Archives

“Gustave Moreau” Les Fables de La Fontaine, au Musée national Gustave Moreau, Paris, du 19 mai au 18 octobre 2021

Partage


“Gustave Moreau“
Les Fables de La Fontaine,
OEuvres préparatoires inédites

au Musée national Gustave Moreau, Paris

du 19 mai au 18 octobre 2021

Musée national Gustave Moreau


previous arrow
01-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_01
02-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_02
03-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_03
04-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_04
05-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_05
06-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_06
07-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_07
08-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_08
09-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_09
10-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_10
11-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_11
12-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_12
next arrow
01-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_01
02-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_02
03-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_03
04-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_04
05-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_05
06-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_06
07-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_07
08-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_08
09-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_09
10-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_10
11-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_11
12-RP_GustaveMoreau_LaFontaine_12
previous arrow
next arrow
©Sylvain Silleran, visite presse, le 8 juin 2021.

Gustave Moreau, L’Éléphant Bangkok du Jardin des Plantes (Étude préparatoire pour Le Rat et l’Éléphant), 1881. Graphite sur papier-calque contrecollé, dim. 30 x 19 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Des. 1097. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, L’Éléphant Bangkok du Jardin des Plantes (Étude préparatoire pour Le Rat et l’Éléphant), 1881. Graphite sur papier-calque contrecollé, dim. 30 x 19 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Des. 1097. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Étude préparatoire pour Les Grenouilles qui demandent un Roi. Aquarelle, graphite, crayon noir, dim. 31,5 x 20 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 448. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Étude préparatoire pour Les Grenouilles qui demandent un Roi. Aquarelle, graphite, crayon noir, dim. 31,5 x 20 cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 448. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Études de lions (Étude préparatoire pour Le Lion et le Rat), 1881. Graphite, aquarelle, gouache, dim. 19 x 27,5 cm. Paris, musée Gustave Moreau. Cat. 520. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Études de lions (Étude préparatoire pour Le Lion et le Rat), 1881. Graphite, aquarelle, gouache, dim. 19 x 27,5 cm. Paris, musée Gustave Moreau. Cat. 520. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, La Fantaisie. Frontispice des Fables. Plume, encre brune, graphite (?), aquarelle, gouache, dim. 28,5 x 21,5cm. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, La Fantaisie. Frontispice des Fables. Plume, encre brune, graphite (?), aquarelle, gouache, dim. 28,5 x 21,5cm. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.

Texte de Sylvain Silleran :




Gustave contre Gustave, Moreau contre Doré, deux visions opposées des Fables de la Fontaine, un trait comme un combat. Pour illustrer cet ouvrage central de notre littérature à l’instigation de son collectionneur Antony Roux, Gustave Moreau redevient étudiant, il se lève aux aurores pour dessiner toute la journée au jardin des Plantes. Les croquis sur le vif de Brutus le lion du Soudan, de Bangkok l’éléphant, le squelette d’un âne qui servira pour Le Lion devenu vieux, des vautours hideux de mauvaise augure ou un paon à la roue comme un bijou ont déjà les postures des histoires et de leurs morales. Tout y est sur ces pages de carnets, jusqu’aux indications des couleurs des plumages. Un cerf allongé au poil trempé par l’agonie est déjà celui pathétique rendant son dernier soupir du Cheval s’étant voulu venger du cerf.

Le coup de pied de l’âne au Lion devenu vieux s’écrit de quelques gestes de plume sur des couches superposées de crayon : sur toute la fable dessinée sur la petite feuille de papier, l’encre noire vient apporter sa brutale conclusion au récit. De l’orage on passe à la douceur tendre et bucolique d’un renard qui tente d’attraper des raisins sur une trop haute treille. La Cigale et la Fourmi sont croquées en humains sur le porche d’une maison campagnarde. Il y a un chat sur un banc, une poule picore dans un angle, on se croirait dans une délicieuse countryside anglaise de George Morland.

Les décors  intérieurs sont luxueux ; les hautes colonnes de temples, les candélabres, la vaisselle de prince du rat des villes partageant son ortolan voient leur faste concurrencé par celui tout oriental du Rat et l’Elephant. Le Paon se plaignant à Junon, au trait ornemental mais si juste, altier et aérien, devient sans l’Allégorie de la Fable un oiseau volant, un phénix. Avec quelle assurance cette tache d’aquarelle bleue se découpe pour s’envoler gracieusement ! Le dessin est rapide, une vie mouvementée, aussi brève comme les fables sont concises. Dans le Lion et le Moucheron, c’est l’espace qui prend toute la place, rapetissant l’animal dans le coin inférieur. Moreau illustre ainsi par le vide la grandeur du combat, Le harcèlement incessant d’un ennemi insaisissable, nulle part et partout.

