âCarte blanche Ă Yang Jiechangâ
au MusĂ©e national des arts asiatiques â Guimet, Paris
du 6 juillet au 24 octobre 2022

PODCAST – Interview de Martina Köppel-Yang, historienne de lâart et commissaire associĂ©e de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 5 juillet 2022, durĂ©e 17â03.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Commissaires :
Sophie Makariou, présidente du MNAAG, commissaire générale
Martina Köppel-Yang, historienne de lâart, commissaire associĂ©e
Claire Bettinelli, chargée de production des expositions et des collections contemporaines
Pour sa nouvelle carte blanche contemporaine, le MusĂ©e national des arts asiatiques â Guimet invite lâartiste chinois Yang Jiechang. Reconnu pour sa maĂźtrise des arts traditionnels chinois, Yang Jiechang sâillustre dans une multitude de mĂ©dias : peintures, arts graphiques, installations, vidĂ©os, performances ou sculptures. Son art est imprĂ©gnĂ© de la calligraphie, de lâesthĂ©tique et de la pensĂ©e traditionnelles chinoises, qui sont intĂ©grĂ©es Ă un contexte contemporain.
PrĂ©sentĂ©e dans la rotonde du 4e Ă©tage, lâoeuvre Tale of the 11th Day (2011) est une peinture sur soie de 18 mĂštres de long marouflĂ©e sur toile, accompagnĂ©e d’un ensemble de onze vases en porcelaine, fruit dâune collaboration de quatre annĂ©es avec la Manufacture de SĂšvres. Tale of the 11th Day est une rĂ©fĂ©rence au DĂ©camĂ©ron, le conte de dix jours, de Boccace (1348-1353). Imaginant le 11e jour, lâartiste reprĂ©sente un paysage primordial dessinĂ© selon les modĂšles classiques de la dynastie Yuan (1279-1368). Le style de Yang Jiechang est austĂšre, Ă©purĂ© et universel. Il donne Ă voir une vision allĂ©gorique du chef-dâoeuvre de la Renaissance italienne oĂč les animaux et les humains se dĂ©couvrent et sâaccouplent : un Paradis oĂč toutes les divisions â religieuses, ethniques, idĂ©ologiques ou politiques â sont apparemment effacĂ©s. Tale of the 11th Day est lâutopie dâun monde globalisĂ© naturellement fondĂ© sur lâĂ©galitĂ©, le respect, lâamour et la compassion. Cependant, le paradis sensuel de Yang Jiechang est peint Ă une Ă©poque marquĂ©e par les conflits armĂ©s et les crises contemporaines. Lâinstallation nous rappelle que lâharmonie des relations reste fondĂ©e sur des rapports de force, Ă©quilibre instable sans cesse redĂ©fini.
Un parcours composĂ© d’autres oeuvres de lâartiste, sĂ©lectionnĂ©es par Martina Köppel-Yang, est proposĂ© dans les galeries chinoises du 1er Ă©tage, autour de la thĂ©matique du lettrĂ© contemporain. InspirĂ© de la sagesse taoĂŻste ainsi que par la quĂȘte subjective de spiritualitĂ© du romantisme allemand, Yang Jiechang dĂ©ploie dans son oeuvre une Ă©nergie vitale et cherche une esthĂ©tique brute, qui admet et utilise l’inachevĂ© ainsi que les dĂ©fauts techniques et esthĂ©tiques. Ses peintures monochromes noir sont des jeux dâĂ©quilibre entre lumiĂšre et ombre, entre le plein et le vide. Elles reprĂ©sentent une phase mĂ©ditative d’introspection dans l’oeuvre de l’artiste. Loin de lâutopie Ă©dĂ©nique du 4e Ă©tage, le diptyque de calligraphie Oh my god / Oh Diu (2002-2022) n’Ă©voque pas seulement la gravitĂ© du monde dans lequel nous Ă©voluons, mais incite Ă l’action et Ă la prise de position. Créée en rĂ©action des attentats du 11 septembre 2001, Yang Ă©voque la sidĂ©ration dans cette calligraphie Ă©paisse, aux coulures angoissantes. AccompagnĂ©e de deux vidĂ©os dans lesquelles lâartiste Ă©crit et rĂ©pĂšte le titre de lâoeuvre, le visiteur est invitĂ© au recueillement.
Yang Jiechang (nĂ© en 1956 Ă Foshan en Chine), est diplĂŽmĂ© de lâAcadĂ©mie des beaux-arts de Guangzhou (Canton), oĂč il enseigne Ă son tour pendant quelques annĂ©es avant son dĂ©part pour lâEurope en 1988. Depuis, lâartiste vit et travaille entre Paris et Heidelberg, et a participĂ© Ă de nombreuses expositions et biennales dans le monde entier. Il est reprĂ©sentĂ© par la Galerie Jeanne Bucher Jaeger Ă Paris depuis 1989.