🔊 “James McNeill Whistler (1834-1903)” Chefs-d’oeuvre de la Frick Collection, New York, au Musée d’Orsay, Paris, du 8 février au 8 mai 2022
“James McNeill Whistler (1834-1903)“
Chefs-d’oeuvre de la Frick Collection, New York
au Musée d’Orsay, Paris
du 8 février au 8 mai 2022
PODCAST – Interview de Paul Perrin, conservateur peinture au musée d’Orsay et commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 février 2022, durée 18’31.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat : Paul Perrin, conservateur peinture au musée d’Orsay
La Frick Collection, ouverte au public en 1935 dans la « mansion » new-yorkaise du magnat de l’industrie et grand collectionneur Henry Clay Frick (1849-1919), est l’un des plus importants musées d’art européen des États-Unis.
À la faveur de la fermeture de l’institution pour travaux et de la présentation temporaire des collections au « Frick Madison » entre 2021 et 2023, un important ensemble d’oeuvres du peintre américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) quitte New York pour la première fois depuis plus d’un siècle pour être présenté au Musée d’Orsay au début de l’année 2022.
Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, la France est une des trois patries du peintre. Né en 1834 dans le Massachussetts, Whistler fait son apprentissage et ses débuts à Paris entre 1855 et 1859. Après son installation à Londres, l’artiste garde un lien privilégié avec la scène artistique parisienne, exposant aux côtés des refusés en 1863 et devenant dans les années 1890 l’un des « phares » de la nouvelle génération symboliste. En 1891, l’État achète son chef-d’oeuvre : Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste. À la même date, Henry Clay Frick bâtit sa collection, et au début des années 1910, l’ouvre à l’art de la fin du XIXe siècle. Il achète vingt oeuvres de Whistler – peintures et arts graphiques – faisant ainsi de cet artiste l‘un des mieux représentés dans sa collection. Aujourd’hui, les grands portraits en pieds de Whistler de la Frick Collection comptent parmi les oeuvres les plus admirées des visiteurs au côté des remarquables peintures d’Holbein, Rembrandt, Van Dyck ou Gainsborough.
Au Musée d’Orsay seront présentés l’étonnant paysage L’Océan, peint par Whistler lors d’un voyage au Chili, trois pastels et douze estampes à sujets vénitiens, et trois grands portraits représentatifs de ses célèbres « symphonies en blanc » et « arrangements en noir » : le portrait de Mrs Frederick Leyland (chef-d’oeuvre de l’Aesthetic Movement), le portrait de Rosa Corder, et enfin celui de l’extravagant esthète Robert de Montesquiou-Fezensac. Ce dernier, l’un des ultimes tableaux peints par Whistler, est probablement l’œuvre la plus moderne de la collection de Frick. Alors que l’année 2022 sera placée sous le signe de Marcel Proust, dont nous célébrerons le centenaire de la mort, cette effigie nous rappellera aussi l’influence de Montesquiou et de Whistler dans l’élaboration de La Recherche et la création des personnages du baron de Charlus et du peintre Elstir.
Cette présentation exceptionnelle rassemble 22 oeuvres dont 4 peintures, 3 pastels et 12 eaux-fortes de la Frick Collection ainsi que 3 peintures des collections du musée d’Orsay.
Publication : Catalogue, coédition Musée d’Orsay – Réunion des musées nationaux – Grand Palais.
James McNeill Whistler (1834-1903)
Né dans le Massachussetts, James Abbott Whistler, qui ajoutera le patronyme « McNeill » de sa mère à celui de son père, grandit entre les États-Unis, la Russie et l’Angleterre. Il se rend à Paris en 1855, où il se forme dans l’atelier de Gleyre, copie au Louvre, et se lie avec Courbet, Fantin-Latour et Legros. Installé à Londres à partir des années 1860, il est un trait d’union entre l’avant-garde britannique (préraphaélisme et aesthetic movement) et le réalisme français. À mi-chemin entre les deux courants, son tableau, La dame blanche (Washington, National Gallery of Art) fait scandale à Paris au Salon des refusés (1863). Dans les années 1870, avec ses paysages de la Tamise et de grands portraits aux titres musicaux (« Symphonie », « Nocturne», « Harmonie»), Whistler développe une manière très originale basée sur la recherches d’harmonies formelles. Sa peinture proclame l’indépendance de l’art vis-à-vis « des émotions qui lui sont totalement étrangères, telles que dévotion, pitié, amour, patriotisme ». Regardant aussi bien du côté des estampes japonaises que de Velázquez, Whistler simplifie ses compositions et applique ses couleurs en touches très fluides et en délicats glacis. Ces audaces lui valent longtemps des critiques acerbes, mais il gagne patiemment des soutiens à Londres et à Paris et accède à une renommée mondiale autour de 1900. Revenu quelques années à Paris à la fin de sa vie, le dandy Whistler devient l’un des « phares » de la jeune génération symboliste qui voit dans son art une forme de rejet du monde moderne. Whistler meurt à Londres en 1903.
James McNeill Whistler (1834-1903) -Chefs-d’oeuvre de la Frick Collection, New York
Henry Clay Frick (1849-1919) est de ces « self-made-man» américains de la fin du XIXe siècle, qui ont fait fortune dans l’industrie et ont rassemblé de formidables collections d’oeuvres d’art. Constituée pour l’essentiel entre les années 1890 et 1919, la collection de Frick comprend des peintures, des sculptures, des oeuvres sur papier et des objets d’art européens du début de la Renaissance à la fin du XIXe siècle. Selon ses dernières volontés, elle a ouvert au public en 1935 dans la maison des Frick à New York. À la faveur de la fermeture pour travaux du site historique de la Frick Collection, un ensemble d’oeuvres du peintre américain James Mc Neill Whistler (1834-1903) fait le voyage jusqu’au musée d’Orsay. Henry Clay Frick, surtout connu comme amateur d’art ancien, avait aussi réuni plus d’œuvres de son contemporain Whistler que de tout autre artiste. Sans doute avait-il la conviction que ce peintre, célèbre pour sa modernité radicale, était aussi le dernier maillon d’une tradition, celle de Velázquez, Rembrandt ou Gainsborough, dont il possédait aussi des chefs-d’oeuvre. La venue de ces oeuvres au musée d’Orsay est un évènement exceptionnel. Certaines n’ont pas été vues à Paris depuis la rétrospective posthume de Whistler à l’École des beaux-arts en 1905, et d’autres n’ont même jamais été exposées en France. Elles viennent ici dialoguer avec Arrangement en gris et noir n°1 : portrait de la mère de l’artiste, icône de l’art américain et des collections nationales.
Whistler dans les collections du Musée d’Orsay
Au XIXe siècle, l’art américain est largement ignoré des collectionneurs et des musées français. En 1891 quelques personnalités influentes proches de Whistler, dont le poète Mallarmé, oeuvrent à ce que l’une de ses toiles entre au musée du Luxembourg à Paris (« musée des artistes vivants »). Whistler est alors âgé d’une cinquantaine d’années, et, espérant voir un jour une de ses oeuvres au Louvre, accepte de vendre pour une somme modeste l’Arrangement en gris et noir n°1, qu’il considère comme son chef d’oeuvre. En 1909, L’homme à la pipe est légué au musée du Luxembourg, et en 1995 les musées nationaux font l’achat de Variations en violet et vert.