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🔊 “Anita Molinero” Extrudia, au Musée d’Art moderne de Paris, du 25 mars au 24 juillet 2022

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“Anita Molinero“ Extrudia

au Musée d’Art moderne de Paris

du 25 mars au 24 juillet 2022

Musée d’Art moderne de Paris


Interview de Olivia Gaultier-Jeanroy, commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 mars 2022, durée 13’13. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Olivia Gaultier-Jeanroy, commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 mars 2022, durée 13’13.
© FranceFineArt. 

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Anita Molinero
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©Anne-Fréderique Fer, vernissage presse, le 24 mars 2022.

Extrait du communiqué de presse :

 

Anita Molinero, Sans titre (Plots), 2012. Plots de chantier, 100 x 100 x 60 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Christophe Gaillard, Paris. © Aurélien Mole. © Anita Molinero, ADAGP, Paris 2022.
Anita Molinero, Sans titre (Plots), 2012. Plots de chantier, 100 x 100 x 60 cm. Courtesy de l’artiste et de la Galerie Christophe Gaillard, Paris. © Aurélien Mole. © Anita Molinero, ADAGP, Paris 2022.
Anita Molinero, Sans titre (La Rose), 2003 [détail], 137 x 780 x 65 cm. Collection Frac Bourgogne. Photographe Romain Moncet. © ADAGP, Paris, 2022.
Anita Molinero, Sans titre (La Rose), 2003 [détail], 137 x 780 x 65 cm. Collection Frac Bourgogne. Photographe Romain Moncet. © ADAGP, Paris, 2022.

Commissaire : Olivia Gaultier-Jeanroy

Conseiller scientifique : Paul Bernard



Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première rétrospective consacrée à Anita Molinero dans une institution parisienne. Cette exposition retrace les différentes phases de son évolution artistique : des premières œuvres de la fin des années 1980 – certaines, disparues, seront reproduites en photographie – jusqu’à ses dernières réalisations, notamment plusieurs productions réalisées pour l’occasion.

Le titre de l’exposition, dont les sonorités évoquent la science-fiction, fait référence à la fois à l’une des pratiques sculpturales de l’artiste (« extruder » signifie « donner une forme à un matériau en le contraignant ») et à l’un des matériaux de prédilection qu’elle utilise : le polystyrène extrudé.

Née en 1953 à Floirac (France), Anita Molinero est diplômée en 1977 de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille. Son travail est exposé dès la fin des années 1990 dans plusieurs grandes institutions (telles que le MAMCO, Genève ou L Consortium, Dijon). Elle a également réalisé des commandes publiques notamment pour la Ville de Paris et la région Ile de France avec l’arrêt du tramway de la porte de la Villette en 2012. Tout au long de sa carrière, elle n’a cessé d’enseigner dans différentes écoles des beaux-arts en France.

Anita Molinero est l’une des rares artistes françaises de sa génération à s’exprimer exclusivement à travers la sculpture. Souvent monumentales et chaotiques, ses oeuvres défigurent des objets usuels et des matériaux triviaux : poubelles, tuyaux d’échappement, fers à béton, polystyrène extrudé et autres rebuts de la société de consommation. Elle transforme la matière dont elle parvient à déployer toute la brutalité et l’instabilité.

Le parcours de l’exposition, principalement chronologique, est pensé en deux parties.La première, rétrospective, s’articule autour des gestes caractéristiques du travail d’Anita Molinero. La seconde est, quant à elle, dédiée aux nouvelles oeuvres, qui ancrent son travail dans un univers futuriste.

En écho à la quarantaine d’oeuvres présentées dans les salles d’exposition, d’autres espaces du musée – notamment le bassin de l’esplanade entre le Palais de Tokyo et le Musée d’Art Moderne – seront investis par des installations monumentales. En complément, la projection d’un film expérimental tourné en 3D, intitulé Extrudia 3D et réalisé par José Eon, présente sous la forme d’une fiction le travail d’atelier d’Anita Molinero.

Un catalogue français, richement illustré, confronte plusieurs points de vue complémentaires, de théoriciens et d’acteurs du monde de l’art. Il repositionne le travail de l’artiste dans l’histoire de l’art et dans le monde de l’art actuel, à travers les essais d’Anne Giffon-Selle (directrice de CRAC 19 Montbéliard) et de Paul Bernard (conseiller scientifique de l’exposition et conservateur au MAMCO Genève). En complément, un entretien entre l’artiste et Olivia Gaultier-Jeanroy (commissaire del’exposition) aborde la problématique du devenir de la sculpture. L’aspect spécifique de la pratique d’Anita Molinero est aussi abordé grâce au texte de Stéphanie Cherpin (artiste), et ses fortes influences cinématographiques y sont rapportées par Eugénie Filho (critique de cinéma). Enfin, les essais sont ponctués par le regard de trois personnalités sur une oeuvre d’Anita Molinero : l’artiste Nina Childress, la collectionneuse Natalie Seroussi, et l’auteur Alain Damasio.

Le catalogue est publié aux éditions Paris Musées.

