hantaï, Tabula, [Paris], 1980. Acrylique sur toile marouflée, 297 x 266 cm. Collection particulière. © Archives Simon Hantaï / ADAGP, Paris 2022. © Fondation Louis Vuitton / David Bordes.
Simon Hantaï, Laissée, [Maisons-Alfort / Meun], 1981-1994. Acrylique sur toile, 200,5 x 160 cm. Collection particulière. © Archives Simon Hantaï / ADAGP, Paris 2022. © Fondation Louis Vuitton / David Bordes.
Simon Hantaï, Laissée, [Maisons-Alfort / Meun], 1981-1994. Acrylique sur toile, 200,5 x 160 cm. Collection particulière. © Archives Simon Hantaï / ADAGP, Paris 2022. © Fondation Louis Vuitton / David Bordes.

La répétition d’une empreinte, une calligraphie tracée en allant chercher le blanc de la toile sous un jus noir huileux et sale, une croix sur un fond noir, Simon Hantaï cherche la lumière dans un océan sombre. L’écriture recouvre tout, les mots deviennent un fil qui tisse une nouvelle toile sur l’existante, une psalmodie, un murmure sonore qui fait tout vibrer. La peinture est vécue comme une prière, une méditation religieuse, la quête spirituelle, vœu de silence d’un moine en retraite dans un monastère.

Des ocres, le métal gris de tôle, de carlingue, des épaisseurs de peinture, ça coule en dripping sur une toile qui se froisse en plis lourds comme des écailles de reptile. Ces premières expérimentations forment une peau épaisse, rude, asséchée. Un jour il y a la rencontre avec les papiers découpés de Matisse, l’évidence. Tout devient simple, léger, le fil noue la toile avec souplesse. La couleur est tantôt sèche, tantôt liquide, des traces de brosse froissent la surface, des coulures s’échappent des plis. Du blanc apparait, puis beaucoup de blanc, une lumière que l’on ne peut restreindre. Entre la couture et l’érotisme du shibari, l’art du bondage, la toile contrainte, suffoquée, finit par révéler une lumière inattendue. C’est la lumière du divin, celle des tableaux classiques, des madones, des archanges et des révélations. 

Des fleurs éclosent, des corps dansent, s’étreignent, trois galets sont posés l’un sur l’autre en équilibre comme un édifice religieux, un petit stupa au bord d’un chemin. Une rivière passe, fraîche et scintillante au soleil. Le dessin perd sa forme initiale, l’abandonne comme une mue de serpent  pour couvrir toute la toile d’une jungle. Le drapé tranchant comme une lame s’étend sur une échelle incroyable. Simon Hantaï produit des tableaux monumentaux, mais si légers pourtant. La toile est  présente-absente, elle nous montre une impression fantomatique, la lumière qui passe à travers un feuillage et qui projette sur l’humus une photographie des esprits qui habitent le monde. Les choses de la vie disait Sautet, les voilà si nues qu’elle en sont abstraites.

Et puis ça se fragmente en petits morceaux de toutes les couleurs, violets, bleus, roses, verts et un blanc aveuglant de cathédrale. Un big bang et la couleur devient une. Dans la grande salle les bancs sont disposés comme dans une nef d’église, faisons silence. Pour un projet de vitraux Hantaï parvient par l’utilisation du noir et blanc à la forme pure. Il ne reste que le fil et la toile qui se noue, se plie et se déplie, la dualité du bien et du mal. 

Le travail de nouage vire à un quadrillage systématique. La géométrie fait irruption sous forme de carrés, mille fenêtres de couleur par où regarder ailleurs ou nulle part. Un monde rouge, bleu, vert jaune, des couleurs basiques de pot de peinture, couleurs d’usine, de magasin, de client. La répétition du rectangle comme un mantra, un chapelet que l’on triture nerveusement sous ses doigts, ces couleurs ready made, le geste  artisanal est devenu ouvrier. Sur des toiles immenses, l’artiste continue à nouer comme Chaplin dans les Temps Modernes, le doute s’installe, est-ce le veau d’or que l’on vénère donc ainsi ? La peinture à cette échelle tient plus de l’architecture. La cathédrale fume comme une usine.