Le Conseil tenu par les Rats se tient dans une cuisine noire de suie, il nous plonge dans les ténèbres. Le Sombre chêne affronte une impressionnante tempête. L’encre noire s’oppose aux rais de lumière traversant les branches, l’ombre et la lumière luttant à en déchirer le dessin en deux suivant une diagonale. Au fond un groupe panique, un cheval se cabre. La tache blanche de l’agneau innocent s’est égarée dans un océan gris ; au dessus surgit de la brume l’ombre sinistre d’un loup, terrifiante telle une faucheuse. Nos vanités que moque La Fontaine finissent dans un crépuscule d’animaux malades de la peste.

Une cigogne de gouache blanche et son renard, des canards surpris en plein vol, le mouvement est souple, flamboyant, tout autant que les rictus pleins de colères et d’envies. Le corbeau et le renard sont surpris au moment où le fromage tombe, le temps élastique se ralentit juste de quoi asséner la morale de l’histoire. Autour des protagonistes, le trait de crayon, comme une pelote de fil, se déroule sans fin, emplissant toute le cadre d’un interminable ramage. Une délicate Fortune, une Chatte métamorphosée en Femme, reine biblique au ventre rond et médiéval, deux pigeons devenus couple enlacé plongent leurs racines dans la renaissance. Puis Perette brise le monde à nouveau en renversant son pot de lait.

Le char de Phébus et ses chevaux majestueux et sensuels volent dans le ciel, ils s’élèvent de la surface du papier, modelés de glaise. L’élévation chez Gustave Moreau vise les sommets d’autant plus hauts qu’elle s’est arrachée aux ténèbres les plus denses, aux ruines de pierres. Les dimensions nouvelles qu’il offre aux Fables de La Fontaine en font une odyssée grave et prophétique.

Sylvain Silleran

Gustave Moreau, Le Renard et la Cigogne. Graphite, aquarelle, gouache sur papier beige, dim. 29 x 20cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 446. © RMN-GP/René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Le Renard et la Cigogne. Graphite, aquarelle, gouache sur papier beige, dim. 29 x 20cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 446. © RMN-GP/René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Les Animaux malades de la peste. Graphite, aquarelle, gouache, dim. 30 x21,5cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 424. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Les Animaux malades de la peste. Graphite, aquarelle, gouache, dim. 30 x21,5cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 424. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.

Extrait du communiqué de presse :




Commissariat :

Marie-Cécile Forest, directrice des musées Gustave Moreau et Jean-Jacques Henner,
Dominique Lobstein, historien de l’art,
Samuel Mandin, documentaliste au Musée Gustave Moreau.


En raison de la crise sanitaire, l’exposition Gustave Moreau. Les Fables de La Fontaine, initialement prévue à l’automne 2020, est reportée dans sa version originelle du 27 octobre 2021 au 28 février 2022. Dans l’attente de cette exposition, des œuvres préparatoires inédites sortent de la réserve !

Les 35 aquarelles de Gustave Moreau sur la série complète des 64 fables commandées par le collectionneur marseillais Antony Roux, jamais montrées depuis 1906, et qui forment le coeur de cette exposition seront présentées du 16 juin au 17 octobre 2021 à Waddesdon Manor en Grande-Bretagne. Aussi, dans l’attente de leur exposition au sein même du musée Gustave Moreau qui les a vues naître et afin de ne pas faire attendre davantage le public, il a été décidé de montrer une magnifique série d’oeuvres préparatoires composée d’aquarelles et d’études dont certaines sortent des réserves pour la première fois ! Réalisées entre 1879 et 1884, elles éclairent la genèse de l’exceptionnelle commande faite au peintre.

Le Musée Gustave Moreau présente une sélection d’aquarelles et études préparatoires qui ont servi à l’artiste pour l’élaboration de l’extraordinaire série des Fables. Ce sont non seulement des dessins et essais au crayon, à la plume ou à l’aquarelle qui seront exposés mais aussi des compositions d’ensemble très abouties. Ces oeuvres, choisies parmi les 263 dessins préparatoires, ont été réalisées entre 1879 et 1884. Elles éclairent la genèse de l’exceptionnelle commande faite à Gustave Moreau par Antony Roux.