Parcours de l’exposition

Introduction

Anita Molinero est l’une des rares artistes françaises de sa génération à ne s’exprimer qu’à travers la sculpture. Bien que s’attaquant à des matériaux dits « non nobles » – produits et résidus du monde industriel –, l’artiste envisage depuis toujours cette pratique dans son sens classique : aborder le support par le modelage, la déformation, la perforation, pour en faire surgir une oeuvre. Tout en revendiquant ce « classicisme » sculptural, souvent qualifié de « viril » au fil de l’histoire de l’art, Molinero y adjoint la puissance d’outils mécaniques. Entre abstraction et anthropomorphisme, ses oeuvres font s’interroger sur le statut de l’objet à l’ère post-Tchernobyl. En effet, à travers sa sculpture, l’artiste cherche à permettre d’envisager « le caractère toxique de l’invisible ». Le parcours d’ Extrudia s’articule en deux temps. La première partie est dédiée aux oeuvres réalisées entre 1990 et 2015 ; les époques, les typologies et les sujets se croisent afin de mettre l’accent sur la trace des gestes laissés par l’artiste. La seconde partie de l’exposition est, quant à elle, consacrée aux oeuvres produites entre 2015 et aujourd’hui et invite à une plongée dans une iconographie entre iconoclasme et film de genre. L’exposition est complétée par deux salles dans le parcours des collections permanentes, dévolues au travail d’atelier de Molinero et à son approche quant au devenir de ses sculptures. Des images d’archives – film inédit d’Aline Dalbis et photographies d’oeuvres disparues – viennent faire écho à la projection d’un film expérimental intitulé Extrudia 3D (2021), tourné en 3D sous la direction artistique d’Anita Molinero et José Eon.


1990-2015 : l’empreinte du geste
Anita Molinero débute sa carrière dans les années 1980-1990 à travers le prisme des cultures grunge puis punk, et de l’économie de récupération. Son oeuvre s’apparente alors à des sculptures de trottoir, pour paraphraser Raymond Hains. Ses sculptures de petite taille – en mousse, carton, lambeaux de tissu – évoquent alors la précarité, la fragilité, l’abri de fortune. De cette époque, elle gardera toujours un esthétisme qui lui fait préférer le potentiel artistique d’une canette écrasée à celui d’un pain d’argile. À la fin des années 90, l’oeuvre de Molinero est marquée par une certaine prise de recul, à la fois conceptuelle et artistique. L’artiste semble désormais s’intéresser davantage au collectif qu’à l’individu. Sa sculpture aborde les contenants – poubelles, mobilier urbain – plutôt que leurs contenus. L’échelle change elle aussi et les oeuvres se font plus monumentales. Dans la réalisation de ses oeuvres, l’artiste laisse une grande part à l’accident, au hasard. Elle cherche à établir des rapports de force entre les matériaux mais rien n’est jamais préétabli. Son mode opératoire ne passe pas par des croquis, mais par une simple visualisation, laissant ainsi le champ libre à la matière pour réagir : elle arrête le processus avant que la forme ne disparaisse. Les matériaux qu’elle choisit proviennent tous de notre environnement quotidien. Leurs rôles sont transitionnels : ils protègent ce que nous consommons avant de contenir les déchets qu’ils deviennent ensuite à leur tour. Molinero les met au centre de son oeuvre et cherche avant tout à les transformer, sans jamais perdre de vue l’objet originel. L’outil est l’intermédiaire entre la main de l’artiste et la surface qu’elle sculpte. Pourtant, l’empreinte du geste est bien visible. Dans ce travail de la matière, on distingue trois principales typologies de gestes : la torsion, l’accumulation, et la combustion. Mais qu’ils soient isolés ou combinés, tous sont des gestes intuitifs et irréversibles.

Torsion
C’est principalement par la torsion de la matière que Molinero façonne ses sculptures. L’artiste adapte le choix de la machine qu’elle utilise selon sa taille et sa résistance. Pince de casse automobile, décapeur thermique ou fil à chaud sont utilisés pour créer les courbes et les replis de ces matériaux. Elle y emprisonne le mouvement et pérennise ainsi l’éphémère. Mais comme l’explique l’artiste : « Je sais avec quoi je veux travailler, mais pas quelles sculptures cela va donner ». C’est en cela que l’oeuvre de Molinero s’apparente au manifeste Anti Form de Robert Morris qui, en 1968, met en avant le procédé selon lequel l’artiste délègue à la matière le choix artistique et le geste.

Accumulation
L’un des gestes caractéristiques de Molinero consiste à accumuler les éléments pour faire ressortir leur aspect sculptural, en les extrayant de leur contexte et en les soustrayant à leur fonction usuelle. L’agglomérat, la répétition de la forme, tend à transformer la matière en sculpture. Les objets issus de la fabrication industrielle deviennent contre-fonctionnels. Avec cette typologie d’oeuvres, Molinero s’inscrit dans la continuité des Nouveaux réalistes (Yves Klein, César, Arman) qui, dans les années 1960, mettent en lumière la production de masse du monde contemporain en faisant de l’objet manufacturé, un matériau à part entière.