Dans un coin d’atelier reconstitué, celui ou Hantaï s’est réfugié, reclus et loin du marché de l’art, des chiffons froissés attendent leur destinée. Des morceaux de toiles repliés, repeints, découpés, refroissés se couvrent d’une texture cacophonique, de rythmes sentant la terre. Du démesuré au petit format le bond parait à présent gigantesque. L’artiste cherche encore dans cette matière organique quelque formule alchimique, le secret des choses de la vie.

Sylvain Silleran

 

Communiqué de presse :


Commissariat : 
Anne Baldassari, conservateur général honoraire du Patrimoine, commissaire générale de l’exposition



À l’occasion du centenaire de la naissance de Simon Hantaï (1922-2008), la Fondation présente une exposition rétrospective, sous le commissariat d’Anne Baldassari et organisée en collaboration avec la famille Hantaï, rassemblant environ 150 oeuvres de l’artiste dont près de la moitié jamais exposées, pour la plupart de grands formats et centrée sur les années 1957-2004.

Ce panorama impressionnant de l’oeuvre de l’artiste est présenté sur trois niveaux du bâtiment de Frank Gehry totalisant une surface d’environ 2 700 m2.

Pour cette rétrospective, le fonds d’atelier, en grande partie inédit, de l’oeuvre de Simon Hantaï sera montré de manière exceptionnelle. À ce fonds d’atelier sont jointes une quinzaine d’oeuvres à caractère historique, emblématiques de sa démarche des années 1957-1960, dont l’artiste fit le plus souvent don à des institutions publiques ou issues de grandes collections particulières en France ou à l’étranger. Enfin, sept oeuvres de Simon Hantaï conservées dans la collection de la Fondation Louis Vuitton complètent cet ensemble.

L’exposition prend comme point de départ de son parcours didactique la peinture Écriture rose (1958 – 1959, donation de l’artiste à l’État. Musée national d’art moderne / CNACGP) et couvre les grandes périodes successives de son oeuvre depuis les Peintures à signes, Monochromes, Mariales, Catamurons, Panses, Meuns, Études, Blancs, Tabulas, Peintures polychromes, Sérigraphies, Laissées, Suaires et Buées (H.B.L). Le parcours inclut une salle dédiée au « dernier atelier » (après 1982) photographié par Edouard Boubat.

Les influences artistiques décisives au développement de Simon Hantaï sont mises en valeur à travers la présentation d’oeuvres de Henri Matisse et de Jackson Pollock. Enfin, les relations d’amitié et de travail nouées au début des années 1960 entre Simon Hantaï et les jeunes artistes de son entourage à la Cité des Fleurs, Michel Parmentier et Daniel Buren sont évoquées dans l’exposition par une confrontation. Une intervention monumentale intitulée Mur(s) pour Simon, travaux in situ et en six mouvements a été conçue par Daniel Buren comme un hommage à Hantaï, est présentée dans le parcours de l’exposition.

Artiste français d’origine hongroise, Simon Hantaï (1922-2008), s’est installé à Paris en 1948 et y a réalisé l’ensemble de son oeuvre. Reconnu par André Breton dès 1953 qui lui consacre sa première exposition personnelle parisienne à la galerie surréaliste « À l’Etoile scellée », Simon Hantaï accomplit une oeuvre d’une originalité et d’une fécondité exceptionnelle qui le conduira à recevoir le premier prix de la Fondation Maeght en 1967, puis le Grand Prix national des arts plastiques en 1980, ainsi qu’à représenter la France à la 40ème Biennale de Venise en 1982. Simon Hantaï est représenté par 139 oeuvres dans les collections publiques françaises et par une cinquantaine d’oeuvres dans les collections publiques à l’étranger.