L’histoire

À la demande du collectionneur marseillais, Antony Roux (1833-1913), Gustave Moreau réalise de 1879 à 1884 un ensemble de soixante-quatre aquarelles illustrant des Fables de La Fontaine. Pour exécuter cette série qui rompt avec ses créations antérieures, Gustave Moreau se livre à un double travail d’investigation. Il se consacre, dans un premier temps, à des recherches de type naturaliste, s’intéressant à la nature ou aux animaux – des grenouilles qu’il héberge dans sa maison de la rue de La Rochefoucauld sans oublier de recourir, selon ses habitudes, à la documentation dont il dispose, chez lui et à la Bibliothèque Nationale.



Genèse d’une œuvre

D’une grande érudition et toujours curieux, Gustave Moreau étudie régulièrement dans les différents lieux de savoir de la capitale ; il se rend entre autres à la Bibliothèque Nationale et fréquente régulièrement, depuis 1853, le Muséum national d’histoire naturelle qui est pour lui l’endroit privilégié pour mener ses études sur le monde vivant et enrichir ses créations. Exploitant toutes les opportunités que lui offre ce haut lieu des sciences, on le voit assister à des séminaires de chimie-organique, suivre des cours de paléontologie et de minéralogie, se documenter à la bibliothèque du Jardin des Plantes… Pour exécuter la série des Fables, Gustave Moreau procède en deux phases :

La première phase est dédiée à l’investigation avec des recherches de type naturaliste, la seconde s’effectue dans son atelier de la rue de la Rochefoucauld. L’étude sur le vif est un élément essentiel pour le peintre. Alors, du 24 août au 12 septembre 1881, il reprend ses visites au Muséum et étudie les animaux de la Ménagerie qu’il dessine et observe attentivement. Moreau règle son programme quotidien de façon méthodique et organise ses visites selon les espèces qu’il souhaite étudier. Il réalise en l’espace de vingt jours et de façonnprécise, une salutaire et considérable palette de croquis des postures et attitudes d’animaux. Mais cette phase de recherches serait incomplète si l’on omettait de rappeler les multiples visites du peintre dans les expositions, au musée du Louvre, à la Bibliothèque Nationale où il consulte, copie ou calque. À cette manne, s’ajoute son recours, selon ses habitudes, à la riche documentation dont il dispose chez lui comme les exemplaires du Magasin Pittoresque.

La seconde phase de son travail s’effectue dans son atelier de la rue de la Rochefoucauld, loin du tumulte du Jardin des Plantes et de la Ménagerie. À l’occasion de cette exposition Gustave Moreau. Les Fables de La Fontaine. OEuvres préparatoires inédites, le musée saisit l’opportunité de présenter trois des sept eaux-fortes gravées par Félix Bracquemond, d’après les Fables. La Tête et la Queue du Serpent, Le Songe d’un habitant du Mogol, L’Homme qui court après la Fortune, et l’Homme qui l’attend dans son lit.

En 1885, Antony Roux commande à Félix Bracquemond (1833-1914) les premières transpositions gravées des Fables de La Fontaine illustrées par Gustave Moreau. La diffusion est prévue par la galerie Boussod, Valadon et Cie avec qui le collectionneur prépare une nouvelle exposition des oeuvres de Moreau. Les difficultés de la galerie mettront rapidement un point final à cette initiative.

Bracquemond ne livrera que sept eaux-fortes – dont six seront exposées au Salon de 1887, la dernière, La Cigale et la Fourmi, demeurant inachevées.

Gustave Moreau, Les Compagnons d’Ulysse, 1884. Pierre noire, aquarelle, gouache, dim. 29,4 x 19,8cm. Paris, musée Gustave Moreau, Des. 948. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Les Compagnons d’Ulysse, 1884. Pierre noire, aquarelle, gouache, dim. 29,4 x 19,8cm. Paris, musée Gustave Moreau, Des. 948. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Phébus et Borée. Plume, encre brune, gouache, dim. 29,5 x 21cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 492. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.
Gustave Moreau, Phébus et Borée. Plume, encre brune, gouache, dim. 29,5 x 21cm. Paris, musée Gustave Moreau, Cat. 492. © RMN-GP / René-Gabriel Ojéda.