Combustion
Que ce soit au lance-brûleur ou au chalumeau, l’utilisation du feu est au centre de la pratique de Molinero. À la différence des outils du peintre, le feu retire la matière ; mais loin de vouloir la détruire, l’artiste la façonne. Elle brûle, fond, étire le support plastique et y insuffle une énergie qui métamorphose la matière de manière irréversible.

2015-2022 : pilule rouge ou pilule bleue
Le titre de cette section, clin d’oeil au film Matrix des soeurs Wachowski (sorti en 1999) cher à l’artiste, fait référence au choix de découvrir une vérité qui peut être dérangeante – en prenant la pilule rouge – ou à la volonté de rester dans l’ignorance – en prenant la pilule bleue. Anita Molinero se fait conteuse et nous propose une plongée dans un univers cinématographique, à la croisée de David Finsher et James Cameron. On y retrouve ses productions récentes, toujours empreintes de références littéraires, cinématographiques et artistiques, mais de nouvelles typologies d’oeuvres apparaissent. Une sculpture-portrait est réalisée en hommage au personnage de Saskia du roman de genre Les Furtifs d’Alain Damasio ; les sculptures deviennent peintures ou coulures avec les Croûûûtes et les Fonds de cuves ; les matériaux bruts deviennent fonctionnels avec la sculpture-banc Miss Pink, Miss Blue, Miss Orange (référence féminisée au film Reservoir Dogs de Quentin Tarantino). L’oeuvre La Rose devient quant à elle un motif sur lequel viennent se ficher des rebuts de sculptures détruites. Avec leur caractère dystopique, les sculptures semblent être devenues les reliques d’un monde inerte. L’artiste évoque en effet souvent en filigrane la catastrophe de Tchernobyl en 1986, qui lui a fait prendre conscience que l’ennemi, le danger, peut être invisible. Mais, à l’image des oeuvres joyeuses et inquiétantes de Franz West, les sculptures de Molinero oscillent entre destruction et fétichisme, dégoût et sublime, et interrogent autant qu’elles dérangent. Le prolongement de ce travail se fait dans la salle 20 des collections, avec la présentation du film inédit Extrudia 3D. Anita Molinero a perçu dans le caractère expérimental de la 3D, les liens qui peuvent être faits avec ses sculptures. Dans la lignée de ce que Wim Wenders a réalisé dans le film Pina pour mettre en avant les chorégraphies de Pina Bausch, Extrudia 3D immerge le spectateur dans l’atelier de l’artiste et l’invite derrière le nuage de ses émanations toxiques, pour faire face aux menaces tangibles de la hache et de la flamme de chalumeau.

Anita Molinero, Extrudia
L’exposition Extrudia, consacrée à Anita Molinero, se poursuit dans deux salles et se concentre ici sur son travail d’atelier et son approche quant au devenir de ses oeuvres. En effet, l’économie de la peinture n’a rien à voir avec celle de la sculpture et Molinero doit régulièrement faire face à des questions pratiques : confrontée depuis plusieurs années au problème du stockage de ses oeuvres, elle s’est toujours interrogée sur leur avenir, devant bien souvent se contraindre à s’en séparer faute de place. Cette étape fait pour elle partie inhérente de la vie du sculpteur : « C’est déchirant et plein d’espoir de jeter. […] En me débarrassant de mes sculptures je les oublies, et en les oubliant je peux les refaire. C’est un geste perpétuel et c’est assez rare. » Dans cet espace sont reproduites les photos d’époque des oeuvres réalisées par Molinero dans les années 80, dont la plupart n’existent plus. En complément, un film rassemble des images d’archives inédites datant de 2006 à 2008 où l’on découvre l’artiste au travail – production, montage d’exposition – mais aussi son questionnement quant à la postérité de ses sculptures. La présentation du film Extrudia 3D vient accompagner cette réflexion à travers une projection futuriste et immersive dans la vie d’atelier de Molinero et la destruction d’une de ses oeuvres.

Extrudia 3D
« Extrudia 3D est une immersion en 3D, furieuse et sublimée, au coeur du travail d’atelier. Le film s’intéresse à la vie des sculptures quand elles ne sont pas choyées et exposées dans une salle d’exposition. Finalement leur statut d’oeuvre étant assez bref dans leurs longues vies, elles retournent parfois à jamais à l’état de matières stockées. Cet état d’éternelle solitude est le lot de beaucoup de ces oeuvres qui ne trouvent pas acquéreur. C’est pourquoi nous avons décidé d’abattre Bouche moi ce trou, oeuvre monumentale [réalisée en 2018 et présentée au Palais de Tokyo la même année] que nous allons réveiller de son hibernation et immortaliser face à l’objectif de la caméra 3D. Bouche moi ce trou va se retrouver disloquée, empalée aux quatre coins du Musée d’Art Moderne de Paris et elle trouvera là une seconde vie. » Anita Molinero et José Eon, septembre 2021